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Radioscoopie : Vacances sans Assistance, je n’oublie rien !

Journaliste, reporter, grand reporter, chroniqueur radio et Rédacteur en Chef sur France Inter...

Serge Martin signe chaque mois une chronique radiophonique sur Le Repaire

C’est au moment des vacances d’été, là où il y a le plus de motards sur les routes de France qu’il y a aussi le plus fort risque de pannes et donc de demandes d’assistance. C’est aussi malheureusement à ce moment là que ces « assistances », chez qui les personnels goûtent, à leur tour, à une trêve estivale bien méritée, peuvent faire défaut ou faire preuve de carence.

Radioscoopie : Vacances sans Assistance, je n'oublie rien !

Alors il est vrai, nous sommes peut-être entrés dans une phase d’assistanat permanent où tout problème, toute difficulté doit immédiatement être pris en compte, solutionné et réglé en quelques heures. Après tout, nous payons pour cela, que ce soit au travers de notre contrat d’assurance ou bien lors de l’achat d’une moto neuve pour qui le constructeur met en avant cette assistance automatique durant les premières années.

D’où cette exigence des temps modernes, bien loin de cette époque où, méthode B, on se débrouillait pour rafistoler sa machine, bien souvent aidé par un autre motard providentiel dont l’arrivée était synonyme d’entraide et justement d’assistance.

Mais voilà comme les voitures, les motos modernes se réparent désormais à coups d’informatique ou bien nécessitent tout un appareillage et une connaissance des plus poussée ne permettant plus au motard lambda, dont je fais partie, de faire face. D’où et j’y reviens, l’importance de l’Assistance. Aussi quand celle-ci ne trouve pas immédiatement LA solution c’est désillusion garantie…

Voici, pour illustration, une petite péripétie survenue cet été sur les routes de France.

Chapitre 1

Tout commence un mercredi 10 août sur une petite route du sancerrois. Alors que la Goldwing GL 1800, presque neuve, vient de parcourir sans broncher et sans difficulté, avec confort et plaisir, quelques 2000 kilomètres, le passage sur une plaque d’égout à l’entrée d’un village déclenche soudain un cliquetis. Le bruit semble venir de la partie basse et plutôt arrière de la moto.

Première rue sur la gauche et arrêt immédiat sur une petite place. Surprise, il y a là tout un comité « d’accueil » de la gendarmerie dont des motards. Alors que je m’allonge le long du « vaisseau amiral » de la firme ailée pour tenter d’identifier la provenance du bruit, l’un des motocyclistes de la Maréchaussée s’approche et n’hésite pas à son tour à mettre un genou à terre pour m’aider dans mes investigations.

« On vous a entendu arriver » me dit-il « et l’on pense avec mon collègue que cela doit-être un problème de chicane détachée dans l’un des pots d’échappement ». Et d’ajouter : « c’est quelque chose qui nous arrive de temps en temps sur nos motos… ». Enfin de conclure en se relevant et non sans sourire: « vous n’avez plus qu’à rouler vite pour ne plus entendre le bruit… ».

Ce en quoi je ne peux m’empêcher de lui demander si venant de sa part ce n’est pas de la provocation et si ses collègues ne vont pas manquer de m’intercepter quelques kilomètres plus loin pour excès de vitesse…

Sourire, poignée de main, toujours est-il qu’en ces moments de « détresse » ou tout au moins de grande solitude il est toujours agréable d’avoir un échange convivial et prouve, s’il en était besoin, que les gendarmes motocyclistes formés à Fontainebleau sont et restent avant tout des motards dans l’âme qui, sortis d’un contexte de « répression » ou de « surveillance de la circulation » gardent un attachement à certaines valeurs de solidarité propre à cette grande « famille » du deux-roues.
Après ce bref échange de camaraderie « motardesque », nous reprenons, ma passagère et moi-même, la direction de l’Yonne. Au bout de quelques kilomètres, le bruit s’estompe pour disparaître complètement (mon gendarme avait-il raison ?) lorsque soudain, en approchant d’un virage l’action sur le levier de frein avant déclenche un nouveau son bizarre. Bien qu’ayant affaire à un système de freinage combiné je décide alors d’appuyer sur la pédale de frein arrière. C’est alors que celle-ci s’enfonce complètement sans offrir de résistance. Quelques coups de pompe du pied, la pédale de frein reprend sa position et semble retrouver de son efficacité mais accompagnée cette fois-ci d’une nouvelle sonorité étrange.

Eureka ! Je sais cette fois-ci d’où vient le problème, c’est donc le système de freinage arrière qui connait une défaillance.

Deuxième arrêt, de nouveau allongé, mais cette fois-ci sans la présence de la Maréchaussée, j’identifie le problème, l’une des plaquettes de frein est tombée et la vis retenant la deuxième plaquette « pendouille ». Petite réparation de fortune pour empêcher la vis de tomber à son tour et reprise de la route en évitant au maximum d’avoir à utiliser les freins pour ne pas rayer le disque. Heureusement la destination d’arrivée ce jour-là n’est plus très loin.

Chapitre 2

Dans l’impossibilité de réparer et de reprendre la route le lendemain, décision est prise de solliciter l’assistance Honda, qui n’est en fait qu’un service du Groupe « Mondial Assistance », pour demander le transport de la moto vers un centre de dépannage. Et c’est là que je vais vivre une expérience édifiante…

Après une très longue minute d’attente (sur les à peine 4 minutes que va durer l’appel) une voix masculine, froide et laconique me demande la raison de mon appel, s’enquiert du fait de savoir s’il ne m’est pas possible de reprendre la route (pourtant évident au regard de la « gravité » de la panne qui ne se limite peut-être pas juste à la perte d’une plaquette de frein…), souhaite connaître le kilométrage que je n’ai bien sûr par sous les yeux et me demande de décliner mon identité ainsi que l’adresse de mon domicile.
Mon domicile ? Quel domicile ? Là où je réside à Paris ou bien alors l’adresse où je me trouve présentement avec la moto ? Après une tentative d’échange des plus administratifs, à la limite de l’antipathie ou tout du moins de l’incompréhension, j’en déduis qu’il doit s’agir de l’adresse où je me trouve avec la moto.

Petit temps d’interruption de cette « conversation » téléphonique qui a au moins le mérite de me permettre de souffler, mon interlocuteur me reprend pour me dire qu’un dépanneur sera là, à 9h, le lendemain matin. « Est-ce que cela vous convient ? »
Pas le temps d’émettre une réserve, de demander s’il a eu le temps de vérifier si la concession où va être transportée la moto est bien ouverte en cette période de vacances, l’échange s’arrête, à peine ai-je eu le temps de dire que oui je serai là, comment pourrait-il en être autrement…

A peine 3 minutes de conversation des plus froides, sans même que mon interlocuteur ne prenne le temps de s’enquérir de ma situation, si je suis seul ou accompagné, si tout va bien compte tenu du fait que cette défaillance technique aurait pu revêtir un aspect plus dramatique, enfin et surtout sans même envisager la suite des évènements et pourquoi pas un rapatriement vers mon « vrai » domicile…

Chapitre 3

Troisième épisode le lendemain matin, le vendredi 12 août donc, à 9h. Au moins le dépanneur est à l’heure et qui plus est des plus courtois. Une fois la moto chargée sur son plateau, je lui demande où il a l’intention de la transporter. « Chez le concessionnaire d’Auxerre » me répond-il, « en tout cas c’est là où Mondial Assistance m’a demandé d’aller ». A ma question de savoir si la concession est ouverte ce mois d’août il me répond : « Je ne sais pas mais c’est là où il m’ont demandé de l’amener, j’imagine donc qu’ils ont dû s’assurer que c’était bien ouvert… ».

Une heure plus tard, alors que je m’apprête à appeler la concession d’Auxerre, le dépanneur me rappelle pour me dire qu’hélas la concession d’Auxerre est fermée pour cause de vacances et ne rouvrira ses portes que le 23 août et qu’il en est de même, semble-t-il, pour l’autre concession du département, celle de Sens. Et d’ajouter qu’il peut garder la moto jusqu’au 22 pour l’amener chez le concessionnaire le 23…

Au même moment « l’Assistance » me laisse un message sur mon portable : « Le dépanneur vient de nous informer que la concession d’Auxerre était fermée jusqu’au 22 août et qu’il en était de même à Sens … Merci de nous rappeler pour nous donner vos instructions. »

Mes instructions, quelles instructions ? Celles de faire votre travail et de trouver une solution ? N’étant d’une part pas l’Assistance de l’Assistance et d’autre part devant le peu d’empathie manifestée lors de l’appel de la veille, je me refuse à les rappeler. Décision est donc prise d’attendre le 23 août qui se soldera finalement, en dépit de l’efficacité du concessionnaire Honda d’Auxerre par une reprise de la moto le jeudi 26, le temps que la pièce arrive et soit montée.

Epilogue

Moralité évitez de tomber en panne l’été sous peine que l’efficacité de votre Assistance, ne rime avec absence voire incompétence. Il est vrai que ce genre de grand groupe « mondial » ne peut pallier la fermeture annuelle des services de réparation. Il est vrai aussi que ces organismes « d’aide » n’hésitent pas à doubler voire tripler, pour certains, leurs effectifs en créant des emplois saisonniers dans l’espoir de faire face à la recrudescence estivale des demandes; emplois saisonniers et donc temporaires qui n'ont pas obligatoirement la même expérience ni le même sens du service.

Mais voilà à défaut de pouvoir se substituer au concessionnaire providentiel qui va permettre au motard « sinistré » de reprendre très vite la route, un peu plus d’empathie, voire de gentillesse ou de prévenance et en un mot « d’efficacité » dans la recherche d’une solution, auraient tôt fait d’aider le motard d’aujourd’hui à ne pas porter immédiatement un regard d’opprobre, de consternation pour ne pas dire de révolte à l’égard de ces « ange-gardiens » de la route. Et dire que l’on ne va pas manquer de faire porter le chapeau ou plutôt le casque à un « stagiaire de l’été » (cela dit peut-être pas suffisamment formé…).

Tout se perd ?

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Commentaires

Le Modérateur

Dommage que les yeux soient moins important que l'efficacité dès qu'on parle d'assistance ! Et vous, cà vous est arrivé ?

18-09-2016 12:46 
 

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