Le 125 'C' Moto Tour
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour
Un événement qui a regroupé la quasi-totalité des motards du Dijonnais
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour. Un événement qui a regroupé pas moins de la quasi-totalité des motards dijonnais de bon goût.
Il y a deux types de motards : ceux qui proposent des sorties et que tout le monde suit et ceux qui proposent des sorties et leur suggestion tombe à plat.
Donc, quand je lance fin septembre l'idée d'un 125 Tour, je fais un bide. Je me console en me disant que pile au moment où j'ai ouvert la bouche, quelqu'un a attaqué un axe de roue arrière réticent au pistolet pneumatique et le raffut a couvert mes paroles.
Il n'y a que Fifi, assis à côté de moi, qui lève un oeil de dessus le magazine qu'il feuillette et me lance :
‒ Pas bête. C'est quand ?
Là, je suis coincé : j'ai pensé à cette histoire de boucle en 125 sur les voies communales, mais je ne suis pas allé plus loin.
Je réponds, à tout hasard :
‒ Baaah... dimanche ?
‒ Ça sera long, ton truc ?
‒ 250 bornes, donc quatre à cinq heures plus une pause-sandouiche au milieu. Mais on peut raccourcir si besoin : on reste aux alentours. C'est juste pour sortir sur les petites bécanes avant qu'il ne fasse trop moche.
‒ Allez ! Je viendrai avec le Monkey.
Un 125 'C' Tour, c'est simple : tu prends une carte routière, tu choisis un rayon quelconque (dans mon cas : 40 kilomètres), tu traces un cercle au crayon et tu cherches à suivre ce tracé au mieux en passant par les routes communales. Ce n'est pas toujours possible, il faut parfois faire de grands détours, mais c'est le jeu : découvrir de toutes petites voies que l'on ne prend jamais d'habitude parce qu'on ne sait même pas qu'elles existent avant de regarder la carte.
Ensuite, soit tu la joues à l'ancienne avec roadbook papier, soit tu demandes à ton téléphone de faire la navigation. Depuis que j'ai trouvé un support qui se visse sur la branche de mon rétro gauche, les cartes restent sous la selle.
Côté bécane, n'importe quel brêlon qui tient le 70 km/h sur le plat peut venir. Plus l'engin est lent, plus c'est rigolo.
Ce qu'il y a de bien, avec Fifi, c'est que je sais qu'il va arriver à l'heure, avec le plein fait, de l'air dans les pneus et de bonne humeur sous la ronchonnerie apparente. Comme nous ne sommes que deux, on va utiliser l'autre gadget magique après le GPS : l'oreillette radio, couplée à nos téléphones respectifs. Pouvoir bavarder change complètement la balade.
Il fait un temps parfait : un peu de soleil, pas trop chaud, pas de vent. S'il pleut on est équipés.
Fifi connaît déjà Henri IV, mais c'est la première fois que je vois le Monkey 125 de sa femme, qu'il lui a offert l'année dernière en remplacement d'un antique Yamaha Beluga qui a avalé une soupape à 61.000 kilomètres. Elle l'utilise pour aller travailler sans se fader les bouchons du centre-ville. Stock jusqu'au bout du catadioptre arrière, Fifi le lui emprunte parfois pour des balades. Comme il dit, quitte à être obligé de se traîner à 90, autant le faire sur un truc rigolo et marrant à conduire.
Seul accessoire : une paire de sacoches en cuir brun foncé à grosses fermetures chromées qui font étrangement custom ; vu le prix des accessoires pour le Monkey, je soupçonne qu'elles ont dû coûter une fortune.
On sort très vite de la ville par un axe que nous connaissons bien. Naturellement, on se cale sur un rythme pépère : 70-80 km/h compteur, assez vite pour ne pas bouchonner, mais assez lentement pour être dépassés rapidement par les bagnoles. En 125, ça ne sert à rien de vouloir rouler plus vite que les voitures quand on ne prend que péniblement 90 comme Henri IV et le Monkey.
Au bout de 12 bornes, on prend à droite sur un premier chemin communal. La vraie aventure commence. Ici, nous roulons plutôt aux alentours de 60, voire moins selon l'état de la route. On bavarde en conduisant en mode semi-automatique. Nous émergeons sur un premier plateau. Ils ont fauché les tournesols récemment : il y a de la terre plein la route. Au rythme où l'on roule, on s'en fout. Avec les grosses, on aurait chopé les freins, un peu surpris, en se demandant si ça va glisser. Là, je vise entre deux mottes de boue et remet les gaz. Nous entrons dans un bled : ça sent la vache et le feu de bois.
L'intercom' en balade, c'est vraiment bien. Au lieu de faire de grands gestes bizarres, de donner des appels de phares ou de mettre des coups de klaxon, on a juste à dire : "je suis à la moitié du réservoir, donc j'ai encore 80 bornes devant moi" (oui, on a des réservoirs microscopiques, surtout moi : c'est l'un des rares défauts de ces brêles en comparaison d'un CB125F, par exemple, qui fait 600 km entre deux pleins).
Nous grimpons à flanc de colline, puis descendons dans un ravin. Le bitume est rapiécé de partout, usé jusqu'aux cailloux blancs de la route d'il y a cinquante ans. Je crâne un peu avec mes jantes de 17 ; Fifi est secoué avec ses petites roues : il ralentit. Nous traversons des villages qui, jusqu'à présent, n'étaient que des panneaux indicateurs de part et d'autre de nos routes habituelles. Certains sont agricoles, les rues boueuses, les portes des granges ouvertes, d'autres sont résidentiels et proprets, avec des pelouses bien tondues autour de vieilles maisons.
Dans un autre patelin nous débusquons le gang de moutards local, perchés sur des bicyclettes soit trop petites, soit trop grandes pour eux. J'entends l'un d'eux qui crie, sur un air de défi : "allez les gars ! on les prend en chasse !". Je rigole. Je vois dans mes rétros Fifi leur faire coucou. Les mômes piaillent de joie et se mettent à pédaler comme des fous pour essayer de nous rattraper. Nous fuyons, hilares.
Un peu plus loin, la route plonge de manière abrupte vers une petite rivière. Pas de pont : il faut franchir à gué, dans le lit aménagé. Je m'engage. J'ai de l'eau jusqu'aux jantes. La moto tressaute sur les dalles un peu glissantes. Fifi passe plus lentement que moi, les deux pieds raclant le sol. Son échappement fume, éclaboussé par le gros pneu avant.
Vers 13 heures, on s'arrête casser la graine. Adossés à la pierre tiède d'un calvaire sur une place de hameau désert, on regarde les gros nuages défiler dans le ciel d'automne. Là-bas, à gauche, là où nous allons, un grand rideau gris : il pleut. On s'en fout : on a de quoi s'équiper. Fifi a eu la riche idée de trimballer un thermos de café. On trinque. Le soleil joue sur la jolie peinture pailletée du Monkey. A côté, Henri IV fait meule de facteur.
‒ Je ne suis jamais venu ici. C'est par où, la maison ? me demande Fifi.
‒ Aucune idée. Le sud est... là, donc ça doit être par là, dans la vallée d'après.
‒ Les autres sont bien bêtes de ne pas être venu : ça change des balades habituelles. Faudra recommencer.
C'est ça, le 125 'C' Moto Tour : faire un coup de moto peinard, lentement, sur des routes du coin qui dépaysent.
Commentaires
Le plaisir de la moto. Simple. Pur.
28-12-2021 08:19What else ?
3 chwô de plus, ça n'aurait pas été de refus
28-12-2021 08:24Mon cher KPOK, vous me décevez.
28-12-2021 09:403 de plus ? OK
Aller, y'en a un peu plus, j'vous l'met quand même ?
Et un(?) dernier pour la route.
Etc...
Et la balade le nez au vent devient la "ballade du chwal de plus".
C'est ainsi que la 125 de 120 kilos devient un "trail", pardon "éléphant" de 250 kilos et 130 chwôs.
Dommage que je sois un peu loin de Dijon. J'aurais bien ressorti de sa naphtaline la XLS de mes 16 ans pour me joindre aux "bouclardiers". Tandis que ma femme suivrait avec sa Virago. Parce que si je prenais le Monkey de mes 9 ans (un vrai, Z50A SANS suspattes arrières...), j'aurais du mal a dépasser le 35 en pointe !
12, ça aurait été mieux pour atteindre et tenir le 90 en côte.
28-12-2021 10:4290 en côte ? WAHOU !
28-12-2021 10:49Cela évoque ce premier été "125" où je rejoins ma petite amie au fin fond de la Bretagne.
Longtemps, sur une voie rapide, je me tirais la bourre avec une Land-Rover. Au coude à coude sur le plat entre 100 et 110, la Land reprenait dans les descentes ce que je gagnais dans les côtes...
Mais il vrai qu'à ces niveaux de puissance, même un chwal, ça se sent (Cf. Joe Bar Team "C'est un tel poumon ta Commando..."). Alors trois !
bon ça fait 2 fois en quelques semaines que je lis ce genre de délire (désolé Kpok, les anglais de mon mag favori ont fait une boucle de 750km en 3j avec un Grom le mois dernier, et ça réveille des idées à la con.
28-12-2021 12:27pis ça me rappelle des souvenirs aussi.
il y a 10 ans, pour le passage du mototour à rouen, on avait préparé ça avec un pote, et on voulait aller au départ en chappy et TW125
[attachment 37648 splaktom4.jpg]
tom4
ps: et comme c'était le déluge ce jour là, on y avait été en bagnole :)
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My name is Fifi, de sorte que je me suis reconnu en lui depuis que je roule avec mon Himalayan, à tel point que les copains me disent d'un air narquois, "tu l'aimes bien ton Himalayan" ou "tu ne vas pas venir avec ta merde", ben si pourquoi.
28-12-2021 12:30White is beautiful comme ces petites routes de campagne souvent snobées par les plus puissantes, se trainer à 70 kmh, la honte pour ceux qui ne jurent que par la poignée dans le coin. Ils ne savent ce qu'ils perdent.
Casse-dalle, thermos et une ch'tite pose les pieds dans l'eau ça me va.
Et pourquoi ne pas pousser la logique à son terme, en ne se focalisant QUE sur le voyage, et pas la machine ?
28-12-2021 14:43Cela donnerait deux possibilités :
Le "vrai" (KAPOK, quoi...), comme le maître de Kyudo qui tire sur un oiseau imaginaire une flèche qui n'existe pas, ferait son "tour" sans brêle. Juste en lévitant tout au long du trajet.
Le "faux" comme moi pourrait néanmoins s'amuser à rouler aussi relax et posément, sur ces mêmes petites route communales ou vicinales, mais avec une machine totalement inadaptée, comme une Super-Hyper-GSX-ZX-HH-Rtruc-de-la-mort-qui-tue ?
Juste histoire de faire un splendide pied-de-nez à ceux qui ne jurent que par la poignée en coin !
Je me demande si je n'ai pas été trop marqué par Richard Bach (non pas "Jonathan Livingstone, le goéland", mais "Le messie récalcitrant". A lire pour les curieux)???
Merci pour cette belle Kronik !
28-12-2021 17:41Ben oui, que la vie est belle à 70 à l'heure en motocyclette sur les toutes petites routes tortueuses à souhait de la Côte d’Or ; Stressless !
[attachment 37650 PA241149.JPG]
Effectivement il ne faut pas être regardant sur l'état du revêtement à la décoration florale toutefois assez réussie , mais quand on a l'âme bucolique, ce salvateur retour à la lenteur, permet de s'adonner au plaisir de la contemplation du beau !
[attachment 37651 P1000535.JPG]
je valide
(bon, là, je faisais le malin, mais je l'aurais pas fait avec un gex1000
[www.youtube.com]
tom4 28-12-2021 20:21
Trop bien, je vais faire la même chose chez moi. Vous êtes les bienvenus en Saône et Loire si ça vous dit!
28-12-2021 21:52ouais.
30-12-2021 11:44ben je préfère 85 ch même accompagné de 250 kilos.
Mais je descendrais bien à 44 chevaux et 170 kg...
Mais en dessous, non. Faut pas déconner.
Salut à tous, et meilleurs voeux !
02-01-2022 10:07Et puis un grand merci à l'auteur de cet article génial.
J'ai 56 balais, j'ai eu un gros paquet de deux roues dans ma vie ( du Peugeot 103 à la Harley en passant par la XT 500, la MZ venue du froid, des Honda, une Kawa, deux BM...).
Et maintenant j'ai une petite 125 YBR garée dans la cour de mon immeuble ( à Besançon ).
Et je suis heureux avec elle.
D'ailleurs j'ai moi aussi une petite idée de plan cool et sympa dans le coin à base de plaisir et de moteur qui ronronne à 70km/H. Si y'en a que ça intéresse on peut en causer. Avec plaisir !
Prenez soin de vous.
Bernie
J'ai le projet secret, une fois la retraite arrivée, de partir à la découverte de la France profonde avec ma chère et tendre. Celle-ci n'ayant pas de permis moto, juste l'équivalence B/125, nous serions sur deux 125 identiques (pour rationaliser la maintenance), des 125 GN seraient l'idéal, ou pourquoi pas des Super Cub... Chaque jour de notre périple serait un 125 C Moto Tour, à la recherche des routes les moins fréquentées et des plus petits patelins de notre belle Province...
03-01-2022 15:55Malheureusement, au rythme où vont les choses, je suis pas sûr que dans 15 ans on nous autorisera encore à rouler en thermique.
Raison de plus pour faire ça pour tes prochaines vacances, sans attendre.
04-01-2022 08:44Une CB F avec les barres moto école à l'arrière pour les bagages me semble très bien, surtout grâce à son autonomie de 500 bornes.
Elle doit être large, la selle de la CB F, pour arriver à y caser l'épouse et les gamins .
04-01-2022 08:49Et le chien !
04-01-2022 11:07