Pilote de légende : René Guili
Double Champion de France et Champion de France Inter 750
Le champion miraculé
L’amour des deux-roues motorisés nait bien souvent au cours de l’enfance, lorsque l’on s’imagine invincible, immortel et libre au guidon de ses monstres vrombissants. Pour le pilote français René Guili, tout semble commencer alors qu’il n’a que 10 ans. Plutôt que d’assister à l’office, le jeune René préfère attendre sagement derrière l’église que les paroissiens soient rentrés à l’intérieur du lieu de culte pour aller faire un tour sur une mobylette chapardée. Une machine qu’il s’empresse de ramener lorsque les cloches retentissent.
Les débuts en compétition
Ce « mauvais garçon » persévère en débutant la compétition à l’âge de 18 ans au guidon d’une Triton. Sur les côtes savoyardes, René Guili est plutôt à l’aise et pour pimenter un peu les choses il décide de courir sur circuit. Pourtant, un grave accident survient en 1967 et compromet sa future carrière. Immobilisé pendant près d’une année, René Guili n’écoute pas ce signe du destin et décide de reprendre le guidon dès 1968 où, plus en forme que jamais, il décroche le titre de Champion de France sur sa Norton Manx.
L'envol d'une graine de champion
Pour donner un coup de boost à sa toute jeune carrière de pilote, il décide de s’engager dans de nombreuses épreuves à l’étranger où il croise la route de quelques-uns des meilleurs de l’époque. Les podiums s’accumulent et en 1970 il devient le nouveau Champion de France 350.
Parallèlement à sa vie sur circuit, il travaille en tant que chauffeur-livreur et investit ses économies dans l’achat d’une Kawasaki ex-usine destinée à courir en catégorie 750.
Pourtant, ce n’est qu’en 1974 que René Guili connait ses premiers beaux succès dans la catégorie des grosses cylindrées. Après un nouveau titre de Champion de France, cette fois-ci en catégorie 750, il a même l’audace et le talent de mener une course devant le grand Barry Sheene à Magny-Cours. Guili ne se contente pas de ce seul coup d’éclat et persiste avec une cinquième place aux 200 Miles d’Imola ainsi que plusieurs belles places décrochées au nez et à la barbe de plusieurs pointures de la discipline. Mieux encore, il participe au Bol d’Or en compagnie de Gérard Choukroun et se classe second de la mythique course d’endurance sur une Kawasaki Godier et Genoud.
L'accident de Rouen
L’année 1975 est pour sa part marquée par un terrible accident sur le circuit de Rouen les Essarts. René Guili participe alors à une course internationale et tient le haut de l’affiche, devançant même Michel Rougerie. Malheureusement, Guili ped le contrôle de sa moto alors qu’il est lancé sur la portion la plus rapide. Les côtes brisées, son cœur cesse de battre sous la violence du choc et le service médical le laisse pour mort. René Guili ne doit sa survie qu’à l’un des organisateurs qui, persuadé qu’il est possible de le réanimer, réalise un massage cardiaque. Le cœur du français repart.
Renaissance sur les circuits
Malgré ce terrible événement, René Guili qui se dit re-né reprend le guidon du championnat 750 et signe une sixième place en Suède. Au Bol d’Or, sur sa BMW d’usine il termine quatrième avec Helmut Dhäne en coéquipier.
En 1976, le constructeur Honda confie à René Guili et Hubert Rigal le guidon de la RCB d’usine en vue du Championnat d’Europe. Les deux pilotes français font merveille et remportent les 1.000km de Mettet avant de signer une cinquième place au Bol d’Or.
Toujours engagé en 750 , René Guili fait savoir qu’il n’est pas encore mort et enterré et réalise une incroyable troisième place derrière l’intouchable Agostini mais il est contraint d’abandonner au cours de la finale.
Le drame derrière la dune
Au cours de l’année 1977, c’est un autre accident grave qui vient perturber la carrière du pilote. René Guili court alors le Rallye Côte-Côte Abidjan-Nic, ancêtre de l’actuel Paris Dakar. Pour cette épreuve, Yamaha décide de lui fournir une 400 DTMX avec laquelle il mène longtemps la course. Hélas, il heurte une dune et se voit projeté à plusieurs mètres de hauteur avant de retomber lourdement. Un avion est déployé pour le secourir mais c’est finalement un autre concurrent qui le recueille sur le toit de sa voiture pour le conduire à l’hôpital le plus proche qui se situe à près de 400km de là. Coup du sort, le centre médical ne dispose pas des moyens nécessaires pour traiter ce genre de coma et son corps est laissé en soin pendant douze jours avant de pouvoir être rapatrié en France.
Sorti du coma, René Guili doit tout reprendre à zéro, réapprendre à lire, écrire et même reconnaître ses proches.
Convalescence et reconversion
Trois années seront nécessaires pour que le Français récupère ses facultés. C’était sans doute l’accident de trop, René Guili met un terme à sa carrière de pilote et devient chauffeur de taxi, continuant de piloter des motos pour son plaisir personnel et d'écumer les manifestations dédiées aux machines anciennes.
Pour l'anecdote, il fit partie de l'équipe du film L'Agression où il tient le rôle de pilote de la moto travelling. On raconte en outre que le réalisateur Gérard Pirès, auteur des films Taxi, fut inspiré après une discussion avec René Guili, aujourd'hui chauffeur de taxi mais nettement moins tête brûlée qu'il ne le fut au guidon de ses motos.
Commentaires
C'est un super mec, très sympa, amitiés René ....
23-06-2013 10:52Guili, surnommé en son temps "l'homme qui tombe plus vite que son ombre" , mais aux antipodes des stars précieuses d'aujourd'hui...
23-06-2013 10:59