Impressions de liberté
Je chéris ces impressions de liberté que j'ai parfois sur la route.
Le ciel est vaste, la chaussée défile. Tout à coup, je n'ai plus rien à faire, plus d'objectif, plus de contraintes. Je chéris ces impressions de liberté que j'ai parfois sur la route.
J'ai de temps en temps un poignant sentiment de liberté sur la route. Le sentiment d'être libéré de mes tâches quotidiennes, de mes impératifs, des horaires à respecter. Pendant quelques secondes, j'ai l'impression que tout ce fatras vient de tomber à terre derrière moi, qu'il n'existe plus ; que je suis enfin libre de continuer à rouler sans prendre la sortie habituelle, sans savoir déjà où je vais m'arrêter.
L'autre jour, j'ai essayé de comprendre ce qui cause ce sentiment.
Je suis à table, dans un établissement de restauration rapide dont le seul avantage est de proposer une vue dégagée sur plusieurs kilomètres -je pense que c'est cette vue qui m'attire ici. Je domine légèrement un rond-point moyennement fréquenté. Mon regard est comme bercé par le va-et-vient régulier des voitures et des camions : freinage, entrée en courbe, inversion de courbe, sortie. Ce ballet a quelque chose d'hypnotique. Une rangée de peupliers maintenant nus achève la silhouette d'une colline à droite ; à gauche, c'est la symétrie industrielle d'un hangar gris. Entre les deux, je vois loin, jusqu'à ce point où le ciel et la terre se confondent.
J'ai le temps : trente minutes avant d'y aller. Le temps est le premier ingrédient -il faut que j'aie du temps devant moi. Le restaurant est vide, je l'ai quasiment pour moi tout seul. Il n'y a rien pour distraire le fil de mes pensées. J'accompagne des yeux, sans penser à rien, le mouvement des voitures sur le ciel en nuances de gris. Je suis au calme : le calme est le deuxième ingrédient. Pas de soucis immédiats, rien à faire de mieux que de regarder dehors les voitures sur la route. Sur la table, j'ai posé mon vieux casque et cette paire de gants bien chauds dont je suis très content. J'ai avec moi de quoi rouler jusqu'au bord du monde.
J'ai le temps.
Je suis seul, au calme.
La moto m'attend dehors.
Si je voulais, je pourrais sortir, l'enfourcher et partir au hasard, vers n'importe où. M'arrêter ce soir nulle part, dormir et repartir le lendemain, toujours pour n'importe où. Rien ne m'en empêche. Je suis libre. Libre de mes mouvements, libre de mes choix.
Ce sentiment m'apaise. Je respire plus lentement, plus profondément. Je sirote un café dans un gobelet de papier. La moto est garée un peu plus loin ; un soleil hésitant en fait briller la peinture. J'aime bien la regarder. Je me dis que j'irais bien dans un endroit où il fait plus tiède qu'ici, qu'en pleine semaine j'aurai la route pour moi tout seul et que je pourrais conduire le nez au vent sans m'inquiéter des autres.
Je joue avec cette idée : ne pas aller à l'usine aujourd'hui ; plutôt prendre tout droit au rond-point et repousser les limites de la route connue -poser mes roues où je ne suis jamais allé.
J'ai fini mon café. Je ramasse mon casque et mes gants. Je m'apprête au piquant du froid dans les narines quand je vais pousser la porte. Je donne le coup de rein familier pour relever la moto de la latérale. Jauge presque à fond : 260, peut-être 280 kilomètres d'autonomie peut-être en roulant doux.
Allez ?
Commentaires
ça fait du bien !
12-12-2017 10:18allez, chiche ??!!!
12-12-2017 11:14Ca donne envie ! Marre d'être enfermé dans ce p..... de bureau !
12-12-2017 13:08Salut
Pas besoin d'aller ci-loin, mais cet été c'est exactement ce que j'ai ressenti
V
12-12-2017 13:25
beau et noble sentiment, que je vais pouvoir ressentir dés le 01 janvier 2018.....retraite.....v strom.....
12-12-2017 15:57merki.
12-12-2017 16:30ça donnerait presque envie de rouler
(presque, parce que bon, ce matin, ça caillait un peu quand même :) )
tom4
Mes plus beaux moments à moto :
12-12-2017 18:13- Etrenner ma 1ère moto après le permis en poche !
-Partir en ballade avec les copains le week end!
- en attendant les vacances d'été ...enfourcher ma moto chargée comme un baudet (tente,sac de couchage etc) pour rejoindre les routes ensoleillées du sud de la France !
Raaah. Yabon!
12-12-2017 21:03C'est la raison d'être élémentaire de la moto : liberté, indépendance, responsabilité.
20-12-2017 14:20Belle image du plaisir, de l'instant présent.
20-12-2017 15:39