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Anniversaire : Borie a 70 ans

1946-2016 : 7 décennies au service de Harley-Davidson

Plus de 1700 mètres carrés et un département "rétro"

EnAnniversaire : Borie a 70 ans entrant dans le concession Harley-Davidson Borie à Villiers-sur-Marne, on ne peut qu'être frappé par la taille des lieux, le nombre de machines exposées, la référence omniprésente au passé et à la riche histoire de la marque, avec des machines des années 20 et 30 exposées à l'étage. Il y a de toute évidence tout ce qu'il faut pour satisfaire le plus hardcore des fans de Harley-Davidson. Et pourtant, elle a été longue, la route, pour en arriver là... Flash-back.

Quand en 1946, Pierre Borie devient le premier importateur officiel Harley-Davidson en France, l'homme a déjà un long vécu avec la marque de Milwaukee, dans le Wisconsin ! En effet, la famille Borie fait figure de précurseur en France en acquérant un side-car Harley-Davidson en 1922 et Pierre Borie devient propriétaire d'un monocylindre Harley 350 en 1932.

En 1946, donc, quiconque voulait posséder une Harley-Davidson devait se rendre chez Pierre Borie, au 22 rue Picpus à Paris. Le client d'alors serait peut-être tombé sur le petit garçon de la famille, Michel, qui avait alors 4 ans. En 1949, un an après qu'Harley eut sorti le moteur Panhead, Borie déménage mais reste dans le douzième arrondissement de la capitale, en s'installant au 14 boulevard Soult. Puis revient rue Picpus, cette fois-ci au n°28 en 1952, année où Pierre Borie se rend aux États-Unis pour la première fois.

Le tournant des années 60

PaPierre Borie, premier acteur Harley en Frances simple, les années 60, pour les motocistes : entre le déclin des Anglais et l'arrivée des Japonais, il ne fallait pas se tromper de camp. Borie, pour sa part, reste fidèle à Harley tout en suivant les péripéties de la marque de Milwaukee. Ainsi, quand Harley-Davidson achète l'italien Aermacchi en 1960, Pierre Borie se fait également distributeur de ces machines de petite cylindrée. La même année, il monte une écurie de course et fait courir, avec un certain succès : on note ainsi une 6ème place au Bol d'Or 1969, où la 350 Aermacchi pilotée par Jean-Claude Costeux et Maurice Martine termine à une belle 6ème place, derrière deux Honda CB 750 (dont celle, victorieuse, de Michel Rougerie et Daniel Urdich) et trois Kawasaki 500.

Note un peu hors-sujet, mais pas tant que cela pour les passionnés de moto : que c'est délicieux de se replonger dans le classement de ce Bol d'Or 1969, avec des noms tels que Gérard Jumeaux, 8ème sur Moto Guzzi 750, Charles Krajka, 10ème sur Moto Guzzi 750, Jean-Pierre Frisquet, l'un des premiers journalistes de Moto Journal, 11ème sur une Ducati 250, Thierry Tchernine, 17ème sur une Gus Kuhn 750, Christian Leon, 27ème sur une Ossa 250 ou encore Jean-Claude Olivier, 33ème et dernier sur une Yamaha 250. Et la liste des non-classés est tout aussi savoureuse, avec Eric Offenstadt, Jean-François Baldé, René Guili, Frédéric Tran Duc, François Beau et Christian Bourgeois, parmi bien d'autres anonymes.

Mais revenons à nos Harley et à la famille Borie. En 1962, Michel Borie, désormais adulte, se prépare à entrer dans la lignée en passant ses permis de conduire auto et moto, un an après avoir décroché un bac technique. Quelques années plus tard, en 1968, Michel concevra - et, plus fort, fera homologuer ! - une machine de sa création : ainsi, la "Michel Borie 1000 SP " est une routière équipée d'un moteur 3 cylindres 2-temps refroidi par eau, provenant d'une automobile DKW et installé dans un cadre Norton passablement modifié, accouplé à une boîte de BSA et alimenté par un simple carburateur Solex ! Ayant raté son entrée en école d'ingénieur, Michel Borie multipliera les emplois et les expériences en dehors du monde de la moto, l'entreprise paternelle n'ayant pas les moyens de recruter du personnel : on ne roulait visiblement pas sur l'or en faisant de la Harley à cette époque.

Moto Michel Borie DKW de 1968

Pendant ce temps, Harley-Davidson continue de faire évoluer sa gamme, avec parcimonie : l'Electra Glide à moteur Shovelhead est lancée en 1966, la fameuse Super Glide FX 1200 avec sa coque arrière aéro ou encore le XR 750 de flat track en 1972. Et c'est à l'âge de 66 ans, en 1976, que Pierre Borie confie son entreprise à son fils.

Michel Borie, représentant officiel de Harley-Davidson pour la France

PMichel Borie, reprenneur de l'activité en 1976endant de nombreuses années encore, le monde de la Harley en France est encore limité à un cercle restreint. Borie ne peut compter que sur les fidèles de la marque, l'atelier est toujours exigu et c'est l'entretien plus que la vente qui permet de payer les factures. Les choses, cependant, vont évoluer dans le bon sens, mais là encore, en prenant leur temps. Au tournant des années 80, Harley-Davidson se débarrasse de la tutelle d'AMF, monte une filiale européenne en Allemagne et commence à structurer son réseau. Pour être en accord avec la loi française qui demande à une personne physique d'être la représentante d'une marque étrangère, c'est Michel Borie qui sera le représentant officiel d'Harley-Davidson en 1982, en étant notamment en charge des passages aux Mines et des homologations. Ce n'est pas pour autant que le business décolle, Michel devant même prendre un autre emploi à mi-temps. 1984 est encore une année de vaches maigres, avec 30 Harley-Davidson vendues en France (le $ est particulièrement fort à cette époque), dont 4 par la concession Borie, l'un des neuf points de vente dans l'hexagone. Heureusement, le moteur V2 Evolution est dans les cartons et laisse augurer de jours meilleurs.

Et c'est le cas. La sortie de l'Heritage Softail 1340 en 1987 permet de faire décoller le business. Michel Borie embauche alors sa femme et un mécanicien et s'installe au 9, avenue de Bel Air, devinez-où, toujours dans le 12ème. Avec le Evo, les Harley-Davidson redeviennent à la mode : la presse, les magazine de mode, le show-biz remettent les machines dans la tendance. En 1988, Borie organise son premier ride : une sortie avec des clients !

Willie G. Davidson chez BorieMais Paris et son immobilier cher conduiront l'enseigne à déménager encore une fois, cette fois-ci en 1989, vers Ivry-sur-Seine : cette année là, Borie vend 130 motos et le besoin d'espace est crucial ! Un an plus tard, en 1990, Borie Distribution est la plus grande concession H-D de France. Le Fat Boy est alors un gros succès et continue de doper les ventes. Et la reconnaissance est de mise lorsque Willie G. Davidson vient en personne à Ivry, en 1991, pour les 45 ans de Borie !

In love with Buell

Lors d'une convention Harley, Michel Borie découvre les travaux d'Erik Buell et tombe amoureux de la marque, qu'il importe alors pour la France en 1992. Comme son père 30 ans plus tôt, il lance de nouveau une équipe de course : dès 1993, Borie Racing fera ainsi courir des Buell et des Harley en France (sur la French Harley Cup qui est réservée aux Sportster 883) et Christophe Guyot, voisin de la concession, a même roulé sur ces engins ; Borie fera ainsi rouler des Buell en ProTwin, sans toutefois avoir les moyens de les faire briller car ejn même temps, les Japonais se mettent aussi à faire des twins. La même année, alors que Harley souhaite développer l'esprit communautaire autour de ses machines (le HOG date de 1983), Borie crée le Paris Sud Est Chapter France, le premier du genre en Île-de-France.

Buell Borie RacingEt c'est ainsi que, posée sur des bases solides, la concession Borie continua sa croissance et à fidéliser son noyau de clients. Michel Borie transmet la concession en 2005 à Pascal Courtois, avant de s'éteindre deux ans plus tard, à seulement 65 ans.

Un business toujours en croissance

Harley-Davidson a bien réussi à inverser la spirale du déclin : si la marque de Milwaukee a réussi à vendre 7660 motos en France en 2015 (cela fait de H-D le 7ème importateur en France et de la France le 6ème marché d'exportation pour la marque), la progression connût une belle phase d'accélération avant le début des années 90. Car après les 30 machines vendues en France en 1984, Harley en écoula 130 en 1986, 770 en 1988, 1624 en 1989, 2434 en 1990, un chiffre qui resta relativement stable jusqu'aux 2700 machines vendues en 2000. Depuis 2001, il n'y a plus d'importateur privé de Harley-Davidson en Europe et Borie a donc, comme d'autres concessionnaires, accompagné l'accélération de cette croissance, avec, encore une fois, un nouveau déménagement en 2009, cette fois-ci à Villiers-sur-Marne, dans un espace dédié de 1750 m2.

Et ce n'est pas près de s'arrêter, puisque Borie a un département "vintage" appelé "Rétrobike", chargé de la restauration et de l'entretien des anciennes Harley-Davidson, avec une équipe d'experts capables (il y a chez Borie des mécanos qui ont plus de 25 ans de maison) de retrouver n'importe quelle vieille pièce, d'autant que Borie possède en propre plus de 100 000 € de stock de références mécaniques d'époque. Un patrimoine riche de 114 ans, ça se conserve...

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Bering