Cauchemar de motard
En caisse, j'ai fait un coup de crasse à un motard
En caisse, j'ai fait un coup de crasse à un motard. J'ai cru qu'il allait me latter la portière. Problème : je ne sais même pas d'où il est arrivé ni ce que je lui ai fait. Dialogue de sourds.
C'est l'un de mes cauchemars : en caisse, faire un coup de crasse ou même foutre par terre une moto. Dès que je vois un motard, je fais super gaffe. Mais c'est toujours celui que je n'ai pas vu que je vais me payer ; sinon, je l'aurais évité ; j'aurais ralenti, accéléré ; j'aurai changé de file ou je serais resté sur la mienne. Le problème, ce n'est pas ce que je vois, mais ce que je n'ai pas vu.
On rentre de la piscine. Nous arrivons à un croisement en "T" avec un stop. La route principale est en pente. Elle est limitée à 50 puis à 30, avec trois coussins berlinois et des plots en plastique au milieu de la chaussée pour séparer les voies à leur niveau. A ma droite, c'est l'entrée de la ville, desservie par un rond-point, 200 mètres plus loin. A ma gauche, le centre-ville ; les voitures arrivent lentement de cette direction, freinées par la montée et les trois coussins. Le danger vient donc de la droite.
La vue est dégagée : je vois à 70 mètres environ. 14 m/s à 50 km/h, quatre secondes de délai minimum : largement le temps de réagir. Un coup d'oeil à droite : personne. Un coup d'oeil à gauche : une voiture, encore loin. Je franchis l'intersection et tourne à gauche, vers la ville.
Je ne regarde pas dans mon rétro intérieur. Pour moi, il n'y a personne derrière : la rue était vide il y a cinq secondes. J'aborde le premier coussin berlinois.
Une béhème à ma gauche !
Une GS.
D'où vient-il ?
On arrive en même temps sur le coussin. Moi sur ma file. Lui sur la ligne blanche. Or, il n'y a pas de place pour deux : je suis coincé par le trottoir.
Il donne un grand coup de gaz.
Oui ? Et alors ? Je vais me jeter dans le fossé pour te laisser passer, peut-être ?
Il balance sa moto et passe sur le coussin de la file d'en face.
Mouais…
Sauf qu'il y a une voiture en face de toi, gars. OK, à 40 mètres, mais c'est pas malin.
Il revient se ranger à ma hauteur et donne encore des coups de gaz. Je reste dans ma file. Je n'accélère pas. Je ne freine pas. Je continue de rouler. Il gesticule. Il va latter ma portière ? Mon rétroviseur ?
Je ne sais même pas ce qu'il essaye de faire ou ce qu'il veut me faire comprendre. Il arrivait pleine balle du rond-point et râle parce que je lui ai coupé la route en franchissant l'intersection ? Si t'arrivais gaz en grand, gars, faut pas t'étonner d'être surpris par ceux qui roulent à 50.
Deuxième coussin berlinois. Il laisse passer la voiture qui venait d'en face et refait le même cinoche : il double sur la voie opposée et revient à la hauteur de ma portière en donnant des coups de gaz.
J'ai un poil la moutarde qui me monte au pif. J'ai super-super envie de donner un brusque coup de volant à gauche, juste pour voir. Il commence à me courir sur le haricot, avec sa meule de faux riche.
Je décide de l'ignorer. Je poursuis ma route sans accélérer, sans freiner. On n'engage pas le dialogue avec moi à coups de poignée de gaz.
Juste avant le prochain croisement, il trouve intelligent de se mettre devant moi et… de freiner. J'appelle ça la vengeance du faible. Du faible et du très con, en l'occurrence. Parce que tester le temps de réaction d'un automobiliste quand on est à moto, c'est ouvrir la voie à tout un tas de désagréments à base de fauteuil roulant et de tétraplégie.
D'autant que je réagis fort mal à ce genre de provocations. Un quart de seconde, peut-être une demi-seconde, j'envisage d'écraser à fond l'accélérateur : à connard, connard et demi. Sauf que le connard et demi pèse au minimum une tonne de plus que toi, gars. Ça te fera une belle jambe d'avoir la loi pour toi une fois que tu auras mon triangle de suspension inférieur encastré dans la cavité nasale.
Il tourne à droite. Je continue tout droit.
Pauvre connard.
Pauvre connard ?
Mais qui est le connard, ici ?
Parce que je ne t'ai pas vu arriver, gars. Je ne sais même pas ce que tu me reproches. Je ne sais pas ce que tu voulais.
Que je te laisse passer avant le premier coussin ? Mais pourquoi ? Pourquoi faudrait-il que je te laisse passer alors qu'il n'y a qu'une seule voie disponible ? Et même si j'ai fait une erreur, par exemple en tournant devant ton nez à l'intersection -ce dont je doute : une GS, ça se voit- cela ne te donne pas le droit de franchir deux lignes continues à la wanagain et de te la jouer brute de bac-à-sable.
Peut-être que j'ai eu tort, peut-être que je t'ai fait une crasse. Peut-être aussi que tu roulais comme un cochon et que tu es vexé d'avoir dû freiner.
Je ne sais pas.
De notre rencontre, je ne tire aucune leçon.
Et c'est un réel problème.
P.S. : il faut que je m'achète une dashcam.
Commentaires
D'être surpris, et de les surprendre.
Surtout les caisseux qui ne bénéficient pas d'un champ de vision aussi bon que les motards. Je m'en rends compte à chaque fois que je me remets derrière un volant...
08-10-2019 08:10
Je fais souvent la remarque aux jeunes motards : personne n'est censé deviner que tu vas débouler à bloc, alors remet-toi en question avant de dire que c'est la faute des autres. Sur circuit c'est celui qui double qui prend ses responsabilités et anticipe les réactions des autres, j'applique la même règle sur la route et je m'attends toujours au pire de la part des autres usagers. Jusqu'ici ça ne m'a pas trop mal réussi !
08-10-2019 09:20À part la connerie humaine (c'est atavique, on ne peut pas y faire grand chose !), il y a surtout un vrai problème de formation. S'il y avait une chose à changer lors du passage du permis de conduire, ce serait d'obliger chacun et quelque soit le permis, à monter dans la cabine d'un poids-lourd, s'assoir à l'arrière d'une moto, se faire frôler alors que l'on fait du vélo et se retrouver en voiture, juste pour comprendre la perception que l'on a sur ces différents engins. Ça aiderait à la compréhension des réactions des uns et des autres sur une route que l'on est amener à partager (à mon grand dam, hein, sinon il y a longtemps que j'aurais peint des vibreurs sur le route des Adrets de l'Estérel !).
sujet complexe, effectivement. l'expérience t'aide petit à petit à être de moins en moins surpris en anticipant plus le comportement des autres usagers (vieux en Citroën: va se décaler pour t'empêcher de passer, blonde en FIAT 500: déconnectée de la conduite puisque full attentive à son smartphone, taxi: passage en force et hyper susceptibilité, vélo en ville: grille le feu sans même tourner la tête, motard en interfile: supporte pas d'être bouchonné par un scoubite, etc...)
08-10-2019 10:14tu es surpris de moins en moins souvent, du coup tu es MEGA surpris quand ça arrive, et ne réagis pas forcément comme il faut.
sujet complexe.
Je pense de plus en plus à la dashcam depuis que je suis dans le sud avec tout ces allumés qui s'énervent littéralement pour rien. Ce sera pour la prochaine voiture dans 6 mois.
08-10-2019 10:18Ah les 2 RM qui estiment que tout le monde doit s'écarter quand ils arrivent ... Je les appelle les Moïses !
08-10-2019 11:15Tiens marrant, en parlant GS, j'en ai vu un justement hier soir qui était à gauche derrière un camion qui doublait un fourgon, incroyable mais vrai, il met les gaz se rabat une fois à droite derrière le fourgon puis encore à droite sur la bande d’accélération (d'une entrée d'autoroute) manque de pot comme tout le monde le sait une bande d’accélération se rétréci et le bougre se retrouve donc coincé entre la rambarde et le fourgon, il a juste eu encore le temps de freiner comme un damné, en réfléchissant bien et motard moi même, il se serait viandé, franchement j'aurais encore applaudi.
08-10-2019 11:17Je rejoins M. LACAZE, tant que tu ne connais pas les autres usagers c'est compliqué de savoir comme être sympa avec eux.
08-10-2019 16:53Et pourtant, je suis un vrai connard pour les "rien à foutre des autres" alors que je suis le premier à faire ma BA sur la route pour les autres. Ca reste subjective mais autant soutenir les bons comportements et se lâcher sur les mauvais.
Quand je roule en moto je suis toujours 3 règles, du bas de mes 60 000 km à 90% dans Paris :
1) Dire bonjour.
Si tu ne croises pas le regard dans le retro ou qu'un mouvement ne t'est pas directement adressé, alors tu prends ta marge pour ne pas surprendre et engendrer une mauvaise réaction.
Ça inclut les véhicules à angles morts, derrière un camion, etc.
2) Anticiper ça veut dire savoir où va l'autre.
Quand un mec tourne (au hasard un bus), si tu ne connais pas la man½uvre alors attend et observe pour la prochaine fois. On apprend par exemple qu'un gros SUV qui tourne à droite, se décale à gauche
3) Rien ne sert de gagner du temps si tu ne sais pas l'utiliser.
En moto, quand j'ai vraiment besoin d'appuyer, je ne le fais pas à moitié et je joue ma vie. Point.
Par contre, à part ces situations exceptionnelles, ça me soule d'avoir un accident (même la simple réparation de la moto).
En mode T-Max, je mets 27min pour arriver au bureau contre 32 en mode motard. Ma journée n'est pas planifiée à cette échelle de temps, si d'autres le sont alors je plains leur vessie.
Les trajets boulot-dodo c'est la joie pour personne alors autant faire au mieux pour que ça fonctionne pour tous. Les arsouilles aussi, faut que chacun se fasse plaisir. Même en compet', ton but premier est quand même de finir la course & pas de faire le meilleur tour.
Suppression du dernier paragraphe, je remets :
08-10-2019 17:12Pour en revenir à l'article, si la GS était passé tranquillement derrière toi alors qu'elle ne pouvait passer avant, tu lui aurais probablement faciliter le passage juste après, non ?
Bref, j'espère pour lui qu'il apprendra la prudence sur sa moto que le regret dans un lit d’hôpital.
Moi aussi j aime bien les motards !
08-10-2019 17:20..mais pour sortir de mon village et raller la départementale je dois marquer un stop pour tourner à gauche avec vue bien dégagée sur la droite mais pas sur la gauche car visibilité réduite cause virage pourtant limité à 70 ! Donc je vérifie bien que la route soit bien dégagée a gauche pour surveiller la droite??rien j'entame ma man½uvre et là je vois débouler un motard à fond de caisse ! je stoppe aussitôt ma man½uvre après avoir avancé d' un mètre ..le motard en passant me fait un doigt et pas un V car j étais en voiture !!lol
..Alors j aimerais expliqué à ce motard : soit il ne connait pas la route et il fait un tant soit peu attention aux vitesses de limitation avec une marge de 10 à 20 km/h ..soit il connait la route et n'arrive pas dans ce carrefour à fond les gamelles !!
ps; ce pourrait être un automobiliste ..c juste un connard ! lol
V
Très bon article qui reflète parfois ce que j'ai pu ressentir en faisant "une crasse" à un confrère motard que je n'avais vraiment pas vu.
08-10-2019 18:41Par contre, c'est vrai que quand on est en moto, toujours avoir à l'esprit qu'on est censé roulé à la vitesse "normal" du trafic. Donc si on arrive un peu fort sur une intersection, un petit coup de frein permet de ralentir le temps et que chacun, voiture et moto, appréhende mieux tout ce qui l'entoure.
Ah oui, et pour les voitures qui font gaffe, un petit merci, j'ai l'impression que ça se perd...
j’aime beaucoup la remarque sur la GS ^^.
08-10-2019 19:51Je me suis aperçu qu'on pouvait faire la même aux motards avec de la bouteille.
J'ai constaté ça souvent depuis quelques années, ça déboule avec un fort différentiel de vitesse, et les voitures doivent deviner ou va aller le motard.
Et j'ai vu ça avec de la Seven-Fifty à top case, de la 1200GS, de la 1150/1200RT, de la Deauville, de la FJR, etc, pas vraiment des brêles de voyou énervé.
'Fin bon... L'enfer c'est les zautres.
Sinon, quitte à faire une crasse à un motard, moi je dis qu'il faut pas le rater...
Comme ça, aucun risque qu'il vienne vous refaire le rétro ou la portière. 08-10-2019 20:43
Ca me fait penser aux automobilistes "trop sympas" du coup, qui fonts de grands écarts pour nous laisser passer (parfois même qui manquent de se prendre le bas coté), ça incite donc à doubler mais très souvent on me le fait alors que j'ai aucune visibilité sur les prochains virages ou qu'il y a des obstacles sur la route. Prudence donc là aussi !, c'est pas parce qu’on nous laisse passer qu'il faut forcément passer !
09-10-2019 11:48