Essai Suzuki GSX-S 125
Monocylindre, 4-temps, 124 cm3, 15 ch, 133 kilos, à partir de 4099 €
Un petit roadster stylé et sportif pour les jeunes ou les débutants
Les roadsters étant à la mode et se vendant comme des petits pains, on comprend la démarche des constructeurs qui consiste à proposer à la cible la plus jeune possible ce type de machine, pour essayer ensuite de les fidéliser. C'est malin. Ainsi, sur un créneau où l'on trouve déjà l'Aprilia Tuono 125, la KTM Duke 125 et la Yamaha MT-125, Suzuki arrive sur le marché avec une paire de 125 aguicheuses : la sportive GSX-R 125, que l'on vient tout juste d'essayer et ce roadster GSX-S 125, avec laquelle elle partage un grand nombre d'éléments.
Cela permet à Suzuki de compléter la lignée des GSX-S vers le bas : après la 1000 et la 750, voici donc la 125. Tiens, il ne manquerait donc pas une 400 dans la gamme, pour les permis A2 ? Un petit 4 cylindres à l'ancienne qui mouline à 16000 tr/min, ça aurait du chien. Mais cessons de rêver et intéressons-nous à cette machine qui doit faire rêver un paquet d'ados qui se verraient bien aller avec sur le chemin du lycée.
Découverte
Fine, élancée, sportive : la GSX-S 125, comme ses grandes soeurs, annonce la couleur. Les 125 sont rarement de grosses dindes, mais cette GSX-S, à l'instar de la GSX-R que l'on a essayée la veille, est vraiment toute menue. Les grandes saucisses seront à l'étroit (une bonne raison de commencer un régime), les petits gabarits et les frêles ados lui diront merci. L'avantage, c'est qu'elle est facile à prendre en mains ; on y reviendra. Elle est aussi légère, même très légère, puisqu’avec 133 kilos, Suzuki prétend que c'est la moins lourde de la catégorie.
Nul doute que cette machine a des prétentions sportives : le cul de selle est typé "racing", les coloris "MotoGP" replica (qui valent alors un supplément de 100 euros) parleront aux fans de Grand Prix. L'avant reprend l'optique de la GSX-R, prolongé d'un cache qui va jusqu'au petit tableau de bord digital. En l'absence de carénage intégral, les écopes latérales cachent bien le radiateur d'eau et le volumineux silencieux d'échappement et sa double sortie, apportent un supplément de crédibilité !
En selle
Deux différences majeures sont à noter par rapport à la GSX-R et qui impactent le pilote dès qu'il grimpe en selle : le contacteur sans clé a disparu, c'est un équipement premium qui justifie le supplément de prix de la sportive. Ainsi, Suzuki a à la place mis le système de blocage de l'orifice de la clé de contact, que l'on trouve aussi sur ses scooters. En l'absence de clé codée, cela permet de ne pas forcer la direction ni le démarrage d'un coup de tournevis.
Seconde différence : le guidon est plus haut de 10 cm et cela modifie donc sensiblement la position de conduite, alors que cela ne change pas au niveau de la selle et des repose-pieds. Le tableau de bord est le même que sur la GSX-R : il est donc complet, avec une jauge à essence, un indicateur de rapport engagé, un shift-light et même un indicateur de consommation moyenne. Et avant de partir, on apprécie la fonction Easy Start, qui fait démarrer le moteur d'une seule pression sur le démarreur.
Moteur et transmission
Identique, là aussi, à celui de la GSX-R. On constate qu'il a une course courte (62 x 41,2 mm), c'est tout simplement parce que ce moteur vient des versions 150 cm3 vendues en Asie et qu'avec une bielle plus courte on en refait une 125. Il s'agit d'un nouveau moteur dans la gamme Suzuki, qui se distingue par son élasticité : couple à 8000 tr/min, puissance à 10000 tr/min, zone rouge à 11500 tr/min et allonge jusque 12000 tr/min. C'est que la GSX-S a des prétentions sportives. Une boîte 6 complète l'affaire. Enfin, malgré une grosse boîte à air (4,3 litres) et un réservoir conséquent (11 litres), la machine reste fine !
En ville
A la différence de la GSX-R 125 essayée exclusivement sur circuit, nous avons pu faire de la ville avec cette GSX-S : et elle s'en sort carrément bien. Non seulement la position de conduite plus droite est plus naturelle, mais l'angle de braquage a également augmenté, passant de 35 à 40°. Résultat : la GSX-S se joue littéralement des encombrements urbains, bien aidée en plus par sa compacité et son étroitesse. Autre bonne nouvelle : on en avait le sentiment la veille sur circuit avec la GSX-R, mais l'usage dans la vraie vie et dans la vraie ville le confirme. Le moteur est volontaire et reprend déjà de manière honorable dès 5000 ou 6000 tr/min, ce qui permet de ne pas rester scotché entre deux voitures qui vous voudraient du mal. Enfin, la douceur des commandes (gaz, embrayage, boîte, freins) rendra le quotidien bien agréable !
Sur autoroute et grandes routes
Mais c'est qu'elle marche cette petite moto ! Comme quoi, 15 vrais chevaux et un poids contenu, ça aide ! Dans les faits, on n'a pas de mal à dépasser les 130 km/h "compteur", à fond de sixième et en baissant un peu la tête. La GSX-S 125 pourrait-elle se faire flasher sur autoroute ? Face à un radar placé dans un endroit très très dangereux (en bas d'une descente déserte, par exemple), c'est presque probable !
Evidemment, par respect pour la mécanique, on ne reste pas soudé en permanence (sauf à être un sale bourrin, ce qui est aussi votre droit, cher lecteur). Du coup, sur un petit, disons moyen filet de gaz, elle tient le 110 de croisière à 9000 tr/min en sixième, sans broncher. Vu les vitesses, parler de stabilité problématique serait un peu abuser !
Sur départementales
Avec ce moteur volontaire, qui reprend bien et qui offre une plage d'utilisation allant de 7/8 à plus de 11000 tr/min, on se prend au jeu et on roule sans se trainer. Sur un itinéraire sinueux, la GSX-S 125 donnera bien du plaisir à son jeune pilote. Hyper agile, elle se jette à la corde des virages sans aucune inertie et son châssis relativement rigide permet d'être précis dans les trajectoires.
Ainsi, la GSX-S, à son échelle bien entendu, a ce feeling de roadster sportif propre à la lignée des GSX-S de plus grosses cylindrées. Néanmoins, il y a quelques limites dont on parle ci-dessous.
Partie-cycle
Bien entendu, il est possible de se faire plaisir au guidon de cette moto. Bien entendu, on peut rouler vite avec, comme nous l'avons fait avec sa soeur la GSX-R 125 sur circuit et aussi sur route avec ce modèle. Car l'essai a été un peu du genre : attention, on laisse sortir une meute de journalistes, ils vont rouler à fond partout. Sauf dans les villages, ce ne sont pas des sauvages non plus. Bref, ça le fait et un jeune motard y prendra bien des sensations !
Cependant, Suzuki place sa GSX-S 125 un peu plus modestement sur le marché : ses concurrentes valent de 400 (KTM), 500 (Aprilia) voire carrément 900 euros de plus, chez Yamaha, qui ne se mouche pas du pied ! Sauf qu'il y a un détail : toutes ses concurrentes arborent des fourches inversées et des bras oscillants plus costauds, voire un cadre périmétrique en aluminium et des vrais pneus ! En fait, en dépit de son look racé, la Suzuki dispose finalement d'un châssis assez basique, avec une fourche classique et de faible section, ainsi qu'un bras oscillant en acier, traditionnel lui aussi. Les pneus sont des Dunlop D102, au feeling assez inexistant et au grip qui a vite été mis en défaut sur piste. Après, pour apprendre à faire de la moto et aller au lycée, ça le fera bien au début...
Freins
Deux disques, de 290 mm devant (étrier 2 pistons) et 187 mm derrière (étrier 1 piston). Sans être des monstres de puissance et de mordant, ils freinent correctement et sont cohérents avec la définition du châssis. Leur puissance est bien dosable et l'ABS ne se déclenche pas intempestivement : voilà deux qualités essentielles vu la cible visée.
Confort et duo
Bon compromis des suspensions : c'est relativement ferme, ça c'est bien pour le feeling "roadster sportif", mais ce n'est pas non plus cassant et ça travaille proprement, malgré la simplicité des éléments. Il faut dire que le poids contenu joue ici son rôle. La position de conduite est relax, la selle nous a semblé correcte le temps de l'essai. Bref, pour un minot, ça va bien le faire. Le duo, par contre, ce sera plus sportif...
Consommation / autonomie
Suzuki revendique une consommation de 2,3 l/100. Lors de notre essai, mené quasiment tout le temps à donf", nous avons fait 4 l/100, ce qui peut être considéré comme un maximum absolu. Avec 11 litres dans le réservoir, l'autonomie oscillera donc a minima entre 3 et 400 km, ce qui n'est pas mal du tout. La jauge à essence est évidemment un plus.
Conclusion
Lookée, moderne avec son tableau de bord entièrement digital et son phare à LEDs, cette petite 125 joue à fond la filiation avec la lignée des grosses GSX-S et elle a bien raison. Assez affriolante dans sa livrée MotoGP replica, elle va faire fantasmer bien des ados à la sortie du lycée... voire revigorer un quadragénaire qui veut un engin simple et efficace pour aller au boulot. En plus, elle a le bon goût d'être sensiblement moins chère que ses concurrentes directes : un écart de prix qui ne tient pas du miracle, car la GSX-S dispose factuellement d'un châssis moins élaboré que les autres. Une tare ? Non ! Car dans le cadre d'un usage quotidien et commuting, il y a de quoi s'amuser, notamment par sa légèreté, son agilité et surtout par son moteur vraiment volontaire et performant, qui joue un rôle important dans ce package réussi. Après, quand on la poussera à la limite, eh bien elles arriveront un peu plus vite que chez les autres, mais ce sera plus sensible sur piste... Et tout le monde n'en fait pas.
Points forts
- Moteur performant et volontaire
- Agilité
- Compacité
- Tableau de bord complet
Points faibles
- Pneus moyens à l'attaque
- Châssis et suspensions basiques
- Un poil étriquée pour les grands
La fiche technique de la Suzuki GSX-S 125
Conditions d’essais
- Itinéraire : une petite centaine de kilomètres dans la campagne anglaise dans les environs de Silverstone
- Kilométrage de la moto : 800 km
- Problème rencontré : aucun, on a roulé quasiment tout le temps à fond, c'était cool
La concurrence : Aprilia Tuono 125, KTM Duke 125, Yamaha MT-125
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