Histoire du Qatar
De la domination perse à anglaise
L'un des pays les plus riches au monde
Le Qatar n'est indépendant que depuis 1971. Avant cela, le pays est passé aux mains d'une quantité incroyable de peuples et pays différents. Situé dans une zone géographique stratégique, le territoire a attiré bien des convoitises.
Habitée depuis 50 000 ans, la région a été dominée par l'empire perse pendant plusieurs millénaires. Ce n'est qu'en 628 que l'islam est introduite dans la région, avec l'implication du messager Al-Ala'a Al-Hadrami auprès du gouverneur perse en charge de la région. C'est ainsi que la plupart des tribus se sont converties. A la chute de l'empire perse, c'est la dynastie des Omeyyades qui s'empare du pouvoir dans la région. Ils sont suivis par les Abbasides en 750, qui vont introduire le Qatar et toute la région dans une période de prospérité absolue, principalement grâce au commerce maritime et aux perles.
La société est divisée en tribus, regroupées sous les ordres du cheikh. Quelques révoltes ont lieu au 9ème siècle, sans succès, contre le pouvoir. La dynastie des Abbasides prend fin autour de 1250. Les Usfurides et les Ormus se succèdent ensuite, jusqu'à l'arrivée des Portugais au début du 16ème siècle.
L'arrivée de l'Empire ottoman et des Britanniques
En 1521, les Portugais s'emparent du contrôle du golfe persique. Le but était de créer une nouvelle voie maritime et d'exporter de l'or, de la soie, des perles et d'autres biens précieux. Cette domination est cependant de courte durée, la population se tournant vers l'Empire ottoman qui avait aussi des vues sur la région. Ils perdent donc le contrôle de la région autour de 1550, puis sont définitivement expulsés par les Anglais et les Hollandais en 1602.
Le rattachement du Qatar à l'Empire ottoman n'a que peu d'influence, les tribus présentes ayant accepté la domination uniquement pour se débarrasser des Portugais. Des conflits internes éclatent tout au long du 17ème siècle entre les tribus rivales, réclamant toutes le pouvoir. Le cheikh du Bahreïn en particulier convoite le Qatar, qui refuse de se soumettre. Afin de calmer les esprits, les Britanniques s'emparent du problème et destituent le cheikh pour le remplacer par son frère. Ils font par ailleurs payer à ce dernier les travaux de reconstructions au Qatar, qui a été détruit par les guerres.
De nombreux conflits continuent d'éclater tout au long du 19ème siècle. En 1868, le cheikh qatari signe finalement un traité de renoncement à la guerre avec les Anglais et le Bahreïn. Quatre ans plus tard, cependant, le fils du cheikh accepte une alliance avec les Ottomans et place le Qatar sous sa tutelle. Cette tutelle va prendre fin lors de la Première Guerre Mondiale, alors que l'Empire ottoman est dévasté. Ils se rendent aux Anglais, qui placent le pays sous protectorat. Les Qataris acceptent de d'abandonner le contrôle de leur politique extérieure contre la protection militaire des Anglais.
Le protectorat anglais et la découverte du pétrole
A l'issu d'une guerre entre le Bahreïn et le Qatar, ces derniers reprennent la ville de Zubarah, créant un pays unifié de Doha à Wakrah au sud-est. Des conflits internes subsistent tout de même, plusieurs tribus souhaitant le départ du cheikh. Inquiet, il demande à plusieurs reprises une aide militaire des Anglais, qui la refusent, ne voulant pas s'impliquer dans les affaires internes du pays. Mais cela va rapidement changer à la découverte de réserves de pétrole.
Les premiers forages ont lieu en 1933. Deux ans de négociations mènent à un accord entre les représentants qataris, iraniens et anglais indiquant que pour 75 ans, les Anglais étaient autorisés à forer dans le pays en échange de 400 000 rupees à payer à la signature et un bonus de 150 000 par an plus les royalties. Peu après, un nouveau conflit éclate avec le Bahreïn, qui réclame les îles de Hawar au large du Qatar, ainsi que la ville de Zubarah. L'Angleterre dissuade le pays de se lancer dans ce conflit. Le Bahreïn, en colère, lance un embargo contre les échanges commerciaux avec le Qatar.
Parallèlement, le Qatar connait des difficultés économiques à cause de l'effondrement du marché des perles, ressource principale du pays. Ces difficultés sont empirées par la Seconde Guerre Mondiale, qui met une halte aux forages entre 1942 et 1947. Cette crise mène à l'émigration de nombreuses familles vers d'autres pays du Golfe, laissant derrière elles des villages abandonnés. 1949 va marquer un véritable tournant dans l'histoire du Qatar : c'est à cette date que les exportations pétrolières à l'étranger vont réellement commencer, lançant le pays dans une période de prospérité incroyable.
Le cheikh au pouvoir, Abdullah bin Jassim, inquiet des tensions montantes dans sa propre famille, promet d'abdiquer en faveur de son fils en échange de l'aide des Anglais. Ils vont aider à mettre en place une structure gouvernementale solide et améliorer les services publics. Les premières lignes téléphoniques voient le jour, ainsi que la première usine de dessalement et la première usine électrique. Mais de nombreuses grèves des ouvriers travaillant sur les sites de forage vont avoir lieu tout le long des années 1950, incluant des manifestations anticolonialistes et des tentatives de sabotage de pipelines.
N'arrivant pas à faire entendre leurs voix, la colère des classes sociales basses ne fait qu'augmenter avec le temps. A l'issue d'une grève demandant de meilleurs salaires, une protection salariale et le droit de vote, le Khalifa bin Hamad fait emprisonner une cinquantaine de manifestants. Il accepte cependant d'instaurer une priorité d'embauche pour les Qataris et met en place un système de prêt pour les fermiers pauvres.
L'ère post-britannique
Avant l'annonce du départ des Britanniques du territoire, ces derniers aident le Qatar à mettre en place de nombreuses instituions, comme le Ministère de l'Agriculture ou le Ministère du Travail. C'est en 1968 qu'ils annoncent officiellement leur départ sous trois ans. L'idée d'une fédération entre le Qatar, le Bahreïn et les émirats du Golfe germe. Le Qatar propose alors de créer un pouvoir central contrôlé par les neuf souverains. L'idée est en principe acceptée, mais de nombreux désaccords subsistent. Le projet est finalement abandonné.
Les Britanniques quittent la région comme prévu en 1971. Le Qatar déclare alors son indépendance le 1er septembre de la même année. Un conseil consultatif est créé, composé de 20 membres, puis 30 en 1975. La production de pétrole augmente, ainsi que celle du gaz. La découverte du gisement offshore de Norh Dome propulse le pays au premier rang de producteur et exportateur mondial de gaz liquéfié.
Dans les années 80, une masse d'immigration afflue dans le pays pour y travailler, portant la population de 372 millions à 550 millions en dix ans. Les constructions modernes s'accélèrent et la population déménage massivement dans les grandes villes, portant le taux d'urbanisation à 90%. Si les Qataris restent attachés aux valeurs sunnites wahhabites, une cohabitation entre modernité et tradition s'installe peu à peu. Des modernisations sociétales apparaissent aussi : les soins médicaux deviennent gratuits, des écoles et universités voient le jour. Aujourd'hui, le Qatar bénéficie d'un PIB par habitant de plus de 5000 dollars, est le premier exportateur mondial de gaz et produit près de 2 millions de barils de pétrole par jour. Le gouvernement tient tout de même une politique intérieur stricte, avec une presse muselée, des droits des femmes peu avancés et une application stricte de la charia, bien que le pays fasse des efforts vers une ouverture plus large.
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