Allez ! On se tire !
Quatre jours de vacances : pas assez pour partir loin, mais suffisant pour partir bien
J'ai envie d'aller siroter un café dans un troquet de village perdu
Quatre jours de vacances : pas assez pour partir loin, mais suffisant pour partir bien. J'ai envie d'aller siroter un café dans un troquet de village perdu.
Un ouikène allongé, c'est assez pour faire un bon bout de route, non ? Mille bornes sans forcer, le nez au vent, sans horaire, avec un point de chute qui change au gré de mes envies.
Coup de bol : la météo est avec moi. Je remplis le top-case : ma tablette à clavier pour t'écrire, une brosse à dents, des gants de rechange, du vrai savon, un chiffon pour le casque, un autre pour la moto, mon rasoir, un t-shirt pour dormir, un deuxième à manches longues s'il fait froid, un chargeur électrique, un petit sac pour trimballer le goûter. J'ai oublié quelque chose ? Ah ! Les bouchons d'oreille !
Je vais étrenner un nouveau casque. Il pue le plastique au lieu de sentir bon ma crasse. Un chapeau neuf pour partir loin n'est pas forcément une bonne idée : s'il me fait mal à la tête au bout de deux heures, je n'aurai plus qu'à faire demi-tour pour récupérer le vieux -celui qui sent un peu trop bon ces temps-ci et qui mériterait une douche.
La destination est facile à trouver : je vais cheminer dans les polygones délimités par les autoroutes, là où les nationales sont rares. Il est encore un peu tôt dans l'année pour le Jura ou le Forez -je redoute le verglas matinal- alors ce sera simplement le Morvan. Inutile d'aller loin pour dénicher des routes à bonheur.
Prends la D6 qui va de Lormes à Saulieu : trente bornes pour parfaire le polissage de mon pignon de troisième. Sur des routes comme celles-là, il faut un moteur avec du gras dans le milieu du compte-tours, pas du muscle tout en haut. Pas besoin de tirer au-dessus de 90 à l'heure, d'autant que le bitume est parfois "fort à très agité" comme dit la météo marine.
En deux virages, je suis rappelé à la prudence : un tracteur a semé un monticule de fumier en milieu de voie et je croise un peu trop vite à mon goût deux cailloux gros comme le poing, éboulés sur la route, qui m'auraient envoyé au tas après avoir éclaté un pneu et une jante si j'avais roulé dessus. Gaffe à ne pas faire rimer Nirvana et patatras !
Ce matin, en guise de petit déjeuner, j'avale un double chez Carlos, au Grand Café, place de l'hôtel de ville. Lormes me fait l'effet d'un gros village qui se démène pour ne pas sombrer, faute de têtes blondes. Je salue leur expérience, délicieusement naïve, de décoration urbaine.
De nouveau en selle, je profite du jaune idéal des forsythias, de ces buissons à fleurs rouge rosé dont j'ignore le nom et des coussins de primevères qui s'attardent. Comme la météo a prévu de la flotte aujourd'hui, il n'y a bien sûr pas un pet de nuage dans le ciel. Mouarf !
Après bien des détours, j'entre dans Saulieu. Je béquille sur un parking à l'extérieur de la vieille ville et fais à pied le reste du chemin qui m'amène au Café Parisien, rue du Marché. En poussant la porte, je suis accueilli par Édith Piaf qui achève le dernier couplet de "Sous le ciel de Paris" -évidemment. Deux samedis par mois, il s'y joue du jazz local : il faudra que je revienne écouter.
Avallon, ma destination pour ce soir, est à trente bornes à peine, mais il m'en reste au moins deux cents avant d'être arrivé : je repars vers Lormes, pas sûr d'avoir assez profité de la route -et puis je veux voir le barrage du lac de Chaumeçon avant d'aller vérifier si le mont Beuvray n'a pas changé de place depuis la dernière fois que j'y suis passé.
Ah ! Si tu voulais voir les Settons à marée basse, c'est presque trop tard ; il fallait venir à l'automne pour l'étiage de basse mer. Là, le lac se remplit au rythme de la Cure, maintenant qu'ils ont fini de mettre un jupon au barrage. La prochaine marée est prévue pour dans trente ans ou presque : faut te magner, gars !
Cette après-midi, je vais aller faire souffler mon sacrum au bord d'un lac : par ici, il y a l'embarras du choix. Je rendrai à la terre mes trois cafés de la journée contre un résineux avant de laisser mes pensées dériver devant l'eau couleur de rouille, en guettant les bien trop rares bestioles que ne dérangent plus les "graou-graou" de mon moteur.
Libre quatre jours.
Bitume et ciel bleu :
Vite ! Vroum !
Commentaires
Le Kronikeur, comme le motardus simplexus ne serait-il pas frappé de schizophrénie systémique ?
18-04-2023 07:54Il vante les petites routes (presque) oubliées, les "chemins carrossables", mais villipende l'entretien défaillant quoi génère les fameux nids de poule...
Va profiter de la conjonction des beaux jours et du week-end prolongé, mais peste contre les touristes qui faisant de même, envahissent "son" petit coin en ayant l'outre uidance de choisir la même destination au même moment...
Mais bon... Gageons que ledit touriste n'a pas la même poésie cachée que KPOK.
Bonne virée😉
Pardon "outrecuidance".
18-04-2023 07:56Saleté de clavier, et de "correcteur" trop peu cultivé pour connaître le mot 🤬
Grrr... Cela commence devenir escaldadif!!! 😉
Ah, passk'en plus il faudrait que je sois cohérent dans mes propos ?
18-04-2023 08:04Mon cher Kpok, tu te contredis dans tes propos : ce week-end prolongé où tu croiseras des tas de caisseux avec des braillards derrière qui hurlent à qui mieux mieux !
18-04-2023 08:17Retraité depuis quelques années, je m'échappe avec ma compagne hors desdits jours prolongés, les vacances scolaires, etc.
Rien de tel pour goûter à la sérénité, enfin presque !
Va ! Roule ! Sans regarder derrière, tu auras bien le temps de revenir.
18-04-2023 08:30Comme Goulpil62, j'attends lundi pour partir... C'est notre avantage, à nous les vieux, même si cette fois ça tombe pendant les vacances scolaires.
18-04-2023 10:33Petit roadtrip d'échauffement prévu: le Vercors. Aller, la guitoune, le matelas et le duvet sont prêts. Un pneu neuf à l'avant, la moto révisée, le pilote à peu près en état. Je compte les jours, les heures, les minutes. Trop hâte de tourner la clé et de fermer le casque. Tiens au fait, moi aussi je vais en étrenner un nouveau, mais si il pue le plastoc, c'est pas grave, je l'ouvre: c'est un modulable.
Tiens, marrant, on a les même goûts KPOK.
18-04-2023 11:06Un des plus beaux souvenirs de ma vie de motard : départ à la fraîche de Pouilly et arrivée aux Setons qui émergeaient sous la brume . Pas un chat sur la route, et un paysage magnifique au lever du soleil.
Je vois que tu n'as pas cédé à la tentation de la route Lormes-Avallon
C'est le charme des régions un peu délaissées y compris des pouvoirs publics et des toubibs, bon souvenir du Morvan l'année dernière avant de rallier le Puy en Velay.
18-04-2023 12:17Et oh miracle pas de camping car puant le gazole et des routes propres et agréables. C'est vrai qu'a première vue Morvan ça ne fait pas bander surtout que j'étais le seul occupant de l'hôtel, un relais motard.
J'en profite pour déplorer la disparition du "Journal des Motards" écrit par les motards eux mêmes sur leurs pérégrinations,
je suis désolé mais "Road trip" c'est moins joli, pérégrinations ça sent bon le terroir et à l’initiative des relais motards.
Par contre rouler seul au petit matin quand la brume matinale se lève et sentir l'humus humide, c'est le pied.
C'est le pied de traverser le Cézallier et son plateau désertique et comme je ne suis pas très bon en mathématiques, pour moi le plus court chemin d'un point A à un point B, ce n'est pas la ligne droite, l'année dernière je me suis même payé le luxe de ramasser quelques Bolets avant d'arriver à la maison.
Si l'on se contentait de plaisirs simples, peut être que le monde serait moins grognon.
J’me tire tous les dimanches matins pendant 3h au grès des petites départementales du Tarn et de l’Aveyron la plupart du temps. Les fois où ce n’est pas possible il me manque un truc. Ces sensations sont uniques…
19-04-2023 07:26Pour moi ce sera trois jours à Turin début mai. Et puis Roadtrip Suisse, Italie, France début juillet.
21-04-2023 13:13Sinon, je kiffe pratiquement tous les week-end mes routes de Haute Savoie, Savoie, Ain, Isère… Y a d’quoi s’faire plaiz !!
Mon épouse n'aime pas la moto depuis longtemps bien que ma 550 four ai beaucoup rajouter à mon charme.Le temps de l'hameçonnage passé, plus de voyage à l'exception d'un ou deux weekend par an.Sensible à l'âge et a ma dépression qui s'avancent, elle condescendend à partir trois semaines en corse , a pas plus de trois heures par jour de moto,a deux heures de plage par jour, en relais châteaux et avec les deux sacoches et le top case pour elle ! J'ai dit oui à tout et tous les soirs je prie pour que nous ne rencontrions pas la pluie ...en juin. Qu'est-ce qu'on ferait pas par amour...de la moto.
21-04-2023 19:38