Les Conspirateurs 2

Comment imposer le contrôle technique des motos ? (suite)

Bien sûr que les Conspirateurs reptiliens dirigent dans l'ombre la planète. Mais comment vont-ils faire pour nous imposer en douce le contrôle technique des motos ? Si vous avez manqué l'épisode précédent, lisez le pour comprendre la suite...

L’envoyé de l’industrie, qui a suivi les échanges sans piper mot, sort de sa serviette une tablette et en allume l’écran.

- Suite à notre dernière réunion, je me suis entretenu avec nos amis et voilà ce qu’ils proposent. Avec environ 3,8 millions de deux-roues en circulation, soit un parc de dix fois inférieur à celui des voitures, nous pouvons créer 900 emplois en France.

- Nous avions dit plus de 1.000, répond Matignon.

- C’est exact, mais ils ne peuvent pas promettre plus pour l’instant.

- Plus de mille. Je veux pouvoir annoncer plus de mille, c’est important, répète Matignon.

- 900, c’est quasiment ça, répond l’envoyé.

Un silence s’installe autour de la table. L’homme de l’Intérieur se penche et vient s’y accouder. Il parle en se frottant les mains, sans regarder son interlocuteur.

- Vous savez combien de temps ça a mis pour mettre en place le CT auto en France ? Entre la première directive européenne et son entrée en vigueur ? 15 ans. On peut faire traîner le CT moto en longueur, on a l’habitude avec Bruxelles, on sait très bien faire. La théorie, c’est 2022, mais ça peut être plus. Si vos patrons veulent avoir ce marché, il va falloir qu’ils comprennent que nous, on veut des choses en retour. Et notamment des emplois. Vous voyez ? On veut pouvoir annoncer des créations d’emplois. Et « plus de 1.000 emplois », c’est beaucoup mieux que « 900 emplois ». Vous comprenez ?

- Je leur ai fait part de ce point. Mais ce n’est pas aussi simple qu’avec le CT auto. Les motos sont surtout concentrées dans les grandes villes et bon nombre des centres en province risquent d’être déficitaires, même jumelés aux centres auto. Il faut former du personnel, acquérir les équipements. Les investissements sont colossaux, achève l’envoyé, une plainte dans la voix.

- On vous offre sur un plateau au moins 10 % de croissance et ce quasiment d’un mois sur l’autre, relève Transports. D’après nos calculs, l’appareil sera rentabilisé en moins de trois ans, surtout avec le pic initial de mise en conformité du parc.

- Je veux pouvoir annoncer plus de 1.000 emplois créés, répète Matignon.

- Eh bien annoncez-les. Qui ira vérifier ensuite s’ils sont bien là ? demande l’envoyé.

- Tut-tut-tut, fait l’homme de l’Intérieur. Vous êtes en train de me piquer mes répliques. Je déteste ça.

Transports a un petit rire. L’atmosphère se détend un peu autour de la table. Nouveau silence.

- J’ai quelques chiffres complémentaires, si vous voulez, dit l’envoyé en tendant sa tablette.

Matignon s’en empare et y jette un œil distrait. Nouveau silence. Il rend la tablette :

- Parfait. Merci d’être venu. On vous tient au courant des développements.

L’envoyé de l’industrie se lève, salue brièvement et sort.

- Quel con, ce type, soupire Intérieur.

- Oui, mais on a besoin de lui pour assurer nos arrières, répond Matignon.

- Plus vite ça passe mieux c'est. J'en ai marre des morveux à mobylette. On va les faire rentrer dans le rang et fissa, décrète Intérieur en se levant.

Il adresse un petit salut à ses confrères et quitte la pièce.

- Quel con, ce type, fait Transports une fois la porte fermée.

- Oui, mais il a de très pratiques dossiers sur le linge sale du Tout-Paris. Il vaut mieux être copain avec lui.

- N'empêche. Et pour mon poste ?

- C'est arrangé : le président doit démissionner dans les mois qui viennent et vous prendrez sa place.

- Président de la Fédération Française des Equipementiers Automobiles, ça va m'aller très bien : le ministère, c'est la misère en cravate. J'en ai marre de ramer pour les autres.

- Je vous comprends. Et puis c'est toujours utile d'avoir autour de soi des gens de confiance qui parlent le même langage, dit Matignon en lui tapotant l'épaule.

Transports sourit :

- Bien sûr. Tout est question d'ascenseur.

Ils se lèvent après une poignée de main et vident les lieux.

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