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Morceaux choisis

Moto Journal 1309 - 8 janvier 1998

Face à face Mostro 600 Dark, Bandit 600N
Deux amours à 40000F

par Franck Péret

A moins de 40000F, l'intrigante Ducati Mostro Dark joue dans la cour des roadsters japonais de grande diffusion, le caractère et l'authenticité en plus. Ce prix d'appel suffira-t-il cependant à lui assurer un succès équivalent à celui d'une Suzuki 600 Bandit?

Le face à face du jour oppose une moto passion, la Ducati Mostro Dark, à une machine raison, la Suzuki 600 Bandit. Ces deux protagonistes à la philosophie divergente se rejoignent sur un point: toutes deux représentent un accès de choix à la moto, par leur esthétique réussie, leurs performances raisonnables et leur prix accessible: 37200F pour la japonaise et 39700F pour l'italienne.

Adorable nipponne, passionnante italienne

En rognant sur la finition, cette dernière bénéficie d'un tarif préférentiel face à la 600 Mostro standard affichée à 43900F.

Un 600 V twin, aussi dépouillé, aussi brut de fonderie n'a jamais été conçu pour plaire au plus grand nombre. Qui peut se contenter d'un tableau de bord dépourvu de compte-tours, d'une finition aussi légère, d'une béquille latérale si peu accessible, d'un embrayage si dur ou d'un rayon de braquage aussi insuffisant ? Comparativement la 600 Bandit en offre largement pour son argent : moteur quatre cylindres moderne, souple et puissant, finition soignée, équipement complet, accessoires pratiques... tout y est.

Alors la cause est entendue ? Certes non, il suffit d'appuyer sur le bouton du démarreur pour comprendre. Ah le "Bradam, bradam" du V twin, quelle musique ! Et le "Gloup gloup" des disques d'embrayage dans l'huile, quel panard. Il vit ce moteur, étroitement porté par un cadre treillis an acier sur lequel viennent se fixer la fourche et le bras oscillant. C'est simple et léger comme le bonheur.

A côté la Bandit fait un peu... "molle". Contrairement à l'italienne, elle n'incite pas à la folle passion. On pense plutôt à une union durable, à une complicité bien ordonnée.

Cela se vérifie au guidon. La japonaise est docile, facile à vivre, immédiate à prendre en main. Plus revêche, la Mostro oppose à la douceur orientale une rugosité toute latine: embrayage dur, vibrations sensibles [...] En passant à la Bandit, on change d'univers. Tout est beaucoup plus feutré, enrobé. La souplesse et la régularité du quatre cylindres y participent pour beaucoup. Le châssis n'est pas en reste. Bien équilibré; il avoue tout de même un embonpoint de 34kg face à sa rivale et subit l'approximation de suspensions trop souples ayant tendance à s'affaisser avec le temps. [...] Le néophyte y sera à son aise et profitera d'une partie-cycle agile et saine, ainsi que d'une mécanique compréhensive. Souple et bien servi à tous les régimes, la quatre cylindres ne se réveille en fait qu'au-delà de 7500-8000 tr/mn. [...] Cette Suzuki, on l'apprécie au quotidien. Rien ne cloche, elle se plie à tous les usages et le moteur sait pétiller les jours de fête. Le succès de la Bandit est totalement mérité car même un motard confirmé ayant auparavant manipulé des grosses cylindrées trouvera du bonheur à son guidon.

Suzuki 600 Bandit

+

  • Facilité : d'emblée, on a l'impression de la connaître.
  • Puissance : généreuse et bien répartie, elle permet un apprentissage en douceur.
  • Prix/équipements : économique et joliment conçue, la Bandit en offre pour son argent.

-

  • Suspensions: leur mollesse est le point faible de cette machine par ailleurs très homogène.
  • Prise au vent: la position de conduite 'cool' limite la vitesse de croisière.
  • Poids: en roulant, il se fait oublier, mais en manœuvres...

La 600 Bandit se vend très bien depuis sa sortie et on le comprend parfaitement. De telles prestations performances/plaisir/équipement à un prix aussi serré, c'est un cadeau qui restera dans la mémoire de toute une génération de jeunes motards.

Reproduit avec l'exceptionnelle autorisation de Moto Journal.