Essai BRP Can Am Spyder
À la découverte de la… « chose »… Canadienne
Ni moto, ni trike, ni roadster auto... Le BRP Can Am Spyder est un peu tout cela à la fois... une machine exceptionnelle bourrée d'électronique qui promet des sensations. Depuis le premier modèle apparu en 2007 commercialisé sont apparus les SE5 (qui dispose d’un sélecteur de vitesse sur la cocotte gauche et supprime le levier d’embrayage) suivi d’évolutions peu significatives pour en arriver enfin au modèle RT et ses déclinaisons bagagées et ses protections plus importantes.
Essayé et commandé le 19 mars 2007, j’ai pris possession de mon Bombardier Can-Am Spyder le 24 juillet 2007. J’ai eu la chance d’acquérir l’un des tous premiers modèles livrés sur le territoire et faisant partie de la « série limitée » des 2500 premiers construits. Depuis, à chaque sortie, avec ses 100 chevaux pour moins de 300 kilos (317 kilos à sec pour les nouveaux modèles) : ce n’est que du bonheur ! Ceci n'est pas un récit, c'est un essai et du vécu depuis 3 années...
Découverte
Bon… d’accord… on dirait un jet ski mutant qui aurait décidé de passer sa vie sur le goudron… histoire de changer la couleur du chemin… mais bon… c’est une nouvelle expérience… non ?
Au premier abord, ça étonne car de face, c’est un truc carrément « bizarostroïde » avec deux roues à l’avant et une ligne fuyante, du guidon à l’arrière de sportive. De côté, il y a toujours cet avant typé automobile et cet arrière très épuré, voire dépouillé. Vu de l’arrière, caché par le « gommard » monstrueux qui propulse le tout, il y a toujours ces deux demi trains de « caisse » qui dépassent. Mais dès que l’on a roulé suffisamment pour commencer à comprendre comment ça fonctionne on oublie totalement.
Le Can-Am Spyder est accessible aux détenteurs du permis automobile mais attention, automobilistes ! Toutes les commandes du modèle de base (le meilleur à mon sens) sont des commandes moto : vous allez être perdus au début ! C’est pourquoi je conseille fortement à ceux qui n’ont pas le permis moto un passage par la case « Moto École » pour s’offrir la sécurité avec 2 heures de formation sur plateau et 2 heures de formation de conduite route et ville.
Cette machine exceptionnelle (au sens littéral du terme) n’a rien de commun avec tout ce que l’on peut connaître : moto, sidecar, quad, trike, automobile. Il faut tout réapprendre humblement et se laisser faire par cette machine intelligente... au début pour le moins. Intelligente ? Mais si…iiiii!!! Elle dispose d’une informatique embarquée destinée à gérer son comportement « sécuritaire » en toutes circonstances.
Mais j’insiste : d’abord « humilité » puis « roulage » et enfin « le grand pied » !
En selle
Pour un possesseur de moto, il n’y a rien d’extraordinaire : une selle bien profilée à deux étages qui surélève légèrement le passager et se creuse un petit peu naturellement pour être bien calé sur un revêtement de bonne facture qui ne glisse pas… même sous des trombes d’eau avec le costume en plastique de rigueur.
Avec une position de conduite légèrement sur l’avant (il existe un rehausseur de guidon en option), les mains tombent naturellement sur les poignées, des cocottes bien placées avec des commandes disposées de manière tout à fait classique qui ne forcent pas une hyper-extention anormale des cervicales.
Les repose-pieds pilote sont judicieusement placés et ne causent pas de crampes ou de ralentissement de la circulation sanguine aux genoux (ce qui est appréciable avec tout ce que l’on se met sur la peau par grand froid) et, pour le passager : idem. Il existe, pour les passagers un peu grands, des allonges pratiques (en option) pour avancer un peu les repose-pieds vers le bas et l’avant qui conservent une position naturelle de la jambe.
Bon, et si on faisait craquer la bête ? Là encore, c’est bien une moto !
Contact
Le 990 Rotax en V, qui est très proche du moteur de la 1000 Aprilia émet une musique sympathique malgré un silencieux très « silencieux » : on entend plus la mécanique que l’échappement !
Le temps de faire connaissance avec le tableau de bord très complet et parfaitement lisible, de lire quelques paragraphes du manuel pour régler l’horloge et… surprise… on sait même quelle est la température ambiante !
Tout le nécessaire est parfaitement lisible, y compris le rapport engagé (surtout pratique pour ceux qui ont choisi le modèle SE5 qui a son sélecteur de vitesses au guidon). Personnellement, j’ai voulu rester basique : le pied est une si vieille habitude.
Le temps de faire le tour du propriétaire et le moteur était à bonne température : à cheval et à moi le bitume ! La transmission manuelle à 5 rapports est désormais dotée d'une véritable marche arrière mécanique (SM5).
Encore une fois :… à ceux qui n’ont jamais ou que très peu roulé à moto… GAFFE !
Route
Les montées en régime qui font bondir l’aiguille du compte-tour à l’arrêt et au point mort sont bien là quand on est assis dessus et se moquent bien de vous arracher les épaules : c’est l’idéal pour ne plus avoir à se baisser pour lasser ses godasses ! Pour moins de 300 kilos à déplacer, je confirme… ça envoie du lourd !
Autre chose… ça ne ressemble à rien, c’est physique… ce n'est pas fatiguant mais… physique : il faut anticiper toutes les courbes et ne pas hésiter à jeter l’épaule à l’intérieur de la courbe en tirant le guidon sur le nombril… sans quoi la sanction est immédiate.
On prend tellement de « G » latéraux sur cet engin que sans cela on est vite cassé. Il en est de même pour le passager… sinon, il se fait violement vider de sa selle au premier virage rentré un peu fort ; donc : pas question de faire la sieste en écoutant la radio comme sur un bon gros custom.
Premières sorties… « YES ! »… du pur plaisir ! Après avoir passé 1000 à 1550 km pour bien comprendre comment fonctionne ce véhicule bizarre en tous points on apprécie vraiment beaucoup de choses qui lui sont très spécifiques.
Les suspensions absorbent très correctement tous les défauts de revêtement de nos petites routes de campagne et, en faisant très attention à la faible garde au sol, on peut même s’aventurer dans les petits chemins hors route en suivant les clôtures des champs.
Ici on apprécie tout particulièrement le couple en bas dans les tours et le faible niveau sonore de l’ensemble qui permet d’attirer l’attention des curieux au lieu de se faire virer, à juste titre, comme certains possesseurs de machines tout terrains plus bruyantes qu’à l’origine qui attirent l’attention 5 km avant leur arrivée.
À l’opposé, sur le goudron des petites routes sinueuses de montagnes, en solo, quand on maîtrise, c’est carrément l’ambiance « course de côte ». Ça tient le parquet comme pas possible… mais attention… ça se retourne comme une bagnole quand on va trop loin.
Entre ces deux extrêmes,… il y a tous les plaisirs pour tout un chacun :… « la totale » !
En pur motard, les autoroutes ne sont pas mon terrain de prédilection. Cependant, ça pousse très fort, ça accélère et ça dépasse « mortel ». C’est parfaitement stable et surtout, çà a une tenue de cap impressionnante même sous des trombes d’eau. Si ça part de l’arrière on coupe et ça se remet en ligne. Il doit y avoir une intelligence insoupçonnée dans les roues avant qui savent rappeler à l’ordre la roue arrière.
C’est en duo que ça se complique. Je vous fais un petit coup de « SPLIKMOA » rapide. La présence d’un passager en hauteur sur l’axe de la roue arrière, ça déplace le centre de gravité… donc : il faut adopter une conduite moins agressive sinon on lève une roue avant et là… soit on enclenche la sécurité (pas marrant)… soit on met la cabane sur le chien (pas marrant du tout)… si on respecte cette règle fondamentale ce n’est que du pur plaisir pour les deux : je ne vous raconte pas…
Freinage
Le freinage est puissant, efficace, impressionnant… et pas seulement en théorie : son système ABS différencié sur les trois roues : ce n’est pas un effet de pub !
J’ai testé, tout au début, par 4 ° Celsius, sous la pluie, dans un monceau de rue très large et en léger creux sur 45 m : une baignoire de 8 cm de fond… personne à l’horizon… « GAZ »… ! Arrivée dans la baignoire à 110 km/h… les trois pneus dedans… des gerbes de chaque côté… à fond avec le talon sur la pédale de frein… …… « RIEN » ! Il ne s’est rien passé que de normal et « impressionnant » : pas d’à-coups dangereux, c'est resté parfaitement en ligne et çà s'est complètement arrêté avant d’être sorti de l’eau !
Sécurisant… non ? On ne peut donc rien reprocher aux pneus d’origine : ils sont parfaitement adaptés à la machine.
Important : les pressions d’origines sont basses et il faut s’y tenir en vérifiant régulièrement le gonflage pour un comportement optimal de la bête.
Question usure du train de pneus d’origine... A l’arrière, au bout de 15000 km, il est presque lisse alors que l’avant peut faire le double, le tout pour un coût sensiblement identique aux pneus auto (équilibrage compris) donc rien d’alarmant.
Je conseille vivement de s’en tenir à ceux-ci qui sont parfaitement satisfaisants sur le sec, sur l’eau,… et même sur la neige. Seul inconvénient à cause de sa dimension : dans le dernier cas le pneu arrière se remplit très vite et il n’y a plus de propulsion… il faut donc trouver une chaîne adaptée au pneu arrière ; on peut facilement s’en passer sur les roues avant qui conservent toute leur directivité.
Pour l’entretien courrant : il reste fortement conseillé de passer par le vendeur car chaque visite nécessite un contrôle et éventuellement une mise à jour via l’informatique embarquée… cela reste cependant parfaitement correct côté coût.
Consommation
Et le carbure ?… Nous y voila !… La consommation reste élevée : la mécanique, le poids, et les reprises impressionnantes ont du mal à se justifier car ce n’est pas le plus rapide entre deux pompes à 95. Il faudra prévoir entre 8,5 et 10 litres/100 km suivant la conduite.
Et pour en terminer, plutôt que de devenir « balourd » en vous faisant un cours : je vous engage vivement à aller voir la démonstration, pas ailleurs bien faite et agréable, en français de surcroît.
Conclusion
Ce roadster donne vraiment la sensation de pouvoir « taper la frime » à cheval sur un cabriolet 2 places… 2 roues… avec une vraie marche arrière et un frein de parking. Tout le monde peut trouver un réel plaisir à le conduire… « avec modération »… au début (je sais que je me répète mais c’est très vrai). Il devient juste moins rigolo bloqué dans la circulation mais également au niveau stationnement, vent, pluie, froid, etc. et surtout la consommation.
Points forts
- machine exceptionnelle, look
Points faibles
- consommation
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