Essai BMW R 1200 S
Un essai par Damien Bertrand
Une nouvelle sportive à moteur flat twin est toujours un événement attendu par les amoureux des bicylindres bavarois. Avec ce nouvel oppus, BMW radicalise la désormais ancienne 1100 et ne conserve rien de celle-ci, hormis peut-être le concept des échappements sous la selle, aux sorties superposées. Celui-ci a d'ailleurs un je ne sais quoi d'italien... le son sera-t-il le même?
Découverte
L'anguleux domine le design de la R 1200 S. Carter moteur et monobras sont peints en noir, soulignant d'autant mieux la ligne du carénage. Le cadre en treillis tubulaire participe à l'allègement des formes. Les clignotant avant sont intégrés aux rétroviseurs
Pour le pilote d'1m80 et plus, la 1200 n'est pas très haute. Elle est également étroite et, même à l'arrêt, parait légère. Et c'est vrai, avec 13 kg de moins - 190 kilos à sec - et 20 cv de plus, la R 1200 S change de registre. D'emblée on réalise que le sport est la vocation première de la machine, le transport d'un passager semblant devenir une éventualité : la selle de celui-ci est surélevée, peu rembourée et arbore cyniquement une sangle pour son maintien.
Le guidon propose des bracelets à l'inclinaison plus marquée que sur la R 1100 S.
Les commodos sont fidèles à l'ergonomie de la marque, quant au compteur... les informations dispensées sont étrangement hiérarchisées : le compte tours est petit, le tachymètre décentré et les graduations trop fines, tandis qu'à l'opposé, l'écran à cristaux liquides n'indique lui que les informations complémentaires certes nombreuses : kilométrage, graphique de température moteur, horloge, 2 trip partiel, indication du rapport engagé... L'inclinaison de l'ensemble rend le tout moyennement lisible au premier coup d'oeil.
Mais surtout cet ensemble prend place dans le tête de fourche sans plus d'intégration et côtoie les gaines de fils électrique : la finition pour le moins réduite surprend... le réglage des phares est certes ainsi plus facile.
Les suspensions sport Ohlins (en option) sont fermes mais pas inconfortables. Elles se révèleront parfaites en roulant, filtrant efficacement tous les défauts de la chaussée et apportant une tenue de route exemplaire.
Contact
Le flat s'ébroue dans un bruit de 2 cv survitaminée.. ça cause sport! Autre tradition disparue, le couple de renversement est quasiment absent.
La première passe sans bruit, le feulement s'amplifie et la moto s'élance. Tout de suite, l'inertie moteur parait faible. Le nouveau bloc, bien intégré à l'esthétique, est vif et prend ses tours avec aisance. La direction, bien plus légère que sur sa devancière, donne l'impression de piloter une cylindrée inférieure.
En ville
La R 1200 S est extrêmement facile à emmener en zone urbaine. Sa motorisation particulièrement souple et l'équilibre de sa partie cycle rendent l'exercice aisé. On enroule en 3° dès 40 km/h.
Les rétroviseurs donnent un angle de vue large et net. Le rayon de braquage est par contre un peu juste et les mains risque d'être pincées lors de manoeuvres à l'arrêt.
Départementale
Là se situe le terrain de jeu idéal de la R 1200 S. Dès 3 500 tours on change de musique, le twin gronde et vous propulse avec vigueur sur la trajectoire choisie.
Une série de virages permet tout de suite d'apprécier la précision des trajectoires qu'offre cette machine. La garde au sol est bonne et l'on s'autorise à improviser avec succès là où une R 1100 S demandait plus d'anticipation. Si l'on arrive un peu vite, il suffit de prendre un peu plus d'angle sans même y penser, en utilisant intuitivement les reposes-pieds... et vous flattez en même temps votre égo! Troisième et 4° rapport invitent au sport. Le couple disponible fait merveille et l'échappement vous offre même quelques douces déflagrations au rétrogradage. La boite est très précise, verrouille à chaque rapport, aucun faux point mort. Les reprises très vigoureuses propulsent d'une courbe à l'autre. L'efficacité est fantastique.
Nationale
A 3 500 tours, en 6°, le compteur indique 110 km/h. La bulle protège moyennement les épaules. Les grandes courbent s'avalent avec délice et une sérénité optimale.
Autoroute
La protection au vent est vite mis en défaut... ce n'est pas une GT, on vous l'avait dit.
A 4 500 tours le flat ronronne à 140 km/h. Mais si vous souhaitez alors connaître tout le potentiel de la machine sur voies rapides, tournez donc la poignée et... libérez l'ouragan... car alors vous vous sentez aspiré par le paysage! Arrivé aux abords de la zone rouge à 8.800 tours, vous roulerez alors, en Allemagne, à près de 260 km/h. Les bicylindres à plat BMW ont bien progressé...!
Route de nuit
L'éclairage est bon, le faisceau large et permet de rouler en toute sécurité en feu de croisement.
Freinage
Encore un point d'excellence : le freinage ABS (débrayable) vous permet de tester l'expression «avoir l'impression de rentrer dans un mur» : à la fois puissant et progressif.
Le frein arrière assied comme il faut la moto en virage.
Confort
Pour le pilote, rien à dire... en gardant en tête qu'il s'agit bien d'une sportive; A peine moins bon si on l'imagine GT. Les suspensions réglables en tout sens, et même sans l'optionnel ESA, donnent entière satisfaction.
Duo
Pour le passager, celui-ci doit dire adieu aux poignées et aux repose-pieds gainé de caoutchouc.
Une sangle lui permet de s'accrocher... c'est un moindre mal. Mais pour faire de longs trajets de plus de 100 km, le confort ne sera pas celui de l'ancienne R 1100 S, bien que sa position soit bonne, ce qui est d'autant plus regrettable.
Pneus
Chaussée de Metzeler Z6, la R 1200 S met en confiance pour tout type de pilotage.
Consommation
6 litres au 100 et un réservoir de 17 litres (dont 4 de réserve) ne donne pas l'accès aux grand espaces sans passer par la case station service.
Le passage en réserve est signalé par un témoin lumineux et un décompte kilométrique avant la panne.
Pratique
Pas de place sous la selle, pas de poignée, pas de crochet, le U doit être accroché via un support disponible dans le commerce... la faute à l'orientation sportive, encore.
Révision : Tous les 10 000 kms
Conclusion
La R 1200 S est une sportive à l'efficacité bien réelle. L'ensemble partie cycle/motorisation est impressionnante de qualité. Le nouveau flat twin possède un caractère jubilatoire. La prise en main est intuitive. Par contre, le passager n'est plus à la fête. Le plus gros défaut reste la finition de la tête de fourche : sur ce point, la traque aux kilos est un peu abusive.
Points forts
- moteur (caractère, relance, allonge)
- partie cycle
- maniabilité
- freinage
- boite de vitesse
Points faibles
- finition de la tête de fourche
- duo
Concurrentes :
La fiche technique | Les essais sur le forum Essais Motos
Remerciements à la concession BMW du Chesnay (78150) « Référence » pour la mise à disposition de cette moto.
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