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Essai moto Akrapovic Full Moon

Plein lune montante

V-Twin S&S Knucklehead de 1.524 cm3, suspensions pneumatiques, roue pleine de 30", disque avant de 660 mm en carbone...

On connait la marque Akrapovic pour ses échappements mais pas vraiment pour ses motos ! Et pourtant, il y un rapport entre les deux ! Un homme pour être exact, Igor Akrapovic ! Et c'est bien ce même homme qui est à l'initiative de cette moto, qui porte son nom.

Akrapovic fêtera son 30e anniversaire en 2021 et surtout 100 titres de Champion du Monde, tous gagnés sur les circuits du monde au cours des trois dernières décennies. Mais la marque n'est pas uniquement connue dans le monde de la moto mais aussi celui de l'auto, en équipant BMW, Audi, Porsche, Renault, Alfa Romeo, Fiat Abarth, Lamborghini et Aston Martin. Mais c'est bien dans la moto que le fabricant réalise 70% de son chiffre d'affaires.

Essai du concept Akrapovic Full Moon
Essai du concept Akrapovic Full Moon

On ne s'attend pas non plus à ce que le sultan slovène des silencieux équipe aussi bien des cruisers customisés Harley-Davidson et Indian que des sportives YZR-M1 sur lesquels Valentino Rossi, Maverick Viñales ou encore Fabio Quartararo se battent pour la victoire en championnat du Monde MotoGP, ou sur la Kawasaki ZX-10R avec laquelle Jonathan Rea a décroché son quintuple titre en World Superbike. Mais dans tous les cas, c'est bien l'apparence et surtout le son qui attirent les motards vers le logo du scorpion présent sur chaque silencieux slovène, Akrapovic signifiant "scorpion" en slovène.

Découverte

Bien que le gain de performance soit toujours le premier critère de choix pour l'un des 100.000 systèmes d'échappement complets et trois fois plus de silencieux slip-on produits chaque année, il y a d'autres facteurs en jeu pour les possesseurs de cruisers V-Twin. Mais il n'était pas possible de s'adresser à ces nouveaux clients de façon traditionnelle. C'est pourquoi Igor Akrapovic commande en 2011 la création d'une moto custom unique auprès du plus ancien spécialiste de customisation de Slovénie : Dreamachine Motorcycles, installé dans la ville de Ljubljana.

Le concept Akrapovic Morsus
Le concept Akrapovic Morsus

Entre les mains de son créateur Tomaz Capuder, le patron de Dreamachine et d'un trio d'assistants, cet engin au look radical nommé la Morsus (du latin "morsure" ou "piqure" et qui fait ainsi honneur au logo de scorpion d'Akrapovic), est passé du dessin initial à la moto en seulement deux mois et demi avant de faire ses premiers roulages au printemps 2011. Elle a ensuite remporté des victoires dans divers Custom Show en Croatie, en Espagne et en France, allant jusqu'à apparaître au Championnat du Monde de préparation moto lors du Rallye de Sturgis aux Etats-Unis ainsi qu'à la Daytona Bike Week.

Mais la Morsus était presque conventionnelle par rapport à ce qui allait suivre avec la très exotique oeuvre d'art à deux-roues Full Moon, une préparation dévoilée au Bad Salzuflen Custombike Show en décembre 2014 en Allemagne.

L'Akrapovic Full Moon fut dévoilée fin 2014
L'Akrapovic Full Moon fut dévoilée fin 2014

La Full Moto est une vraie show bike, une moto promotionnelle, encore plus extravagante et techniquement exceptionnelle que la Morsus. Toujours conçue par Capuder de Dreamachine pour le compte d'Akrapovic, elle a sillonné le monde en tant que moto ambassadeur pour la société slovène d'échappements.

Conçue comme une évolution de la Morsus, la Full Moon dispose d'une personnalité et de caractéristiques complètement différentes afin d'aller encore plus loin dans le développement de ce que pourrait être un custom ultime. Son nom vient vient de l'immense roue avant de 30 pouces en aluminium et carbone qui, vue de côté, offre ce look lunaire que Capuder a imaginé avant de commencer à construire sa machine :

Igor m'a donné un délai très court pour faire ça, moins de trois mois. Nous avions la présentation le 5 décembre en Allemagne et il nous a fallu quatre jours de travail à plus de 20 heures par jour pour la terminer à temps ! Mais nous l'avons fait !

La Full Moon tire son nom de sa roue avant de 30 pouces
La Full Moon tire son nom de sa roue avant de 30 pouces

Ce sont ainsi plus de 800 heures qui ont été consacrées à la création de cette machine superbement finie et dotée d'un moteur S&S Knucklehead OHV de 1.524 cm3 équipé, bien évidemment, de deux échappements Akrapovic sur mesure. Le cadre a épine dorsale caché avec double berceau accueille le moteur et le réservoir monocoque intégré, plus le monobras oscillant et l'habillage voluptueux tous intégralement réalisés en acier CrMo 4130 avec des tubes Akrapovic, ce qui fait que la moto est une sorte d'échappement en elle même, selon Igor Akrapovic :

Nous voulions poursuivre la promotion réussie de nos échappements personnalisés qui a commencé avec la Morsus, en créant quelque chose d'encore plus extrême. Sur ce marché, vous devez continuer à proposer quelque chose de nouveau et d'exceptionnel. Je voulais aussi soutenir custom king slovène Tomaz Capuder, qui est vraiment doué et doté d'une grande imagination. La Full Moon a plus que répondu aux attentes. Nous l'avons amenée régulièrement sur notre stand pendant les salons aux côtés d'une Yamaha MotoGP de Rossi ou Lorenzo et d'une superbike Kawasaki ou Ducati factory, mais tout le monde se rassemblait autour de la Full Moon, adressant à peine un regard sur les motos championnes du monde auxquelles nous sommes associés !

L'Akrapovic repose sur un moteur S&S Knucklehead de 1.524 cm3
L'Akrapovic repose sur un moteur S&S Knucklehead de 1.524 cm3

Cette moto est donc un excellent outil marketing. Mais est-ce tout ? La Full Moon n'est-elle qu'une belle préparation destinée à rester un élément statique ? Ou cette moto au style sans concession peut-elle aussi être utilisée dans des conditions proches de celles du monde réel ? Avec ce style sensuel ne permettant malheureusement pas d'installer une plaque d'immatriculation, il n'y avait qu'une seule façon de le savoir en se dirigeant vers le Driver's Improvement Institure de Slovénie, un centre de test appartenant au gouvernement et où quiconque, de l'apprenti conducteur de scooter au chauffeur de bus, en passant par les ambulanciers, peut tester ses compétences sur un tracé proche d'un environnement réel. Le préparateur Tomaz Capuder était là pour me rencontrer avec la moto qu'il a rapidement mise en route en actionnant le switch situé à l'intérieur de la carrosserie, derrière sa jambe droite, alors qu'il chevauchait la selle surbaissée. En appuyant sur le bouton qui active le compresseur embarqué, il fit s'élever la Full Moon, littéralement et de manière pneumatique.

Nous avons d'abord construit un double bras oscillant, mais nous avons ensuite constaté que nous n'avions pas de place pour le compresseur ou un réservoir d'air. Au lieu de ça, nous avons donc construit un monobras puis nous avons pu installer le système pneumatique de l'autre côté de la roue arrière.

Tomaz Capuder, l'homme derrière la Full Moon
Tomaz Capuder, l'homme derrière la Full Moon

Les marchepieds intégrés arborant le logo Full Moon, illuminés dans le noir, agissent comme une béquille pour permettre à la moto de se tenir droite lorsqu'elle est stationnée. Il n'est donc pas nécessaire de casser le style de l'habillage avec une béquille grâce à cette suspension pneumatique. Ca me rappelle immédiatement le système hydraulique de la Citroën DS21 de mon père ou de ma propre XM que j'ai conduite plus tard et qui, comme la Full Moon, s'enfoncent sur leurs roues arrière lorsque le moteur cesse de fonctionner. De la même façon, la prépa slovène se soulève de 140 mm lorsqu'elle s'apprête à prendre la route.

Le concept détonne par son style et son habillage enveloppant
Le concept détonne par son style et son habillage enveloppant

En selle

Pour allumer le moteur Knucklehead, "le plus beau V-Twin américain de tous les temps" selon Capuder, il faut aller chercher derrière sa jambe droite le bouton de démarrage caché et être récompensé par le rugissement glorieux et légèrement étouffé de l'échappement Akrapovic presque intégralement caché. C'est un outil de marketing qui nécessite d'être démarré pour remplir son rôle car on ne peut rien voir de l'échappement à part les tubulures et les orifices de sortie. En tâtonnant du pied gauche pour trouver le sélecteur de vitesse on se retrouve déçu : il n'y en a pas, pas plus qu'un levier d'embrayage sur le guidon gracieusement incliné vers l'arrière. C'est en fait le levier de frein qui a été installé sur la gauche du guidon. Car en choisissant d'éliminer tous les câbles externes disgracieux, Capuder a constaté qu'il n'y avait pas assez d'espace à l'intérieur du tube du guidon pour le câble d'accélérateur et la conduite de frein hydraulique. Il a donc déplacé le levier de frein vers la gauche tout en montant un faux levier identique à droite pour ajuster le look, celui-ci n'étant pas fonctionnel.

A l'arrêt, la selle n'est qu'à 700 mm de haut, mais grimpe de 140 mm une fois le moteur en route
A l'arrêt, la selle n'est qu'à 700 mm de haut, mais grimpe de 140 mm une fois le moteur en route

Ce levier gauche actionne à lui seul le système de freinage combiné dérivé d'une configuration de voiture de rallye. Du coup, il n'y a pas de pédale de frein arrière au pied droit, mais un freinage intégral avec une répartition 70/30 entre le disque arrière en acier Dreamachine de 250 mm caché avec un étrier Brembo à deux pistons et le massif disque avant de 660 mm en fibres de carbone saisi par un étrier Nissin à six pistons. Celui-ci a été créé par Miklavz Zornik, l'homme qui a été un pionnier dans l'utilisation de la fibre de carbone pour les carénages de motos à la fin des années 1980, comme un gage de paix après l'ère communiste. Les militaires yougoslaves étaient leaders mondiaux de la fibre de carbone et Zornik est l'homme qui a adapté ce procédé à la moto, à partir d'une Ducati en 1988. Cependant, la fabrication de cet énorme frein sur une jante de type Buell, fut une entreprise littéralement massive et l'outil qui a servi à sa confection s'est même cassé au cours de sa fabrication. Ce disque restera donc unique. Il est attaché à la bride de jante en carbone MS qui est à son tour boulonnée à la jante en aluminium massif de 3,50 pouces pesant 65 kg ! Celle-ci est chaussée d'un pneu thaïlandais Vee Rubber de 140/40-30.

L'instrumentation se limite à une unique horloge sur le bouchon du réservoir de 9 litres
L'instrumentation se limite à une unique horloge sur le bouchon du réservoir de 9 litres

Essai

Une fois démarrée et prête à rouler, l'Akrapovic Full Moon demande d'appuyer sur le bouton du guidon droit pour sélectionner la vitesse inférieure via l'embrayage automatique. Il n'y a alors plus qu'à tourner la poignée et partir. Il n'y a pas de compteur de vitesse ni de compte-tours, juste une horloge logée dans le bouchon de remplissage du réservoir monocoque de 9 litres intégré au châssis et revêtu d'une magnifique peinture métallisée menant à la colonne de direction. Il suffit donc d'utiliser la première des six vitesses disponibles sur la transmission Jims, associée à une courroie primaire Gates de 2 pouces et l'on peut alors s'élancer. On peut aussi le faire directement en seconde sur un sol plat. Ensuite, il suffit d'appuyer sur le commodo gauche du powershifter pour monter un rapport lorsqu'on juge que c'est nécessaire. Pas besoin de relâcher l'accélérateur pour le faire, il suffit de garder la poignée dans l'angle comme on peut le faire sur une moto de course quand on passe les rapports. En revanche, je n'ai pas pu dépasser la cinquième, compte-tenu des limites de place du lieu de l'essai.

Pas de sélecteur de vitesse ni de levier d'embrayage, les vitesses se passent au commodo gauche
Pas de sélecteur de vitesse ni de levier d'embrayage, les vitesses se passent au commodo gauche

Ce massif disque avant en carbone n'a aucun effet de freinage tant qu'il n'a pas été chauffé. Il faut donc se rappeler de rouler avec le doigt sur le levier de frein afin de pouvoir ralentir, bien qu'avec le freinage combiné cela signifie que l'on fait également frotter les plaquettes sur le disque arrière métallique, ce qui n'est pas une si bonne idée. Le compromis est roi sur une moto comme celle-ci où c'est le look qui prime.

Le freinage ne s'actionne que par le levier droit et combine les disques avant et arrière
Le freinage ne s'actionne que par le levier droit et combine les disques avant et arrière

La vue depuis cette belle oeuvre mécanique ne ressemble à aucune autre avec la position étirée dictée par l'empattement de deux mètres est paradoxalement confortable qui encourage à se pencher vers l'avant lorsque l'on s'élance, sans aucune instrumentation vous encombrant la vue sur le splendide té supérieur qui empêche de voir si le pneu avant se met en mouvement. On a presque l'impression d'avoir le menton qui va frotter sur la bande de roulement qui semble tourner si près.

La position étirée reste paradoxalement assez confortable
La position étirée reste paradoxalement assez confortable

C'est le cas malgré l'angle très ouvert de 36° de la fourche télescopique pneumatique Air Ride de 39 mm fabriquée par Dreamachine. Cette géométrie excessive pénalise la direction dès qu'il est question d'entrer en courbe. L'effet gyroscopique lié à la rotation de l'immense roue avant de 30 pouces transforme l'opération en une bataille pour diriger la moto, même dans un léger virage. Le terme de sous-virage a été inventé pour une moto comme celle-ci. Dire qu'il faut envoyer un e-mail à la Full Moon pour qu'elle comprenne qu'elle doit tourner serait la sous-estimer. La situation s'apparente plus à l'envoi d'un télégramme livré par le poney express. Parce que l'on ne peut pas l'incliner beaucoup en courbe sans faire frotter les marchepieds. Il faut vraiment anticiper autant que possible pour se donner le maximum d'espace et espérer que la très lourde direction daigne faire tourner la moto, mais pas nécessairement sur la trajectoire que l'on visait. Mais bon, on a la classe et on s'amuse en même temps, c'est tout ce qui compte vraiment sur une moto comme celle-ci !

La très esthétique roue avant rend cependant difficile la prise de virage
La très esthétique roue avant rend cependant difficile la prise de virage

Conclusion

S'il y a bien une moto dont le style prime sur la fonction, c'est la dernière création d'Akrapovic destinée à séduire le marché de la customisation. Félicitations à l'équipe de Dreamachine pour sa création et à Igor pour la mise en service de ce qui est, de manière quelque peu improbable, une moto techniquement avancée ainsi qu'une machine qui attire tous les regards, pleine de caractéristiques uniques qui ont été soigneusement choisies pour la rendre exclusive. Sa ligne svelte recèle des fonctionnalités utilisées pour la première fois sur une moto customisée, créant un exemple dynamique et créatif de design qui marque également l'art de la moto. La Full Moon ne ressemble à aucune autre moto sur Terre, ou sur la Lune et Tomaz Capuder peut être fier de l'avoir créée.

Akrapovic Full Moon Concept
Akrapovic Full Moon Concept

Points forts

  • Look
  • Technicité

Points faibles

  • Maniabilité
  • Non homologuée

La fiche technique de l'Akrapovic Full Moon

Commentaires

Le Modérateur

Le truc improbable ! Je l'aurai bien essayé aussi !

02-06-2020 11:25 
Coolapix

Ils ont donc réussi à inventer une moto qui ne roule qu'en ligne droite ?

Ca c'est fort :)

02-06-2020 21:20 
PELE

Allez j'ose :
Quelle horreur!!!!

03-06-2020 21:00 
dood

C'est étonnant pour un fabricant d'échappements de les cacher...

04-06-2020 11:36 
dante

On dirait une moto qui aurait fondue ...

04-06-2020 16:00 
JP9426

Look vraiment impressionnant quel que soit l'angle de vue avec cette roue géante et cette proue démesurée, des formes très épurées mais heureusement un V twin bien visible et même superbement mis en valeur qui évite le look "suppositoire".

04-06-2020 17:40 
PELE

@ Dante
En effet elle est en beurre argenté.

04-06-2020 20:25 
 

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