Essai 3-roues Can-Am Spyder F3-S et F3 Limited
Jamais deux sans trois
Moteur 3 cylindres Rotax 1330 Ace, 115 ch et 130 Nm, 408 kg, à partir de 26.399 euros
La firme canadienne BRP (Bombardier) est fondée par Joseph-Armand Bombardier en 1937 avec comme première production l’autoneige B7, c’est-à-dire une motoneige. Devenue spécialiste de cet engin (entre autres), l’entreprise se tourne plus résolument vers la route. Quoi de plus facile en effet que de passer de la neige à l’asphalte ? Enlevez la chenille, les skis et placez des roues : vous avez un nouveau type de véhicule ! Sous la marque Can-Am, créée en 1973 pour des motos tout terrain, le groupe dévoile, en 2007, son premier engin à trois roues : le Spyder. Le concept veut associer l’univers sécurisant de l’auto avec les sensations de liberté de la moto.
Une évolution importante intervient en 2019, optimisant le pilotage de l’engin et la gamme s’enrichit de plusieurs déclinaisons. Les plus légers, simples et abordables Ryker côtoient les Spyder F3-S et F3 Limited et les ultra-routiers RT.
Pour 2024, l’entreprise met à jour ses ténors de gamme parmi lesquels nous essayons le modèle sportif F3-S et sa déclinaison routière, le F3 Limited.
Découverte
Un « trois-roues » n’est pas une machine courante et le Spyder F3-S est surement le plus ostentatoire et proche de la philosophie originelle : le fun ! Avec ses volumes musclés et son style d’engin futuriste, il dégage d’emblée une sportivité élégante. Capot profilé, abritant un coffre de 24,4 litres, nouveaux feux à leds profilés, lignes fluides et galbées des flancs enserrant le réservoir de 27 litres, le F3-S est un séducteur dynamique. Les confortables assises suivent ce dessin tonique, offrant au passager de larges poignées de maintien.
La version Limited ajoute une bulle et des rétroviseurs larges évoquant davantage l’automobile. Son orientation GT s’affirme avec des selles surdimensionnées et un ensemble de valises et top case amovible portant la capacité d’emport à 138 litres.
Les deux engins partagent leur châssis en profilé acier. MAIS…, admirez comme le F3-S met en avant ses tubes de renfort. Peint en orange et associés à son double bras oscillant tubulaire, l’ensemble renforce le caractère esthétique du modèle. Plus caréné, le voyageur est plus discret et cache ses dessous derrière un habillage élégant ; son bras oscillant est plus classique, à section rectangulaire.
Le cœur des tri-porteurs est triple également : un trois cylindres Rotax de 1 330 cm3 (84 x 80 mm) anime les machines. Il développe 115 ch à 7 250 tours et 130 Nm à 5 000 révolutions/minutes. Trois modes de puissance régulent la mécanique sur la version S (Sport, Normal, Eco), seuls les deux derniers sur le Limited. Egalement, l’électronique permet un indispensable système de contrôle de la stabilité. Conçu par Bosch, il veille sur les évolutions des Spyder via une surveillance multi-axe des véhicules. Antipatinage à l’accélération, ABS et direction assistée dynamique (DPS) s’ajoutent aux puces actives. La boite de vitesse est elle aussi pilotée. Semi-automatique, elle propose une sélection séquentielle des 6 rapports et de la marche arrière par gâchettes au guidon. Enfin, le frein à main est électronique.
Les Spyder reposent sur des suspensions Sachs, de 129 et 132 mm de débattement (avant-arrière). Des étriers Brembo à montage radial et quatre pistons viennent serrer trois disques de 270 mm. Et le tout est couplé pour une efficacité maximale. Les jantes de 15 pouces chaussent des enveloppes Kenda en 165/55 et 225/50 mm.
408 kg pour le F3-S, 448 avoués par le Limited, les Can-Am sont de grosses araignées (ben oui, « Spyder » ; bon, en fait Spyder signifie voiture de sport sans toit). Quoiqu’il en soit, les engins sont lourds, mais leur masse placée au plus bas. Valorisants, impressionnant, les F3 impressionnent les passants. On reprochera l’usage immodéré de plastiques, mais ceux-ci sont de bonnes qualités, leurs surfaces variées et agréables et leur montage sans défaut.
En selle
L’assise pilote des Spyder F3 ne culmine qu’à 675 mm d’altitude. C’est fort accessible pour tous gabarits et remarquablement confortable. En revanche, l’ergonomie diffère sensiblement entre les deux Can-Am. Ambiance sport sur le S, avec une position plus typée voiture de sport. Pieds en avant, buste un peu en arrière et bras qui se tendent légèrement pour attraper un… guidon. Étonnant pour les non-motards, mais aussi pour ceux-là, car il n’y a aucun levier. Boite séquentielle et unique pédale de frein pour stopper l’engin. Le Limited se fait un peu plus GT, son guidon aux longues cornes reçoit plus facilement les gants et la position des marches-pieds et plus détendue. La console centrale, sous la direction, reçoit un poussoir pour les poignées chauffantes.
Nouveauté, un large écran de 10,25 pouces affiche une interface épurée et assez ergonomique. Une qualité moins évidente du commodo gauche, trop chargé de poussoirs. Un joystick multidirectionnel eut été plus efficace. Au début, le pouce lutte un peu avec tous les boutons, notamment pour choper les clignotants. Connecté Apple Carplay, l’écran permet d’afficher une navigation GPS. À droite, le régulateur de vitesse se fait indispensable sur long trajet pour ce type de véhicule.
Enfin, le coffre du F3-S abrite un port USB-A pour recharger vos périphériques. Le Limited en propose un autre dans son topcase.
En ville
Sportivité oblige, le Spyder F3-S délivre un timbre de ténor fougueux. Légèrement plus léger et surtout dénué de masses sur l’arrière, il témoigne d’un comportement nettement plus joueur. Mais en ville, il ne diffère qu’en sonorité du Limited. Bien plus feutrées, ses vocalises sont accordées à un usage plus routier, limitant la fatigue auditive. Les deux Can-Am demandent un peu d’attention du fait de leur gabarit conséquent. Avec ses valises, le Limited requiert encore plus d’égard en manœuvre. Et, évidemment, l’interfile est à oublier… Sonore, la sélection est précise et la marche arrière aide au gymkhana urbain. De plus, le rayon de braquage est, malgré tout, plutôt court et la direction assistée réduit tout effort.
Disponibles, trois cylindres et boite séquentielle rendent les évolutions douces et sans à-coups. De plus, si la montée des rapports nécessite votre intervention, leur descente est automatique, facilitant la conduite en ville. Mais, filles des grands espaces, les Canadiennes se plaisent bien mieux au large.
Autoroute et voies rapides
Les Spyders F3 s’insèrent sans mal sur les axes rapides, atteignant vite les 130 km/h. Sans l’option bulle, le F3-S laisse haut du buste et casque un peu exposés. Mais ses volumes dévient tout de même sensiblement les flux d’air. C’est très bon sur le Limited dont les lignes plus amples et le pare-brise assurent un confort supérieur. Et aucune vibration ne s’invite sur les deux machines.
En ligne droite, la stabilité est bonne et l’on reste zen en profitant du régulateur de vitesse. Mais dès qu’une courbe un peu plus serrée se profile, on rend un peu les gaz pour éviter un ressenti d’instabilité. Avec leur train avant engins ont tendance à louvoyer légèrement et, même si l’habitude peut surement aider, on préfère passer un peu moins vite pour plus de sérénité. Peut-être la direction assistée dynamique reste-t-elle un peu sensible à allure élevée. Pour éviter ces petits désagréments, on choisira bien plus surement des tracés plus amusants.
Départementales
C’est bien là que s’expriment le mieux les tricycles canadiens. Et que le potentiel fun se fait jour, notamment aux commandes du F3-S… Plus léger, il permet quelques fantaisies en dérapage de la roue arrière. Et il induit nettement l’adhésion à un pilotage sportif. En effet, si l’on hausse le rythme, le Spyder demande un certain engagement physique en courbe. Comme en moto, pour compenser la force centrifuge, on se penche un peu du côté du virage en poussant à l’opposé sur le cintre et le repose-pied. Plaqué au sol, le F3-S permet des passages à bonne vitesse dans le sinueux. À bord, l’ambiance est typée course, la mécanique se fait sonore, presque un peu trop et démonstrative au-delà de 4.000 tours. Sensible, le couple élevé dynamise correctement les relances, l’antipatinage se montrant assez permissif.
La sélection aux gâchettes devient naturelle après un moment d’adaptation. Un peu lente, la boite verrouille bien et la disponibilité du moteur réduit les changements de rapports. Toutefois, si l’on veut limiter la consommation, il convient de bien penser à monter les vitesses. Le rétrogradage automatique pourrait être un peu plus rapide, laissant souvent un rapport trop long à mon gout. Les cartographies des Spyder donnent un profil sensiblement différencié, notamment le mode Sport du F3-S. On bénéficie alors d’un caractère sportif affirmé.
Pour stopper les machines, la pédale de frein permet de doser correctement les décélérations. Puissance et modulation caractérisent le freinage, mais, en courbe, on se montrera doux avec le dispositif sous peine de verrouiller le train directeur.
En forçant un peu le trait en conduite dynamique, les pneus avant arrivent aux limites de l’adhérence en courbe. Attention donc à rester modéré, particulièrement quand le revêtement se fait plus inégal. Et à garder sa trajectoire sans essayer de corriger, sous peine de tangage sensible. Idem en remettant les gaz sous contrôle d’une injection précise et, heureusement, d’un contrôle de stabilité performant qui réduit tous risques de mésaventure. Globalement, le Spyder se pilote un peu comme une 911 : arriver fort sur les freins pour charger l’avant et passer la courbe et ressortir en accélérant. Le poids supérieur du Limited rend les évolutions à peine moins extrêmes. Il avoue une belle capacité à se faire joueur si le cœur vous en dit. La prudence étant mère de sureté, on revient à une allure plus bucolique où les qualités de confort des deux machines se font remarquables.
Pluie et neige s’invitent sur l’essai ! Une belle occasion de tester la sécurité induite par les trois roues des Spyder. En adaptant le rythme aux conditions météo, on apprécie à nouveau la sérénité délivrée par ces machines. Être casqué dans un paysage hivernal sans se faire peur est très agréable. La protection supérieure du Limited fait alors la différence.
Partie-cycle
Bas, rigide, les châssis des machines délivrent un très bon agrément aux vitesses légales et rythme modéré. Une certaine expérience est requise pour rouler dynamiquement.
Freinage
Une différenciation avant/arrière, mais avec un système toujours couplé serait bienvenue. En clair, un levier à la poignée droite complèterait la pédale qui serait, elle, réservée à ralentir la roue arrière. On gagnerait en finesse de pilotage en courbe.
Confort/Duo
Le confort est excellent à tout moment tant pour le pilote que le passager. Assises, suspensions et ergonomie autorisent de longs périples sans effort.
Consommation
Sur notre essai, l'ordinateur affiche en moyenne 8,5 à près de 10 litres au 100 en roulant souvent à bonne allure. Il sera difficile de descendre sous 7,5 litres ; 400 kilos et un moteur performant ne peuvent faire mieux et ces valeurs paraissent correctes.
L'essai vidéo des Can-Am Spyder F3-S et F3 Limited
Conclusion
Sans équivalent, les Can-Am Spyder F3 délivrent des sensations uniques. Accessibles avec un permis B (voiture) et quelques heures de formation, ces engins peuvent séduire les automobilistes attirés par un véhicule proche d’une moto, mais plus sécurisant. Ceux-là devront privilégier un apprentissage sur un trois roues et non sur une 125 comme cela peut être le cas. Les réactions de ces machines demandent véritablement un temps d’adaptation.
C’est également vrai pour les motards qui ne retrouveront pas la cinématique d’un deux roues, notamment en virage et au freinage.
Une fois assimilé, le pilotage de l’engin se fait plaisant et permet d’être serein même en condition hivernale. On peut ainsi rouler - presque - toute l’année et sans trop craindre la perte d’adhérence et surtout la chute. De plus, la bagagerie du Limited assure plusieurs jours de déplacement avec pas mal d’affaires.
De 26.399 pour le Spyder F3-S à 31.499 € pour le Limted voire 33.499 € en version Special, les Can-Am se réservent à une clientèle argentée qui complèteront sans doute leur garage.
Pour les motards, nous évoquerons la Yamaha Niken GT, 17 999 €, vraie moto qui réduit également le risque de chute.
Enfin, notez que pour ses cinquante ans, la firme Can-Am revient prochainement sur le segment moto avec deux machines électriques : une superbe off-road, logiquement baptisée Origin et un petit roadster stylé baptisé Pulse.
Points forts
- Look hors pair
- Ecran TFT
- Facilité de prise en main
- Sensations inédites
- Mécanique de caractère
Points faibles
- Poids élevé
- Direction sensible en courbe rapide
- Louvoiements sur route dégradée
- Connexion multimédia parfois instable
La fiche technique du Can-Am Spyder F3 S
La fiche technique du Can-Am Spyder F3 Limited
Conditions d’essais
- Itinéraire : routes sinueuses à revêtement variable.
- Météo : soleil, pluie, neige, 0 à 18°C
- Kilométrage moto : 200 km
- Problème rencontré : ras
Equipements essayeur
- Casque Nishua NTX4-Evo
- Blouson Fastway
- Jean Vanucci Armalith
- Basket Vanucci VTS
Disponibilité / prix
- Spyder F3-S : noir, 26.399 euros
- Spyder F3 Limited : Gris, noir, 31.499 euros
- Spyder F3 Limited Special : Orange, 33.499 euros
Commentaires
Chouette essai ! Un type de machine qui s'adaptera sans doute très bien à la motorisation électrique !
28-06-2024 10:09Bien vu !
28-06-2024 10:31C'est prévu... on vous en dira plus assez vite.
Il est bonne voie , il est déjà aussi cher que les machins électriques ....
28-06-2024 12:14En orange il est top..
28-06-2024 13:15Il y a deux façons de voir les choses, l'une critique qui consiste à dire que ça réunit tous les inconvénient d'une moto et d'une voiture (exposé aux intempéries, port des équipements l'été, exposé en cas de chute, ne permet pas de se faufiler, consomme, difficile à garer) ou tous les avantages (sensation de liberté, guidon, emport important, confort, rapport poids/puissance sympa). Je prends l'option avantages pour mes vieux jours.
28-06-2024 13:26Quand on commence à le conduire à bon rythme dans des virolos, on se rend compte que c'est loin d'être avare en sensations et que c'est plutôt physique comme pilotage (les bras qui doivent combattre la force centrifuge, tres similaire à un quad).
28-06-2024 14:26Un peu à l'image d'un Nikken, il suffit d'un essai pour se rendre compte qu'on est pétri d'idées reçues et préconçues.
Pour avoir roulé ce truc avec il y a quelques années je confirme que ça cumule les emmerdes de la bagnole et de la bécane...par contre, pour un motard "handicapé" ou vieillissant (!) je cautionne totalement cet engin bien fun.
28-06-2024 19:17Juste je trouve que BRP devrait développer une direction qui permette de pencher (comme un vulgaire MP3) et que l'on puisse enlever ces p... d'aides à la conduite qui cassent le "fun" !!!
Objection, Monsieur le Président. La B7 est bien une voiture, avec une carrosserie hermétique qui permet de voyager confortablement, et 7 sièges, d'où son nom. Rien à voir donc avec une motoneige, que l'on enfourche comme une moto tout court, et qui n'offre aucune protection contre les éléments.
29-06-2024 16:35Moi je me vois bien remplacer ma voiture par cet engin avec une propulsion électrique... et là nous serons un vieux couple de motards toujours dans le coup, et nos petits enfants nous kifferont !
29-06-2024 18:56J’ai essayé le Spider F3 1300 boite semi-automatique il y a quelques années, à sa sortie. Journées démo très sympas très bien organisées par Can-Am. Merci à eux. Après un court entraînement, j’ai pu faire des tours de circuit de karting. En résumé, je trouve cet engin à trois roues plutôt désagréable à piloter. Je n’aime pas du tout les sensations à son guidon. Aucun rapport avec une moto. Aucun rapport avec un Niken (essayée 2 fois; à deux doigts d’en acheter un d’occase), qui est une vraie moto, fun et très sécurisante. Bien sûr, tout cela n’est qu’un avis personnel, totalement subjectif.
29-06-2024 19:54On fait sobre: aucun intérêt.
30-06-2024 18:55