Peindre le carénage et le réservoir
Fournitures, méthode et conseils
Saga restauration de la sportive Kawasaki ZX6R 636 modèle 2002 : 21ème épisode
- Difficulté :
- Durée :
- Budget :
Il fallait remplacer le carénage. Une fois tous les éléments du carénage en place et en bon état cosmétique après la préparation, tout est prêt pour une peinture perso. Enfin perso au sens, faite par mes soins : je reste sur une couleur unie. J'ai opté pour la peinture maison, mais avec du matériel pro.
Pour un meilleur résultat, j'ai même craqué et loué une cabine de peinture, faute de disposer de la place nécessaire pour m'en faire une à la maison. Un nouveau délire à 150 ¤. Mais il me le faut pour un bon résultat et surtout pour tester objectivement le rendu pro des peintures.
Types de peinture
Une basique pour les éléments noir d'origine
J'ai testé deux peintures sur notre ZX6-R 636. L'une basique, proposée par le fabricant français Berner : le Noir Laqué. Il servira au passage de roues, ainsi que sur les éléments noirs d'origine : entrée d'air et « pieds » de garde boue. J'aime beaucoup Berner. La buse des bombes est de qualité et il n'y a jamais de surcharge ou d'éclaboussures, tandis que la peinture en elle-même est d'excellente qualité, tant au niveau couvrant qu'au niveau tenue. Testé et approuvé sur une bonne partie de la gamme, apprêts compris.
Je peins les petites pièces, le passage de roue, le lèche roue et les pieds de garde boue dans la "cabine" artisanale du garage participatif avec la peinture Berner. Le résultat est bon.
La bombe Berner est posée sur un apprêt gris, Berner lui aussi (pour maximiser la compatibilité). L'apprêt est d'excellente qualité et tient fort. Si le pouvoir couvrant n'est pas saisissant et aurait mérité un apprêt noir et non gris, le lissage est bon et la peinture tient. Le temps de séchage est également très limité. Le rapport qualité prix n'est pas mal du tout !
Prix des peintures en bombe Berner Laque Noir Brillant : environ 12 ¤ la bombe
Une peinture plus complexe pour la carrosserie
L'autre peinture moto, bien plus complexe, est issue de la gamme BST Colors. Il s'agit du blanc nacré Kawasaki ou Pearl Alpine White. Une teinte impossible à obtenir si l'on souhaite le faire soi-même à partir de bombes classiques et très compliquée à obtenir, même pour les carrossiers professionnels. Ce fabricant de peinture sait faire le tout en quatre étapes : apprêt, couche de base blanche, laque légèrement laiteuse et pailletée et vernis.
En théorie, le Pearl White s'obtient avec plusieurs couches et divers traitements. Ici, deux bombes suffisent donc. Attention, un apprêt est préférable si l'on peint sur une teinte non unie. C'est le cas de notre réservoir jaune et noir ! Pensez à prendre une bombe de préparation, toujours dans la même marque pour rester dans la même gamme compatible chimiquement.
Si les préparateurs de peinture peuvent effectuer les mélanges dans leur laboratoire, la marque est en mesure de fournir ses peintures prêtes à l'emploi et déjà dosées sous un conditionnement permettant de les passer dans un aérographe / Pistolet à peinture. A vous de voir au moment de choisir ce que vous allez faire.
Fournitures:
- Bombe d'apprêt : 2 bombes (18 ¤ en promotion)
- Bombes BST Colors Kawasaki Pearl White : 4 bombes de 400 ml (240 ¤)
- Bombe de vernis simple 400 ml BST Colors pour les pièces non exposées: 10 ¤
- Bombe de vernis 2K 2 bombes de 500 ml (70 ¤)
Prix complet de la peinture réalisée : près de 500 ¤, location cabine et fournitures diverses comprises (papier de verre, etc.)
Peinture du carénage
Il est l'heure d'attaquer la peinture du carénage. Après ponçage, pas tout à fait à blanc, je regrette de ne pas avoir de décapant industriel sous la main pour déjaunir davantage le réservoir.
Ma ponceuse excentrique ne me permet pas de tout faire et je suis en manque de papier de verre. Je transige donc. Je ponce tout le vernis, j'attaque la peinture sur les arrêtes et fais en sorte que toute peinture tienne bien en dégraissant.
La couche de base de la peinture BST Colors n'attend plus que de se retrouver sur le carénage.
Une cabine de peinture est un plus
J'ai trouvé une cabine de peinture à louer juste à côté de mon domicile. Une aubaine. Je ne dis pas que le professionnel pour lequel j'ai opté est le plus sympa, ni le plus agréable, mais il me laisse sa cabine pour une heure contre règlement en liquide et à l'avance.
D'une manière générale, il est possible de demander aux professionnels de la carrosserie s'ils louent leur matériel. Mais mieux vaut bien évaluer le temps dont on va avoir besoin. Une cabine de peinture est un lieu privilégié alliant tous les avantages possible pour mettre toutes les chances de réussite de son côté.
Les avantages sont nombreux :
- de la place ! c'est génial, je peux entreposer toutes les pièces, tourner autour, les pendre et ainsi répartir les couches de manière homogène pour couvrir tous les angles.
- de l'aspiration d'air et une excellente ventilation. Le problème avec la peinture, c'est l'odeur. Dans la cabine, je respire, même sans masque (mais le masque est recommandé). Et c'est plus écolo. J'essaye de rationaliser ce qui ne l'est pas : exploser mon budget pour peindre à la bombe dans un endroit pro. Le luxe.
- pas de corps étranger. Ce qui est le plus appréciable, c'est que dans cette cabine, il n'y a pas de risque de voir un insecte venir s'engluer et je limite au maximum les poussières et autres impuretés. C'est d'autant plus important que je pars sur une couleur blanche nacrée, qui attire les ennuis à peu près autant que moi !
En théorie, la bombe de peinture donne un résultat moins propre qu'un pistolet à peinture, du fait de la vaporisation différente, moins puissante et moins brumisée, donc moins enveloppante. Pour autant, dans cet environnement, le succès est au rendez-vous et ce sans effort aucun. Je n'ai pu éviter quelques projections de gouttelettes de peinture et un petit pâté de ci de là. Enfin quand je dis « je », c'est plutôt le carrossier « pro » qui me trouvait trop lent et a voulu me donner « un coup demain ». Grand mal lui en a pris.
Habitué à un matériel pro, la seule chose qu'il soit parvenue à faire, ce sont des éclaboussures. Résultat ? Il s'énerve, jette la bombe de peinture qu'il utilisait dans la cabine et claque la porte. Sympa. A moi de nettoyer les petits pâtés que j'avais évités en effectuant les bons gestes et en ne laissant jamais de surplus de peinture dans la buse (il suffit de la retourner et d'expulser un peu de gaz). Comme quoi toutes les bonnes volontés ne sont pas bonnes à prendre. Et encore, ce n'était que le début du sketch. J'ai rattrapé les bévues par un ponçage en règle au grain très fin (du 1000 encore une fois).
Temps de peinture et séchage
Une peinture à la bombe est bien plus chronophage qu'une peinture professionnelle, qui sèche également plus vite, du moins en théorie. Il aurait donc fallu doubler le délai de location par rapport à ce qui était prévu. Surtout quand comme moi, on a une Base et une Laque qui contient le pailleté. Comptez quand même 5 à 7 heures environ au total, temps de séchage de la peinture inclus (elle est rapide !), en fonction de votre dextérité et du nombre de corrections à apporter.
Le vernis, lui, demandera volontiers une nuit de tranquillité. Autant dire que le loueur de la cabine a quelque peu fondu les plombs au fur et à mesure que le temps avançait.
Vernissage
Cruciale, l'opération du vernissage est la garante d'un bon résultat. Attention aux coulures, aux cloques et aux réactions chimiques... Les bombes BST Colors 2K proposent un débit réglable directement sur la buse. De quoi contrôler le flux, sa puissance et ses débordements éventuels. En cas de pépin, pas de panique, il est possible de bien (re)faire ! La peinture est donc aussi une histoire de temps et il convient de ne pas confondre vitesse et précipitation.
Le vernis, justement, c'est là encore que le peintre s'est emballé. Voulant se débarrasser de moi au plus vite. « Je vais le faire, j'ai ce qu'il faut, ça ira plus vite et ce sera mieux fait ». Je ne sais pas pourquoi, je ne le sentais pas avant qu'il n'intervienne. A le voir aller trop vite avec son propre matériel et charger au maximum en vernis, j'ai senti qu'il allait droit dans le mur.
Le geste est bon, le matériel est excellent, mais le bonhomme s'emballe et charge trop les pièces en vernis. Résultat ? Des coulures par endroit.
Résultat ? Des coulures prononcée par endroit. A bout de nerfs et au bord de la crise, il expédie donc le vernissage. A ma remarque sur les coulures, il ne trouvera à redire que « de toutes façons, tu n'aurais pas fait mieux et tu ne le verras plus une fois que ce sera monté ». Bon esprit. Pour la première affirmation, je suis sûr que non.
Pour la seconde affirmation, il n'a pas tout à fait tort, mais quand même. Quoi qu'il en soit, la discussion était close et s'il laissait le temps de séchage à mes pièces, il m'appelait le lendemain matin pour venir les récupérer derrière son atelier, posées sur les poubelles. Les artistes sont des gens sensibles. Allé, avouons-le, son entreprise a coulé le mois suivant... il devait être un peu tendu.
Quant à moi, j'adore finalement le résultat et c'est là l'essentiel. La petite coulure de vernis qui reste sera un souvenir sous peu. Reste le prix de revient total de la carrosserie : 730 ¤ dont 230¤ de fournitures et 230¤ de carénage, payables en 3 x sans frais.
De fait, je me suis lâché sur la peinture. Il m'en reste d'ailleurs une base et une laque, pour les éventuels raccords, tout comme il me reste du vernis, le Carrossier ayant utilisé le sien. Je lui laisse une bombe de vernis pour le dédommager, y compris du temps supplémentaire passé en cabine (près de 3h au total...).
Pas de petite économie sur le volet esthétique de la moto. J'en suis moi-même surpris, moi qui partais sur le strict minimum. Oui mais voilà, je suis un peu fou, avouons-le et cette moto est l'occasion pour moi de tester tellement de choses que je me laisse embarquer de manière totalement (in)consciente. Quant au résultat, il est très bon en ce qui concerne le carénage. J'espère juste à présent qu'il sera solide...
Une autre solution plus économique
Si j'avais réellement voulu parer au plus simple et au plus économique, j'aurais pu repeindre tout le carénage avec une couleur unie moins complexe (et surtout pas trop claire), à 9,90 ¤ maximum les 400 ml, toujours chez BST Colors. Soit 40 ¤ de peinture contre 240 ¤ avec celle que j'ai choisie... J'aurais alors accepté quelques imperfections et peint et verni en extérieur, un jour sans vent ni trop de chaleur, ce qui aurait été gratuit. Enfin, j'aurais pu opter pour un vernis 2 K de moindre qualité et pour un apprêt aux alentours de 6 ¤ les 400 ml. Mais le résultat comme le plaisir de faire auraient été différents. Tout comme ce qu'il serait resté dans mon porte monnaie virtuel : l'économie réalisée aurait été substantielle et la peinture me serait revenue à seulement 70 ¤ environ. Une somme à rajouter au carénage à 230, soit 300 ¤ tout compris. Tiens, le prix du carénage peint en Chine, justement. J'ai "simplement" multiplié par 2,5 la dépense. Aïe.
Bon et bien maintenant, je garde les carénages à la maison en attendant d'avoir terminé la réfection de la moto. Ensuite, je les y emmènerai, les monterai et partirai en roulant ! Si tout va bien... On n'y est pas encore.
A retenir
- Optez pour un environnement avec le moins de poussières et bébêtes possibles
- Ventilez ! Selon votre degré d'exigence, le nombre de couches de peinture et de vernis peut varier.
- Sachez qu'un beau vernis est la garantie d'une peinture durable.
- Les professionnels peuvent mettre entre 4 et 9 couches de vernis et travailler chaque couche pour un rendu parfait (ponçage, etc.). Quand on vous dit que tout est histoire de temps !
A ne pas faire
- Vouloir aller trop vite et trop charger une pièce tant en peinture qu'en vernis
Plus d'infos sur la restauration
- Lire l'épisode 1 avec la présentation du projet et de la Saga Restauration
- Consulter l'annuaire Restauration
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