Comment remonter les files en deux roues
Vitesse réduite, respect des distances de sécurité, utilisation de la voie de gauche...
Conseils pour une pratique en toute sécurité de cette méthode légalisée - à titre expérimental - en Île-de-France, Rhône, Bouches-du-Rhône et Gironde
En plus d'être une source constamment renouvelée de plaisirs indicibles, la moto est une solution évidente à la mobilité en milieu urbain. Suivant en cela une recommandation du CNSR (Conseil national de sécurité routière), le gouvernement vient donc de lancer au 1er février 2016 une grande campagne d'expérimentation sur la circulation interfiles (par le décret 2015-1750 du 23 décembre 2015) dans quatre zones à forte densité urbaine : l'Île-de-France, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et la Gironde. Les habitants de Sainte-Menehould devront donc attendre encore un peu : en cas de constat positif de cette expérimentation, sa généralisation à l'ensemble du territoire pourrait être prévue à l'horizon 2020. L'expérimentation porte en effet sur une durée de 4 ans, prorogeable un an, sachant qu'un rapport d'évaluation sera émis chaque année.
Des règles claires
Pendant toute la durée de l'expérimentation, les usagers de deux-roues motorisés pourront circuler entre deux files de véhicules qui sont à l'arrêt ou à vitesse ralentie dans une circulation congestionnée et ce sur les routes ou autoroutes à au moins deux voies et séparées par un terre-plein central : cette précision juridique est utile, car elle signifie que la circulation inter-file en centre urbain, comme par le passé, ne fait que bénéficier d'une tolérance.
Qui est concerné : les motards et utilisateurs de scooters à 3 roues dont la largeur est inférieure à un mètre. Le texte exclut donc les quads, les side-cars et les trois roues à voies larges telles que le Can Am Spyder, tandis que le cas du Quadro à quatre roues n'est pas mentionné, sauf par son exclusion de facto si l'on considère que les "quads et autres quadricycles ne sont pas autorisés à adopter cette pratique".
La vitesse est réglementée et le motard en interfile doit notamment ne jamais dépasser les 50 km/heure et circuler obligatoirement entre les deux voies les plus à gauche de la chaussée. Ils auront également le droit d'utiliser leurs feux anti-brouillard pour être mieux vus (rien n'est dit à propos de l'usage des warnings, qui sont pourtant couramment utilisés par les motards). Le décret stipule juste que l'usager doit "signaler son intention" lorsqu'il rentre ou sort de l'interfile.
Cette pratique est également interdite en cas de chaussée recouverte de neige ou de verglas : c'est plein de bon sens. Dépasser une autre moto dans l'interfile est également strictement interdit.
Un comportement adapté
Nous avons déjà abordé le sujet à de nombreuses reprises (notamment avec un article très complet sur la conduite sur le périphérique parisien), aussi cette actualité nous permet de rappeler quelques règles de bon sens qui, lorsque l'on observe le trafic sur le périphérique parisien, ne semblent pas être connues de tous.
Aussi, la survie en territoire hostile passe par un comportement adapté :
- rester sur la bonne file (celle entre les deux voies les plus à gauche),
- respecter des distances de sécurité avec la moto qui vous précède (mais le texte législatif ne mentionne pas quelle doit être cette distance),
- le différentiel de vitesse avec les autres véhicules ne doit jamais être de plus de 20 ou 30 km/h et
- l'éclairage ne doit pas être éblouissant. Ceux qui roulent en plein phare obtiennent l'effet inverse de ce qu'ils recherchent : ils aveuglent les autres automobilistes qui peuvent alors avoir un mouvement de réflexe dangereux.
Bien entendu, instinct de survie, concentration, vigilance et lecture de la route seront vos meilleurs alliés : il faut être attentif à une voiture arrêtée et qui fait légèrement pivoter ses roues, savoir "lire" qu'un conducteur ne vous a pas vu dans ses rétroviseurs ou qu'un autre est au téléphone et a des trajectoires un peu louches. Avoir toujours une position défensive, près à sauter sur les freins, permet de réduire le temps de réaction en cas d'imprévu.
Il faut être également extrêmement vigilant lorsque l'on arrive sur le début du bouchon, là où la dernière voiture de la file peut changer de voie soudainement parce que son conducteur a imaginé qu'il allait pouvoir gagner deux mètres dans l'opération.
Enfin, dans l'interfile, le bitume est souvent dégradé au sortir de l'hiver : attention donc aux rainures, nids-de-poule et autres raccords souvent glissants.
Espérons toutefois que cette pratique désormais encadrée sensibilisera un peu plus les automobilistes : ce qui ne conduit pas à relâcher son attention, car la route est aussi occupée par des vacanciers, des européens et autres gens de passage pas forcément au fait de ces pratiques. Il faut donc redoubler de vigilance pendant les périodes de vacances.
Une pratique étudiée voire réprimée
Pendant la durée de l'expérimentation et avant de prendre la décision d'étendre (ou pas) la pratique à l'ensemble du territoire, l'organisme technique du Ministère des Transports (le CEREMA) va mettre en place des outils de mesure qui permettront de qualifier l'usage de la circulation interfiles. Ainsi, l'emplacement sur la chaussée, la vitesse moyenne ou encore les distances de sécurité devraient être étudiées de près.
Pour les motards, cette expérimentation ne vaut pas blanc-seing. Certes, elle va permettre de ne plus injustement subir le fameux "dépassement par la droite" sanctionné de 135 € et la perte de 3 points que les forces de l'ordre s'amusaient à distribuer les jours de grande forme. Mais restent la "vitesse excessive eu égard aux circonstances" (135 €), le non respect des distances de sécurité (135 € et 3 points), voire l'excès de vitesse mesuré par des jumelles au-dessus d'un pont (de 135 à 1500 € et de 1 à 6 points).
Si elle répond aux attentes des pouvoirs publics, alors son extension sera une bonne nouvelle pour tous les motards français. A nous de tirer tous les bénéfices de cette expérimentation et de ne pas la faire ensuite interdire par nos comportements conduisant à une augmentation de l'accidentologie des deux-roues.
Commentaires
Je crois qu'il est nécessaire de former et d'informer les usagers à cette possibilité de circuler en interfiles.
11-08-2020 14:40Une campagne de prévention devrait avoir été lancée depuis longtemps !
Un comportement adapté :
La vitesse de 50km/h est vraiment une vitesse maximale a ne pas dépasser. Notamment, en cas d'un véhicule qui changerai de file.
Bien suivre les autres 2 roues dans l'interfile...
En fonction de la vitesse, du revètement de la chaussée et de la météo, la distance de sécurité doit ètre suffisament adaptée pour ne pas percuter le 2 roue placé devant pour cause, de freinage urgent ou de collision.
Les moyens de signalisation :
Warning, appel de phare, et klaxon...
Conduire un véhicule révisé et en bon état. Connaître ses capacités, bien observer la chaussée et le comportement des autres véhicules, se signaler, ètre concentré sur la conduite et la sécurité sont des gages de sécurité.
Feux de détresse OK, le reste c'est bien chi.ant pour les autres usagers de la route et à la limite c'est contre-productif et ça pourrait même parfois être dangereux.
Cette expérimentation permet au législateur de poser un cadre légal pour la verbalisation de la circulation en interfile.
S'agissant des verbalisations pour dépassement par la droite elles ne sont possibles que lorsque la circulation n'est pas établie en files ininterrompues (si malgré cela vous êtes verbalisé, ne reconnaissez par l'infraction et trouvez des témoins pour contester la prune à postériori).
S'agissant des distances de sécurités, autant elles sont assez clairement définies entre deux véhicules qui se suivent Lorsque deux véhicules se suivent, le conducteur du second doit maintenir une distance de sécurité suffisante pour pouvoir éviter une collision en cas de ralentissement brusque ou d'arrêt subit du véhicule qui le précède. Cette distance est d'autant plus grande que la vitesse est plus élevée. Elle correspond à la distance parcourue par le véhicule pendant un délai d'au moins deux secondes (art. R412-12 du code de la route) autant elles sont à l'appréciation des mibs (parfois zélés) en latérale alors que le code dit : Pour effectuer le dépassement, le conducteur doit se déporter suffisamment pour ne pas risquer de heurter l'usager qu'il veut dépasser (art R414-4 du code de la route). Donc, dès lors que l'on passe sans heurter le véhicule la verbalisation ne devrait pas être sur le fondement de R414-4. 11-08-2020 14:52
L'article date de 2016 ...
11-08-2020 17:21