Bien mettre sa moto sur la béquille centrale
Tout pour béquiller et débéquiller facilement et éviter que l'épreuve ne tourne au bras de fer
Comme au judo, il faut utiliser la masse de l'adversaire pour ne pas se faire envoyer au tapis
C'est étonnant à quel point les non-motards sont toujours impressionnés par le poids d'une moto. Ma voisine de palier, cette brave Mâme Michu, m'a sorti l'autre jour avec une vraie candeur : "ben dites donc, une moto de 180 kilos, comment vous faites, moi j'arriverais pas à porter un truc pareil".
Outre le fait que cette brave Mâme Michu ne sait pas que 180 kilos pour une moto, c'est plutôt léger, elle semble ne pas être au courant non plus que les 180 kilos en question, on ne les supporte jamais vraiment, sauf à vouloir jouer la crêpe un jour de Chandeleur (pour rappel, la Chandeleur, c'est le 2 février, 40 jours après Noël), ce que le Repaire des motards point com, toute son équipe dévouée et sa flamboyante communauté vous déconseillent dans une fervente unanimité.
En fait, le seul moment où l'on doit se coltiner le poids de la moto, c'est quand on essaie de la mettre sur la béquille centrale. Ou quand on a fini dans le fossé, ce dont on parlera une autre fois.
En tous cas, on ne parlera jamais assez des bienfaits de la béquille centrale : que ce soit pour avoir un stationnement plus stable, pour refaire le plein, pour faire la pression des pneus, pour retendre une chaîne, procéder à quelques opérations de bricolage ou d'entretien sur la machine, ou encore installer des bagages, la béquille centrale est un atout indispensable !
A gauche toute !
Pas de politique ici, mais c'est évidemment du côté gauche de la moto que l'on se place pour commencer le béquillage. Évidemment, ce conseil est une évidence, (mais le grand et regretté Jean d'Ormesson a dit : "méfiez-vous des évidences, elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde et elles changent tout le temps) et cette évidence sera utile aux grands débutants qui observent pour la première fois une moto, avec le même niveau de découverte qu'une poule devant un Rubik's Cube.
Parmi les autres évidences, on mentionnera le fait que la moto doit être préférablement au point mort : même si on peut utiliser l'embrayage, être au point mort facilitera le petit déplacement vers l'arrière de la machine.
Ensuite, on colle bien son corps le long de la moto, pour la caler au niveau du bassin, on déploie la béquille centrale pour que ses deux ergots touchent le sol et c'est là que les choses sérieuses commencent. Evidemment, on privilégie une surface plane, non glissante, sans aspérités (genre des pavés ou une grille d'égoût, qui pourraient vous déstabiliser la moto).
Ho, hisse !
Qu'on le dise clairement : le béquillage, ce n'est pas une question de force, mais de momentum. Comme le disait Jean-Claude Van Damme, il faut libérer l'énergie du tigre qui est en vous et cela s'applique fort bien au béquillage. De la main droite, vous devez agripper un élément solide de la partie arrière de la moto : l'idéal, c'est une poignée de levage (certaines motos telles la Honda Pan European en avaient), mais la poignée de maintien passager, ou au mieux, une petite poignée située sous la selle ou une échancrure dans le cadre, feront très bien l'affaire.
Ensuite, on rentre dans l'action : il faut, au même moment, mettre tout son poids sur la béquille et, simultanément, tirer la moto vers l'arrière, tandis que votre main gauche agrippe solidement le guidon. Pour que les énergies s'alignent, votre corps devra être parallèle à la moto et vous devrez être près d'elle, pas à un mètre d'écart ; votre dos reste droit, tout comme votre tête, qui regarde au loin (regarder au loin facilite le fait d'avoir une position droite). Et souriez : cela ne change rien, mais c'est toujours mieux.
Normalement, elle monte toute seule et se cale sur sa béquille centrale. Malgré tout, certaines motos sont plus faciles que d'autres, car les constructeurs ont mieux calculé l'équilibre global et le point d'ancrage de la béquille sur le cadre. De fait, certaines motos sont infernales (une Moto Guzzi V7 Special de 1970, par exemple), alors que d'autres, plus lourdes, réclameront moins d'effort, comme une Honda GoldWing, par exemple.
Pour vous sentir à l'aise, vous pouvez répéter plusieurs fois l'opération, sur une surface plane et dégagée, avec deux amis en renfort, juste à côté de la moto, au cas où celle-ci vous échapperait. Entrainez-vous jusqu'à ce que le geste devienne naturel.
Et le débéquillage dans tout cela ?
Excellente question, car à moins d'avoir mis sa moto dans son salon et de vouloir l'admirer jusqu'à la fin de vos jours, il va bien falloir la débéquiller, Titine !
L'opération est assez simple et afin de vous garantir les plus grandes chances de succès, on vous conseille la procédure suivante. Un : déployer la béquille latérale. Deux, mettre la main gauche sur la poignée gauche et la main droite sur une aspérité (genre poignée de maintien à l'arrière de la moto). Trois, avant de débéquiller, tourner un peu le guidon vers la droite : au moment où vous donnerez l'impulsion, vous ramènerez la moto doucement vers votre corps et la roue tournée délicatement à droite l'aidera naturellement à venir de votre côté.
Vous êtes prêts : un, deux, trois, poussez. La béquille passe le point d'équilibre, la moto avance, se cale gentiment le long de votre corps, au niveau du bassin et vous la faîtes doucement reposer sur sa béquille latérale. Voilà, c'est fait. Facile, non ?
Certains préfèrent être assis sur la moto pour débéquiller. C'est possible à condition d'avoir les deux pieds au sol et de pouvoir avoir un appui pour donner un coup de bassin vers l'avant pour faire descendre la moto.
Evidemment, un zeste d'intelligence vous aura fait béquiller en prévoyance de la phase de départ : donc pas devant une descente abrupte, un toboggan de saut à ski olympique ou un élevage de crotales.
Et dans le cas de descente, la moto face à la pente, l'idée est d'enclencher un rapport de vitesse, afin que la boite soit en prise, d'avoir la main sur l'embrayage et lors du débéquillage de relâcher l'embrayage afin que la moto n'avance pas ensuite toute seule.
C'est bon, l'équilibre !
Maintenant que vous avez tout compris sur le béquillage, on vous laisse méditer ce proverbe, emprunt d'une finesse profonde et d'une grande élégance : un bon motard, ça dort sur la béquille !
Commentaires
salut, je suis surpris que tu préconise de déployer la latérale avant de débéquiller de la centrale: si la descente de la moto est un peu rapide, l'écrasement des suspensions peut amener la moto à s'appuyer sur la latérale et elle est alors projetée du côté droit - donc loin de toi - et pas évident de la rattraper sans mettre ses vertèbres en vrac...
25-04-2018 07:30expérience vécue avec la K75 (heureusement équipée de pare carters).
merci pour tes conseils, c'est vrai que le béquillage on s'en fait toute une histoire au début.
Salut
25-04-2018 09:30Au stage Fontainebleau, pas question de débéquiller assis...
...Mais c'est ce que je fais systématiquement avec les grosses vaches style FJR et autres 1150RT ( désolé on a pas encore les 1200 ), car je trouve qu'en cas de déséquilibre on maîtrise mieux.
...Se tenir à côté de la moto pour la débéquiller, pour moi est plus difficile. La machine peut très vite partir à l'opposé. Surtout si le terrain n'est pas super plat... ET 300 kgs qui partent, c'est cuit, ça part....( les journalistes de FR3, s'en souviennent )
... et là le polish est de rigueur pour l'amour propre et ...la moto.
L'équilibre de la moto est également primordial. Par exemple, je béquille plus facilement une FJR qu'une TDM... pourtant pas le même gabarit.
Les plus faciles étant les BM. Elles montent toutes seules...
et même celle qui n'ont pas de béquille sont difficiles à relever. N'est ce pas Johann :
[video.eurosport.fr]
V
Salut,
25-04-2018 10:14Béquiller et débéquiller pour mettre la machine sur la centrale c'est finalement tout un art...
La machine qui était la plus dure à mettre sur la centrale : 1000GTR, la plus facile RT1100 (merci la poignée, un appui sur la béquille et une impulsion avec la poignée en main et hop c'est fini).
La machine la plus dure à descendre : aucune, elles étaient toutes équivalentes.
Par contre, je n'ai jamais sorti la latérale pour la descendre sauf une fois et j'ai pris la latéral dans le bas de la jambe, la machine a fini à terre (c'était la moto école et j'écoutais le moniteur). Depuis pas question de sortir la latérale pour débéquiller.
Débéquiller assis je ne sais pas faire, je suis plutôt debout, je démarre, enclenche la première et une impulsion vers l'avant, la machine descend toute seule, ensuite il faut coordonner lâcher d'embrayage et gaz pour partir comme un chef.
V
Etienne
"un bon motard, ça dort sur la béquille !"
26-04-2018 09:51La centrale ou la latérale ?
Salut
26-04-2018 09:54Dormir sur la béquille c'est un peu comme l'hôtel du Q tourné....
Et si c'est la centrale , tu es un spécimen rare
V
j'ai ma solution, pas de béquille centrale !
26-04-2018 13:55Salut
26-04-2018 14:21D'ailleurs, à part pour le graissage de la chaîne, éventuellement le niveau d'huile, quel intérêt ?
V
Charger la bagagerie, stocker la moto ou autres Pas indispensable mais pratique :)
26-04-2018 15:08