Comparo Piaggio MP3 LT 300 & 400
La famille cannibale
Avec l'arrivée du MP3 300 LT, Piaggio brouille un peu les cartes de sa famille de scooters à trois roues. D'autant que le 300 n'est affiché que 700€ de moins que le 400. Mystère...
C'est sûr, avec le nouveau 300 MP3 LT, Piaggio a fait une croix sur le 250 cm3 qui étageait la famille de ses scooters à trois roues, du 125 cm3 au 400, voire au 500 cm3 à aller chez une autre marque du groupe, Gilera. Comme dans ce marché du scooter, c'est l'Italie qui réalise le plus gros des volumes, c'est aussi l'Italie qui décide. Et le marché italien veut des 300 cm3. Exit donc le 250 affiché à 6,999€.
Passé à 278 cm3 (et 7,299€), le bloc de feu le 250 est promis comme plus moderne, moins polluant, moins vorace en carburant. Il est flanqué du ride by wire, dispositif que l'on retrouve sur les machines de course comme l'Aprilia RSV4, pour rester dans le groupe. Ce boîtier qui relie la commande d'ouverture des gaz de la poignée éponyme se charge de l'ouverture électronique du corps d'injection par papillons. Ça a l'air impressionnant comme ça, mais qu'en est-il du battement d'ailes de ces dispositifs électroniques face aux vénérables battements mécaniques du MP3 400 LT. Une seule solution, les confronter.
20 km/h en plus ou en moins
Visuellement, rien ne les différencie vraiment à part la cylindrée qui s'affiche en chiffres chromés de part et d'autre du tablier, 300 IE ou 400 IE, un drapeau italien contre un symbole de norme européenne de l'autre, sous la selle.
A regarder de plus près, les pots d'échappement sont différents, les blocs compte-tours de 2.000 tours plus généreux pour le 300 et les compteurs gradués jusque 180 km/h pour le 400 et 160 km/h pour le 300. Même le constructeur n'essaiera pas de tricher.
C'est exactement ce qui sépare les deux machines. A l'utilisateur de les mettre dans la balance avec le prix en face. 700€ contre 20 km/h, ça fait 35€ la graduation.
Consommation similaire
Car au chapitre de la consommation, la moyenne de notre essai donnait même un léger avantage au 400 cm3 avec une consommation de 5,4 l/100 km contre à peine plus de 5,5 l/100 km pour le 300. Le 300 a beau être plus moderne et plus léger de 26 kg (227 contre 253 kg données constructeur), la différence de cylindrée est là.
Et pour tenir une cadence de voie rapide, il faut rouler à fond tout le temps avec le 300 quand on est sur la réserve avec le 400. En descente, le 400 accroche un petit 160 compteur quand le 300 s'approche des 140. C'est suffisant en terme de vitesse de pointe pour un scooter. Sauf que cela n'arrive que dans des conditions optimales. Sur route plate, c'est un gros 120 km/h pour le 300 MP3 de notre essai qui n'affichait certes, qu'un millier de kilomètres au compteur. Dès que le relief se faisait sentir, les performances en pâtissaient d'autant. Impérial, le 400, sans grande démonstration, gardait un petit cran dans la poignée pour passer les bosses sans effort. En tout cas sans rendre de sa cadence.
C'est agréable sur routes rapides et c'est aussi rassurant en circulation que de pouvoir s'extraire du flot des voitures sans se sentir vulnérable de son manque de puissance.
Plus léger en poids comme en couple
Loin du vent latéral et des faux plats interminables, le 300 retrouve des couleurs sur le réseau secondaire de la route des templiers. Du côté des Andelys, la vallée de la Seine offre à quelques encablures de Paris un paysage à couper le souffle. Direction les ruines du château Gaillard par la route de la course de côte des Andelys.
Lacets réguliers et serrés révèlent à des vitesses très modestes les qualités dynamiques des deux équipages. A passer de l'un à l'autre, on a tendance à croire le 300 plus léger que le 400, plus facile aussi à balancer d'une courbe à l'autre. Effet placebo ou réalité. Ce qui est sûr, c'est que l'un comme l'autre sont très faciles à emmener. Et tous deux un peu justes en garde au sol sur ce type de terrain de jeu. Si le 400 montre très vite que le couple dont il dispose n'est pas qu'un avantage sur le papier (38 Nm contre 22, 5 au 300 MP3), le 300 cm3 n'est pas pour autant aphone. Parce que plus moderne et par nécessité, le bloc-moteur se montre très volontaire et véloce lorsqu'il s'agit de prendre des tours pour aller chercher un peu de puissance.
S'il n'avait pas à souffrir la comparaison, la prestation serait très honorable. C'est d'ailleurs ce que l'on remarque à démarrer de front. Le 300 fait quasiment jeu égal les premiers mètres avant de rendre la main. Et atteint très vite le cap des 80 km/h. Pas de quoi rougir. Plus gras, le moulin du 400 en donne plus, tout le temps, tout simplement.
Hybride en juillet
A peine sorti, pas question pour Piaggio d'envisager un instant revoir sa copie du côté du 300 MP3. Il voit même plus loin. Le remplaçant du 250 cm3 doit s'enticher de la technologie hybride pour cet été (à quel prix?). Il est prévu que la machine soit présentée en juin à la presse pour une commercialisation dans la foulée, en juillet. Outre les MP3, tous les scooters du groupe passeront de 250 cm3 à 300 cm3 en adoptant ce nouveau bloc-moteur qui rejette moins de CO2 dans l'atmosphère. Cette rationalisation de la production s'accompagne immédiatement d'une production exclusive des 300 MP3 en version LT. Au vu de la demande des primo-acquéreurs et du marché de la revente élargi aux titulaires du permis B, plus question d'encombrer les chaînes d'une production marginale avec une voie réduite de 465 à 420 mm entre les deux roues avant pour les seuls titulaires du permis moto. Il va falloir apprendre à rouler avec une pédale à droite du tablier, celle du freinage couplé indispensable pour passer sous les fourches caudines de l'homologation aux titulaires du permis B.
Conclusion
Pas convaincant par rapport à un 400 cm3 qui propose la même enveloppe mais des performances supérieures pour « seulement » 700€ de plus (7.999€ contre 7.299€), le MP3 300 LT devra trouver son public auprès d'utilisateurs urbains ou péri-urbains qui ne fréquentent qu'occasionnellement les autoroutes des grandes agglomérations. Mais il y a fort à parier que la montée en cylindrée du 250 au 300 va très vite s'accompagner d'une montée en cylindrée du 400 vers les 500 cm3. Le 300 aura alors cannibalisé le 250 et le 400.
Cette dernière évolution ne devrait d'ailleurs pas coûter trop cher puisque le 500 existe déjà chez Gilera. Outre de rétablir un écart significatif en terme de prix et de proposer des performances à la hausse pour la famille des MP3, cela s'appelle simplement du marketing. Il ne reste plus qu'à trouver un nouveau moteur dans la banque d'organes du groupe pour enfoncer le clou du scooter à trois roues et à l'imposer comme une évidence du côté sportif du groupe, Gilera.
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