A la recherche de l'effet KPOK
Après l'effet Dunning-Kruger, l'effet KPOK
A mesurer en fonction du temps de Planck
Pour accrocher ma suffisance à la postérité, il faudrait que je réfléchisse à inventer un effet qui porte mon nom. Je suis d'autant plus crédible qu'il y a des lettres peu utilisées dans mon nom, à savoir deux "k", ce qui fait tout de suite plus sérieux que la moyenne.
Internet a popularisé par exemple l'effet Dunning-Kruger qui fait flairer à de parfaits imbéciles le parfum de la victoire lors d'un pugilat par Tweets interposés. Moyennant un investissement en temps remarquablement limité, soit les 7 secondes nécessaires à la lecture du premier paragraphe de la fiche Wikipedia qui lui est consacrée et le copier-coller de ce nom un peu compliqué, il donne -ironiquement- au parfait imbécile susmentionné l'occasion d'à la fois employer et démontrer la justesse de ce fameux effet. Pour l'observateur averti, c'est très savoureux.
Puisque tout est question de crédibilité et donc du nombre de majuscules séparées ou pas par des points après mon nom (par exemple : KPOK, CNRS, Ph. D., MBA, DA, VE, D.F.C., Clim, ABS, etc.) la première étape consiste à imprimer plusieurs diplômes à placer en évidence dans le champ de la caméra. Ne pas oublier la plante verte en pot.
Démarre ensuite la commercialisation de "l'effet KPOK". La voie la plus simple revient à soudoyer un chroniqueur (entre chroniqueurs, on se soutient, c'est logique) travaillant sur une chaîne à grande écoute. Sur un ton mi-sérieux, mi-rigolard, il dévoilera à la face du monde les subtilités de l'effet KPOK, qui explique bien des choses.
Ingrédients de base : l'effet doit être "peu connu", avoir été remarqué par le chroniqueur "dans une publication scientifique", s'appliquer de manière universelle à tout bipède, avoir été découvert pour la première fois il y a longtemps (par un moine réformé allemand du 17e siècle : ça fait sérieux et personne n'ira vérifier) et surtout, surtout, à l'image du très efficace effet Dunning-Kruger, il doit pouvoir servir d'argument aux parfaits imbéciles.
L'effet KPOK sera récupéré par le chroniqueur de la chaîne concurrente, puis un youtubeur s'en emparera pour en expliquer les mécanismes (pouces bleus, abonnez-vous à la cloche jusqu'au bout, tout ça) avec de complexes équations mathématiques farcies de lettres de l'alphabet grec qui dissuadent le passant ordinaire d'y regarder de trop près. Ainsi de suite jusqu'à ce que, victoire, un parfait imbécile s'approprie l'effet KPOK pour s'en servir comme massue dans un pugilat sur Twitter.
Car tu auras remarqué à quel point ça s'engueule dans le village planétaire. Internet a peut-être donné une voix à tout le monde, mais il faut bien reconnaître qu'ils sont nombreux à très mal l'employer. Ayatollah et petits flics s'en donnent à coeur joie, chassant avec zèle la parole déviante ou le mot qui dépasse. L'épiderme de certains tient du papier à cigarette et leur temps de réaction avoisine la durée de Planck.
Grâce à l'effet KPOK, on comprendra pourquoi ce sont les roquets qui aboient le plus fort. Pourquoi ce sont les agressifs qui remportent les débats en alliant la masse de leur mauvaise foi à l'énergie cinétique de leur ignorance. Pourquoi certains lisent dans toute opinion qui s'écarte d'un chouilla de la leur une insulte qui leur est personnellement adressée et qui déclenche par réflexe une réaction agressive inversement proportionnelle à la gravité de l'affront.
La planète tournerait tellement mieux si tout le monde était d'accord avec moi.
Commentaires
Internet a offert la possibilité aux cons de montrer à tous qu'ils sont vraiment con. Grâce à internet les cons sortent de l'anonymat, enfin derrière un pseudo bien sur faut pas déconner non plus.
06-10-2020 09:08Un logiciel intelligent repèrera des mots clé ou tes aspiration et te reproposera des articles sur le même thème. De quoi comforter chez certains dans leur idée et alimenter la théorie du complot.
06-10-2020 10:59Sur internet tout est vérifiable et aussi son contraire, il faut croiser des informations qui sont souvent erronées mais aussi admises comme véridiques. La désinformation est une arme redoutable et insidieuse.
Mais comme c'est tellement bon d'être con, moi j'adore ça et j'en remet une couche. Mais le pire de tout, c'est d'y être et de ne pas le savoir
06-10-2020 11:13je plagie le Chat de GELUCK (qui plagie certainement lui aussi): être con c'est comme être mort. le mort il ne sait pas qu'il est mort, ce sont les autres qui sont tristes.
06-10-2020 15:08et bien le con c'est pareil
Et on est tous le con de quelqu'un de toute façon...
06-10-2020 15:55D'ailleurs je me suis fait traiter de con ce matin parce que je roulais à 50km/h dans une zone à ...50km/h!
"avoir été découvert pour la première fois", ce n'est pas un peu un pléonasme ça, hum ?! En revanche j'aime beaucoup "alliant la masse de leur mauvaise foi à l'énergie cinétique de leur ignorance". En tous cas, encore bravo KPOK !
07-10-2020 13:48