Le Club des Vieux Râleurs recrute
Tu viens ? On recrute sur dossier
Tu as sûrement en stock un motif de râlerie tout à fait intéressant qu'il te tarde de partager avec un auditoire attentif.
Tu viens ? On recrute sur dossier : tu as sûrement en stock un motif de râlerie tout à fait intéressant qu'il te tarde de partager avec un auditoire attentif.
Tu viens, alors ?
Comment ça : "non" ?
Parce que tu t'imagines avoir le choix ?
Non, non, non, petit père.
Allez, dépêche : la xième manche du Championnat du Contribuable Indigné commence. Faut pas louper ça.
En stock, on a de quoi tenir les soirées d'hiver des trente années qui viennent : les jeunes qui n'ont plus de valeurs, l'esprit motard qui fout l'camp, l'Etat qui nous prend pour des pigeons, les constructeurs qui font n'importe quoi, les radars et le stationnement, les motos d'avant c'était mieux, les jeunes d'aujourd'hui qui ne savent plus rien faire, ya plus moyen d'rouler...
Sans compter la liste grandissante de nos exploits et aventures à moto, sujet pour le coup inépuisable puisque faisant appel, pour une large part, à notre imagination.
Au Club, les hypocondriaques toutes options et les inlassables débusqueurs de petites bêtes peuvent enfin se lâcher et mettre du gros gaz. Il y aura toujours une oreille attentive et plusieurs adhérents pour opiner du chef à leur diatribe.
Nous tolérons les mômes -il y a de futurs râleurs de calibre international chez eux- mais soyons honnête : nous préférons recruter à partir de la quarantaine, ne serait-ce que par le type de lieux que nous fréquentons. Moins Café des Sports et plus Relais de la Reine Glaviot, si tu vois ce que je veux dire. La barquette merguez-frites on tolère, comme une madeleine de Proust qui se dégusterait en bord de piste assis sur un tas de pneus dans le boucan des qualifs', mais faut bien admettre qu'au Club, on préfère la catégorie au-dessus. Avec l'âge, on préfère péter dans du coton bio d'Égypte que sur le skaï des chaises de comptoir ; penser ici à râler après l'envolée des prix au restaurant / faire une remarque sur leurs difficultés à recruter par les temps qu'on vit / enchaîner direct sur les jeunes qui sont plus bons à rien, etc.
C'est un peu comme les poignées ou les selles chauffantes. Insidieusement, ces options sont devenues un critère de choix. La bulle reste en position haute. Ce n'est plus par prudence que l'on s'y prend à deux fois pour jeter la jambe par-dessus la selle, selle qui par ailleurs a fait un petit séjour chez un sellier pour arranger un peu tout ça ; penser ici à pester contre les hauteurs de selle qui ne cessent d'augmenter et les sièges de moins en moins confortables / chez Béhème c'est en option alors pourquoi pas chez les autres, etc.
Je m'installe à leur table avec gourmandise. Nous ne sommes pas mercredi soir, mais ça y ressemble drôlement. À force, je connais le répertoire de chacun, le bouton rouge sur lequel appuyer pour les lancer.
C'est cruel de ma part ? Peut-être. Mais observe plutôt comme ils chérissent leur pétouille, comme ils cajolent leur réprobation. C'était leur clef pour entrer au club ; sans, ils n'ont plus rien à dire. À la manière d'une pyramide humaine, l'un soutenant l'autre, ils forment un édifice social reposant sur un socle de colères et de peurs. Regarde comme le consensus est façonné progressivement, comme l'impensable d'hier devient l'évidence d'aujourd'hui.
Moi ? J'appartiens à l'élite du Club. La Loge des Râleurs après les Râleurs. Je traque le râle-petit, l'indigné mineur, le blâmeur frileux ou, à l'opposé, le tonitruant trompeteur de vérités universelles. Oui, oui, je sais bien l'ironie qu'il y a à râler après les râleurs ; tu m'as pris pour un râleur commun, ou quoi ?
J'ai l'air de me moquer, comme ça. Mais les vieux râleurs sont par ailleurs des personnes tout à fait sympathiques. L'autre jour, par exemple : j'étais en train d'expliquer le délicat travail qui consiste à produire une Kronik semaine après semaine et ce que cela signifie d'apprivoiser sa créativité. L'un d'eux, fort intéressé, m'a demandé si j'étais prêt à développer devant un auditoire attentif et bienveillant lors d'un dîner. J'ai tout de suite accepté.
C'est demain soir, mercredi.
Commentaires
Râler est l'opium du peuple & Kpok l'a sublimé.
25-10-2022 07:57Il est vrai que demain soir, tes hôtes vont se régaler de tes diatribes.
Sache que Villeret fut aussi un invité de choix.
J'ai la quarantaine (pas celle du Covid) bien sonnée & ,Dieu sait, que j'ai une
collection de motifs pour râler, donc à bientôt pour rejoindre ton groupe !
25-10-2022 07:59Alors celle-là, elle est à garder dans les annales !
(avec deux « n »).
KPOK est en bonne route pour intégrer le Club des Ronchons qu'avait en son temps fondé Jean Dutourd, immense râleur devant l'Eternel.
25-10-2022 08:03Encore un effort KPOK, et l'habit vert sera bientôt à portée !
"Les français sont un peuple de râleurs"....
25-10-2022 08:11Même aller chercher l'accent circonflexe sur le clavier ...ça me gonfle.
Qu'est ce qu'ils sont emmerdants tous ces râleurs...
25-10-2022 08:16On râle pas, on constate.
25-10-2022 08:20Marre de ces Kronik sympas qui m'empêchent de faire la gueule de bon matin. Et c'est vrai que les jeunes peuvent pas comprendre. Déjà que les vieux...
25-10-2022 08:54On râle pas, on est d’accord pour dire que c’est mieux quand c’est la faute des autres.
25-10-2022 09:26Fais tourner la vidéo de demain soir !!
Oh p'tain c'est du lourd ! y'a du boulot d'fait, su's'coup la ! 25-10-2022 10:01
Génial !
25-10-2022 12:32Salut
L'égalité étant de mise :
V
25-10-2022 13:30
Lorsque je déambule dans mon supermarket préféré et que je passe dans le rayon des céréales, je souris toujours devant les paquets de "Spécial K" !
25-10-2022 15:42Ben oui.
Sur quoi notre K favori va-t-il pouvoir râler ? Les 3 "râleries" précédentes :
"La dernière crapulerie commerciale à la mode"
"J'avoue. Je suis un traître"
"Les motos modernes sont dangereuses et inconduisibles"
Que dire de celle d'aujourd'hui...
Le sommet de la pyramide, quoi.
Le K est désespéré !
Jojoo >
25-10-2022 15:53Bon, faites ch**r de me traiter de râleur ! Il faut voir les choses en face :
25-10-2022 17:46- avant, on pouvait boire et conduire (y'avait même une pub de Cointreau qui préconisait un p'tit coup avant de prendre la route)
- avant, on pouvait rouler très fort, maintenant c'est petit pipi
- avant, on pouvait rouler sans gants (c'était kon, mais légal))
- avant, on pouvait péter un rupteur devant les gosses, ils pétaient de rire alors que maintenant ils pleurent en se bouchant les zoreilles
- avant, on pouvait fumer, maintenant in faut avoir le bon Crit'Air pour pouvoir rouler
- avant, tu frimais avec tes blessures de guerre, maintenant, tu pleures à la moindre pizza
Bref, rendez-nous notre XXe siècle, nom d'une pipe (c'est un truc qui était utiliser pour mettre du tabac et le fumer, bande de galopins aux idées déplacées )
Si tu cherches un râleur, un vrai, pas un de pacotille pour faire beau, appelle moi !
25-10-2022 18:47Mais oas trop fort sinon, c’est toi qui prends 😁.
J’ai de longues années d’expérience 👍
Sachez que je ne râle pas moi môssieur !
26-10-2022 05:17à la rigueur je vitupère, bisque, bougonne, clabaude, enrage, grogne, gronde, maronne, maugrée, peste, renaude, rognonne, rouscaille, rouspète ...
bref, FTW !
signé: Alceste