english

Kronik : Hallucinations nocturnes

Des choses furtives dans mon champ de vision

Je pars tôt au travail. En route, je vois passer des choses furtives dans mon champ de vision. Surpris, me voilà arrivé à destination sans trop savoir comment. Des fantômes veillent sur moi.

Kronik : Hallucinations nocturnes

Je pousse Henri IV sous le porche. 4h05, c'est mon heure. Le moteur poum-poum dans une ville vide. C'est vendredi. A la fois le pire et le meilleur jour de la semaine. Le meilleur parce que c'est bientôt samedi. Le pire parce qu'on pique tous du nez, abrutis par trente heures de travail à la chaîne. Dans neuf heures je pourrai m'affaler dans le canapé. Mais en attendant il faut faire encore plus attention aux carrefours : je ne suis pas le seul à prendre les feux pour des cédez-le-passage.

Dans la ligne droite qui longe le lycée, un chat à la queue toute hérissée traverse la rue ventre à terre, poursuivi par... un furet ? Ils disparaissent sous une voiture au coin. Le feu passe au rouge. Coup d'oeil à droite, coup d'oeil à gauche -attention aux cyclistes vêtus de noir qui circulent sans lumière- et je franchis le croisement, quatre points en moins.

Dans la montée vers la fac, je remarque une publicité stupide pour une grosse voiture dont je fabrique probablement la direction et je réécris le slogan : "Peugeot 2008, seulement 10 ans de retard". Je voudrais prendre une échelle et aller le peindre en grandes lettres blanches et OOOOOPS ! Les freins ! Le feu est rouge ! Zut, je ne sais même pas comment je suis arrivé si vite en haut de la côte, tout à ma rêverie publicitaire. Ce carrefour-là est dangereux, puisque je vois mal ce qui vient de la gauche. J'avance le garde-boue, puis le phare, puis le guidon et hop ! Quatre points en moins.

Je suis sur le bout droit qui longe la fac. Les bâtiments sont intéressants, mais il leur manque quelques slogans soixante-huitards sur les façades -les jeunes, c'est plus ce que c'était. Je regarde fréquemment dans mes rétros : même à cette heure-ci, il y a du blaireau bourré qui sort de boîte en bagnole et en bande, ce sont les pires. Je sens que le moteur monte en température à la manière dont il répond à la poignée de gaz. IL Y A UN GROS TRUC ROUGE A DROITE ! Ah non. Il n'y a rien. J'ai dû rêver. Je me fais de ces trouilles de temps en temps. Je perds à nouveau quatre points en tournant vers la combe.

La route serpente un peu. C'est la partie la plus froide du parcours. Je longe le crématorium -le Moloch modernisé. Je frissonne. Fin de l'éclairage public. Quelques bancs de brume. Deux écureuils à salopette rouge et casquette jouent au golf. Mon phare éclaire trop peu malgré l'ampoule City Vision : le HS1, c'est limite. Je voudrais trouver un moyen de fixer sur la moto le très bon feu à led que j'utilise sur mon vélo et hop-hop-hop ! Doucement, doucement : voilà déjà le premier rond-point. Je ne suis pas du tout réveillé, ce matin. Je bâille. Je prends plusieurs grandes inspirations pour essayer de me secouer un peu.

Trois ronds-points. Il y a une vache perchée sur un réverbère. Je cligne des yeux. Magasins de bouffe qui rend malade, de fringues moches fabriquées par des esclaves en Chine et... wow-wow-wow ! Il a la priorité, le gros camion ! Donc tu freines, KPOK. Pffff... Merci, ma bonne étoile, de veiller sur moi quand je m'endors au guidon.

Dernier rond-point : le parking de l'usine. Je suis déjà arrivé ? Ah bon. Par où suis-je passé ? Je manque de mettre la bécane par terre parce que j'oublie de sortir la latérale avant de descendre. Qu'est-ce que j'ai foutu des clefs ? Ah ! Dans ma main. OK. Casque et gants rangés... c'est bon. Au boulot.

Pfff... vivement la sieste.

Plus d'infos sur les kroniks

Commentaires

l'haricot

On est tous pareil sur la route quand on commence en fin de nuit. Dire qu'il suffirait de mettre le réveil 5 mns plus tôt ! Les êtres humains sont des grosses larves en fait... ;)

20-02-2018 09:30 
Bronco

Ou quand on termine. Les 4 points en moins étaient bien réels après avoir glissé un feu pour piétons à 2h du mat' après un train en retard de 7h (un petit bisou au passage à la SNCF).

Quand les deux jeunes perdreaux qui surveillaient le piège m'ont affirmé qu'ils s'étaient mis en danger pour me rattraper, je n'étais que lassitude...

20-02-2018 11:00 
 

Connectez-vous pour réagirOu inscrivez-vous

24h