Essai Suzuki SV Scrambler
Le ramage à la hauteur du plumage, sans se faire plumer
Scrambler ! Il s'agissait à l'origine de prendre une moto de route, de lui greffer des pneus à tétines, un guidon un peu plus large, de lui rehausser les pots comme on enfile un worderbra pour aller s'enfiler dans les chemins de traverse. Avant c'était une vraie vie, une réalité qui laissait des traces dans la boue. Mais çà c'était avant. Aujourd'hui c'est avant tout du marketing, décliné à presque toutes les sauces, certains en ayant même fait une icône, voire une marque à part entière. Alors peut-on mettre le Scrambler à tous les repas au risque d'en dégouter le motard, le vrai, celui qui sort partout, n'importe comment ?
Si encore la moto a le plumage sans en avoir le ramage, mais quand même le plumage apparait surfait ? C'est un peu l'histoire de la SV rebaptisée Scrambler récemment dans une version préparée spéciale France, mais limitée à une poignée d'heureux élus. D'ailleurs, il se susurre que tous les modèles sont - presque - déjà vendus avant même d'avoir été livrés en concessions ! On a voulu se fair une vraie idée, en l'essayant et pas uniquement autour d'un paté de maison, voire d'un paté de terre battue mais plusieurs semaines sur la route, la terre et le sable. Essai...
Découverte
Le Suzuki Scrambler a le look coco ! Selle marron cousue main digne d'un hypster, guidon noir mat de gros diamètre, phare avec protection grillagée pour attaquer les petits chemins, cale-pieds crantés larges dignes d'aller grimper l'Everest, saute vent alu pour se protéger des ouragans, protection de chaine alu et les pneus Dunlop Mutant avec leurs tétines. Les clignotants d'origine ont été remplacés avec bonheur par des modèles effilés à Led du plus bel effet.
Les plus observateurs noteront aussi les écopes en aluminium, ainsi qu'un garde boue avant en alu, un carter de pignon de sortie de boite, un support de plaque accroché sous la selle et quelques protections supplémentaires noires sur les côtés par rapport à la SV millésime 2016 en stock. Et franchement, c'est fou comme ces simples modifications transforment visuellement la moto, surtout par rapport à l'affreux support de plaque d'origine. Même les mini-clignotants lui vont bien mieux que les gros cabochons d'origine.
Et comme la majorité des pièces proviennent de SW-Motech, on a complété l'équipement par des sacoches en toile vintage pour cet essai afin d'emmener le matériel pour les virées au cours des semaines.
Pour le reste, on retrouve le V-Twin de 650 cm3 issu de la Gladius mais remis au gout et look historique SV avec notamment ce cadre treillis qui renoue avec la vraie SV.
Quant aux pneus, sans basculer dans le pneu à tétine, ils en imitent le look tout en offrant une bien meilleure tenue de route que la monte d'origine.
En selle
785 mm ! La selle est fine et basse. Du coup, le conducteur d'1,70 s'y sentira tout de suite à l'aise, avec les pieds presque bien à plat par terre. Le large guidon permet d'accueillir naturellement les mains avec une position naturelle, relativement droite. Les jambes enserrent parfaitement la moto plutôt fine et permettent de bien la tenir entre les jambes. On retrouve des commodos standard avec un warning à gauche à l'accès naturel pour le pouce, sans quitter les yeux de la route.
Sous les yeux, le tableau de bord entièrement digital et très lisible offre toutes les inforamtions nécessaires, y compris une jauge à essence précise à six bâtons et l'indication du rapport engagé. Horloge, température d'eau, double trip partiel, totalisateur, consommation moyenne et instantanée complètent un tableau clair et efficace au quotidien. La vitesse est bien indiquée et le compte-tours ne se cherche pas non plus, y compris sous le soleil.
Contact
Le V-Twin s'ébroue avec un son grave, valorisant, bien plus flatteur que bon nombre de twins. On se plait même à titiller la poignée droite pour faire rugir la bête. Rien d'aseptisé ici, tout en respectant les normes. On a déjà envie d'ouvrir en grand. D'une simple impulsion, la SV s'élance... quel que soit le rapport ou presque. D'habitude, on démarre en première. Mais on a essayé sans souci de démarrer en seconde mais aussi en troisième. Un peu de dosage de l'embrayage naturellement, mais le tout est aidé par l'assistance au démarrage Low RPM Assist qui augmente le régime moteur au démarrage pour éviter de caler. Et c'est rudement efficace, à tel point que le fainéant peut presque oublier de redescendre en première au feu. Les débutants apprécieront la quasi impossibilité de caler !
En ville
La SV a gagné du poids dans son millésime 2016 et les pièces ajoutées du Scrambler ne changent pas grand chose, hormis une finition en hausse. Légère, elle se révèle particulièrement maniable, aidée par des rétroviseurs qui passent facilement au-dessus des rétroviseurs des voitures. Elle accepte en ville tous les régimes, capable de rouler tranquillement sur le dernier et sixième rapport à 40 km/h et 2.000 tr/min. Il faut vraiment descendre en dessous pour que le twin commence à cogner. Ce dernier commence à prendre ses tours dès 3.000 tr/min et s'élance ensuite joyeusement avec un gain supplémentaire après 5.000 tr/min. Le rayon de braquage n'est pas si court que cela, mais le poids plume permet d'effectuer les moindres manoeuvres à très basse vitesse et d'un léger coup de gaz reprendre le moindre équilibre. Car équilibre est son maitre mot, la rendant agréable et accessible au quotidien, avec un freinage doux et progressif qui sait se rendre très efficace si nécessaire. Par contre, le garde-boue, aussi bien avant qu'arrière, diminue sensiblement la protection contre la pluie.
Sur autoroute
La SV s'élance vigoureusement sur autoroute, cruisant tranquillement à seulement 6.000 tr/min à 130 km/h. Elle prend ensuite 1.000 tr/min tous les 20 km/h, capable en théorie de dépasser le 200 km/h sur circuit. Mais son pilote rendra la main bien plus tôt. Ma protection au vent est inexistante ou autrement dit identique à la majorité des roadsters. En fonction du vent, on peut s'aventurer à cruiser jusque 150 km/h mais au-delà, çà tire partout et on s'accroche littéralement au guidon. Et petit détail, la consommation grimpe alors de façon notable et le temps gagné en vitesse est perdu par la rapidité à refaire le plein. A ce rythme, on passe sur réserve vers 190 km et on apprécie au final la pause essence.
Sur départementales
La SV retrouve donc plutôt avec bonheur les petites départementales d'autant plus que le petit moteur est plein partout. Seulement 76 chevaux sur la fiche technique, mais 76 chevaux efficaces qu'il n'est pas nécessaire d'aller chercher dans les tours. On descendra alors volontiers deux rapports, voire trois sur petite route, pour utiliser toute la plage entre 3.000 et 10.000 tr/min, même si encore une fois les sensations sont là dès 3.000 tr/min avec une vraie joie à grimper. La tenue de route est bonne avec un cadre sain qui autorise de monter le rythme sans se tordre dans tous les sens. La monte de Dunlop Mutant se révèle apporter un meilleur feeling et plus de confiance que la monte d'origine et pourrait presque justifier à elle-seule le fait de préférer le Scrambler au modèle initial. Le profil un peu plus rond lui donne en plus un surcroit d'agilité bien agréable au quotidien.
Partie cycle
La prtie cycle ne souffre d'aucun défaut rédhibitoire. Facile de prise en main, la SV accepte d'être bousculée dans les petits enchainements de virages et offre de quoi s'amuser même pour le motard plus expérimenté avec un cadre treillis plus rigide qu'il n'y paraît.
Freins
La SV s'adresse plutôt à des motards débutants. Le freinage est à la hauteur. Doux, progressif, il se prend en main de façon naturelle tout en faisant preuve d'une excellente efficacité avec un excellent mordant. Le frein arrière est un exemple d'efficacité asseyant très bien la moto et même largement suffisant en ville. Le frein avant apporte ce qu'il faut de précision pour freiner vite et bien mais sans surprise ni violence. Comme quoi il ne suffit pas de lire double disque de 298 mm ou simple disque arrière pour en déduire l'efficacité réelle. Il faut vraiment écraser le frein arrière pour déclencher l'ABS qui n'est pas du tout intrusif du coup et qui autorise la limite du blocage, sans délester plusieurs secondes avec efficacité.
Confort / Duo
Le confort est conforme à ce que l'on attend d'un roadster mid-size. La compression est plutôt ferme mais fait bien son boulot. La détente est parfois un peu brusque quand la chaussée devient plus chaotique. Pour autant, le confort apporté sur route et chemin est bon dans l'ensemble. Seul le passager dispose d'un strapontin, sans aucune poignée. Ce dernier point demandera un peu d'attention de la part du pilote pour conserver son sac de sable à l'arrière, notamment à l'attaque, ce que permet vraiment le modèle.
Pour autant, la position assise en passager est agréable sur la route et en ville. En effet, les cale-pieds sont à la bonne hauteur pour ne pas avoir les jambes trop pliées (pour un pasager d'1m60m). Le motard protège bien le passager au niveau du vent jusqu'à 140 km/h malgré l'absence de bulle. Quant au confort de la selle, il permet de faire 250 km sans souffrir. Le petit plus serait une poignée passager pour éviter de glisser vers l'avant lors des freinages trop secs...
Consommation
Le SV revendique une consommation moyenne de 3.8 litres au cent kilomètres. C'est ce que l'on a pu effectuer avec un mix ville/autoroute et ride en groupe d'une journée. Si le trajet se transforme uniquement en autoroute, avec une moyenne à 150 km/h, la consommation grimpe alors à 5 litres au cent. Du coup, au mieux, le premier bâton de la jauge descend à 90 km et descend d'un bâton tous les 35 km suivants. La réserve s'allumant entre 190 et 240 kilomètres. Il reste alors une soixantaine de kilomètres d'autonomie à rythme cool, soit un autonomie d'environ 300 kilomètres, grâce aux 13,8 litres du réservoir. Un motard enroulant à rythme très court doit être capable de faire 350 kilomètres. Mais sur les 1200 kilomètres de notre essai à rythme soutenu, la consommation moyenne a été de 4,8 litres au cent.
Pratique
Le Scrambler s'équipe volontiers des sacoches de selle de SW-Motech. On préfèrera les sacoches de 9 litres par rapport à celles de 14 litres à ce sujet. Même si le pot n'est pas trop haut, même les 9 litres peuvent subir la chaleur du pot au niveau du fond. Dans la lignée, elle s'équipe parfaitement de la sacoche de réservoir dans les mêmes tons.
Conclusion
Si la SV est revenu à ses origines dans son millésime 2016, le Scrambler y ajoute une pointe de nostalgie et de style du plus bel effet. A choisir, je préférerai la version Scrambler, pour le plaisir de l'objet en plus du plaisir de conduite. Certes, c'est 1400 euros de plus que le modèle d'origine mais avec un modèle que l'on risque moins de croiser à tous les coins de rue et qui sort du lot. Je songerai même à lui mettre un vrai pot en position haute pour finir le concept.. Une vraie réussite donc avec un moteur capable donner du plaisir au motard du débutant à l'expérimenté.
Points forts
- moteur
- homogénéité
Points faibles
- suspensions sur route défoncée
La fiche technique de la Suzuki SV
Conditions d’essais
- Itinéraire: ville, petites routes + autoroutes
- Kilométrage de la moto : plus de 1200 km
Commentaires
hIpster, s'il vous plaît.
09-09-2016 12:08V
J'ai la SV 650 2016 également, pas la version SCRAMBLER mais c'est un vrai régale. Gros bémol, les suspensions comme indiqué dans l'essai.
09-09-2016 13:32les 1400¤ de différence seraient bien mieux investis dans une prépa des suspensions...
je lui trouve un air de Moto Morini Scrambler, non?
09-09-2016 22:06