Il fait enfin beau et les motardes reviennent
Six mois que j'attends ça : rouler avec les gants d'été et sans pantalon de pluie
Je guette aussi le retour des motardes, nos hirondelles de la route.
Six mois que j'attends ça : rouler avec les gants d'été et sans pantalon de pluie. Je guette aussi le retour des motardes, nos hirondelles de la route.
Depuis mars, je trépigne. J'ai réussi à m'échapper quelques jours -coup de veine : il a fait beau la moitié du temps pendant mes vacances. Las, le week-end suivant, je me suis tapé Dijon-Blois sous la flotte, en plus du très prévisible brouillard morvandiau.
Mais là...
Là ça commence à sentir le beau, le sec, le bleu et le moteur chaud.
Ça respire aussi le retour des motardes. Pas folles, les frangines restent au chaud pendant l'hiver. Leurs ER-6, 696, MT-07 et Fazer pointent le bout de leurs pneus quand il fait soleil quatre jours d'affilée. Je suis ravi de vous revoir : vous m'aviez manqué. Je trouvais les cafés tristes sans vos voix.
Les casques et les blousons prennent des couleurs. Des brosses à cheveux côtoient les bombes de graisse à chaîne. Au feu, elles patientent sans faire "wabo wabo" -quel soulagement.
Assises toutes deux sur la banquette de moleskine couleur glace au cassis, je les observe du coin de l'oeil. Dans ce coin de troquet, elles ont créé une bulle complètement féminine. Elles chuchotent et se racontent leurs histoires de filles en pouffant de rire. L'une est habillée d'une combarde de piste noire et grise qui lui fait comme une chrysalide dont elle est à moitié sortie. C'est un peu trop tôt dans la saison : elle se frotte les bras pour les réchauffer. Peut-être que la Ducati que j'ai vu passer tout à l'heure est à elle.
Deux autres couples de motards rentrent dans le café. Embrassades et piaillements. Visiblement, elles ne se sont pas retrouvées depuis un bout de temps : elles tirent une table pour être séparées des mecs et se remettent à papoter en toute hâte.
J'observe les deux tablées. À la première, les filles sont penchées en avant, très proches les unes des autres ; leurs mains bougent beaucoup. À la deuxième, les mecs sont assis basculés en arrière sur le dossier de leur chaise ; ils sont plus statiques et parlent avec moins d'entrain.
Je tartine un morceau de fromage sur mon ultime bout de pain. Si j'étais raisonnable, je ne prendrais pas de dessert et surtout pas la dernière part de tarte au citron meringuée que je vois tourner dans la vitrine réfrigérée, là-bas.
Des raclements de chaises. Les mecs se sont levés. Un conciliabule s'engage entre les deux parties : affirmation d'un côté, négation de l'autre. La négociation s'achève assez vite sur un compromis qui convient aux deux camps : les mecs sortent et les filles restent. J'imagine que les premiers se disent : "ouf, on va pouvoir rouler peinard" et les secondes : "ouf, on va pouvoir causer peinard" -à chacun ses priorités.
J'aime bien regarder papoter les filles. J'éprouve le même genre de joie simple qu'à voir un chat qui s'étire dans une flaque de soleil, une volée de moineaux qui jouent à cache-cache dans la haie ou un rayon de clarté qui pointe de sous un nuage dodu. J'aimerais bien rester là longtemps à les détailler, avec leurs bracelets qui cliquètent et scintillent et leurs peintures sur le visage pour être belles.
Je parcours ma gargantuesque liste de lecture audio à la recherche d’un morceau approprié. Je m’arrête un moment sur le "Don’t Answer Me" d’Alan Parsons Project, que je n'ai pas écouté depuis des lustres, avant de me raviser : ce sera "Romantic World" de Dana Dawson et son solo de gratte sèche que j'adore. Un vrai petit bonbon acoustique.
Je m'offre un triple dessert aujourd'hui : tarte au citron meringuée, pop de quand je n'avais pas encore vingt ans et jolies motardes qui papotent. J'ai l'estomac, les oreilles et le coeur qui ronronnent de concert.
Best.
Day.
Ever.
Commentaires
le nirvana, quoi
23-05-2023 07:38En ce qui me concerne, c'est l'arrivée de l'été qui me marque le plus. Lorsque depuis ma selle, je vois une femme nue au volant...
23-05-2023 08:33Non, je n'ai pas de bouffées délirantes, ni de fantasmes inassouvi de ce type.
C'est juste que l'arrivée des premières robes "bain de soleil" laissant les épaules nues sans même une bretelle laisse cette illusion
Un peu comme lorsque arrêté au feu rouge derrière une voiture, je me dis que le conducteur est descendu un instant, laissant le passager seul, et que s'il ne revient pas immédiatement je vais être bloqué... Avant de réaliser que la voiture démarrée, et que c'était juste une "Eight hand drive" re-
Mais il est vrai que ce week-end ma femme a ressorti sa moto. Certes elle n'a pas encore roulé avec. Car bien qu'ayant passé toute la mauvaise saison sous housse, sa monture ne sortira pas avec sa patronne dessus tant qu'elle n'aura pas eu les 4 heures de nettoyage "de base" (mais moi, je suis en revanche sollicité pour aller faire quelques kilomètres vérifier si tout va bien, avant même que le moindre chiffon ait effleuré sa moto ! ).
Pour ceusses qui se posent la question, ce "nettoyage de base" n'est (pour elle) qu'un dégrossissage... C'est tout de même quelqu'un qui met autour de 4 heures pour nettoyer L'INTÉRIEUR de sa Mini (sans compter que comme c'est une vraie, et pas une "béhème" rebadgée, la surface est des lois réduites!).
J'adore ces moments; continue Kpok de nous faire rêver.
23-05-2023 08:41J'aime partager une tablée avec ces gentes dames & ce weekend, balade sur la côte normande avec ces belles.
Montures & pilotes soignés; une maîtrise de la conduite & surtout, un respect du code de la route !
Oh oui! Les beaux jours et les filles courtes vêtues ! Oh oui !
23-05-2023 09:10Pour ma bande son se sera Patrick Coutin "J'aime regarder les filles!"
Merci pour cette si aimable Kronik ;)
23-05-2023 09:41La prochaine fois, je ferais plus attention au motard esseulé ..:D
Ah, le printemps.
23-05-2023 10:59Les tracteurs qui essuient leurs pneus dans le virage en sortant du champs, orné des déchets verts essemés à la volée par une nuée de virevoltantes remorques non bâchées. La gourde pleine d’eau gazeuse, en réponse au 25cl de Perrier au prix d’un quart de plein, marquant l’éveil du tenancier à l’appel de mère nature.
Et rester assis là, à suivre les conversations d’une vache et de ses mouches, qui auront tantôt fait de cibler ce néo-cul assis dans les restes de graviers de l’hiver qui avaient pourtant tout de l’épaisse touffe d’herbe vierge au loin.
La saison des amours.
Bon, moi j'aime bien les filles 4 saisons mais la tarte au citron meringuée et Dana Dawson, c'est retour vers le futur dans mon année du bac. Donc va pour le filles du printemps et de l'été.
23-05-2023 13:05Epinette, prunellier, boutons d'or, coquelicots et reines marguerites des champs n'ont accompagnés ce dimanche lors de ma balade bucolique dans le vallonné bocage Normand très en beauté et en fleurs.
23-05-2023 13:08S'arrêter sur le bord d'un cours d'eau et écouter l'eau chanter, au loin un Verdier d'Europe pousse la romance.
Ah ces petits bonheurs éphémères. Je rentre et j’apprends à la télé que nous avons battu le record de bouchons.
Comme c'est triste, finalement les vaches c'est bien.
Très sympa, va pour une part de tarte citron meringuée, un bon café, un rayon de soleil, une nuée de filles... juste le plaisir de yeux, gratuit, futile et passager.
23-05-2023 14:37Je m'interroge : les filles ne rouleraient elles qu'aux beaux jours sur des moyennes cylindrées ?
23-05-2023 15:53Allez je lance la polémique :)
C'est comme pour les hommes tu as des débrouillardes et des nouilles.. quel que soit le temps !
23-05-2023 16:21
Bon, la première, bof, c'est du archi déjà-vu.
23-05-2023 21:44Mais la seconde, pardon, y'a du sens artistique.
Et essayez donc de faire la même.
Faut avouer quelle envoie du lourd...
24-05-2023 07:29... la bécane
Démonstration par l’exemple de la mécanique du rebond 😁
24-05-2023 11:59Je ne suis vraiment pas du tout emballé par les choix musicaux de cette chronique.
25-05-2023 08:48Quelle déception !
Salut
25-05-2023 10:26Moi, ce que j'aime voir revenir aux beaux jours, ce sont les déneigeuses dans les cols des Alpes...
V