Codakrome Printemps
Il est temps de re-visiter mes itinéraires de balade habituels
Enfin ! Le premier moucheron s'écrase sur ma visière. Le premier de l'année. Il est temps de re-visiter mes itinéraires de balade habituels.
Le thermomètre à l'extérieur triche un peu : le double vitrage rayonne de l'infrarouge, il ne fait certainement pas 18° dehors. Mais qu'importe. Je déboutonne la doublure polaire. Marre d'être engoncé dans le blouson. Il est aussi temps de remettre mes lunettes de soleil dans le vide-poche droit où elles passent d'ordinaire l'été -ah, quand je reviendrai à la moto, je vais regretter tout ça.
Un coup d'air dans les pneus, presque rien ; je retire un sentiment durable de satisfaction de m'être un peu occupé de ma bécane. Un coup de chiffon sur les rétros. Je rincerai le bloc moteur en rentrant : il a pris cher ces derniers jours avec le retour du gel et le salage des routes.
Je décide d'être très optimiste et je laisse même au placard les gants d'hiver. Je ne pense pas m'éloigner trop et je ferai demi-tour dès que j'en aurai assez. Il faut en profiter : le nombre de mes sorties d'hiver restantes sur une moto est compté. Une quinzaine ? Une vingtaine ?
L'air avec cette limpidité particulière du printemps. Le soleil aveugle un peu. Ma moto est vraiment sale : maintenant, je remarque les traînées grises sur le carénage, le sable collé au moteur, la poussière accumulée sous les retours de la selle. Oui, tout à l'heure je lui donnerai un coup de propre. Juste par principe : demain il pleut.
La bécane est restée au soleil toute la matinée. La selle est plus souple, la poignée de gaz moins dure. Les plastiques craquent moins. Je sens la direction plus légère. Le moteur démarre mieux dans l'air plus chaud, le ralenti se stabilise plus vite. Tout est plus moelleux. Le bitume est propre, lessivé par les pluies d'avant-hier.
Mais il fait encore frais, alors je cherche le soleil dans les avenues, à l'arrêt aux feux. Un peu plus près ou un peu plus loin du passage piéton ; de toute façon il n'y a presque pas de circulation : tout le monde est à table à cette heure. Tiens ? Une MT-07 en maraude. Je lui fais coucou, mais il ne m'a pas vu.
Je me réjouis à l'idée de faire la même balade dans trois semaines après avoir fait la révision de printemps et pris le temps de mettre du gras un peu partout ; sur les pivots de leviers, dans les gaines de câbles et même sur certains plastiques que je sais grincer. Je goûterai alors à une balade encore douce et confortable.
Mais aujourd'hui je vais sortir au plus vite et rejoindre les routes tournicotantes du bord du plateau et les parcourir d'est en ouest avant de revenir par la forêt. Ce n'est pas une très longue balade : 35 kilomètres environ. C'est cependant suffisant pour une première sortie le nez au vent, juste pour le plaisir de rouler. C'est aussi l'avantage de se déplacer seul : le rythme importe peu, seul compte le ressenti. "Aller en soi-même et ne rencontrer personne pendant des heures (...)" comme écrit Rilke.
Il y a peu de monde sur la route. Je fais signe à une Fiesta blanche de me dépasser dans un bout droit : son chauffeur me remercie d'un geste de la main. Je reste à mi-poignée, pour profiter de la rondeur du mono sur seulement quelques degrés de rotation de la poignée de gaz. Je pousse doucement sur le guidon. Le soleil chauffe sous le blouson.
Je suis heureux.
Commentaires
tout pareil!
27-03-2018 07:47seul bémol le changement d'horaire qui nous remet dans la nuit le matin et reporte à plus tard le kif de rouler à l'aube lorsque tout s'éveille.
merci pour cette Kronik!
Ah qu'elle fait du bien cette Kronig, qu'elle me rappelle de bons souvenirs .
27-03-2018 09:44... par contre, je suis désolé de te l'apprendre (attention c'est un scoop), la Kodakrome, c'est bel et bien fini
Tout pareil!
27-03-2018 11:37Je voulais mettre une photo, mais mon hébergeur bugue