Livre : Sempre Più Forte - The complete history of Moto Morini
L'histoire complète de la marque Moto Morini racontée par un passionné
544 pages et 588 photos du constructeur italien, de 1924 à nos jours
Parmi les marques italiennes historiques encore en activité, Moto Morini est le seul constructeur à ne pas avoir eu droit à un ouvrage approfondi sur son histoire. C'est un peu le parent oublié de la moto transalpine, malgré des records honorables sur la piste et le développement au début des années 70 de la populaire 3½ qui fut la première Morini à être exportée en quantité et aujourd'hui reconnue comme une étape clé de la moto. C'était en effet la première moto de série à proposer un allumage électronique, un entrainement d'arbre à cames par courroie et une boîte de vitesse à six rapports.
Un oubli qui est désormais comblé par le "moriniste" belge Win Raeymaekers à travers la publication de son livre auto-publié Semper Più Forte - The complete history of Moto Morini. Le titre de l'ouvrage, que l'on peut traduire par "Toujours plus fort", est la devise de Morini depuis sa fondation en 1937. Long de 554 pages, l'ouvrage est largement illustré par plus de 500 photos provenant notamment de la vaste collection constituée par Wim au cours des 30 dernières années.
Un livre de passionné
C'est en 1988 que Raeymaekers a acheté sa première Moto Morini, une 3½ de 1976 qu'il possède toujours. Il découvre alors la nature picaresque de cette marque. Moto Morini a toujours été le petit de Cagney, se battant dans la catégorie supérieure contre l'élite de l'industrie moto italienne, que ce soit Gilera, Moto Guzzi ou Bianchi avant la Seconde Guerre Mondial, ou son voisin bolognais Ducati de nos jours.
J'ai été étonné de voir ce que Moto Morini avait produit avant 1970. Plusieurs visites en Italie ont suivi et ont conduit à l'achat de plusieurs motos monocylindre Morini. Mon intérêt et mon affection pour la morque bolognaise grandissaient et, en plus des motos, j'ai également commencé à collectionner des magazines, des brochures originales et des photos. Alors que ma collection augmentait, j'ai découvert que beaucoup d'articles déjà écrits sur Moto Morini étaient incorrects ou incomplets. Par rapport à d'autres illustres marques de motos, aucun livre sur Moto Morini n'était encore disponible, du moins pas ce que j'avais en tête sur ce que devait être l'histoire de Moto Morini.
Afin de mener à bien son projet, qu'il a décidé de produire lui-même, Wim a pris trois ans de cours du soir pour apprendre l'italien afin de pouvoir converser avec des acteurs clés dans l'histoire de la marque. Ce livre est véritablement le fruit de l'amour d'un passionné qui séduira sans aucun doute les passionnés de motos italiennes.
L'une des raisons est que son format établit de nouvelles normes pour la présentation d'une histoire de marque notamment avec cette riche sélection de 588 photos datant d'à partir de 1924 et donc des années précédents l'utilisation du nom Moto Morini. Ces photos permettent ainsi de capter tous les détails de cette histoire sur près d'un siècle.
Raeymaekers a organisé le livre de manière très structurée avec 40% de l'ouvrage consacré à la production, 40% pour la compétition (sur et hors route) et les 20% restants pour introduire le contexte. Cela comprend un profil du fondateur Alfonso Morini, un résumé de la riche contribution de Bologne à l'industrie moto depuis le début du 20e siècle et les étapes clés de Morini depuis sa création en 1937 jusqu'à son rachat en 2018 par le chinois Zhongneng.
La fondation, la production et la compétition
Peut-être étonnamment, on trouve plus de détails sur les péripéties qu'Alfonso Morini a connu en démarrant la société avant la guerre et sur la prise de poste de sa fille Gabriella après son décès en 1969 (avant que le comportement des syndicats la pousse à vendre la société aux frères Castiglioni en 1987), que sur la renaissance de la société en 2003 avec la famille Berti. Les motivations des trois frères Berti pour relancer Morini et la manière dont ils l'ont fait ne sont pas couvertes, pas plus que le sauvetage de la faillite en 2012, lorsque Ruggeromassimo Jannuzzelli a relancé la société pour la vendre finalement aux Chinois pour garantir son avenir.
En revanche, les nombreux chapitres sur les motos de route et de courses sont très détaillés et informatifs, en particulier sur la campagne chimérique de Tarquinia Provini autour du mono Morini de 38 ch, au régime astronomique de 14.000 tr/min, en Championnat du Monde 250GP de 1963 face à la puissance de Honda. Provini n'a été battu par Jim Redman que de deux points, chacun d'entre eux remportant quatre des neuf courses disputées, mais Morini manquant la dernière après s'être vu refuser l'entrée en Allemagne de l'Est pour un problème de papiers. Raeymaekers couvre également l'efficacité de Morini pour engendrer de futures stars comme avec Umberto Masetti, Provini et Giacomo Agostini, qui seront plus tard titrés mais en mettant leur talent au profit de plus gros et riches constructeurs comme Gilera et MV Agusta.
On trouve également un important chapitre sur les prototypes Moto Morini qui n'ont jamais atteint la production, comme la 350 Turbo, la 125 quatre temps suralimentée ou le V-Twin 720 à refroidissement liquide hérité des Castiglioni et qui surpassait le Desmodue des Ducati 750/900 dans les tests comparatifs directs. Après cela, le twin "disparut" à la demande de la direction Ducati, de peur que celui-ci ne remplace les V-Twin Desmo. C'était l'oeuvre du plus grand homme de l'histoire de la marque, son ingénieur en chef Franco Lambertini qui fut également le concepteur du twin hi-cam de la 3½ ainsi que du bicylindre CorsaCorta de 1.187 cm3 des actuelles Corsaro 1200. Cet ingénieur modeste mais très doué voit son parcours et ses créations bien couverts dans l'ouvrage, de Ferrari à Morini, puis à Piaggio avant de revenir à Morini.
Jusqu'à présent, même selon les standards italiens, Moto Morini n'a été qu'une petite entreprise familiale, prestigieuse, dont le flair sportif des motos lui valait le respect en tant qu'outsider capable de terrasser des marques beaucoup plus grandes. Le livre de Wim Raeymaekers raconte enfin cette histoire attendue depuis longtemps.
Ecrit en anglais et en italien, mais malheureusement pas en français, le livre est disponible par correspondance. Il faut compter 79 € pour l'ouvrage et 25 € supplémentaires pour la livraison dans l'Hexagone.
Détails du livre
- Sempre Più Forte - The complete history of Moto Morini
- Auteur : Wim Raeymaekers
- Langue : bilingue anglais - italien
- 554 pages
- 588 photos
- ISBN : 9789464000573
- Prix : 79 € (+ 25 € de frais de port pour la France, 14 € pour la Belgique)
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