Essai Triumph Sprint ST 955i
Sport-GT au long cours
La
Sprint ST fait partie de ces routières dotées d'un zeste
de sportive, permettant de cumuler les longs trajets avec des sensations
au jour le jour. Et par rapport à la concurrence plutôt située
autour des 750 cm3, Triumph propose une 955 cm3 pourvue du fameux trois
pattes, riche en caractère. Essai sur quatre jours et 1400 kilomètres
à travers l'Auvergne.
Découverte
Dans sa livrée grise, la Sprint ST est particulièrement
sobre. On est tout de suite frappé par la longueur apparente de
la moto. Le
monobras est superbe et met en valeur des roues aux batons courbés
du plus bel effet. On est ensuite "hypnotisé" par les
deux yeux en amandes surmontés d'un troisième oeil, un peu
comme la Suzuki GSX-F. La bulle apparaît large et le carénage
englobant, laissant percer d'immenses ouies. L'ensemble est valorisant
et pourrait laisser suggérer une plus grosse cylindrée,
s'il n'y avait un 955 discret apposé sur l'arrière.
En selle
Assis, les pieds touchent facilement terre pour le pilote standard de 1,70m. Le buste tombe vers l'avant pour s'emparer des demi-guidons mais n'est pas aussi extrême que sur une sportive.
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Sous les yeux, un compteur gradué jusqu'à 280 km/h, un compte-tours avec une zone rouge à 12.000 tr/mn, une jauge à essence, la température d'huile, surmonté des témoins de point mort, d'injection, d'huile, passage en réserve, clignotants et plein phare. Presque caché dans le coin droit, l'horloge digitale. C'est d'ailleurs le seul élément digital sur la moto. Mais sinon, tout y est et très clair. On regrettera simplement le trip unique.
Les rétroviseurs rectangulaires se règlent facilement et offrent un large champ de vision.
Basse, elle s'enjambe particulièrement facilement pour le passager; c'est d'ailleurs sans doute l'une des plus basse pour le passager. Au jour le jour, la passagère apprécie particulièrement.
Contact
Le trois pattes s'éveille dans un feulement sourd, discret et rassurant.
Embrayage,
démarrage... La moto apparaît un peu lourde ou plutôt
les demi-guidons gênent un peu pour la prise en mains. Les pieds
se retrouvent particulièrement relevés vers le haut, et
l'on a l'impression d'être sur un cheval. Le buste se trouve légèrement
penché en avant, sans cependant amener à une position en
appui sur les poignets comme une sportive. Les genoux collent au réservoir
galbé.
On retrouve les sensations du trois pattes, déjà vécues sur la Speed triple ou la Daytona 955 : un couple présent dès les 3.000 tours, un moteur vivant quel que soit les régimes, idéalement situé entre la traction d'un twin et l'allonge d'une quatre cylindres. Le son, semblable à une turbine, accompagne en permanence les mouvements du poignet droit.
La première se révèle très longue, comme la seconde d'ailleurs. Sans faire hurler le moteur, il est possible de rester en ville sur les deux premiers rapports en ayant déjà dépassé les vitesses autorisées. Les démarrages sont alors vigoureux et la poussée continue.
Ville
Et
bien çà part dès les trois mille tours, avec des
poussées bien franches... tellement franches d'ailleurs que l'on
se retrouve facilement à 80 km/h sans avoir rien vu venir. Le moteur
ne rugit à aucun moment et fait complètement oublier la
vitesse. Les premiers kilomètres se feront dans les bouchons parisiens
et mettent à rude épreuve le poignet gauche : l'embrayage
est dur, très dur, et c'est une véritable séance
de musculation du poignet que de circuler en ville. Et pour peu qu'il
fasse un peu chaud, le moteur chauffe très vite... chaleur que
vous sentez aussitôt sous le genou droit accolé au cadre
et sous les fesses. Bref, elle n'aime pas vraiment les bas régimes
et les embouteillages du mois de juin.
Autoroute
Sortie de Paris, direction Clermont-Ferrand, la Sprint ST s'élance comme un coureur de fond pour les longs kilomètres. A 3000 tr/min, elle ronronne à 90 km/h et à 5.000 tr/mn titille les 140 km/h. A cette vitesse, on ne sent pas le vent... au pire l'entend-on sensiblement. Et la moto continue à grimper dans les tours... A 160 km/h, elle n'est qu'à 5700 tr/min, très loin de la zone rouge située à 9500 tr/mn. Le compteur propose un réaliste 280 km/h. En fait, avec la bulle d'origine, très large et englobante, il est possible de rouler tranquillement, buste relevé, à 160-170 km/h sans du tout souffrir du vent, que ce soit en solo ou en duo. Au-delà, alors que le permis est déjà perdu pour quelques années, vous pourrez vous abriter derrière la bulle.
Départementales
De retour sur départementales, la Sprint trouve relativement facilement ses marques sans avoir la vivacité d'un roadster. En duo, elle sera même un peu lourde à mettre sur l'angle. Autant certaines motos se conduisent même avec une mauvaise position, du type bras légèrement tendus, la Sprint oblige à avoir les bras très bien fléchis. Bref, elle donne des cours.
Si elle n'aime pas être sous les 2500 tr/mn sur les hauts rapports, elle commence à répondre à partir des 3000 tr/mn.
Confort
La selle, longue et rembourrée, se révèle très confortable, pour le pilote comme pour le passager. Réglée d'origine un peu sèche, la moto ne saute jamais, même sur revêtement déformé. Si le passager est comme d'habitude moins bien lotis, il est toutefois possible de faire des étapes de 200 km/h.
Freinage
Le freinage est parfaitement homogène avec la machine. L'arrière est très difficile à bloquer sur sec. L'avant se révèle ferme et demande de la vigueur pour être mordant. Au final, on n'est jamais surpris tout en ayant un excellent freinage.
Route de nuit
C'est sans doute le point faible de la moto. Certes il est possible de rouler de nuit, mais alors à allure très réduite, et même en plein phare, le résultat n'est pas vraiment convainquant. L'origine en est du à l'utilisation d'un seul phare sur les deux, ceux-ci mériteraient à être couplés avec un relais pour éclairer ensemble.
Pratique
La
selle s'ouvre pour découvrir une trousse à outil et de quoi
placer un antivol, même long et large de type France Antivol, l'arrière
étant percé pour laisser le passage.
La poigné passager est centrale. Elle laisse de la place pour bien s'accrocher.
Le large réservoir est malheureusement en plastique, malgré son aspect extérieur. Vous oublierez donc la sacoche magnétique pour un tapis adapté.
En fait, l'idéal est de choisir les valises spécifiques Triumph, qui s'intègrent particulièrement bien à la ligne de la moto, sans la surcharger. Cerise sur le gâteau, il est possible d'avoir la même clef pour toutes les serrures :) Dommage simplement, qu'elles ne soient pas comprises dès le départ, tellement leur installation semblent une évidence pour une moto parfaite pour les longs trajets.
Petit truc : il semblerait que la suppression de la cale dans la poignée d'accélération associée à un réétalonnage du calculateur d'injection à sa valeur d'origine permettent de donner un peu plus de verve à la ST.
Consommation
Avec
six litres au cent en moyenne, l'injection fait encore ici des miracles.
La Sprint ST peut donc tranquillement enchaîner 300 kilomètres
pour de longues traversées et confirme sa réputation de
GT, avec un passage en réserve aux environs de 280 km. Elle commencera
à consommer davantage à partir de 170 km/h, cap où
elle passe les 7 litres/cent. Elle grimpera à 9 litres au-delà
des 200 km/h de moyenne. Mais même en utilisation musclée
au sein des cols et des routes viroleuses, elle restera autour des 7,5
litres au cent.
Il faudra simplement peu se fier à la jauge qui reste calée au maxi les premiers cent kilomètres pour tomber à la moitié brutalement vers 150 km, pour atteindre la zone rouge dès les 220 km... alors que le témoin de passage en réserve ne s'allume qu'à 280 km.
Conclusion
Après
cinq jours, j'ai appris à la connaître. Confortable, valorisante,
la Sprint ST est la moto avec laquelle il fait bon partir loin. C'est
une GT. Et cependant, si l'on veut avoir des sensations en accélérations,
elle a toujours du répondant et offre une plage d'utilisation large
qui pourrait être répartie à 70% en GT et 30% en sport.
C'est clairement une moto qui s'apprend mais que l'on apprécie
sur la distance et la durée.
Points forts
- moteur vivant ayant du caractère
- confort solo et duo
- consommation
Points faibles
- commandes dures
- éclairage de nuit
Point de vue d'utilisateurs
Laurent
"Du tonnerre, ZERO problèmes en 7500 kms...l'injection couplé au trois pattes coupleux, le monobras oscillant, le carénage, le freinage... bref une machine vivante avec une tenue de cap sans faille."
Concurrentes : Aprilia Futura, Ducati ST2, Ducati ST4 S, Honda VFR, Suzuki GSX-F 750
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