Mon Paris-Dunkerque quotidien
Pour me rendre au travail, je passe par des chemins de terre qui coupent à travers champs...
Départementale à trail, défoncée et gravilloneuse. Miam.
Pour me rendre au travail, je passe par des chemins de terre qui coupent à travers champs. La 125 se couvre d'un peu de boue et ce n'est pas désagréable.
A nouveau travail, nouveau trajet. Comme c'est l'une de mes manies, j'ai préparé celui-ci avec soin afin d'éviter les grands axes pour pouvoir m'y rendre au mieux avec la bicyclette, au pire avec la 125 et si ce n'est vraiment pas possible, avec le Bourgeman.
Les premiers jours, j'ai joué la sécurité en y allant avec le Bourge. Mais c'est une enclume dans les embouteillages et la transmission a besoin d'un bon coup de soufflette pour éliminer le broutage de l'embrayage. Donc j'ai étudié des parcours qui évitent la nationale, où pullulent poids lourds pressés et automobilistes qui sont sûrs d'avoir l'extra ball. Le premier me fait faire un gros détour, puisque la distance double, à 24 kilomètres, mais tout du long c'est de la départementale à trail, défoncée et gravilloneuse. Miam.
Le deuxième est beaucoup plus exotique : je longe de loin la nationale en empruntant deux chemins à travers champs. Dès la sortie de la ville, je file tout droit en attaquant les contreforts du plateau qui borde Dijon du nord-ouest au sud. Un petit bout de bitume et puis je prends un nouveau chemin, plus plat, moins raviné par la pluie. De là, je rejoins -malheureusement- la nationale pour les trois derniers kilomètres. Il y a bien une piste qui part vers la droite, mais elle se perd ensuite dans un sous-bois touffu ; faut pas déconner non plus : c'est un ANF, pas une XR.
Il va sans dire que Henri IV n'est pas du tout adapté à l'exercice. C'est moins pire qu'un scoot à petites roues, mais tout juste. Je ne peux pas me mettre debout sur les cale-pieds parce qu'alors mes poignets sont cassés sur le guidon trop bas et la pédale de frein arrière est difficile d'accès. Je n'ai pas non plus très confiance dans la résistance du berceau tubulaire boulonné au moteur où sont soudés les cale-pieds, désespérément fixes. Underbone oblige, la garde au sol est ridicule et je n'ai rien pour serrer les jambes. Les pneus ne sont pas tout à fait routiers, mais je ne donne pas cher de leur capacité à m'emmener dans le gras. Et avec la météo qu'on a en ce moment...
Bref, tout ça pour dire qu'Henri IV est aussi à l'aise dans l'exercice qu'un chausse-pied quand il s'agit de manger de la soupe. J'adore. Je m'éclate tout seul sur mon petit bout de Dijon-Dunkerque. A l'aller seulement, parce qu'au retour, la route descend du plateau : là, je peux accrocher 100 compteur et non plus péniblement 80 comme à l'aller.
La première fois, je m'attendais à me prendre un gadin tous les 10 mètres, mais en fait ça passe partout en première avec un poil de gaz, un peu de tension dans les jambes pour remonter le centre de gravité, pas crispé sur le guidon et sans toucher au frein avant. Je suis ravi des capacités de "franchissement" de ma 125. Je rac-pout-pout à 15 à l'heure dans la trace, avec le top-case qui bringuebale à l'arrière -il faudra que je vérifie ses fixations à l'occasion.
Maintenant, il y a de la boue sur la culasse, le becquet de carénage sous le moteur et sur le carter de chaîne, sans parler des jantes. Je trouve ça très drôle : l'aventure, c'est aussi utiliser une machine inappropriée dans un environnement aux antipodes de son milieu naturel.
Je crois avoir pigé le mode d'emploi : toujours maintenir de la traction et viser là où je veux faire passer la roue avant, en restant penché vers l'avant de la bécane pour laisser de la liberté à la roue arrière qui suit en faisant sa vie. Ça glissouille de l'arrière, ça fouille un peu de l'avant, j'essaye de regarder un peu loin, je teste doucement les limites de l'exercice -il s'agit de me rendre au taf', pas de jouer les Peterhansel nains.
En attendant, sur les douze bornes de mon trajet aller, j'en fais la moitié en ville (où Henri IV est à l'aise comme un tire-bouchon au sommet d'une boutanche de Nuits-Saint-Georges) et l'autre moitié hors bitume, à voir des lapins débouler devant moi, des merles piquer vers les haies et le reste des nuages des pluies de la nuit au creux de la Combe de Talant.
C'est top jouissif.
Commentaires
"'aventure, c'est aussi utiliser une machine inappropriée dans un environnement aux antipodes de son milieu naturel."
19-06-2018 07:51j'adore
tom4, mon héro
Ca vaut bien un demi-périph' un jour de grève SNCF...
19-06-2018 10:35Pas besoin de grève pour le périf....
Pis t’es en moto donc faite pour les bouchons également. 19-06-2018 11:13
Tiens je vais le tenter aussi, avec la CB 1100
19-06-2018 14:20j'ai vécu tout pareil, ce matin, a vtt.....autour du las de st cassien dans le var.....mon periph a moi.....vers 7 du mat...a la fraîche...la moto est bloqué, Dafy Fréjus merde sur la livraison de mon filtre a air, déjà 10 jours que je l'ai commandé, et rien en vue.....je vais changer de méthode....le oueb est plus efficace.
19-06-2018 14:59Un filtre à air, ça se bricole. Faut juste pas se tromper de matériau. Tu peux employer du filtre pour hotte de cuisine. La mousse d'emballage ne fonctionne pas : elle est trop dense.
19-06-2018 16:49"'aventure, c'est aussi utiliser une machine inappropriée dans un environnement aux antipodes de son milieu naturel."
19-06-2018 21:20...ben oui et non !
Oui en considérant que tu traverses l'Iran ou les steppes de Mongolie avec un 125 YBR ...
Nan, si tu fais chier les randonneurs sur un chemin de nos campagnes profondes, où tu déboules ... allez, en 300 Ninja ?
Paris-Dunkerque...
19-06-2018 22:25Rien qu'en lisant le titre, on se dit que tu as dû en faire, des saloperies dans tes vies antérieures, pour mériter un pareil karma...
Inapproprié c'est à voir... Quand on voit le couteau suisse que c'est, je suis pas sûr que même une omelette norvégienne tu peux la rater avec ton innova.
20-06-2018 09:58En fait, l'aventure en Innova, ce serait un tour à Carole
20-06-2018 10:061'41.
20-06-2018 18:02Bécane stock.
Démul' d'origine.
A l'issue : autodafé de Pagéniale -parce que franchement, autant de chwo pour arriver pile en même temps qu'un Innova qui a gagné 40 secondes en filant direct en pré-grille sans passer par la case "han, j'me la touche en vérifiant la pression de mes pneus", c'est la honte.
Mais c'est comme un Paris-Kèk'part. En Scénic mazout : bof. En Solex : wahou* !
* quel que soit le sens que l'on veuille bien donner à cette onomatopée.
Salut
Petit joueur
[www.trail-rando.com]
V
20-06-2018 18:45
Comme l'illustrera le roadtrip de cet été. 1er épisode dans un mois. 20-06-2018 19:21