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Road Trip estival sur la route de Compostelle, Jour 1

De Biarritz à Bilbao, 188 km

Balade sur les petites routes à travers la verdure du pays basque français et espagnol

Road Trip estival : jour 1, de Biarritz à BilbaoOn pourra chercher toutes les significations que l'on veut : cette année, le Road Trip prend la route de Compostelle. Car tous les sociologues vous le diront : chaque groupe d'individus possède ses rites, ses habitudes, ses totems. Et depuis l'instauration, au Moyen-Âge, d'un pèlerinage chrétien sur la tombe de Jacques fils de Zébédée à Saint-Jacques de Compostelle, le lieu entre dans une résonance mythique, au même titre que La Mecque pour les musulmans, Milwaukee pour les fans de Harley-Davidson et Salers pour les fans de truffade. Bref, la liste est longue.

Pourquoi avons-nous choisi d'aller à Compostelle, pourrions-nous nous demander. On pourra donc faire un raccourci et dire que la moto est une religion. En tous cas pour ce petit groupe, qui a la foi et qui, chaque année, érige le RT (Road Trip) au rang de événement structurant, voire fondateur de l'harmonie du susdit groupe. Croatie, Corse et Sardaigne, Forêt Noire en Allemagne, Pyrénées en long en large et surtout en travers ont déjà permis de voir du pays, y compris (et surtout) au guidon de machines pas forcément conçues pour cela, comme une belle brochette de roadsters transformés en café racer avec bracelets et commandes reculées, preuve s'il en est que l'on peut être masochiste et aimer avaler du kilomètre. La fine équipe de ce Road Trip 2016 vous a déjà été présentée : 9 motards sur 7 motos, regroupés dans un aréopage disparate allant du la Triumph 1050 Speed Triple à la Yamaha XTZ 750 Super Ténéré des années 1990, de la Harley-Davidson Road Glide Ultra à la KTM 990 SM T sans oublier les 3 Ducati. Bel éclectisme.

Avant le départ : détente et esprit Wheels & Waves

Biarritz, début juin. Capitale mondiale (et éphémère) de l'apparence, de la décontraction et du non-conformisme. Avec sa 750 Super Ténéré d'origine, mais avec supplément topcase et combinaison de pluie Bering jaune fluo, Fifi n'est pas trop, apparemment, dans le cœur de cible. Déjà, il a même pas de barbe et pas plus de chemise à carreaux (mais un joli pull rose). Alors qu'une partie des autres garçons sont, eux, très lookés et trouvent dans le Wheels & Waves moult inspiration quant à la petite patte de support de phare ou les clignos adaptables, totalement indispensables et qui permettront de peaufiner la personnalisation de leur moto, tandis que Nell les accompagne en dévoilant ses tatouages parmi plein d'autres amis tatoués.

prepa aux Wheels & Waves

Entre une Yamaha FZ privée de sa selle et de son réservoir, une 750 Super Ténéré transformée façon Super Enduro à l'issue d'un travail de dépouillement titanesque où même les échappements ont été passés de l'autre côté par rapport à l'origine, Suzuki 125 Van Van avec selle façon sac Vuitton avec fermeture éclair au milieu et une horloge sur le cache latéral, custom Harley avec réservoir de trail époque AMF, la liste est trop longue pour énumérer les attractions de ce cabinet de curiosités. Mais de ce magma, en apparence dédié au n'importe quoi, les questions fusent, pertinentes. Un : est-ce que ceux qui se moquent seraient capables de créer, eux, une machine, sur n'importe quelle base, radicalement transformée mais conforme à l'esprit ? Pas sûr, car il ne suffit pas de greffer un réservoir de Honda CX sur un flat BM pour réussir son coup, il faut ce petit truc en plus, cette petite touche indéfinissable mais qui fait le socle commun d'un événement où des barbus tatoués en Harley côtoient des mecs qui roulent sur des GSX-R avec des pneus à crampons, ce qui est en fait assez unique dans le monde moto où les chapelles sont tout aussi importantes que les façons de rouler sont parfois codifiées.

Deux : est-ce qu'un tel événement dégagerait la même ambiance, la même douceur de vivre, la même capacité à intégrer des gens venant a priori d'horizons différents s'il avait lieu, au hasard, à Marseille (13) ou dans une halle du Bourget (93) ? Là encore, pas si sûr : certes, les surfeurs qui taquinent la wave en contrebas des Wheels ajoutent à l'ambiance ou au cliché, c'est selon. Mais quelques jours à se balader dans Biarritz et ses environs permettront de croiser un paquet de minots sur leurs scooter 50 et planche de surf témoignent que la pratique cooool de la moto est dans les habitudes. Trois : les hipsters, épiphénomène ou tendance de fond ? À voir l'implication des marques et une délégation officielle et européano-japonaise de chez Honda (en polaire rouge siglée HRC, c'est discret !), on devrait s'attendre à voir du hipster pendant longtemps !

Des membres du groupe se fondant aux Wheels & Waves

Ainsi, même avant d'aller rouler, notre petite équipe qui a en commun, entre autres choses, une passion indéfectible pour la moto, trouve déjà quoi se ressourcer, se divertir et s'inspirer. Et cette douceur de vivre, l'équipe en a profité : parmi les quelques adresses que l'on peut vous recommander sans aucune réserve, figure le Trinquet d'Arcangues, dans la proche périphérie de Biarritz. Non seulement, la côte de bœuf y est excellente, mais il y a même, à proximité immédiate du bar et du restaurant, une salle de pelote basque où l'on peut admirer les sportifs en plein exercice.

Salle de pelote basque au Trinquet d'Arcangues

Autre adresse à partager : la cidrerie TTipia à Bayonne. Après une petite balade dans le centre ville hyper charmant de Bayonne, sur les rives de la Nive, nous avons testé cette cidrerie où le cidre (doux ou brut, au choix), coule à flot et à volonté des tonneaux qui sont fichés à même le mur. Dans ce lieu authentique et convivial à la fois, les patrons ne s'embêtent pas trop avec la carte. C'est menu unique le soir : omelette à la morue, merlu à l'espagnole, de nouveau une côte de bœuf, fromage local avec noix et pâte de coing. Roboratif et qualitatif !

Le centre de Bayonne à la tombée de la nuit

Cuves de la cidrerie Ttipia à Bayonne

Et en sortant, l'atmosphère festive de Bayonne n'est de toute évidence pas qu'une légende. Notre petite troupe n'a pas eu de mal à la reproduire à Biarritz. Jé a été vu couché dans des buissons et Lolo, malgré ses dénégations, s'est retrouvé un verre à la main, un saladier sur la tête et la braguette ouverte (cette photo est choquante, éloignez les enfants et les représentants des ligues des bonnes mœurs).

Jé dans un buisson à Biarritz

Lolo, festif à Biarritz

Bref, avec toutes ces composantes, Biarritz, ses motos et son ambiance festive ont constitué un sas parfait entre la fin du boulot et le vrai départ en vacances !

Le Pays Basque, c'est vert...

Et quand c'est vert, cela veut dire que c'est bien irrigué. Ou alors bien arrosé. Nous ne le savons pas encore mais, galvanisés par une confiance indestructible liée au fait que tous les Road Trips précédents ont été, au pire, douchés par deux heures de pluie, nous ignorons que la météo ne sera pas de notre côté cette fois-ci. Au moment du départ, tout le monde est à peu près à l'heure, ce qui n'est pas un mince exploit dans ce groupe. L'appel de la route, parfois, est plus fort que tout, même si le ciel est déjà couvert et plutôt menaçant.

Pause dans un petit village du pays basque espagnol

Pourtant, pas un "vrai" kilomètre n'a encore été effectué que les micro-galères commencent : la KTM a été victime d'une crevaison lente du pneu arrière (en cause, la valve), tandis que la béquille latérale de la Super Ténéré s'est juste dessoudée au niveau du pivot. Stoïque, Fifi trouvera toujours un mur ou une rambarde pour la stationner tandis que, (allez trouver un pneu arrière de KTM un lundi matin à Biarritz), l'équipage de la SMT regonfle et prend la route en serrant un peu les fesses et avec moult vérifications de la pression en chemin et en commandant un pneu à livrer à Bilbao. Magie d'internet et des concessionnaires espagnols ouverts le lundi.

L'esprit du Road Trip, c'est de se gaver le plus possible de petites routes et de virages. Les autoroutes sont proscrites, autant que faire se peut et le tracé du Road Book est âprement discuté et donne lieu à de multiples "apéroad-trip" qui se tiennent à intervalles réguliers durant les mois qui précèdent le départ. Au programme, 188 kilomètres pour se mettre en jambes et aussi pour visiter le Musée Guggenheim de Bilbao, qui est fermé le lundi. Bilbao se devait donc d'être notre étape du soir.

Décision a été prise d'éviter aussi la route côtière, trop synonyme de rond-points entre des petites zones commerciales, de moyenne horaire "stoppée" et d'un faible plaisir de conduite. Nous passerons donc dans la montagne, dans les contreforts des Pyrénées, avec, à l'occasion, une jolie vue sur la côte. Peu fréquentées, les routes secondaires nous font passer de villages, toujours colorés du côté français, puis avec une architecture plus massive du côté espagnol, signe que les hivers sont rigoureux.

Un village typique du pays basque espagnol

À Bilbao, le pneu de la KTM a été envoyé chez un mauvais concessionnaire et pas moyen de ressouder la béquille de la Super Ténéré. On devra continuer comme cela. En attendant de visiter le musée demain, on le découvre déjà de l'extérieur, pour s'imprégner de l'architecture magistrale de Frank Gehry, avant d'aller trouver où prendre l'apéro et diner à Bilbao. L'occasion de découvrir la richesse de l'ornementation des immeubles et, plus tard dans la soirée, de la qualité des mises en lumière de l'environnement urbain. C'est beau, une ville, la nuit.

Architecture des immeubes à Bilbao

Araignée de Louise Bourgeois devant le musée Guggenheim

Architecture du Musee Guggenheim, due a Frank Gehry

L'équipe pause devant le musée Guggenheim

Le Musee Guggenheim, décidemment surprenant

Joli restaurant du soir à Bilbao

 Bilbao, de nuit

itinéraire de Biarritz à Bilbao

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Rappel des épisodes précédents