[Roadtrip Suisse] Jungfraujoch
Ascension jusqu'au sommet de l'arête du col à 3.471 m d'altitude
Si vous faites le Grand Tour de Suisse, vous devez descendre à un moment de votre moto pour grimper plus haut. Frontière entre les cantons de Berne et du Valais, le Jungfraujoch est une arête entre le Mönch et la Jungfrau, à 3.471 mètres d'altitude. Ces sommets majestueux dominant le glacier d’Aletsch, le plus grand des Alpes, confèrent déjà au lieu un caractère remarquable. C'est d'ailleurs l’une des 50 merveilles naturelles du monde.
Mais depuis 1889 s'y conjugue une prouesse humaine, défi d'ingénierie et de technologie. La montagne abrite en effet la station de chemin de fer la plus haute d'Europe, perchée à 3.454 mètres. Imaginé dès 1889 par Adolf Guyer-Zeller (1839-1899), homme d'affaires et entrepreneur suisse, le projet démarre en 1896. Ce Jungfraubahn est le tronçon final des lignes montant déjà depuis la gare d'Interlaken-Ost. Quittant la ville avec la Berner Oberland Bahn, on longe d'abord le cours de la rivière Lütschine jusqu'à Lauterbrunnen ou Grindelwald, pour emprunter ensuite le Wengernalp. Celui-ci, offrant des vues sur la paroi nord de l'Eiger (3 970 m), mène jusqu'à la Kleine-Scheidegg en dessous du Jungfraujoch.
On change alors une dernière fois de voiture pour monter dans le convoi qui gravit les 1 393 mètres de dénivelé restant à parcourir. L'Eidergletscher, à 2 320 mètres, est l'ultime arrêt à l'air libre. C'est aussi le point de départ de nombreuses randonnées et approches pour des voies alpines renommées. Là, commence l'ascension en tunnel, traversant l'Eiger et le Mönch, foré dans la montagne sous les coups de pioches et marteaux pneumatiques d'ouvriers italiens. Dès 1903 la ligne montait déjà jusqu'à la station Eigerwand (2.867 d'altitude). Le train stoppe une poignée de minutes, laissant aux visiteurs la possibilité d'admirer, par de larges ouvertures dans le roc granitique, les glaciers et montagnes alentour !
Puis la montée s'accentue pour atteindre la station finale où trône le buste du créateur de l'ouvrage, inauguré le 1er août 1912. Premier devoir du pèlerin des cimes : faire tamponner son passeport, petit livret rouge compilant de nombreuses informations.
Un ensemble remarquable et imposant de tunnels et bâtiments habitent la montagne. Un vaste complexe panoramique avec restaurant et boutiques, accrochés à la paroi, accueille les voyageurs. Des ascenseurs et escaliers relient cet espace à l'observatoire scientifique et sa plateforme ultime, le Sphynx (1966), juché au sommet de l'éperon rocheux du col.
Si vite atteinte, l'altitude élevée se fait sentir, coupant le souffle. A moins que ce ne soit le grandiose spectacle qui s'offre aux yeux. La vue à 360° est fantastique, délivrant un panorama complet sur les Alpes suisses. Des contreforts du Jura aux sommets du Valais, la confédération offre ses plus prestigieux trésors de pierre et de glace. Au sud, coulant entre les pics élevés, s'étend le majestueux glacier d’Aletsch, le plus grand des Alpes. Mönch (4 107 m) et Jungfrau (4 158 m) encadrent ce tableau, imposant leur verticalité nimbée de neiges éternelles. On ne peut se lasser d'une telle splendeur, la dentelle alpine changeant au fil des heures, revêtant à mesure différents habits de lumière.
L'intérieur du dispositif offre également un itinéraire percé dans la glace millénaire, dévoilant ses strates et reflets profonds au gré des couloirs gelés. Artistiques, des sculptures agrémentent les salles de ce froid palais dans un bestiaire élégant.
Plus loin dans le roc, une exposition dite Alpine Sensation retrace également l'aventure humaine de la construction. Photos d'époque et schémas côtoient un émouvant mémorial aux malheureux ouvriers italiens qui trouvèrent la mort sur ce chantier des cimes.
Plus bas, au pied de la structure, l'ambiance est plus touristique. Des animations viennent égayer les visiteurs d'horizon lointain. Tyrolienne, mini-piste de ski, snowboard et luge attirent nombres de curieux, adeptes du selfie, sur perche ou non…
La descente emprunte le même itinéraire, laissant les falaises enneigées dans leur écrin d'automne. On retrouve alors un univers plus familier, contraste saisissant avec l'univers minéral approché si brièvement. Pour rester plus longuement, on pourra, l'été, prendre une chambre d'hôtel à la Kleine-Scheidegg. L'établissement "Des Alpes" organise des soirées en costumes du début du XXe. Histoire de se fondre complètement dans le mythe.
Particularité météorologique
On enregistre à la station météorologique de Jungfraujoch (3.580 m) une température moyenne annuelle de -7,2 °C. À titre comparatif, à Lhassa, capitale tibétaine pourtant située à une altitude voisine (3.689 m), une température moyenne annuelle de + 6,2 °C. Le Junfraujoch compte seulement 22,4 jours sans gel par an et uniquement durant les mois d'été. La température maximale journalière y atteint ou dépasse 0 °C 105 jours par an. Autant dire qu'il y fait froid, voire très froid, à n'importe quelle saison. Chaussures et vêtements doivent être choisis avec soin pour profiter des lieux, sans oublier lunettes de soleil et gants.
Plus d'infos sur la Suisse
- Site : www.myswitzerland.com
- Site : www.jungfrau.ch
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