Les effets secondaires de la pelle à neige à moto

Je n'avais pas roulé sur une "vraie" moto depuis longtemps

Le scooter, ça donne de mauvaises habitudes

Je n'avais pas roulé sur une "vraie" moto depuis longtemps : que c'est malcommode et inconfortable ! Le scooter, ça donne de mauvaises habitudes, surtout en hiver.

‒ Allô KPOK ? Dis-moi : j'ai acheté une nouvelle bécane dans ton coin, est-ce que tu ne voudrais pas m'aider à la ramener ?

Tu te doutes bien que j'ai répondu oui, sans réfléchir.

Le plan sans faille™ doit se dérouler ainsi : le copain vient à la maison avec sa bécane actuelle. Nous allons ensemble voir la nouvelle. Si elle lui convient, nous retournons ensemble chez lui avec les deux machines. Comme je suis banni des trains, il me dépose ensuite chez mes parents qui eux aussi doivent venir passer quelques jours à la maison : je rentrerai avec eux en voiture. Je ne vois pas comment nous pourrions échouer.

Dans mon élan à filer un coup de main, je n'ai même pas demandé au pote sur quoi il roule. Faudrait pas qu'il déboule en Pagéniale ou en GS : mon fan-club pourrait se montrer moqueur. Mais non : c'est une bête GSX-S. Comme ces machines ne m'intéressent pas, j'ai dû déchiffrer la cylindrée sur l'écope de radiateur. Bon point : c'est la 750, pas la 1000. Autre bon point : il y a l'heure au tableau de bord et ce n'est pas une option à 650 balles. Pour le reste, c'est juste une Bandit avec un châssis et des freins mais sans sa selle passager.

Bizarrement, c'est le copain qui a envie d'essayer Lapin-Lap1 ; moi, je ne suis qu'à moitié chaud pour grimper sur son quatre en ligne : c'est des moteurs pour 4L.

Le jour dit, nous allons voir sa nouvelle acquisition. Rien de remarquable de ce côté : il a tapé sans surprise dans le gras du marché de l'occaze. C'est sa femme qui va cependant y gagner, rapport à l'épaisseur de la selle.

Le lendemain samedi, nous nous mettons en route. Après une DR et une SV, par réflexe, je tire l'embrayage pour lancer le moteur. Paraît que ça se fait plus. Tout fout l'camp ma pauv' dame. Je suis surpris par l'embrayage, doux comme tout. Le moteur s'emballe tout seul quand je démarre ; je trouve ça plus gênant qu'autre chose. J'ai mis le contrôle de traction à fond, mais le moteur coupe trop souvent à mon goût : je le mets sur 1 pour qu'il arrête de flipper à la moindre plaque d'égout.

C'est en sortant de la ville que les choses commencent à se gâter. On s'était dit qu'on roulerait à allure légalo-légale vu la météo réglée sur glagla+ et que nous roulons sur deux motos que nous ne connaissons pas. Mais même en me traînant à 90, j'en prends plein la quiche. Instantanément, je regrette le pare-brise format pelle à neige de Lapin-Lap1. OK, il me fait des courants d'air désagréables sur la nuque quand j'ai mal mis mon tour de cou, mais au moins je ne suis pas secoué par un vent glacé. Seul point positif : à 90 compteur, j'ai l'impression d'être à 140.

Mes gants d'hiver, suffisant par tous les temps grâce aux pare-mains, sont pris en défaut en 15 bornes. Depuis que je roule en scooter, je n'ai plus du tout froid aux pieds ; ici, ça va pas être la même. Et les genoux ! Malgré les deux pantalons de pluie portés l'un sur l'autre en prévision du froid aux jambes, je me les gèle quand même sévère. Ça va être super super long jusqu'à Bourges.

On n'est même pas arrivés à Pouilly que je regrette déjà de m'être fait embarquer dans cette histoire. Manquerait plus qu'on trouve la neige dans le Morvan, tiens...

Il y a des trucs bien sur la GSX ? Ouais : je peux poser la main gauche sur le haut moteur pour la décongeler quand je m'allonge sur le réservoir. C'est tout.

Je ne veux pas jouer les pénibles, donc je continue de rouler en serrant les dents.

Un peu avant Arnay-le-Duc, le pote met son clicos, s'arrête et me fait signe d'approcher :

‒ Je ne sais pas comment tu fais pour continuer. Moi je suis frigorifié. Je m'arrête le temps de me réchauffer un peu.

‒ Hein ? Mais moi je me retenais de m'arrêter parce que toi tu continuais à rouler !

On se marre. Dix minutes de pause le temps de dégeler les mimines. Je loge avec bonheur la main droite dans l'échancrure entre le cadre et le flanc de radiateur : hmmmm... que c'est bon. À croire qu'ils l'ont fait exprès chez Suzuki.

On se remet en route, après avoir convenu qu'on arrêtait de jouer au plus fier : quand on a trop froid, on se gare et on se réchauffe. Tant pis si ça nous prend six heures pour atteindre Bourges.

Ya d'autres trucs bien sur la GSX ? Les virages : une fois trouvé le bon angle, la moto reste sans bouger. C'est reposant. Lapin-Lap1 a besoin d'être maintenu du guidon sur la traj'. Les suspensions, aussi : c'est dur-mais-confortable et pas sec et tape-cul. Les freins, enfin : ça freine autant à un doigt sur la pseudo-Gex que sur le scoot à pleine main.

Pour le reste, c'est l'horreur. La GSX l'hiver ? C'est comme rouler sur un blizzard qui rupte à 11.000 tours. Vivement mon scoot !

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