Boite noire et radars : pas de répit pour la répression

Les 4.200 radars automatiques remplacés par des radars tronçons et discriminants

F. Péchenard : les boites noires ne seront "pas des mouchards pour les contrôles"

Aujourd'hui se tenaient les 20ème rencontres parlementaires de la Sécurité Routière à Paris. L'occasion pour les différents acteurs de la sécurité routière de faire le point sur la politique actuelle et les actions de sensibilisation menées.

Présidée par Armand Jung, le président du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) et Hervé Mariton, président du groupe d'études parlementaires "Route et sécurité routière", cette journée réunissait également Frédéric Péchenard, Délégué interministériel à la sécurité routière (DISR), ainsi que de nombreux intervenant d'associations de défense des usagers comme Eric Thiollier, Président de la Fédération Française des Motards en Colère.

Alors que le climat semblait s'être apaisé depuis le début de l'année après les retraits du contrôle technique moto ainsi que des brassards et éthylotests obligatoires, le dernier CNSR a relancé les hostilités en vue d'atteindre l'objectif de moins de 2.000 morts par an confirmé par Manuel Valls pour l'horizon 2020.

Armand Jung, député du Bas-Rhin, président du Conseil National de la Sécurité Routière :

Nous avons une dynamique qui s'est mise en route avec l'objectif d'arriver avant la fin de la décennie à être sous les 2000 morts sur les routes. Vous le savez, au jour d'aujourd'hui et malgré les baisses importantes, nous n'y arriverons pas.

Modernisation des radars automatiques et mobiles

Frédéric Péchenard, Délégué interministériel à la sécurité routière :

Parmi les tués, les jeunes (18 - 24 ans) et les usagers de deux-roues motorisés restent les publics envers lesquels nous devons avoir une action forte et prioritaire [...] nous allons lutter contre les principaux facteurs d'accidents. L'alcool, tout d'abord. Et la vitesse, j'avais envie de dire d'abord la vitesse, la vitesse surtout !

C'est après avoir rappelé que le nombre de tués sur les routes était passé de 18.000 morts en 1972 à 3.653 en 2012 alors que le trafic a été multiplié par 3 que le DISR a tenu ce discours. Des paroles qui ne laissent que peut de place au doute quant à l'évolution des contrôles liés à la vitesse.

Par ailleurs, ce dernier a indiqué que les 4.200 radars automatiques seraient progressivement remplacés par des radars tronçons et des radars discriminants mais que leur nombre n'évoluerait pas. Il a également confirmé le déploiement des nouveaux radars mobiles embarqués dont une centaine entrera en fonction d'ici la fin de l'année pour atteindre le nombre de 300 dispositifs dans les 3 ans.

Les boites noires ? C'est pour bientôt !

Ce qui est en revanche nouveau et qui avait été annoncé lors du dernier CNSR c'est l'utilisation complémentaire "d'enregistreurs de données de la route", comprenez là des boites noires, permettant d'obtenir des informations supplémentaires lors d'accidents comme par exemple la vitesse à laquelle roulaient les véhicules incriminés.

Frédéric Péchenard :

Contre la vitesse nous souhaitons aller plus loin. Le Ministre de l'Intérieur nous a demandé d'engager une réflexion sur un enregistreur de données de la route. Ce système permettrait d'avoir une meilleure connaissance de l'accidentalité, de savoir à quelle heure cela c'est passé et à quelle vitesse est intervenu l'accident.

Il ne s'agit pas d'en faire un mouchard que les forces de l'ordre pourraient contrôler mais d'avoir un enregistrement des 30 dernières secondes avant l'accident.

Le Ministre a été plus loin et indiqué que si nous ne passions pas sous les 2000 morts, il engagerait les discussions autour de l'abaissement des vitesses maximales autorisés.

L'objectif avoué est ici de collecter davantage d'informations mais également d'alourdir les sanctions en cas d'accident ou au contraire de partager les responsabilités compte tenu des conditions révélées par l'enregistreur.

On garde le cap

Quoi qu'il en soit, l'actuelle politique de répression de la vitesse n'est pas prête de changer et devrait bientôt s'accompagner d'un dispositif supplémentaire malgré les réticences des usagers. Une situation qui contraste avec le discours d'introduction du président du CNSR.

Armand Jung :

Nous avons voulu réconcilier les français avec la sécurité routière parce que nous ne croyons pas aux mesures imposées. Nous croyons aux débats comme aujourd'hui et de convaincre plutôt que de faire tomber des décisions par décret ou par circulaire.

Plus d'infos sur les mesures de sécurité routière

• Site : www.securite-routiere.gouv.fr
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