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Je hais la R1
Je hais la R1. C'est une mauvaise machine qui mériterait à peine une arrière-page de catalogue chez Yam'. Et pourtant il s'en vend par brouettes entières.
Avertissement : le texte qui suit est humoristique (de humour, « forme d'esprit qui cherche à mettre en valeur avec drôlerie le caractère ridicule, insolite ou absurde de certain aspects de la réalité [...], in Le Petit Larousse illustré).
Je hais la R1. Ou, pour être exact, je vomis les adorateurs de la R1. Car isolée, cette moto en elle-même ne me fait ni chaud ni froid : c'est une mauvaise machine parmi d'autres, rien de plus.
Ce qui me gêne le plus dans la R1 ce n'est pas la moto en elle-même mais bien sa cour d'adorateurs fanatiques. Depuis sa sortie en 1998, elle est affublée de tous les superlatifs, même les plus ridicules -non, non, la R1 n'est pas sculpturale : elle n'a rien à voir avec les travaux de Carpeaux ou de Rude. La populace est sommée de partager l'hystérie d'une poignée d'ingénieurs poussés bien fort dans le dos par des commerciaux ayant flairé le bon piège à pigeon.
Par je ne sais quelle aberration, quelqu'un chez Yam' s'est dit un jour que ce serait une bonne chose si le fer de lance de la gamme était constitué par une moto inconfortable à l'usage exclusif des célibataires, bien trop puissante pour être vendue sans son cortège de gadgets électroniques ou mécaniques destinés -paradoxe- à la rendre moins puissante, bien trop rapide au regard de la réglementation en vigueur dans à peu près 99% du monde civilisé, chiante à mourir à 90 km/h, inconduisible en ville, pète-poignets, défonce-cul, brise-burnes (pour ceux qui en ont), éclate cervicales, ridicule tunée - elles sont toutes tunées et qui par dessus le marché coûte une blinde. Ya des génies chez Yam'. C'est sûr.
La R1 est confite de ses mythes de sportivité héréditaire : en posséder une, c'est devenir l'égal de Valentino Doohan. Cette invraisemblable opération d'enfumage fonctionne, vérifiant une fois de plus l'adage "plus c'est gros, plus ça passe". Tant qu'à évoquer les gros bobards, il y a celui du suintement du progrès technique de la course vers la route, selon lequel il faudrait rendre grâce à la M1 et la R1 puisque c'est par elles que la MT-07 gna gna gna. Fariboles. C'est ce que les constructeurs sortent à leurs financiers ou leurs bailleurs de fonds pour légitimer les sommes astronomiques qu'ils engloutissent dans la course, cet aberrant concours de stouquette mécanisé qui ne sert à rien à motardus simplex (1).
D'où les essais sur piste dans les magazines, ces pistes où la R1 de motardus simplex met exceptionnellement les roues et même alors dans une configuration "route" qui la met à la merci de n'importe quelle pistarde 600 de fond de grille. Pas un seul instant le rédacteur ne relèvera le nez des compteurs pour constater l'évident : sur route, la bécane à Valentino Doohan est une incroyable daube.
Alors oui, le Crossplane. Ah ! Le Crossplane. Mais comme je n'ai pas acheté le MJ où ils expliquent ce qu'est ce bazar : le Crossplane, bof. Il y a 15 ans c'était les moteurs Big Bang. Dans 5 ans, ce seront les moteurs Maxi Sprotch, ou Ultimate Schmurtz. Donc bof, quoi. Le ponpon revient sans doute aux R1 homologuées en France, qui développent toutes 100 chwo. Soit zéro de plus qu'une... CBR 600 modèle 1995 stock. La honte.
~ à la fin du mois, mon concessionnaire chéri m'a promis de me laisser le clefs d'une R1 2015. Si j'aime ça je vais avoir l'air très très bête.
~à noter que j'aurai pu remplacer R1 par S1000RR, CBR 1000 RR, ZX-10R, GSX-R1000, RSV4 ou toute autre hypersportive... ma mauvaise foi n'a d'égal que le fait de devoir rouler en scoobite au jour le jour
(1) seule exception ici : les pneus
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