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Histoire marque moto : Böhmerland - Čechie
15 ans de motos hors normes
Brèves, mais remarquables. Voilà comment on pourrait résumer en quelques mots les productions sur deux roues de Böhmerland, ou Čechie comme elle était nommé dans sa Tchécoslovaquie d'origine.
Née en Bohème en 1888 (dans l'actuelle République Tchèque) Albin Hugo Liebsich débuta sa carrière comme mécanicien de vélos avant de devenir chauffeur de poids lourds pour l'industriel Alfred Hielle, un motard et pilote de course amateur qui était accessoirement importateur de la marque Bugatti et fabricant de poids lourds. Hielle finança en partie le projet de Liebich de lancer une société de fabrication de véhicules plus abordables que l'automobile et pouvant transporter plusieurs personnes.
La Firma Albin Liebisch voit ainsi le jour en 1924. Commercialisée sous le nom de Čechie dans son pays d'origine, l'entreprise opta pour celui de Böhmerland pour son activité en Allemagne et en Autriche. Dans un cas comme dans l'autre, le nom est une référence directe à la région de Bohème où est installée l'entreprise.
Dès sa création, Böhmerland se lance dans la conception d'une moto XXL qui se déclinera dans trois variantes reposant sur la même base. La machine s'appuie alors sur un très long cadre en tubes d'aciers soudées associé à une fourche très ouverte à parallélogramme et sans suspensions arrières. La société détonne également par l'adoption de jantes en alliage d'aluminium, une technique qui n'a jusqu'alors été utilisée que par Bugatti.
Pour propulser l'engin qui atteint les 3 mètres de long (!), la marque développe son propre monocylindre à quatre temps de 598 cm3. Doté d'un alésage de 79,95 mm, d'une course de 120 mm et d'un double échappement, ce monocylindre laisse son système de transmission intégralement visible et donc aussi fragile que bruyant et salissant. Un carter nickelé viendra par la suite corriger ce défaut. Le moteur délivre quant à lui 16 chevaux dans ses premières version, puis atteindra jusqu'à 25 canassons au fil des développements. Autre particularité, le réservoir de carburant est placé à l'arrière, de part et d'autre de la roue avec deux fois 5 litres de capacité, tandis qu'un réservoir d'huile et une trousse à outils sont présents à l'avant du cadre.
Trois variantes sont développées autour de cette base avec un empattement plus ou moins long. Il y a tout d'abord la Sport avec son châssis "court" qui offre deux place, puis la Touren à cadre long et ses trois places et enfin la Langtouren qui offre carrément quatre places avec ses 3m17 de long. Cette dernière relevait cependant plus du prototype et fut avant tout développée pour l'armée. Mais avec 227 kg, le moteur était à la peine et le constructeur installa donc une seconde transmission à l'arrière, actionnée par le passager, pour compenser cette faiblesse avec un total de 9 rapports. Deux side-cars, Sport et Aero, furent également produits.
En 1937, Böhmerland apporte à sa gamme une nouvelle base technique plus simple avec la Lidovy reposant sur un monocylindre 2 temps de 350 cm3 délivrant 9ch pour 140 kg. Une variante de 700 cm3 fut mise en développement en 1938, mais non conservée.
Mais le déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale met fin à la production de l'usine tchèque qui employait une vingtaine de personnes. Suite au conflit, l'usine est nationalisée et cela marque la fin de Böhmerland. Un peu moins de 800 machines sont sorties des chaines de production et on estime qu'il en reste moins d'une centaine aujourd'hui.
Renaissance
Pendant 80 ans, la marque va rester en sommeil jusqu'à ce que l'entrepreneur tchèque Peter Knobloch en rachète la propriété avec l'objectif de faire revivre ces motos hors-normes. Rapidement, la marque dévoile un prototype Böhmerland 21 qui se veut être la revisite moderne du modèle Sport de 1927. D'abord propulsé par un monocylindre suralimenté de 600 cm3 délivrant 47 ch, la longue moto tchèque évolue finalement vers un twin de 760 cm3 tout en conservant un style unique, toujours très rectiligne et arborant d'énormes roues de 21 pouces. Toujours aussi encombrante, mais désormais monoplace, la moto est annoncée comme produite à 10 exemplaires avec une production devant démarrer en 2023.
L'entreprise travaille parallèlement à l'élaboration d'un modèle à propulsion électrique. En plein dans l'air du temps...
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