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La circulation alternée fait recette
4.000 PV dressés en une matinée pour 100.000 euros d'amendes
700 agents de police mobilisés dans Paris et la petite couronne
Aux grands maux, les grands remèdes. Alors que la capitale s'emmitouflait dans un épais brouillard, le gouvernement a aussitôt choisi de prendre des mesures exceptionnelles pour contribuer à réduire le pic de pollution. Gratuité des transports en commun d'abord, application d'une circulation alternée ensuite.
Abandonnée au bout d'une journée seulement en raison d'une amélioration du taux de pollution de l'air, la mise en place de cette circulation alternée s'est montrée très bénéfique pour le gouvernement.
Pour la seule matinée de lundi, ce sont en effet pas moins de 4.000 PV qui ont été dressés à Paris ainsi qu'en proche banlieue. 700 agents de police avaient en effet été mobilisés pour assurer le contrôle des véhicules circulant dans la capitale et dans ses environs, afin de verbaliser les conducteurs dont l'immatriculation n'était pas impaire.
Bien que des dérogations aient permis aux taxis, bus ou encore voitures transportant plus de trois personnes à bord de circuler librement, les forces de l'ordre ont pu totaliser près de 100.000 euros d'amendes.
"Les conducteurs payent un lourd tribut"
Du côté de la Ligue de Défense des Conducteurs, on s'indigne de l'envergure d'un tel dispositif déployé pour verbaliser les conducteurs comme le fait remarquer Christine Bayard, Secrétaire Générale de la Ligue de Défense des Conducteurs :
Le non-report de cette mesure prouve bien son inefficacité. Les conducteurs payent encore une fois un lourd tribut pour satisfaire les gesticulations d’une politique-spectacle en mal d’inspiration.
Il existe bien d’autres moyens pour lutter contre la pollution que de priver une partie des conducteurs de leur liberté de se déplacer. Le parc automobile ancien, par exemple, pollue de 1.000 à 100.000 fois plus que le parc neuf. L’argent gaspillé aujourd’hui aurait pu aider bien des conducteurs modestes à renouveler leur véhicule. Mais encore une fois, lorsqu’il s’agit de conducteurs, c’est la répression qui l’emporte.
Les deux-roues motorisés, des "victimes collatérales"
Les automobilistes ne sont pas les seuls à avoir grincé des dents ce lundi 17 mars puisque les scooters et motos dotés d'une plaque d'immatriculation impaire ne faisaient pas exception à la règle. Une mesure discriminante aux yeux de la Fédération Française de Motocyclisme qui parle des motards et scootéristes comme étant des "victimes collatérales" de cette mesure exceptionnelle.
La FFM rappelle ainsi au gouvernement que les deux-roues motorisés restent une solution dans une ville largement engorgée au quotidien et dont les transports en commun sont régulièrement saturés :
Avant de mettre en difficulté les centaines de milliers de Parisiens qui ont besoin de leur voiture ou de leur moto pour aller travailler, le gouvernement aurait pu prendre le temps de la réflexion d'autant plus que, dès hier, Airparif annonçait une amélioration de la qualité de l'air pour ce lundi, circulation alternée ou non...
Pour sa part, la Fédération Française des Motards en Colère est elle aussi montée au créneau dans un communiqué de presse :
Le gouvernement a tellement brassé l’air de l’Île-de-France pollué que les vilaines particules ont fini par diminuer au point de pouvoir suspendre la punition alternée.
Dans sa grande sagacité et au terme d’une semaine calamiteuse, le gouvernement a eu la sagesse d’imposer des restrictions de circulation 24 h avant qu’un changement météo ne vienne purifier l’atmosphère de Paris et de sa petite couronne.
Les restrictions de circulation n’auront donc embêté qu’une journée les salariés qui n’ont pas eu l’embarras du choix mais juste le choix de l’embarras. Mais attention, dès que le nuage toxique repasse la frontière, le gouvernement remettra ça, c’est promis !
Les villes qui n’ont pas eu le temps d’expérimenter la machine à laver le ciel, les poumons et les cerveaux réclament déjà leur circulation alternée.
Ce répit permettra peut-être à nos décideurs en mobilité de se rendre compte qu’il n’y a pas de deux-roues motorisés fonctionnant au gazoil et qu’une moto occupée par deux personnes présente un taux d’occupation de 100%, soit plus qu’une voiture cinq places avec trois personnes à bord.
Pour toute information complémentaire concernant les avantages à faire circuler des deux-roues motorisés en ville plutôt que des autos, la FFMC se tient à la disposition des experts purificateurs d’atmosphère.
Quoi qu'il en soit, motards et automobilistes parisiens pourront souffler dès aujourd'hui avec l'abandon de cette circulation alternée.
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