Essai 3-roues Can-Am Spyder RT Limited

Triporteur limousine

Moteur 3 cylindres Rotax 1330 Ace, 115 ch et 130 Nm, 464 kg, à partir de 34.199 euros

Spécialiste de la motoneige (entre autres) qu’elle crée avec « l’autoneige » B7, la firme canadienne BRP (Bombardier) se tourne plus résolument vers la route. Quoi de plus facile en effet que de passer de la neige à l’asphalte ? Enlevez la chenille, les skis et placez des roues : vous avez un nouveau type de véhicule ! Sous la marque Can-Am, créée en 1973 pour des motos tout terrain, le groupe dévoile, en 2007, son premier engin à trois roues : le Spyder. Le concept veut associer l’univers sécurisant de l’auto avec les sensations de liberté de la moto. D’ailleurs, « spyder » définit une voiture de sport sans toit.

Une évolution importante intervient en 2019, optimisant le pilotage de l’engin avec un contrôle de la stabilité. La gamme compte plusieurs déclinaisons, des Spyder F3-S et F3 Limited aux ultra-routiers Spyder RT. Ce dernier est, comme les précédents, mis à jour pour 2024, embarquant un peu plus de technologies.

Découverte

Assez proche du F3 Limited, le RT en diffère en augmentant encore son orientation presque automobile. Ainsi, la face avant est plus carénée avec de larges spoilers, un nez profilé et des feux totalement intégrés au bloc du large cockpit. Une imposante bulle à réglage électrique coiffe l’ensemble, encadrée de longs rétroviseurs. Les larges volumes de l’avant se prolongent sur une partie arrière généreuse, portant de vastes assises pilotes et passagers. Ce dernier bénéficie de larges poignées de maintien chauffantes - eh oui ! - et d’un dosseret confortable devançant un grand topcase. Des valises secondent cette malle et le RT présente pas moins de 177 litres de rangement ! De quoi se déplacer en tout confort à deux.

Le trois roues repose sur un châssis en profilé acier, caché derrière ses élégants carénages ; Il loge un moteur trois cylindres Rotax de 1 330 cm3 (84 x 80 mm) qui développe 115 ch à 7 250 tours et 130 Nm à 5 000 révolutions/minutes. Deux modes de puissance régulent la mécanique (Normal, Eco). Également, l’électronique permet un indispensable système de contrôle de la stabilité. Conçu par Bosch, il veille sur les évolutions du Spyder grand tourisme via une surveillance multi-axe des véhicules. Anti-patinage à l’accélération, ABS et direction assistée dynamique (DPS) s’ajoutent aux puces actives. La boite de vitesse est elle aussi pilotée. Semi-automatique, elle propose une sélection séquentielle des 6 rapports et de la marche arrière par gâchettes au guidon. Enfin, le frein à main est électronique.

Le Spyder RT repose sur des suspensions Sachs, de 174 et 152 mm de débattement (avant-arrière). Les jantes de 15 pouces chaussent des enveloppes Kenda en 165/55 et 225/50 mm. Des étriers Brembo à montage radial et quatre pistons viennent serrer trois disques de 270 mm sous contrôle ABS. Et le tout est couplé pour une efficacité maximale sur les 464 kg de la machine !

Certes, c’est un poids important, mais les masses sont placées au plus bas. Valorisants, impressionnant, le Spyder RT en impose tant pas son gabarit que son niveau de confort induit. On reprochera l’usage important de plastiques, mais ceux-ci sont de bonnes qualités, leurs surfaces variées et agréables et leur montage sans défaut.

En selle

L’assise pilote du RT s’élève à 755 mm d’altitude. C’est fort accessible pour tous gabarits et le dessin des selles et remarquablement confortable. Les bottes reposent sur de grands marchepieds, les jambes positionnées comme assis dans un fauteuil, buste droit, le tout offre une ergonomie très naturelle. Étonnant pour les non-motards, c’est bien un qui est positionné près du pilote. Pour les habitués du cintre, l’absence de levier sera également une surprise. Boite séquentielle et unique pédale de frein pour stopper l’engin évitent toute autre commande. La console centrale propose les basculeurs des poignées et sièges chauffants de l’équipage ainsi que la commande de la bulle.

Nouveauté, un large écran de 10,25 pouces affiche une interface épurée et assez ergonomique. Une qualité moins évidente du commodo gauche, trop chargé de poussoirs. Un joystick multidirectionnel eut été plus efficace. Au début, le pouce lutte un peu avec tous les boutons, notamment pour choper les clignotants. Connecté Apple Carplay, l’écran permet d’afficher une navigation GPS. À droite, le régulateur de vitesse se fait indispensable sur long trajet pour ce type de véhicule. Également, le système BRP Audio 6 à haut-parleurs assure des déplacements en musique. La boite à gants loge un port USB-A, le topcase un USB-C, pour recharger vos périphériques.

En ville

Si le physique du RT est assez remarquable, sa sonorité est, elle, fort discrète. Un atout en zone urbaine et au long cours pour ne pas fatiguer les voyageurs. Feutrée, la sonorité ne manque toutefois pas de charme. Avec ses valises et la largeur de ses voies avant, le Spyder RT requiert un peu d’attention en ville et en manœuvre. Et, évidemment, l’interfile n’est pas imaginable… Quoiqu’un peu sonore, la sélection est précise. Également, le rayon de braquage est, malgré tout, plutôt court et la direction assistée réduit tout effort. Enfin, l’indispensable marche arrière évite la plupart des gros écueils. Souple, la mécanique s’associe agréablement à la boite séquentielle dénuée d’à-coups. De plus, si la montée des rapports nécessite votre intervention, leur descente est automatique, facilitant la conduite en ville. Ce n’est certes pas en ces lieux que l’on appréciera le plus cette GT hors norme.

Autoroute et voies rapides

Sans être sportives, les accélérations du RT lui permettent de s’insérer sans mal sur les axes rapides, atteignant vite les 130 km/h. Le tout dans un parfait confort, les volumes protecteurs et le pare-brise assurant une très bonne déflexion. On ne note également aucune vibration à bord. Mais lâcher une main pour appuyer sur le bouton de la bulle n’est pas naturel. Une commande au guidon eut été plus efficace et sécurisante.

En ligne droite, la tenue de cap est bonne et le régulateur de vitesse simplifie les trajets longue distance. C’est moins serein en grande courbe rapide où l’engin ne semble pas afficher une stabilité aussi impériale. Les mouvements de direction engendrent une légère oscillation qui fait un peu rendre les gaz. Une phase de pilotage qui demande sans doute un peu plus d’habitude. Peut-être la direction assistée dynamique reste-t-elle un peu sensible à allure élevée. Pour éviter ces sensations de flous, partez plutôt sur des tracés plus sinueux.

Départementales

À nouveau, motards et Permis B devront trouver leur marque. Les premiers doivent composer avec une machine à l’encombrement plus important que leurs deux roues et qui demande à bien rester au milieu de sa voie… Les deuxièmes doivent apprendre à bouger sur le véhicule pour accompagner les changements de direction, notamment aux allures plus soutenues. Le pilotage induit un certain engagement physique en courbe. Comme en moto, pour compenser la force centrifuge, on se penche légèrement du côté du virage en poussant à l’opposé sur le cintre et le repose-pied. Le poids élevé du RT demande également un peu de retenue. Si l’on rentre trop fort en courbe, les pneus avant arrivent aux limites de l’adhérence. Attention donc à rester modéré, particulièrement quand le revêtement est inégal. De plus, il est important de choisir sa trajectoire et d’y rester au mieux sous peine de tangage possible si l’on cherche à corriger. Idem en remettant les gaz sous contrôle d’une injection précise et, heureusement, d’un contrôle de stabilité performant qui réduit tous risques de mésaventure.

Sensible, le couple élevé permet des relances efficaces pour dépasser et la sélection aux gâchettes devient naturelle une fois quelques kilomètres parcourus. Si l’on veut limiter la consommation, il importe de bien penser à monter les vitesses. En effet, l’allonge importante de la mécanique autorise sans mal les hauts régimes. Le rétrogradage automatique pourrait, lui, être un peu plus rapide, laissant souvent un rapport trop élevé. Pour stopper le Spyder tout confort, la pédale de frein permet de doser correctement les décélérations. Puissance et modulation sont appréciables, mais, en courbe, on se montrera doux avec le dispositif sous peine de verrouiller le train directeur.

En conduite touristique, le RT démontre toutes ses qualités de confort et permet de longues étapes sans fatigue. Quand le mauvais temps s’invite sur le parcours, on apprécie à nouveau la confiance délivrée par la stabilité sans faille du CanAm. Et l’on garde le rythme sans se faire peur, même quand la température ambiante avoisine le zéro Celsius.

Partie-cycle

Bas, rigide, le châssis du RT permet une bonne aisance aux vitesses légales et rythme modéré. Une certaine expérience est requise pour l’emmener à vitesse soutenue.

Freinage

Différencier commande de frein avant et arrière tout en gardant le couplage serait bienvenu, comme en moto. On gagnerait en aisance de pilotage, notamment en courbe, pour asseoir le véhicule dans le virage.

Confort/Duo

Le confort est excellent à tout moment tant pour le pilote que le passager. Assises, suspensions et ergonomie autorisent de longs périples sans effort. La capacité d’emport du Spyder RT permet d’emmener l’essentiel, mais aussi un peu de superflus. Confort ultime.

Consommation

Sur notre essai, l'ordinateur affiche en moyenne 8,5 à près de 10 litres au 100 en roulant souvent à bonne allure. Il sera difficile de descendre sous 7,5 litres. Près de 500 kilos et une mécanique volontaire signent là un résultat plutôt correct malgré tout.

L'essai vidéo du Can-Am Spyder RT

Conclusion

Trois-roues le plus cossu de la gamme, le Can-Am Spyder RT est un engin peu commun, tant en allure qu’en sensations. Accessibles avec un permis B (voiture) et 7 heures de formation, il séduira les automobilistes attirés par plus de liberté, tout en restant sous contrôle ; mais aussi les motards cherchant plus de stabilité à tout moment, toute l’année et sans trop craindre la perte d’adhérence fatale.

En version Limited, le RT s’affiche à 34 199 € et 36 299 en finition Sea-to-Sky… Le tarif d’un monospace tout confort, le fun factor en plus. Pour les motards, n’oubliez pas de tester le Yamaha Niken GT, 17 999 €, vraie moto qui réduit également le risque de chute. Attention, il ne tient pas tout seul debout…

La fiche technique du Can-Am Spyder RT Limited

Conditions d’essais

• Itinéraire : routes sinueuses à revêtement variable.
• Météo : soleil, pluie, neige, 0 à 18°C
• Kilométrage moto : 200 km
• Problème rencontré : ras

Disponibilité / prix

• Coloris : gris, rouge, noir, blanc nacré (Sea-to-Sky)
• Prix Limited : 34.199 euros
• Prix Sea-to-Sky : 36.299 euros

Equipements de série

• Écran tactile de 10,25 po avec BRP Connect et Apple CarPlay
• Phares LED haut de gamme
• Marchepieds touring conducteur
• Marchepieds réglables pour le passager
• Siège avec soutien lombaire
• Commandes audio
• Boîte à gants avec USB
• Régulateur de vitesse
• Sacoches latérales rigides intégrées
• Pare-brise électrique réglable avec mémoire
• Poignées chauffantes conducteur et passager
• Sièges chauffants conducteur et passager
• Top case compatible LinQ entièrement peint avec dossier passager
• Panneau arrière coloré
• Déflecteurs d’air latéraux réglables – inférieur et supérieur
• Dossier conducteur amovible

Equipements essayeur

• Casque Nishua NTX4-Evo
• Blouson Fastway
• Jean Vanucci Armalith
• Basket Vanucci VTS