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Tout sur la conduite d'un side-car

Un engin atypique qui n'aime pas aller droit et qui refuse de tourner

Nos conseils pour rouler en sécurité

Tout sur la conduite des side-cars : Ural dans les boisIl fut une époque où tout le monde (ou presque) savait conduire un side-car : le side-car était l’engin familial des classes populaires n’ayant pas assez d’argent pour s’acheter une petite auto. En occident, le déclin fut signé au début des années 50, quand les gouvernements décidèrent que les classes laborieuses avaient droit à la voiture individuelle et lancèrent, dans leurs pays respectifs, des plans industriels ad hoc. Et c’est ainsi que les 2 CV Citroën et 4 CV Renault, les Fiat 500 et 600, les VW Coccinelle, les Austin Minor mirent le side-car à l’index, sauf dans les pays de l’ex-bloc soviétique où les Ural, mais surtout les MZ et Jawa firent de la résistance jusqu’à la chute du Mur, remplacés ensuite par des Skoda et Dacia.

Car, osons une vérité : un side-car ne sert à rien. Ça prend de la place, ça ne penche pas et c’est compliqué à conduire. C’est pour cela qu’il est indispensable dans le paysage motorisé contemporain qui tend à l'uniformisation. Car la vie est trop courte pour rouler triste, vous ne trouvez pas ? Et sa cote de sympathie auprès du grand public est une source constante d’émerveillement.

 side-car Ural M70Aujourd’hui, vous aurez probablement remarqué deux choses : les side-cars se font rares (on estime le marché français à 200 unités neuves par an, dont quasiment la moitié d’Ural) et ils sont majoritairement conduits par des motards expérimentés portant fièrement Barbour et barbe fleurie. Ce qui veut dire que le side-car est l’engin de ceux qui ont déjà fait le tour de la question motocycliste et que, s’il ne sert à rien de vraiment utile, le side-car reste un engin formidable pour voyager loin ou tout simplement, vivre la route autrement.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les trois roues ne sont pas un gage de stabilité. Une moto genre rétro ou néo-rétro, c’est 200 kilos ; un pilote équipé, c’est souvent au moins 80. De l’autre côté, le panier sur son châssis pèse de 80 à 100 kilos. On a donc 75 % du poids sur les deux roues de gauche et 25 % du poids sur la roue de droite, si le side est conduit en solo. Avec un passager ou des bagages, la proportion peut passer à deux tiers / un tiers. Quoi qu’il en soit, le side reste un engin déséquilibré. Sa bonne conduite est liée à la compréhension de l’équilibre des masses, de sa géométrie et aussi et surtout, de son centre de gravité ! Ce dernier point est extrêmement important. Un side posé sur des roues de 18 pouces (un Ural T) aura des réactions très différentes d’un autre side posé sur des roues de 19 pouces (un Ural Ranger), alors que dans l’esprit du grand public, ce sont des engins très proches dans l’esprit, si ce n’est identiques.

De fait, cet article exclut les sides à « petites roues » (14 pouces et moins), plus typés sport voire carrément « piste ».

Aller tout droit, le side n’aime pas trop ça…

Conduite side car Ural dans la neigeOn pourrait penser qu’aller tout droit, c’est la chose la plus simple. Déjà, il faut comprendre la logique du side, engin déséquilibré par excellence : quand on accélère, le side tire à droite ; quand on freine, il tire à gauche (sauf les Ural 2015 à freins à disques sur le panier, qui font un peu la saucisse volante au freinage).

Contrairement à une moto solo qui est monotrace, le side va subir les irrégularités de la route, le carrossage du bitume, les nids de poule, les imperfections diverses. Il va onduler, vivre. À vous de trouver le juste équilibre entre la fermeté (le maintenir sur la route) et la liberté (lui laisser danser la samba qui fait partie de son ADN). Le side-car est sans cesse embringué dans un ballet d’une sensualité maladroite.

Pour tourner à gauche, il faut forcer un peu (mais pas trop)

Pour tourner à gauche, il suffit globalement de braquer et le side suit la trajectoire, après un léger instant de résistance. On se rend compte à l’usage que plus on le brusque et plus la réponse est incisive. Jusqu’à la découverte d’un instant critique : à force de prendre appui sur la suspension du panier, le side peut toucher du nez le bitume en virage lent, ce qui n’est pas sans déséquilibrer l’ensemble.

Comme toujours, il faut anticiper et décomposer les mouvements. Une petite dose de freinage supplémentaire permettra d’inscrire le side en virage de manière naturelle ; à vous alors de prendre en main la suite des opérations.

Le side n’aime pas tourner à droite (et il faut respecter ça)

side-car Ural Scrambler 2016Attention : moment de stress ! Le virage à droite est piégeux dans ce sens qu’il implique un transfert de masse pouvant, dans une situation extrême, lever le panier jusqu’à un point de retournement de l’engin. En d’autres termes : et paf, la cabane sur le chien !

Le problème, c’est que quand ça arrive, il n’y a plus beaucoup d’autres solutions que de sortir de la trajectoire et que le réflexe est de freiner (ce qui augmente les probabilités de sortie de route), alors qu’en accélérant et en exagérant le transfert de masse sur le panier, ça finira par tourner. Oui, c’est shaddock.

On a vu qu’accélérer stabilise le side en le faisant un peu tirer vers la droite : il faut donc mettre à profit cet état de faits en sacrifiant sa vitesse d’entrée en virage, mettre le châssis du side en tension en braquant, avec son bras gauche tendu au maximum, puis accélérer doucement en visant la sortie du virage et en essayant d’avoir la trajectoire la plus tangencielle possible.

Conclusion : des plaisirs différents mais intenses

Side Ural dans une rivièreEn side « néo rétro » posé sur des roues de 16 à 19 pouces, la performance ne peut pas être au rendez-vous. Ces engins atypiques sont entièrement dédiés à la balade, à un rythme tranquille, en sachant que ces quelques règles de base énoncées ci-dessus seront challengées en fonction du profil de la route, des virages en épingle, des dévers. Dans le cas des sides avec 2 roues motrices, tels que les Ural Ranger, l'absence de différentiel cantonne cette pratique au franchissement pur ou aux conditions extrêmes.

Plus encore que sur une moto, le side-car demande une véritable humilité et nécessite des milliers de kilomètres de pratique avant de pouvoir se sentir à l’aise et de pouvoir envisager la route sereinement. Dans tous les cas, une initiation à la conduite via une association telle que IniSide est fortement recommandée.

Après, vous découvrirez une autre façon de voyager, à la manière d’un fan d’automobiles qui aurait décidé de ne rouler qu’en Traction Avant et en ne prenant que des départementales délaissées. Un autre plaisir, tout aussi dense.

Vidéo de conduite de side car

Plus d'infos sur les side-cars

Commentaires

MotoMotoVroumVroum

Super intéressant cet article ! Merci beaucoup.

Je n'ai pas compris ce passage, à propos des virages à gauche "le side peut toucher du nez le bitume en virage lent, ce qui n’est pas sans déséquilibrer l’ensemble."

La roue arrière peut se soulever ?

24-12-2015 00:18 
TOM

Toutafé.

Non seulement elle peut se soulever mais si le side roule à une vitesse un peu soutenue et qu'un élément du chassis dépasse en peu et accoche le sol ça peut être la catapulte et le tonneau.

Ca n'arrive généralement qu'avec un side bien (trop) chargé. le phénomène était connu des livreurs de journaux.

En ce qui concerne le mien j'avais fait un marche pied en forme d'avant de ski et bien m'en a pris un jour ou j'ai transporté deux rugbymens dans le side 2 places.. Le marche pied s'est posé sur le sol avec un bruit de ferraille infernal, mais je ne suis pas parti en sucette.

super

24-12-2015 08:28 
BIG83

Salut
Ca me rappelle une bourre avec deux sides 900 Bol-d'Or ( ça situe un peu la période....)
Et bien en solo avec mon 500 XLS, j'avais du mal à les suivre sans me cracher dans les mains.....
Bien menés ces engins sont terribles...
V

24-12-2015 11:01 
froggyfr99

Perso, je les préfère sur la piste: c'est infernal !

bave

24-12-2015 11:22 
Yannick85

Il faudrait revoir un peu votre "culture side" ! Ural que vous citez à chaque ligne, MZ et Jawa, les roues de 16 à 19 pouces, ça c'était avant.

24-12-2015 17:15 
Phil G

Effectivement, MZ et Jawa, c'était 'avant', mais ça permis au side, entre autres, d'être un engin populaire. Ce n'est plus le cas maintenant. Concernant Ural, pas d'accord. La firme sibérienne représente quasiment 50 % du marché du side neuf vendu en France chaque année. Si on ajoute à cela la grosse vingtaine d'engins homologués par CS Concept (sur base principalement de Guzzi V7, Bonneville ou Royal Enfield), alors le side "néo-rétro" à roues de 16 /19 pouces représente 60 % du marché... Le reste est composé de productions de chez Dédome, Héchard ou Produc Side, qui font en majorité de la GT. Quant aux sides sportifs, ils restent (hélas !) anecdotiques. Mais on aimerait essayer pour vous en parler ! PG

25-12-2015 15:00 
L'iguane

Citation
froggyfr99
Perso, je les préfère sur la piste: c'est infernal !

Quand ça arrive à quitter le paddock... pipeau

25-12-2015 15:49 
froggyfr99

pas d'accord

Pas ma faute: c'est pas moi qui fait la mécanique sur le basset.

26-12-2015 09:43 
cajo

A une époque (les années 80-90), y'avait plein de marques et plein d'attelages différents. Je crois que chaque attelage avait ses particularités (tenue de route, freinage, ...).

Rares étaient ceux, à part peut-être les FJ/Comète fabriqués en série chez Side-Bike, qui se révélaient à peu près identiques. Chacun avait sa personnalité.

La taille des jantes, la qualité des pneus, une fourche à balancier, un amortisseur de direction, le frein sur le panier couplé avec le frein Ar de la moto (ou intégral Av-Ar-panier), un chargement équilibré, un moulbif qui respire quand on lui demande, un pilotage adapté... tout ça va contribuer à rendre la pratique du side-car sécure et amusante à la fois.

Evidemment tu sors pas d'un rond point pleine balle ... à moins d'avoir du matériel adapté et un singe décomplexé qui sort en rappel comme sur un catamaran sportif.
Ça se pratique cependant très bien, Cf. les rallyes routiers ... bave

En usage familial, sur un terrain de jeu ordinaire (routes départementales aux revêtements inégaux), au début l'ensemble est bien secoué et se "ballade" un peu... perso je me suis demandé sur les premiers 300km si j'avais pô fait la plus grosse connerie de ma vie en achetant un side !
Heureusement, très vite et petit-à-petit, on apprend à mieux sentir son attelage et à s'y adapter. L'engin va droit sans avoir besoin d'être crispé au guidon comme un bûcheron au boulot.

Avec mon XJ900+Goliath Alizée chargé (madame et moi même, + 2 gamins,+ le chien, + le matos de camping, + l'intendance minimum), c'était pô violent, mais on freinait en ligne, les courbes à D étaient belles et celles de G se prenant assez fort ... super

Bref, de belles ballades (Gers, Bretagne ...) et des rencontres inoubliables dans le monde du side (les rassemblements de Dinard, entre autres) mais aussi à chaque arrêt au troquet d'un village accueillant . Des formidables années de moto partagées en famille ! clin d'oeil

V

30-12-2015 08:55 
tonyo63

Pour avoir possédé deux sides, (FJ/comete et GTS/méga-comete), je pense que ce type de side avec roues du panier directionnelle et freinage sur les trois roues (avant/panier et arriere/panier) étaient des plus sécurisant, maniable, et agile pour un novice du side que j'étais. Et quel pied une fois bien pris en main.

31-12-2015 12:11 
Godzilla

sourire

J'ai toujours voulu posséder un Toro articulé attelé à une 850 TDM ou à la limite à une 600 XT.

Main' nant c' es réglé, j' ai pas de garage pour le mettre.au bord des larmes

06-01-2016 14:19 
cajo

Citation
tonyo63
Pour avoir possédé deux sides, (FJ/comete et GTS/méga-comete), je pense que ce type de side avec roues du panier directionnelle et freinage sur les trois roues (avant/panier et arriere/panier) étaient des plus sécurisant, maniable, et agile pour un novice du side que j'étais. Et quel pied une fois bien pris en main.

J'avais essayé, et ... bave super sans doute ce qui se faisait de mieux à l'époque.
Bon, c'était pô donné non plus ... clin d'oeil

06-01-2016 15:43 
Arrious

C'est un très bel article... Je me régale avec mon Ranger, à 80 km/h, ma tente de camping, mes hivernales. Effectivement, j'ai pas la barbe, mais trente cinq ans de bécane, privé et professionnel, pas mal de tours de roues et une trentaine de bécanes de toutes sortes... J'ai fait le tour et aspire à garder mon permis, j'aime pas le bruit, j'aime pas emm... le monde, sinon en créant quelques ralentissements, mais là, je ne vais tuer personne... Et le side attire la sympathie.
En plus j'ai découvert Sylvain Tesson... C'est le pied. A bientôt sur une hivernale! Là y a que des barbus, ça parle bécanes et ça respecte les machines, on se pèle, y a pas trop de "strings ficelles", pas de "rupteurs", pas de frimeurs... Des motards quoi!

13-01-2018 18:43 
AlainDnepr

Salut à tous, ou alors la solution est d'avoir une Dnepr ( side-car militaire russe) en 2 roues motrices.
C'est très stable à l'accélération, et si les freins arrière sont bien régler ça freine plutôt droit.
Pour tourner? bah sortez juste vos petits muscles... mais pas trop non plus il faut pas exagérer.
Motardement votre,
Alain

01-07-2018 16:17 
 

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