Essai Suzuki GSX 1200 Inazuma
LInazuma fait partie de la famille des « Bandits » grâce à son moteur, qui nest autre que le bloc de la 1200 Bandit. Sortie mi-99, cette machine a tout pour séduire.
Le moteur a
subi quelques modifications propres à favoriser le caractère à bas régime. Pour être
précis, larbre à cames déchappement adopte une levée de soupapes de 7mm
contre 8mm sur la Bandit, la rampe de carburateurs est passée à 32mm (36 sur la Bandit),
et ladmission à été fortement revue avec un nouveau boîtier de filtre à air et
des pipes dadmission plus courtes. A noter également lapparition dune
pompe à essence, chose surprenante vu la position des carburateurs par rapport au
réservoir. La pompe à huile est également nouvelle avec un débit augmenté pour
optimiser le refroidissement malgré un radiateur plus petit.
Les chiffres annoncés sont évocateurs : 98 cv à 8500 tr/mn - 9,8 daNm à
4500
tr/mn. Vous lavez compris, le moteur de la GSX nest pas bridé. Les
ingénieurs de Suzuki se sont efforcés de « remplir le moteur » à bas régime plutôt
que de favoriser la puissance dans les tours. La transmission est identique à celle de sa
grande sur, la Bandit (même rapports et démultiplication).
Look Prise en main
Premier contact : La 1200 GSX rappelle une certaine 1100 Zephyr (Kawa) dans ses formes. Un soin particulier à été apporté dans les courbes harmonieuses et lutilisation des chromes qui confèrent à cette machine une élégance mélangée avec un soupçon de bestialité. Le gros bloc moteur issu de la GSX-R impose par sa taille, et attire le regard grâce à ses carters polis. Les ailettes de la culasse ont été brossées pour ajouter une touche brillante à cette masse imposante. Attention ! Lexposition du moteur en cas de chute est très importante. Il est donc fortement conseillé de monter des protège-carters pour éviter tout incident fâcheux. Le cadre est un classique double berceau en tubes dacier, avec un bras oscillant en alu.
Si on sattarde sur léquipement, quelques surprises nous attendent. Les yeux sont tout d'abord attirés par les étriers de freins AV qui ne sont autres que des Brembo série Or. Ensuite les combinés amortisseurs à bombonne séparée Showa, puis les jantes et pneus dignes dune sportive, enfin léchappement 4/1 Surprenant sur une moto à vocation « basique ». En fait, ce gros roadster aux lignes rétro est une vraie moto moderne, avec un niveau déquipement à faire pâlir la concurrence.
En route pour un essai
La selle de la GSX est accueillante, large et confortable. Le gabarit de la machine est très raisonnable pour une 1200 et un pilote de petit gabarit ne sera pas handicapé grâce à une hauteur de selle de 795mm. La position de conduite est droite et lergonomie des commandes est parfaite. Le moteur démarre et a un peu de mal à se stabiliser à froid. Cest normal, cest un moteur refroidi par air (malgré lhuile qui évacue pas mal de calories). Après quelques minutes de chauffage, tout rentre dans lordre. Les premiers tours de roues surprennent... Le gros roadster se manie comme un vélo, avec une facilité déconcertante. La précision du train avant combinée avec la douceur des commandes propres aux Bandits font de la GSX une machine très agréable en ville. La masse de lengin (210 kg à vide), très raisonnable pour un roadster, se fait oublier dès les premiers mètres. Le moteur, quant à lui, donne limpression dune bête prête à se déchaîner à la première sollicitation, sans brutalité, mais avec une présence qui rappelle que lon est bien sur une 1200. Dès 2000 tr/mn, ça tracte fort, et il faut être prudent sur route glissante car une dérobade de larrière est vite arrivée. Heureusement, le châssis, très sain, permet de se sortir de situations délicates sans encombre. On se prend même au jeu de provoquer des petites glissades pour le fun (ça impressionne le quidam et procure toujours de bonnes sensations ;-))
Une fois sorti de la ville, on peut laisser la quincaillerie se dégourdir un peu : la montée en régime est franche jusquau régime de couple maxi (vers 4000 tr), puis ça tire très fort sur les bras jusquà 8-9000 tr. Inutile daller au-delà, ce moteur est plus à laise dans les moyens régimes quà 10000 tr. Un super moteur, riche en sensations, plein partout, enfin, léloge de ce bloc nest plus à faire.
Le plus surprenant vient de la partie cycle, dont le comportement est exemplaire. La stabilité, et la précision de cette machine, le freinage progressif et puissant sont inattendus sur une « basique ». On se prend vite au jeu et les virages senchaînent à une allure soutenue. A 200 km/h, la GSX reste stable sans aucun louvoiement, et mis à part labsence totale de protection, qui limite vite les ardeurs, on a tendance à se laisser aller à rouler aussi vite que nos ministres (nest-ce pas M. Gayssot ?; bon OK, plus de réflexion sur la politique). Le freinage est un régal. Seul larrière manque un peu de mordant, et il faut appuyer fermement sur la pédale pour avoir de lefficacité, mais les Brembo remplissent leur rôle à merveille. La machine se balance sur langle avec une facilité que je navais jamais rencontrée sur une 1200, et reste stable sur route de bonne qualité. On prend une position naturelle ramassée sur lavant et on fait corps avec lengin, un vrai régal. Sur chaussée déformée, les suspensions sont un peu mises à mal, sans toutefois devenir malsaines, mais appellent à la prudence.
En duo, les choses se compliquent un peu : il ne faut pas hésiter à durcir les amortisseurs Showa (le réglage est très facile et rapide) sous peine de mouvements de pompage un peu désagréables. La fourche manque aussi dun réglage de précontrainte, mais on nest pas sur une sportive La GSX sait rester confortable pour vous emmener loin avec un(e) passager(e) et quelques bagages (limités). En conduite normale, lautonomie tourne autour de 250 km avant réserve, ce qui est très raisonnable, malgré un réservoir de 18 litres.
Défauts : Et oui, il faut bien quelle en ait quand même Malgré une finition soignée, certains éléments sont fragiles et demandent un entretien rigoureux. Quelques points de corrosion apparaissent sur les platines de repose pieds, le collecteur déchappement, les supports de rétroviseurs. Les rétroviseurs étaient mal montés et se desserraient au dessus de 150. Ce défaut a été rectifié par mon concessionnaire en dévissant les rétros dun tour et en les resserrant (tout simple). Soyons indulgents, le prix de cette machine fait oublier ses petits défauts.
Conclusion
La 1200 GSX est une machine assez méconnue, qui ne rencontre pas un grand succès commercial malgré ses qualités, ce qui en fait une véritable affaire. Proposée en deux couleurs (rouge et bleu) à 51000 Francs, il est fort probable que la carrière de la GSX ne soit pas très longue. Elle ne figure plus sur le site Suzuki France, ceci est peu être du à son positionnement trop proche de la Bandit 1200 N. A savoir : La GSX est aussi disponible en 750. Il est possible de la trouver en promotion dans de nombreuses concessions à moins de 50000 Francs (voir 45000 F), et compte tenu de son niveau déquipement, cest une affaire en or. Si je nen avais pas déjà une, je courrai chez mon concessionnaire favori Peu disponible sur le marché de loccasion, elle décote peu en raison de sa rareté. Cette moto, quand on lessaye, on ladopte et on en devient amoureux très rapidement. Plus on roule avec, plus on lui découvre des qualités. Elle est destinée à une clientèle de motards expérimentés, qui recherchent une belle moto au gros caractère, et aimant se faire plaisir (cest bien pour cela quon roule en bécane non ?) sans dépenser des fortunes. Elle est également accessible à des motards moins expérimentés en raison de sa facilité, à condition de contenir avec prudence la cavalerie.
Si on devait résumer cette moto en un mot : la polyvalence.
Un essai réalisé par Vincent Jumeau
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