Mise en route de la moto après restauration
Remplissage du liquide de refroidissement, batterie, vérification niveaux huile
Saga restauration de la sportive Kawasaki ZX6R 636 modèle 2002 : 27ème épisode
La ZX6-R 636 est complète et tout est en place ! Enfin ! Je dois la sortir aujourd'hui du garage participatif, ayant épuisé mon crédit hébergement. C'est l'occasion de remettre la moto en route ! Il n'y a plus qu'à. Tout le monde présent m'accompagne à la sortie du garage. Je pousse avec un pincement au cœur. Finie, l'aventure La Forge, je quitte le nid. Vraiment ? Vais-je enfin pouvoir rouler ?
Tout va bien, j'ai tout vérifié 20 fois, tout révisé, tout checké...Pourtant un doute plane.
Déjà que le radiateur d'origine avait explosé sur le parquet du garage lors d'un déplacement hasardeux, déjà que le radiateur commandé en express (48h !) m'était arrivé façon Tour de Pise (penché au point de nuire au montage), je doute de la suite. La loi des séries oblige. Le remplissage du liquide de refroidissement est l'ultime étape avant la remise en route de la moto. Une étape cruciale, s'il en est.
C'est d'autant plus stressant que le liquide de refroidissement représente à lui seul un sacré budget. J'ai pris 4 bidons de 1L à près de 8 € le litre. Je pense aux fuites potentielles, aux erreurs de branchement de durite, à un moteur qui fume, qui tousse, qui crache, bref, la mise en eau me flippe totalement.
En théorie, c'est la première fois que je vais entendre tourner le moteur après 2 mois de travail. Enfin s'il tourne. Je n'ai pas remonté complètement le flanc de carénage droit pour accéder plus facilement au col du radiateur. L'entonnoir en place, je verse, je verse, je verse... Tout se passe bien. Pour l'instant. Pas de fuite, pas de problème particulier. Le stress monte d'un cran. Je rase le col façon mousse d'adieu au Comptoir de la Chance, remets en place le bouchon du radiateur avec fébrilité et m'assure de son serrage parfait ou 4 fois tel un toqué. Ce serait couillon qu'il s'envole sous la pression à venir.
Je passe au remplissage du vase d’expansion. RAS. Je revisse le carénage en pensant qu'il s'est déjà fait la malle une fois sur cette moto. Je sais pourquoi : un filetage était biaisé (avec un "i", oui), empêchant la vis principale, essentielle pour le tenir en place, d'officier en paix. J'ai remédié au problème et tout va bien à présent. Du moins je crois.
Batterie neuve, mise en contact et la moto démarre
Contact. La batterie, toute neuve est chargée à bloc, fait craquer le moteur. Enfin dans mes rêves. Un coup de starter, quelques coups de gaz avant de commencer et surtout, j'ouvre le robinet d'essence. Quelques lancements plus tard, la moto refuse de démarrer. Forcément, je débraye, vieux réflexe de suzukiste et surtout idée selon laquelle je soulage le moteur. Sauf que là, ça fait coupe circuit. Je le réalise au moment où Cyril, le patron du garage, parvient à la faire craquer (sans embrayer, donc). Pardon ? On verra ça plus tard. Elle chante enfin, ma Kasatafiore (avec un K comme dans Kawasaki). Mais elle chante juste ! Je la laisse chauffer, histoire de contrôler le bon déclenchement du ventilateur. à 108°, victoire ! J'éteins, je refais les niveaux. Émotion intense que je ne goûte qu'en partie. J'enfile le casque, je redémarre et je pars. Je vérifierai le niveau de liquide de refroidissement plus tard, je dois partir urgemment et reprendre le boulot.
Émotion intense? Chaque mètre parcouru est une victoire en soi. Je suis tellement attentif à tout que j'ai l'impression qu'à la moindre accélération, le 636 arrache, vif et nerveux. Je fête les 100 premiers mètres avec un sourire, les 200 suivants avec un Yesss sonore dans le casque. les 300 derniers, une petite larme coulerait presque. Ah, non, ce n'est pas une larme. Je commence à suer à grosses gouttes : le témoin d'huile vient de s'allumer.... Je stoppe immédiatement et pousse la moto sur les 500 derniers mètres, jusqu'à son stationnement à venir. V'la le vainqueur. Oh rage, oh désespoir, n'ai-je donc si peu roulé que pour vivre une telle infamie ? Qu'ai-je donc merdé ?
Je pose la moto à Boulogne Billancourt. Mais qu'est-ce qui s'est donc passé ? Je tente de redémarrer. Elle y va de bon cœur, mais un petit couinement se fait entendre. J'arrête immédiatement. Je vérifie le niveau d'huile, tout va bien. Le niveau de liquide de refroidissement, tout est OK. Elle n'a d'ailleurs pas chauffé outre mesure. Un bon point. Mais qu'est-ce qu'elle a ? Je la laisse ici, la mort dans l'âme et de nombreuses questions... à poser à qui de droit. Objet inanimé, as-tu une âme ?
Engrener la pompe à huile et remplir le filtre
J'opte pour un manque de lubrification quelque part, mais sans gravité. La réponse une semaine plus tard, après une conversation avec Fred de chez Accessoirement. Je suis déjà revenu voir la moto, mais tant que je ne serais sûr de rien, je n'y toucherai pas. Bon point, elle roule. Mauvais point, pas longtemps. On recommence ? Fred me dit que sur certaines motos, il faut engrener la pompe à huile et remplir le filtre pour que la lubrification se fasse après un changement de filtre à huile. Dingue, ce n'était pas marqué dans la Revue Moto Technique !! Surtout, j'ai déjà réalisé des vidanges et jamais n'avais eu vent de cette méthode. N'ayant rien à perdre, je teste.
Démontage sur place du filtre à huile. Il est quasiment vide. Je le remplis de la même huile que celle ayant servi pour la vidange. De la Motul 5100 10W40. Je revisse après cette rasade, sans une goutte par terre, mais avec une goutte de sueur qui file le long de la tempe. Façon salaire de la peur. Un salaire qui est passé dans la restauration de la moto, pour tout dire. Sauf que là, moi, j'ai envie que ça saute, que ça explose dans le moteur. Je suis sûr qu'il n'y a pas de dégât. J'ai envie d'y croire. Déjà, j'ai huilé les soupapes et les éléments internes devant être lubrifiés, y compris les arbres à came et surtout, j'ai mis la bonne quantité d'huile dans le moteur, preuve qu'il dispose d'une bonne réserve. La pompe fonctionne et surtout j'ai très peu roulé depuis la remise en route. Il est donc là, ce précieux liquide, mais ne circulait pas comme il faut ? L'opération effectuée, je lance le cérémonial. Robinet sur On, starter un tout petit peu mis, un coup de gaz ou deux histoire de remplir les carbus, puis une pression sur le démarreur (sans débrayer !).
Ça y est, elle tourne ! Sans un voyant moteur, sans un bruit suspect, sans une fumée, sans problème... Elle tourne déjà admirablement bien, sur ses 4 cylindres. Le ralenti est régulier, tout comme les pulsations . Il n'y aura plus qu'à la régler comme il faut, la chouchouter comme il se doit. Une synchronisation carburateur est essentielle.
Je vais pouvoir finaliser la partie esthétique. Le carénage blanc est superbe mais une petite déco serait la bienvenue ! A suivre !
Plus d'infos sur la restauration
- Lire l'épisode 1 avec la présentation du projet et de la Saga Restauration
- Consulter l'annuaire Restauration
Commentaires
Découverte pour moi aussi cette histoire de filtre à huile. Le seul filtre que je remplis lorsque je le change c'est le filtre à carburant. Dans l'absolu je pourrai faire pour l'huile comme je fait pour le carburant, le filtre se remplira plus vite...
26-06-2020 14:23étonnant cette histoire de filtre à huile à "remplir".
27-06-2020 08:55mais elle tourne, c'est bon ça
tom4
Félicitations, ce n'était pas gagné.
27-06-2020 09:29Quel coût et combien de temps pour ce joli résultat?
Sur les véhicules à injection, diesel ou essence ne remplissez jamais le filtre a carburant au montage vous risquez de polluer le circuit en cas d'adjonction de carburant non filtré.
Pour le filtre a huile effectivement c'est une bonne méthode afin d'avoir rapidement la circulation d'huile dans le moteur, mais il faut être sûr de la propreté de l'huile, mais comme elle sort du bidon, pas de problème....
Je fais cela depuis des années sans souci. 27-06-2020 11:48
@ WHITEGOLD... En principe, on rempli toujours dans le sans de filtration. Ce qui est le cas pour le filtre à huile à cartouche, par exemple.
27-06-2020 12:43L'orifice par lequel on repli la cartouche est l'orifice par lequel passe l'huile chargée de particules qui sont filtrées ensuite par le papier se trouvant dans la cartouche, avant de retourner au moteur pour lubrification.
L'huile étant neuve, en cas de vidange et de remplacement de cartouche, l'intérêt de remplir au préalable celle-ci, et juste pour réduire le temps de remise en charge du circuit de lubrification.
Moi, perso, il m'est arrivé de le faire sur mon BMW R12S, ce qui a pour effet d'accélérer la mise en pression d'huile, alors que la machine est sur sa béquille latérale... Mais, de toute manière, même sans le faire, les parties en mouvement sont lubrifiées par l'huile restée accrochée aux parois métalliques, notamment des cylindres, pourtant à plat, et même si le démarrage est un peu bruyant, au départ, la pression se faisant, tout rentre dans l'ordre en quelques secondes.
Bon, le problème serait plus grave, si la moto restait longtemps sans tourner, car l'huile finirait par ne plus rester en contact avec le métal, mais, sur une journée ou deux... pas de quoi s'en inquiéter.
Pis, lorsque les mécanos, notamment auto, vérifient qu'un moteur est "tournant", pour une restauration de véhicule, il n'a pas été forcément lubrifié auparavant.
Tant mieux, mais fais gaffe surtout pour les véhicules à injection haute pression où les jeux de fonctionnement sont très faibles, en moto ce n'est pas vraiment le cas. Mais il faut être certain que le carburant soit vraiment limpide.
27-06-2020 12:47