Road trip estival sur la route de Compostelle, jour 3
De Cadavedo à Saint Jacques de Compostelle, 365 kilomètres
Découverte des petites criques de la Galice, avec un ciel toujours très humide (voire trop humide)
Pleuvra ? Pleuvra pas ? La question existentielle que se pose tout motard en vadrouille est encore là, dans les esprits de la fine équipe de ce Road Trip 2016. Faut dire que vu ce que l'on a pris sur la tronche la veille entre Bilbao et notre petit camping de Cadavedo, la crainte est justifiée. La trêve a eu lieu, mais elle n'a été réservée qu'aux braves. En effet, pendant que le gros de la troupe (c'est collectif, ça ne vise personne en particulier) dort encore dans des effluves de chaussettes fumantes sur des radiateurs saturés (on ne dira jamais assez la poésie que constitue, parfois, les voyages au long cours à moto ainsi que du sens de la fraternité qu'ils créent), une petite équipe commando est partie de bon matin explorer les fameuses criques galiciennes tant vantées par les guides de voyage.
Que motivait ces lève-tôt ? Pour beaucoup, ce petit moment de grâce que constitue un lever de soleil sur un paysage inconnu. S'imprégner des lumières changeantes, assister à la nature qui prend vie, se sentir tout petit dans cette immensité, l'iris saturé de vert et de bleu. Et force est de constater que la beauté tant louée des criques galiciennes n'est pas usurpée. Ben profite de l'occasion pour faire fumer son Nikon et Fifi pour emmener la Super Ténéré faire un peu de hors-piste, quitte à s'ensabler (ce qui facilite l'arrêt, l'engin n'ayant toujours pas de béquille latérale et Fifi n'ayant pas l'intention de sacrifier un instant de ces vacances à faire des réparations). Quant à moi, je souris à regarder ces deux (grands gamins) s'amuser tandis qu'au camping de Cadavedo, ça ronfle toujours.
Rendons hommage à l'architecte de la bande qui s'est levé tôt pour aller regarder les constructions locales et faire des photos : c'est vrai qu'ici, de nombreuses maisons possèdent des greniers installés en position surélevée.
Le petit-déj' prit rapidement, c'est l'occasion de se préparer pour la route. Les machines ont séché, mais toutes les applications météo sont formelles : sur la route de Compostelle, ça va encore sérieusement nous retomber sur la tête. Là, c'est dans ce genre de situation que l'on se rend compte que l'humanité se divise en deux parties : les optimistes et les pragmatiques.
Les seconds s'équipent déjà de vêtements de plus tandis que les autres feront arrêter le groupe au dernier moment, pour s'habiller.
Au final, encore une journée de route où l'on va, globalement, prendre assez cher, ce qui permet de constater une fois de plus les capacités de la Harley-Davidson Road Glide Ultra à tailler la route sous la pluie en ménageant son équipage, même si son pilote doit prendre les virages comme sur des oeufs dès que la route se fait luisante.
Même scénario que la veille, même résultat : la pluie tombante réduit la moyenne, alors que les objectifs sont toujours aussi ambitieux quant au nombre de kilomètres à effectuer sur petites routes et très vite, les choix deviennent tendus : rouler, visiter, s'arrêter, prendre le temps d'attendre le soleil pour faire des photos, arriver à l'heure à l'étape du soir, il va falloir trancher. Contrairement aux journées précédentes, le choix a été fait aujourd'hui de passer au maximum par la côte, bien que des massifs montagneux puissent être tentants, juste à proximité. Bien nous en a pris : entre deux averses et trois ondées, les paysages sont charmants et de petits estuaires se jettent dans l'océan.
Et à midi, bingo ! C'est sous un soleil radieux (mais hélas de courte durée) que le hasard nous fait passer à proximité d'un petit village de pêcheurs, à Porto do Barqueiro, avec ses maisons et ses barques colorées. Attenant au tout petit port, un restaurant, se targue de n'offrir que des produits frais. Les amateurs de poulpe seront servis. Bonne pioche (ou plutôt : bonne pêche !) que ce restaurant : retenez bien le nom, A Goleta !
Hélas, il reste des kilomètres à faire et ceux-ci vont encore se parcourir sous la pluie. L'arrivée vers Saint-Jacques-de-Compostelle sera donc humide, il est tard, juste le temps de trouver la maison et, vu le déluge, c'est de nouveau la Harley qui est donc désignée d'office pour aller faire les courses, elle protégera l'équipage et ses valises sont largement dimensionnées pour nourrir 9 personnes. Comme nous sommes en périphérie de Saint Jacques, la station essence la plus proche fera office de supermarché. Et le talent des cuistots fera toute la différence : nous sommes des motards simples et des pasta améliorées nous paraîtront délicieuses, tout comme ce petit vin rouge local à trois euros (avec modération, selon la formule consacrée).
Il faut dire que les fins limiers de l'équipe ont mis à profit l'un des nombreux "apéroadtrip" qui précèdent chacun de nos voyages pour passer en revue les possibilités de logement. Le choix s'est porté sur une petite maison, d'apparence anodine, mais qui se révèle être d'un charme absolu une fois à l'intérieur : dans la petite commune de Coruna, la maison "Lugar Pardaces Arriba" constitue logiquement le fantasme de tout parisien (qui fantasme avec peu, certes, vu les conditions pourries dans lesquelles il est logé) : de vieilles pierres, un puits intérieur donnant directement dans le salon, un équipement moderne, une déco discrète et cossue à la fois. De quoi passer une excellente soirée à discuter et écouter de la musique. Et demain, si le ciel veut bien arrêter de nous tomber sur la tête, nous irons visiter Compostelle.
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