C'est le printemps et il est moche

C'est presque le printemps : les kékémobiles fleurissent à nouveau

C'est presque le printemps : les kékémobile fleurissent à nouveau sur les routes. 50 et 125 vont devoir se pousser pour laisser passer les « vrais ».

Il a fait soleil deux jours de suite et les kékémobiles sont de retour sur le parking devant l'usine. Pendant décembre et janvier, j'ai partagé l'auvent avec deux irréductibles en 50, un allumé en XJ900 Mk1 et deux badass qui viennent de Dijon à bicyclette à pneus cloutés quel que soit le temps. Deux jours de soleil et hop : une Hornet, une Zède et une verrue germanique ont fait leur apparition.

La Hornet est en mode full merdouilles : en plus de l'installation d'un carénage rapporté, son propriétaire a puisé sans retenue dans le catalogue Goud'chiott. Leviers de frein et d'embrayage réglables avec des trou-trous partout pour faire racinge ; bitoniau sur le bras oscillant pour une béquille de stand ; repose-pieds racinge (qui glissent comme l'enfer sous la flotte, mais comme ça fait racinge, qu'importe) ; poignées « taillées dans la masse » -le jour où tu trouves des rotomoulées ou des estampées, fais-moi signe- ; protections de carters en « carbone » et tampons sur le cadre -on n'est jamais trop prudent, c'est pour ça que je mets toujours des bretelles avec ma ceinture- ; filets de jante fluo « +15 chwo » ; clicos « mais si, regarde bien, là ch'te dis ! » ; amortisseur de direction -indispensable pour enquiller la rocade à folle allure, peut-être même 91 km/h, en toute sérénitude ; ras de roue et capot interne avec support de plaque et enfin le nécessaire pot qui fait prout-prout « pour la sécurité ».

La Zède, à côté, fait smicard à temps partiel : pot qui fait prout-prout, capot de selle, rétroviseurs pour admirer ses coudes et c'est tout.

Entre les deux, je découvre un... machin dont j'ignorais jusqu'à l'existence. J'ai immédiatement regretté d'avoir seulement posé les yeux sur cette créature de cauchemar. Imagine une Multistrada en plus moche à qui il aurait poussé une sorte de rostre pédonculé sorti tout droit des plus abominables créations du Paléozoïque inférieur. L'optique ressemble à des yeux de lémurien après une chute d'une hauteur considérable. Elle est surmontée par une bulle bien trop étroite pour servir à quoi que ce soit. Les rétroviseurs, fluets, ne dépareraient pas sur les plus splendides créations de cyclomoteurs Peugeot du milieu des années 80. Les clignotants avant servent apparemment aussi de pare-carters -totalement crédible pour ces deux bouts de plastique. La béquille centrale, probablement une option très chère, est un chef d’oeuvre d’intégration avec ses deux gros ressorts reliés à des platines en métal grossier. De bouts de fils électriques courent un peu partout et notamment au niveau des suspensions, ce qui me laisse penser que l'heureux propriétaire a claqué deux fois le prix du Bourgeman pour des suspensions « pilotées », totalement indispensables : « mais si, ch’te dis, de temps en temps ya des feuilles mortes sur la route ». Le reste est à l'avenant : moche, ridicule, ou les deux à la fois.

Et non, il ne s'agit pas d'une de ces étranges expériences à la limite du dadaïsme en provenance de Chine ou de Corée, mais d'une... je n'ose même pas prononcer son nom Je pense qu'il est temps de voter cette fameuse loi sur la salubrité visuelle que je mentionnais l'an passé : il y a des limites à ce que peut supporter le cerveau humain.

Jeudi, elle avait disparu. Il est vrai qu’on annonce de la pluie pour dimanche.

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