Essai scooter Honda SH 125i
Moteur euro5 avec du peps, antipatinage, start and stop, Smartbox, système sans clef, conso réduite
Essai au quotidien sur 15 jours
Le Honda SH, c'est toute une histoire depuis 1984, date de naissance de la gamme, même s'il a fallu attendre les années 2000 pour voir arriver la version 125. Et si l'on peut penser qu'un scooter évolue peu année après année, il n'en est rien chez le constructeur ailé qui fait régulièrement évoluer son scooter à grandes roues, quasiment tous les deux ans, soit plus fréquemment que sa sportive Fireblade CBR 1000 RR-R ! Voilà un paradoxe au premier regard.
Mais il faut dire que le SH 125 se vend quasiment en 20.000 exemplaires chaque année en Europe qui représente la très grande majorité des ventes, soit largement plus que la sportive et notamment en Italie. Eh oui, si les scooters à grandes roues n'ont pas énormément la cote en France, ce sont les plus grosses ventes en Italie et dans bien des pays d'Asie. Du coup, oui, le SH 125 n'est pas un simple scooter mais un véritable étendard pour la marque qui explique le soin qui lui est apporté à intervalle très régulier. Mais qu'est-ce qui explique un tel succès, année après année. Et la version 2020 apporte-t-elle quelque chose en plus hormis le fait d'être désormais Euro5 ? On l'a pris quinze jours pour l'utiliser au quotidien. Essai.
Découverte
Le SH 125 revient donc en 2019 (millésime 2020), après une évolution importante en 2017 mais aussi en 2015, pour ce qui pourrait être essentiellement une mise à niveau Euro5 avec de nouveaux réglages d'injection et un nouveau catalyseur. Mais il n'en est rien. Les modifications vont bien plus loin avec un habillage redessiné, un stockage en hausse, une géométrie arrière revue.
On reconnait facilement un SH des autres scooters grandes roues. Mais par rapport aux trois précédentes déclinaisons, on le reconnait tellement qu'il faut un oeil averti pour en noter les différences. On retrouve ainsi les mêmes lignes générales, les mêmes feux à LED à l'avant et à l'arrière et des dimensions identiques (hormis l'empattement) et la même finition globale, notamment au niveau des plastiques, de qualité. Honda affirme que la ligne a été modernisée et on note effectivement quelques lignes un peu plus tendues par rapport à l'ancien moderne sans que cela révolutionne vraiment le design. Cela reste consensuel et surtout très urbain, voyez vous mon cher ! Mais l'important réside souvent dans le détail et là, par contre, le nouveau millésime apporte son lot de détails, pour certains visibles d'autres bien cachés sous le carénage.
Et justement, sous le carénage, on trouve un nouveau monocylindre de 124.5 cm3 eSP+ (enhanced Smart Power) 4 temps qui développe désormais 12,3 chevaux, soit 0,4 de plus que sur le précédent millésime et obtenus 250 tours plus bas. Le couple baisse très sensiblement en passant de 11,5 à 11,4 Nm, mais sa valeur maximale est également atteinte 500 tours plus bas. Honda affirme que la consommation est désormais de 2,24 l/100 km par rapport aux 2.5 l/100 que nous avions constatés lors de l'essai précédent de 2017. Le SH se dote désormais d'un système de contrôle de couple HSTC limitant les pertes d'adhérence - un antipatinage en clair - pouvant être désactivé. Pour autant, en 2012, le SH avait déjà un moteur ESP et le start and stop !
Toujours sous le carénage, le SH bénéficie d'un nouveau cadre ouvert en tubes d'acier avec l'objectif d'augmenter la capacité de transport. Il faut dire que l'ancien modèle permettait tout juste de placer un casque. Alors que là, on dispose de place en plus, grâce à un nouveau réservoir qui passe désormais sous le plancher, laissant ainsi 10 litres de rangement supplémentaire pour une capacité de 28 litres. Du coup, il n'est plus besoin de soulever la selle pour remplir la réservoir, ce dernier étant désormais accessible via une trappe s'ouvrant sur le tablier. Et bien au jour le jour, c'est quand même plus pratique aussi. Par contre, on a perdu le vide-poche avant !
Au titre des détails, on note un empattement allongé de 13 mm et un poids en sensible baisse de 400 g à 136,5 kg.
Moins un détail, mais le confort a été amélioré grâce à une nouvelle géométrie de la suspension arrière qui dispose d'amortisseurs réglables sur 5 niveaux de précharge. On retrouve enfin les jantes aluminium de 16 pouces désormais chaussées de pneus Michelin City Grip.
En selle
Pas de changement côté hauteur de selle, qui reste à 799 mm. Le conducteur met donc toujours tout juste le bout des pieds à terre. Les gabarits de moins d'1.70 auront ainsi du mal à toucher terre.
Pour celui qui était habitué à l'ancien SH, il voit tout de suite la nouveauté : un nouveau tableau de bord digital, moderne et complet, par rapport à l'ancien tableau analogique. Si on doit parler de modernité, c'est vraiment au niveau de ce tableau de bord plus qu'au niveau du look général de la machine, qui bénéficie par ailleurs du démarrage sans contact Smart Key qui permet aussi d'ouvrir la trappe à essence et le coffre. Et autant, je trouvais que c'était un gadget autrefois, année après année, je commence à m'habituer à l'agrément quotidien apporté par un transpondeur au jour le jour, qui permet de ne pas sortir la clef du blouson ou du sac (à moins d'avoir besoin d'ouvrir le top-case).
C'est sans aucun doute ce nouveau tableau de bord qui apporte toute sa modernité au millésime 2020 avec un grand écran et plein d'informations complémentaires par rapport à l'ancien modèle. Vitesse (mais pas de compte-tours) totalisateur, double trip partiel, conso moyenne et instantanée, jauge à essence à cinq "bâtons", horloge, voltage batterie ainsi que l'indicateur d'antipatinage, déconnectable via le bouton B au commodo gauche. Par contre, le SH ne propose aucune connectivité avec le smartphone avec une application mobile, comme peut le faire un Medley. Par contre, il perd en lisibilité sous le soleil.
Les mains tombent naturellement sur le guidon avec une position agréable, d'autant plus que le plancher plat offre plein de place pour positionner ses pieds comme on le souhaite. Il y en plus de la place entre la selle et le tablier, ce qui laisse toute la place pour les genoux, y compris pour les plus grands. Loin de se retrouver étriqué, on a ainsi de la place, ce qui est un vrai confort au quotidien. Et on a suffisamment de place aussi sur la selle pour se reculer et avoir alors le bas des fesses calé contre le léger "dosseret".
Les rétroviseurs se règlent facilement, y compris en conduisant, en offrant une bonne rétrovision.
Contact
Le mono s'ébroue dans un bruit doux et grave. La poignée de gaz est toujours aussi sensible, entraînant un démarrage net du scooter. Le système Start and Stop est disponible quasiment dès les premières centaines de mètres pour s'éteindre au feu rouge au bout de quatre secondes. Et il reprend de façon quasi instantanée à la sollicitation de la poignée. C'est sans doute l'un des systèmes les plus agréables du marché.
En ville
Avec une selle haute, le conducteur domine la circulation, ce qui rend les évolutions agréables, d'autant plus que la maniabilité est au rendez-vous, avec un rayon de braquage ultra-court, aidé par un poids plume qui donne l'impression d'être placé bas et que l'on ne sent donc pas, même pendant les évolutions à basse vitesse. On oublie les 136 kilos pour zigzaguer voire virevolter entre les files de voitures à l'arrêt.
Au feu rouge, le moteur a un vrai peps qui permet de se dégager en première ligne pour s'extraire du flot de la circulation sans se faire rattraper. Et l'on se retrouve très rapidement au-dessus des 50 km/h si l'on n'y prend garde.
En fait, on ne sent pas les différences avec le millésime précédent, même si la puissance est en hausse (de 8.98 à 9.2 kW). Il faut dire que 0.2 kW/0.4 cv restent imperceptibles mais confortent la position du SH parmi les moteurs les plus dynamiques de la catégorie en ressenti, au-delà de la fiche technique, qui le place pourtant à égalité d'autres modèles. Comme quoi, avec deux fiches techniques identiques en termes de chevaux et de couple, le résultat peut être complètement différent. La différence repose sur le variateur et de ses réglages au niveau pente des galets et force des ressorts. Mais force est de constater que Honda maîtrise le sujet avec une efficacité redoutable pour la catégorie.
Arrivé au feu rouge suivant, le moteur s'éteint avec le Start and Stop et on apprécie ce silence momentané. Une simple pression sur la poignée et le moteur redémarre instantanément, avec un déclenchement plus vif que son concurrent Medley. Honda a en fait un système démarrage Start and Stop reposant sur un alterno-démarreur et non pas un démarreur, ce qui est à la fois plus efficace et tire moins sur la batterie.
Autoroute
Le SH 125 s'élance dynamiquement sur l'autoroute en atteignant tout de suite les 100 km/h pour ensuite grignoter les kilomètres/heures 115 km/h voire atteindre les 122 km/h une fois bien lancé sur le plat. C'est une bonne performance par rapport à des modèles qui s'asphyxient bien avant, notamment en duo ou à la moindre cote, ce qui n'est pas le cas du Honda. Il était déjà stable auparavant à sa vitesse maximale et ce comportement n'a pas changé, avec une stabilité exemplaire à 122 km/h et ce malgré le top-case, qui entraîne souvent un shimmy, ce qui n'est pas le cas ici. Et comme la protection reste bonne, nul besoin d'avoir recours à une bulle, qui pourra au contraire entraîner un flottement du guidon et une précision moindre du train avant.
Même si le SH peut faire de l'autoroute, il se fera largement doubler et les petites routes seront de la tranquillité retrouvée. Mais en attendant, par rapport à certains 125, au moins, il peut prendre les axes rapides sans se faire doubler par les camions et c'est rassurant.
Sur petites routes
Agréable et dynamique en ville, le SH se retrouve donc naturellement à son aise sur les petites routes, où il a suffisamment de peps pour enchaîner les virolos, sans avoir besoin d'être poignée au taquet. Nombre de 125 obligent en effet à garder la poignée à toc pour avoir un peu de reprises et ici, on peut se permettre de lâcher les gaz un peu. Les kilomètres s'avalent sans voir le temps passer, de part la position de conduite, le confort global et l'agrément de conduite. le moteur est à la fois onctueux et dynamique, avec de vraies reprises et le côté rassurant d'une consommation d'oiseau et un aspect relativement silencieux qui permet d'apprécier la campagne.
Freinage
Le freinage offert par le simple disque de 240mm à l'avant et de 240 mm à l'arrière est à la hauteur des performances du SH, avec un excellent feeling, aidé par de la puissance, maîtrisable et ce sans avoir besoin de prendre les poignées de frein à pleine main. Le mordant est également bon sans être violent. L'ABS se révèle peu intrusif, y compris en solo et il faut vraiment prendre uniquement le frein arrière en solo pour arriver à le déclencher et encore il se fait oublier dans la manière d'intervenir. C'est le sans faute qui permet d'avoir une machine facile de prise en main et sans besoin d'habitude, y compris pour un débutant. Efficacité est ici le maître mot.
Confort / Duo
La selle est confortable mais la suspension ferme, offrant du confort sur la route, mais à mi-chemin d'un Medley (plus confortable) et d'un XMax beaucoup plus sec. Cela s'améliore nettement en duo, une fois que les suspensions sont déjà en contrainte. Par contre, le passager étant plus haut que le conducteur, on a un léger effet de ballant qui rend la conduite en duo un peu plus délicate qu'avec le Medley.
Les repose-pieds escamotables sont bien placés et le top case offre un dosseret bien utile.
Consommation
J'ai toujours été conso-sceptique vis à vis des consommations constructeurs annoncées à 2 litres quand de nombreux 125 tournent en réalité à 4 litres. Mais il faut bien admettre que le SH bat des records de consommation, capable même de descendre en ville sur le plat à moins de 1 litre au cent et à rester à moins de 3 litres au cent à sa vitesse maximale sur autoroute, en consommation instantanée, même si la conso peut grimper à 4 litres en duo en cote et au taquet. Mais effectivement, le premier des bâtons de la jauge à essence s'éteint uniquement après 100 kilomètres, puis 140 km pour le 2e bâton. La conso. moyenne indiquée par l'ordinateur de bord est alors de 2.0 l/100 en sachant que j'ai roulé poignée à toc systématiquement au démarrage. Le start and stop doit permettre de gagner 0.1 l/100 soit pas grand chose à la consommation, étant plus un gage de confort quand le bruit du moteur s'arrête au feu rouge. Mais au final, la conso s'est stabilisée à 2.1 litres sur cet essai. Et avec un réservoir sensiblement plus petit à 7 litres (contre 7.5 auparavant), on dispose ainsi d'une autonomie de l'ordre de 320 kilomètres.
Pratique
Il y a enfin un peu plus de place sous la selle avec désormais 28 litres, ce qui permet de mettre un intégral mais surtout désormais un petit sac ou un grand sac à main, aidé par l'accroche sac du tablier.
Le plancher plat ensuite est un vrai plus (le Medley n'a pas de plancher plat), permettant de caler un sac, arrimé au crochet du tablier ou d'embarquer un pack de six bouteilles d'eau, qui restent placés bas. Le tout se révèle très pratique pour aller faire les courses.
Il n'en reste pas moins que le top-case - Smartbox chez Honda - reste un indispensable et cela tombe bien, puisque Honda propose désormais par défaut en 2020 un combo avec un prix du SH intégrant par défaut le top-case de 35 litres, dans le même coloris et avec une clef unique. Et là, on a enfin la contenance nécessaire pour rivaliser avec les scooters 125 qui permettent de loger deux casques sous la selle comme le Piaggio Medley. Et surtout, ce top-case verrouille désormais avec le transpondeur et ne nécessite donc plus la clef (très *** à utiliser sinon) mais juste une pression sur le petit bouton placé sous le top-case. On peut naturellement l'enlever et le remettre pour se balader avec, grâce à sa poignée.
Et on a la petite prise USB sous la selle. On regrette par contre, la disparition du vide-poche à l'avant. Dommage.
Révisions
La première révision a lieu à 1.000 km, les suivantes ayant lieu tous les 6.000 km (uniquement le remplacement de l'huile mais pas le filtre et inspection bougie, ralenti, batterie) et tous les 12.000 km (un nettoyage du le tamis de crépine huile moteur et un remplacement de bougie) et un remplacement de la courroie de transmission à 24.000 km.
L'essai du SH 125 en vidéo
Conclusion
La principale nouveauté de ce SH millésime 2020 repose essentiellement sur ses capacités de rangement en hausse sous la selle, même si le moteur est désormais Euro5, que le modèle bénéficie de l'antipatinage et que l'on tient compte de son nouveau tableau de bord. Mais pour le reste, on retrouve le même scooter à grandes roues avec son grand plancher plat pratique et un comportement toujours aussi homogène année après année, aidé par un moteur particulièrement plaisant avec un vrai peps et un freinage à la hauteur des performances. Pas de révolution donc, mais des points qui confirment toujours autant ses qualités et les raisons d'un achat pratique (et raison) en 2020. Le SH fait bien mieux que le Medley au niveau motorisation mais fait moins bien au niveau rangement. On regrette juste un prix en hausse à désormais 3.699 euros mais avec le Top-Case (Smartbox) contre 3.529 euros auparavant et 3.290 euros en 2012, soit 50 euros d'augmentation par an; peu par rapport aux évolutions, mais ce qui année après année fait grimper le prix final malgré tout. D'un autre côté, il n'y a que 100 euros d'écart avec le modèle 2019 sans top-case et euro4 ce qui ne doit même pas faire hésiter une seconde pour choisir le millésime 2020 (hors remises du concessionnaire sur les derniers modèles 2019).
Points forts
- moteur
- conso
- système sans clef incluant le top-case
Points faibles
- place sous la selle
- absence de vide poche
La fiche technique du Honda SH 125i
Conditions d’essais
- Itinéraire: ville + petites routes variées + autoroutes interurbaines
- Kilométrage du scooter : 300 km
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