Essai Suzuki Bandit 600 N
La journée commençe bien... beau soleil. En bref, le temps idéal pour
partir au guidon de la nouvelle Bandit 600 et troquer ma Bandit 600 S pour la Bandit 600N
du millésime 2000, d'autant plus que la fin du mois de mai arrive et avec cette fin de
mois, le signe également de la fin des essais. Et oui, Suzuki a livré 220 motos rouges
en version Naked, réservées aux essais, à l'ensemble de ses concessionnaires et la
période s'arrête à la fin du mois de mai, toutes les Bandit d'essai de France devant
être vendues en occasion.
Le concessionnaire m'attend. Cela fait
plusieurs semaines que les pluies m'avaient fait reculer la date de cet essai, afin de
profiter des meilleures conditions et en profiter pour faire quelques photos
mémorables... sous le soleil des tropiques (Paris). C'est enfin l'heure... papiers et
clefs remis pour plusieurs jours de bonheur pour prendre en défaut, ou non, la nouvelle
version. La Bandit s'avance... Juste un saute-vent, pour cette version N, qui autrement
est entièrement d'origine.
On va pouvoir juger sur pièce, la sortir de sa prison et ses barreaux et la
déchaîner...
Je commence par m'installer et surtout glisser mon large antivol (France Antivol F90) pour la première fois sous la selle. Il n'y a toujours pas de système électronique d'antivol au Neiman comme chez Honda, mais bon, au moins, cette année, l'antivol trouve sa place. Et je referme la selle.
Je tourne la clef et les aiguilles
s'affolent... promesse ? ou tout simplement réétalonnage à chaque démarrage du
compteur de vitesse, du compte-tour et de l'affichage digital. Et là, j'apprécie en plus
du totalisateur habituel, le double trip et la montre. Il y a des jours décidément
heureux. Enfin, le partiel va servir à autre chose que vérifier que l'on n'arrive pas
bientôt sur la réserve. Par contre, toujours pas de jauge à essence.
C'est pas grave, il y a deux trips, qui se remettent
facilement à zéro grâce à deux boutons poussoirs. Et en plus, le réservoir s'est fait
plus galbé et renferme désormais un litre de plus. Rajoutés à la nouvelle carburation,
la nouvelle se transforme en vaisseau du désert. Etait-ce la raison pour laquelle les
journalistes de la presse moto étaient allés l'essayer au Maroc une semaine ?
Premiers tours de roues et toujours la
même surprise que lors de l'essai express au passage de
vitesse et à l'accélération: un petit coup de pied. Oh, il ne s'agit pas de grand
chose, surtout par rapport à d'autres motos, mais un plus très net par rapport au
modèle 99. Y aurait-il plus de couple ? Par contre, la boite est toujours aussi douce et
précise. La prise en mains s'effectue facilement. Le tour du quartier se fait donc
rapidement avant de prendre mon sac de sable. Et c'est parti pour un petit tour en
ville... facile. La direction semble plus légère, la position facile, pas de réelle
surprise.
La selle confortable, vraiment plus confortable. Les
kilomètres me le confirmeront encore et encore : nouvelle forme, rembourrage renforcé et
surtout revêtement anti-dérapant font qu'enfin la passagère ne vous coince pas à
chaque freinage sur le réservoir. Bien dommage qu'on ne puisse pas l'adapter sur l'ancien
modèle. Et pour le confort du passage, le détail va jusqu'à des repose-pied garni de
plomb contre les vibrations, toujours aussi peu présentes au demeurant, sauf aux environs
des 6000 tours. A la selle se rajoute les nouvelles suspensions, aussi bien à l'avant
qu'à l'arrière. On s'en plaignait beaucoup sur l'ancien modèle. La version 2000 reçoit
un nouveau monoamortisseur arrière, s'articulant via des biellettes, tandis que les
combinés se règlent désormais non seulement en précontrainte mais également en
détente. Cela va ravir beaucoup de monde. Ce sont ces améliorations qui font que la
meilleure moto s'apprécie encore davantage. Les démarrages aux feux rouges se font plus
faciles et plus rapides, même à deux. Il n'y a pas à dire, il y a plus de couple, à
tel point que je sens à peine la différence quand ma passagère est derrière ou non.
Alors qu'avec l'ancienne 600, c'était plutôt le contraire : dès qu'elle montait
derrière, je la sentais bien, tout le temps ! Bref, j'ai l'impression qu'il y a plus que
les 5% de puissance et de couple de plus annoncés par rapport au modèle 99. Je mettrai
cela sur le compte du nouvel allumage TPS, dont le rôle est d'optimiser l'allumage par
rapport à l'avance. Le moteur reste souple et disponible dès les premiers tours. La
Bandit est une moto facile, à la prise en main immédiate.
Périphérique et sortie de Paris, pour
l'autoroute. La Bandit monte dans les tours et avale les kilomètres : bonheur ! J'ai
pourtant besoin de ralentir le rythme rapidement parce que j'ai l'impression de jouer le
rôle d'une voile et mes bras me retiennent au guidon. Quand au poids, elle me parait plus
légère, plus maniable que ma S. Pourtant la N a pris du poids et doit avoir le même
poids que ma S habituelle; le nouveau cadre a semble-t-il permis de rabaisser le centre de
gravité. Je ne ferai pas de long parcours à haute vitesse avec ce modèle. Il faudra que
je teste la version S. Les départementales lui vont mieux et je sors donc rapidement de
l'autoroute pour titiller les nationales et surtout les départementales en toute
tranquillité. La Bandit se fait plus joueuse et l'aiguille du compte-tour vient
rapidement lécher la zone rouge sans que je me sente déstabilisé. Bluffant ! J'attrape
les freins et la moto obtempère immédiatement. Le toucher est plus précis que sur
l'ancien modèle. Le freinage est donc aussi à la hausse. Je réfrène mes ardeurs et
enfile les virages les uns à la suite des autres, de plus en plus vite, toujours en toute
sécurité. J'en viendrai presque à me demander si finalement, la version 2000... Non, je
préfère le dessin de l'ancien réservoir ;-)
Il me reste le temps d'admirer tous les détails qui
font l'identité de ce nouveau millésime, profondément remanié par rapport aux anciens
modèles et notamment en ce qui concerne :
- les tubes de fourche qui reçoivent des protections de joints spi,
- les instruments de bord,
- le phare arrière, qui ressemble un peu à la SV,
- les ergots sur les flancs de selle (et non sous le cadre) pour fixer des bagages,
- les repose-pieds passager montés sur des platines démontables et non plus directement sur le cadre,
- la poignée arrière, plus esthétique, mais moins confortable,
- la selle plus large, avec un dénivelé, et deux surface anti-dérapantes, différentes pour le pilote et le passager,
- le nouveau réservoir, qui permet de bien serrer les cuisses autour...
Conclusion
La nouvelle Bandit 600 version 2000 a vu
son prix augmenter, deux fois: une première fois lors de son arrivée en magasin, une
seconde fois deux mois plus tard pour taquiner les 40 et 43.000F pour les versions N et S.
L'augmentation est-elle justifiée ? hélas, oui : freinage, moteur, pneumatiques,
équipement général, finition... on en a pour son argent. Par contre, autant je
conseillais sans état d'âme l'ancienne Bandit 600 à un débutant, j'hésiterais
aujourd'hui. Elle est maintenant plus nerveuse, plus joueuse dès les premiers tours et
même si elle pardonne facilement les erreurs de conduite, elle demande plus de
circonspection et de calme. C'est moins qu'avant la moto idéale pour les jeunes permis.
Je serai même presque tenté de conseiller une Diversion par exemple... à moins d'être
sage et de rester plusieurs milliers de kilomètres sous la barre des 7000 tours, le temps
d'appréhender en douceur toutes les qualités (et le poids) d'un roadster, meilleur que
jamais.
La fiche technique
comparative (ancien/nouveau modèle)
Merci au Magasin MotoChampion - Paris 18e -
et à Erick pour le prêt de cette Bandit
(non, ce n'est pas la moto qui est sur la photo de droite).
Commentaires