Covidéboule à donf'
Ou Covi... déboule à donf !
Nous vivons des moments singuliers. Le soir, dans Dijon, ça roule n'imp' et à donf'. On n'a sans doute plus roulé comme ça en ville depuis l'après-guerre.
Maintenant que vendre des barbes-à-papa et des boutons de culottes est illégal et que le contribuable standard se claquemure légitimement à dix-neuf heures pétantes, il se passe un phénomène étrange sur la route : c'est le delbor' complet. Je constate une courte phase d'hystérie entre sept heures moins le quart et sept heures vingt, quand les ceusses qui sont à la bourre flippent la bleusaille, avant un calme curieux troublé seulement par les autorisés dérogatifs et les livreurs à vélo.
Plus un chat dans les rues. La rocade est vide. On peut mettre du gros gaz : ya personne.
Pour revenir à des conditions de circulation comparable, si l'on écarte le Premier Confinement (eh ! qui t'aurait dit il y a un an qu'il y en aurait un deuxième, puis un troisième, etc.), il faut remonter aux années 50, quand les voitures étaient rares et où plus personne ne roulait une fois la nuit tombée, faute d'éclairage public. La grosse différence c'est qu'aujourd'hui la chaussée est bien plus lisse qu'alors. J'ai aussi sous la poignée de quoi ridiculiser même les sportives les plus affûtées de l'époque, surtout au 400 D.A.
Tu peux oublier le 50 en ville ; c'est limite dangereux : tu te traînerais par rapport aux autres qui bondissent de feu vert en feu vert. Les avenues sont désertes et le compteur a vite fait d'indiquer 70. C'est là que je suis bien content de chevaucher un missile urbain : quatre secondes gaz en grand et les TDI sont loin.
Je lisais il y a peu un intéressant point de vue : actuellement, les journaux de grande diffusion font concurrence à ces publications sardoniques aux titres aussi accrocheurs que ridicules relatant des faits divers souvent sordides. Après un an de bourrage de crâne, plus personne n'éclate de rire quand il est question de l'armée qui désinfecte la forêt sur la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie ou d'un ausweis de deux pages pour sortir le chien (sinon crac ! prune !). Un peu comme si Hara-Kiri avait dit à Kafka : "vas-y, fais-nous rire".
Dijon à donf', donc. L'exercice est aussi grisant que dangereux, car il faut compter avec les forçats de la pédale : les livreurs de bouffe aux bourgeois. Sans éclairage, ils roulent encore plus mal que moi à bicyclette. J'ai failli m'en emplafonner deux, deux soirs de suite : on s'est retrouvés nez à nez quand ils ont tourné au coin, eux remontant le sens interdit. Il faut aussi faire attention aux piétons promeneurs de chiens et à quelques jeunes déconfinistes qui déambulent, téléphone à la main.
Un grand raffut derrière moi :
VRAF ! VRAF !
Je suis dépassé par deux bécanes gaz à fond, la première sur la roue arrière, la deuxième avec son conducteur plaqué au réservoir. Je sors à peine du rond-point, je dois faire un petit 50 (honnêtement, hein, pas "50 à tout péter, m'sieur l'agent"), ils m'ont passé si vite que je n'ai même pas pu reconnaître de quel modèle il s'agit. J'ai juste eu le temps de voir deux petits feux rouges biseautés façon MV.
Admettons que les risques sont limités sur cette avenue à quatre voies entre deux ronds-points. Admettons... M'enfin c'est pas bien malin. Déjà qu'on passe pour des sauvages rien qu'à remonter les files...
Tout ça pour dire qu'il faut faire gaffe sur la route : ça se défoule grave, en ce moment. La copine qui bosse aux urgences me confirme que ça cartonne moins ces jours-ci, mais que quand ça tape, c'est plus moche que d'habitude.
Commentaires
je confirme
20-04-2021 08:07Je rentre presque tous les soirs entre 19 et 20h, y'a presque personne, c'est très agréable, mais dans le peu qui roulent, y'en a un paquet, on dirait qu'ils essayent de remonter le temps
tom4
+1 Il faut rentrer au poulailler au plus vite avant les poulets!
20-04-2021 09:51Rentrer à l'heure surtout quand tu sais que ces connards de politiciens se promènent à longueur de journée sans respect de leurs confinements et avec notre pognon. une honte. le nouveau monde sera sans liberté ; à courir de peur de prendre 135¤.
20-04-2021 10:45Quand je sors du travail, à 23h, il m'arrive de ne croiser que deux camions polonais sur 50 km de route nationale. Donc oui, on se fait bien plaisir.
20-04-2021 10:56Comme la liberté c'est fini, chacun prend ce qu'il peut, quand il le peut
20-04-2021 11:32J'avoue j'en suis les 68 ch de la zx secouent pas mal de la crinière au grand galot, la chiotte qui vibre quoi
20-04-2021 18:02Glisser le mot "sardonique" dans une chronique en 2021, respect.
21-04-2021 10:14le mot est de plus au coeur de la thèse
21-04-2021 10:24Ca me rappelle le mois dernier quand le couvre-feu prenait effet à 18h.
21-04-2021 10:2918h02 ou 03, je rentre avec mes deux filles en bagnole à la maison, je passe au-dessus d'un quatre-voie (surplombé par un rond-point).
Je vois un SUV Skoda des gendarmes "garé" en pleine voie sur le rond-point avec les warnings, et les deux gendarmes en train de viser au radar à main les automobilistes en dessous qui se dépechent de rentrer, évidemment en roulant vite (peur de la prune, crèche, garderie, courses, tout ça...).
J'ai trouvé ça.... intéressant.