Essai pneu : le Sportsmart2 se met en quatre
Fer de lance de la gamme hypersport Dunlop, le Sportsmart passe le relais au Sportsmart2 après 3 années d'une brillante carrière. C'est à l'usine, mais aussi sur la route et sur les pistes que nous avons découvert son digne successeur.
Le Sportsmart était un vrai pur sang, capable de claquer d'excellents chronos sans faiblir sous la charge et de bouffer des kilomètres avec une belle longévité. Bref, « un client » incontournable du segment, mais qui avait en face de lui de fortes têtes et de plus jeunes recrues, comme le Bridgestone S 20, plus efficace sur le mouillé, plus polyvalent sur route, mais nettement moins rapide sur piste sèche. Le tout nouveau Michelin Pilot Power 3, dont l'efficacité sur piste se rapproche plus du Dunlop, avec toutefois moins d'endurance à chaud, mais un comportement de très haut niveau sur le mouillé et une meilleure polyvalence sur route. Le Pirelli Diablo Rosso récent, lui aussi, est le seul capable de rivaliser avec le Sportsmart au chrono, mais comme lui, il marque le pas sur route et ne tient pas la comparaison sur le mouillé. N'oublions pas non plus le Continental Sport Attack 2, champion de la maniabilité sur route, très performant sur piste, mais plus à la traîne sous la pluie. Enfin le Sportec M5, athlète de haut niveau lui aussi sur piste, mais moins polyvalent sur route et sur le mouillé.
Le décor est planté et il met en évidence les marges de progrès du Sportsmart. Améliorer ses faiblesses relatives, sans nuire à ses points forts tenait de la quadrature du cercle et c'est pour y répondre que l'équipe Dunlop a créé le Sportsmart2 (ici prononcez « carré ») présenté comme le résultat de l'équation suivante :
Sportsmart X Sportsmart = Sportsmart2
L'objectif était donc de renforcer le confort, la maniabilité (surtout à froid) et la tenue de cap, mais aussi de prendre en compte l'évolution des performances des machines modernes de 200 chevaux capables d'atteindre 300 km/h. Il fallait cependant conserver, voire améliorer le potentiel sur piste sèche ou mouillée et l'endurance kilométrique. C'est ici qu'interviennent la technique et l'expérience acquises en compétition, tant en Moto2 qu'en endurance avec les KR 106/108 et les D 212 GP Pro.
Exit donc la technologie NTEC qui permettait des roulages « basse pression » pour monter en température et gagner en grip. Le procédé était efficace, mais peu utilisé sur un pneu hypersport. Le Sportsmart2 adopte en revanche le procédé JLT, une bande de roulement sans joint qui permet une répartition plus précise des mélanges spécifiques aux différentes zones du pneus. La bande de roulement gagne en homogénéité, les zones de transitions sont plus progressives et enfin la stabilité à haute vitesse est meilleure. Dunlop reste bien sûr fidèle au procédé JLB, bandage sans joint, qui offre un excellent rapport poids/rigidité avec à la clé moins de déformation du pneu et donc une zone de contact plus stable, quelle que soit la vitesse. Les mélanges de gommes ont aussi évolués bien-sûr. On note ainsi que les épaules arrières sont 100% silice, pour un meilleur grip à froid et sur le mouillé. A chaud, un polymère liquide et des résines de traction issues de la compétition prennent le relais sur la silice, qui à défaut rendrait la main. Le profil du pneu avant, sans rebord, améliore quant à lui la vitesse de mise sur l'angle et réduit le temps de réponse du pneu. Enfin les nouveaux dessins « en V inversé » à l'avant facilitent le drainage de l'eau sous la pluie, augmentant la surface de contact de 20% à 125 km/h sur un revêtement recouvert de 3 mm d'eau. Bref, tout est nouveau ! Et si on posait les fesses sur une moto pour voir si la théorie rejoint la pratique ?
Comparatif route
C'est sur un circuit routier d'environ 220 km, avec des Suzuki GSR 750 que nous avons pu confronter les Sportsmart 1 et 2. Passer de l'un à l'autre nous a permis de mieux cerner les différences et les évolutions. Les différences de comportement sont nuancées, mais avec l'expérience, on parvient à faire le distingo en aveugle et deviner sur quoi l'on roule sans regarder le pneu. Conformément aux revendications du manufacturier, le confort a effectivement progressé. Le petit nouveau tape moins que son ancêtre. C'est appréciable au quotidien. Il est aussi plus maniable et plus neutre une fois sur l'angle. Il a perdu un peu du côté tranchant et agressif du 1, devenant ainsi plus facile et plus abordable, en deux mots, plus routier. Sur une entrée de courbe par trop optimiste, j'ai pu constater qu'il ne se redressait pas au freinage, permettant ainsi de garder une bonne trajectoire sur les freins. Du positif en somme, mais voyons plus loin si ce n'est pas au détriment du comportement piste ou sur route mouillée ?
A L'eau quoi ??
Traditionnel lors d'une présentation, le « Wet » (mouillé en anglais) ne laisse jamais indifférent. Surtout moi, puisque j'y avais perdu l'avant et chuté lors de mon dernier passage... (avec un pneu concurrent). Petite angoisse donc, au moment de poser les roues sur la piste de 1700 m recouverte de 5 à 6 mm d'eau. Mes confrères et néanmoins amis, me rappelant volontiers ce petit incident de parcours, pour me mettre en confiance, c'est sans fanfaronner que je m'élance en reconnaissance avec une GSR 750 chaussée de Sportsmart 1 pour 8 tours de manège. Au fil des passages, l'angoisse laisse place au stress, qui baisse peu à peu, sans que moi je ne tombe pour autant. Je roule prudemment, mais sous tension. Puis vient le moment de passer le Sportsmart2 et là, dès les premiers mètres, la pression tombe d'un sérieux cran. Là encore, moi je reste dignement sur mes roues ! Le comportement plus neutre et plus naturel me libère et au fil des tours, je m’enhardis, sur une piste moins piégeuse il est vrai, que lors de ma précédente incursion quelques années plus tôt. Le travail effectué sur le profil du pneu avant, l'apport de la gomme 100 % silice à l'arrière, les nouveaux dessins améliorant le drainage portent leurs fruits, donnant une nouvelle fois l'avantage au sportsmart2, en termes d'agrément et de facilité de pilotage. Le grip est élevé, la motricité est excellente à l'accélération et la tenue au freinage aussi. Bien joué !
A la limite...
Pour terminer cet essai, nous avions 4 sessions sur le circuit de Mireval. Une piste en relief avec des courbes lentes et rapides, un gros freinage et deux lignes droites. Pour mesurer le bénéfice du Sportsmart2, nous avions 2 Honda CBR 600 RR et deux Yamaha R1, chaussées chacune de Sportsmart 1 & 2. C'est au guidon d'une R1en Sportsmart 1 que je redécouvre la piste... et la R1 ! Reconnaissons d'emblée que ces Dunlop lui vont bien et que malgré ses 215 kg tous pleins fait, je suis surpris par l'aisance avec laquelle elle se balance dans la portion lente du circuit. Après quelques tours d'échauffement, l'essai de la moto équipée de sportsmart2 permet d'apprécier l'évolution. Ainsi, le nouveau pneu permet de mieux rejoindre le point de corde. La maniabilité de la moto y a gagné. La stabilité est aussi meilleure sur l'angle, mais si nécessaire, on change de trajectoire plus facilement. Le nouveau venu est moins sélectif, plus abordable, « plus rond » de caractère, moins tranchant que son prédécesseur. On pose indéniablement le genou au sol avec plus de facilité.
Les deux sessions en CBR 600 ne feront que confirmer ce jugement. Déjà l'écart de poids change fondamentalement la donne. La petite 600 virevolte, mouline, hurle, là où la R1 tractait avec force, sur n'importe qu'elle rapport. Avec le sportsmart2, la vitesse de basculement droite/gauche devient beaucoup plus rapide, me donnant enfin la clé de l’enchaînement de virages serrés que je peine tant à négocier. Le gain de poids de 7% à l'avant (et 8% à l'arrière) qui diminue sensiblement l'effet gyroscopique ne dois pas y être étranger. Grâce à la vivacité accrue, je plonge au bon moment à la corde, alors que j'élargissais beaucoup trop mon entrée. D'un coup ça va mieux. Quant au grip, il est vraiment d'un excellent niveau et j'avoue ne pas être parvenu à le prendre en défaut, à aucun moment.
Made in France et moins cher !
Grâce à l'utilisation de simulations sur ordinateur qui ont permis de réduire le nombre de prototypes construits et donc le nombre de tests réalisés, le Sportsmart2 a été développé en seulement 12 mois. Son prédécesseur, en avait demandé 18 ! Par ailleurs, la conjonction des technologies JLT et JLB, issues de la compétition facilite justement la fabrication de prototypes en petits nombres, ce qui réduit là aussi les coûts de développements. Alliés au poids en baisse de 7 et 8%, qui signifie moins de matière première, Dunlop réussit le tour de force de nous proposer son nouveau pneu à un tarif inférieur d'environ 8%, soit 250 € pour un train en 120/180 X 17, contre 270 pour le Sportsmart 1 qui disparaît, fort logiquement du catalogue. Un exploit à souligner d'autant que le petit nouveau, comme une part très importante des pneus motos (Roadsmart 2, TR 91, KR 106 et 108, GP 212 pro, pneus de scooters, etc...) sont faits dans l'usine française de Montluçon. Une spécificité qui réduit aussi les coûts de transport, puisque le gros du marché se situe en Europe et tout particulièrement en France. Une bonne nouvelle par les temps qui courent. « Special guest » parmi notre troupe de journalistes furieux, Sébastien, ouvrier de l'usine de Montluçon et bon motard à ses heures sur une GSXR 750 nous accompagnait. Vainqueur d'un tirage au sort, il nous a suivi sur route et sur piste pour représenter ses collègues. Une initiative vraiment sympa, qui lui a permis de découvrir l'envers du décor et le superbe complexe d'essais de Mireval. « Appel de phare » Seb'. Et bravo à tous pour ce superbe travail !
En pratique
Dimensions Avant
- 120/60 X 17
- 120/70 X17
Dimensions Arrière
- 160/60 X 17
- 180/55 X 17
- 190/50 X 17
- 190/55 X 17
tarif indicatif : 250 € le jeu 120/180 X 17
Disponible immédiatement
Pour équiper quelle moto ?
Le Sportsmart2 est destiné aux sportives, même capables de rouler à 300 km/h, qui font de la route et des journées de roulage sur piste et aux roadsters qui ont une conduite musclée. En longévité indicative, on peut tabler sur environ 5 à 7000 km là où un Roadsmart 2 tiendrait entre 8/ 10 000. A noter que le Sportsmart AR était déjà le plus endurant des pneus hypersport. Sur piste l'écart au chrono entre Roadsmart 2 et Sportsmart2, se situe à environ 2 secondes pleines sur un tour d'une minute 20 et quelques. Voilà quelques chiffres clés si vous hésitez entre un pneu Sport GT ou un hypersport pour votre roadster par exemple.
Points forts
- Confort en hausse
- Rapidité de mise sur l'angle
- Comportement très naturel
- Prix en baisse
- Efficacité sur le mouillé
- Longévité conservée (revendication constructeur, non vérifiée)
Points faibles
- Nous n'avons malheureusement pas pu faire de chronos comparatifs entre les deux versions et/ou avec ses concurrents directs
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