Roman : René (épisode 18)
Episode 18 : SARRON est scié…
Maurice attend l'arrivée de « son » pilote, non loin du père ROSSO...
Le Vénérable arrive tranquillos, pas mécontent de lui ! Lentement, il prend le temps de béquiller Brigitte, enlève ses gants puis son casque.
Un bref coup d'œil autour de lui, en s'attardant sur ROSSO,
et l'homme à la V6 lance à son frère :
« Maurice, t'as perdu et tu vas devoir payer ton coup : le môme,
il est pas tombé !!! »
Grigou, qui venait d'arriver, lâche sa ritale en entendant ça et éclate de rire ! Maurice est par terre...
Valentini aussi a enlevé son casque et baisse la tête, surtout que le paternel arrive, l'air furibard : « Viens ici, toi, faut qu'on cause ! », articule t'il en serrant les dents, sans regarder le Vénérable Team toujours hilare...
« Un instant !, lance Christian Sarron qui vient de les rejoindre,
j'avais pourtant dit : pas d'arsouille en piste !
René !, toi, à ton âge, c'est pas très sérieux...,
et toi Valentini, va falloir soigner ton mental si tu veux un jour être
devant !
Je passe l'éponge pour l'incident car faut avouer que vous avez
enquillé comme des pros tous les deux : je ne devrais pas vous
le dire, le but n'étant pas les chronos aujourd'hui mais comme
vous semblez prendre un malin plaisir à brûler les étapes,
ben, vous étiez en 1'45 !!!
Toi, Valentini, c'est très bien, les freinages sont incisifs, bonne prise de traj', mais tu dois apprendre à rester maître de toi quand tu as un adversaire qui te marque comme l'a fait René : tu paniques au lieu de rester concentré à fermer les portes et c'est un truc, bien que ce ne soit pas le but originel, que je vais te faire travailler !
Quand à toi René, je suis perplexe... : jamais, tu entends
!, jamais au cours de ma carrière je n'ai vu quelqu'un ayant ton
nombre de bougies, faire ce que tu as fait !!!
Bon, Reed et Ago, à la limite, ça se comprend aisément
: ils n'ont jamais arrêté donc ça ne se perd pas et
ce sont d'anciens champions !, mais toi ??????.
Je t'ai suivi et longuement observé : pas un point de corde raté,
pas un freinage loupé, et je ne te parle pas de la sortie en glisse
à la Chapelle !!! Merd..., c'est pas possible un truc comme ça!!!!!!!!!!
T'es sûr que t'as jamais fait de piste ?????????????????????.
Le plus incroyable est la façon dont tu as assimilé la piste
: on dirait que tu la connais par cœur...
Mais là ou tu m'as scié le plus, c'est que tu en gardes
sous la main : je t'ai vu couper plusieurs fois...
Tous les deux, vous avez ce petit truc en plus qui fait la différence
entre le motard lambda, lequel roulera honorablement s'il s'applique en
respectant les consignes, et le gars fait pour la piste : l'adaptation
au circuit !
Pour Vale, on a déjà vu ça et il a l'habitude de
la piste mais ce qu'il a réalisé d'emblée,
c'est plus que prometteur, mais toi, mon cher René, t'as pas été
croisé avec un ROSSI par hasard ?????????.
Pour vous deux, on va sauter la deuxième partie et je vais commencer
par m'occuper du debriefing, de la vidéo et de faire travailler
les autres sur la piste.
Vous deux, rendez vous après tout ça !, et en cuir...
Pour info : aucun des autres stagiaires n'est descendu sous la barre des
2' ! »
René est sur un nuage : il regarde les sliders râpés
de son cuir puis les repose-pieds ainsi que les pneus de Brigitte...
Lui même n'en revient pas et, plusieurs fois, il a eu l'impression
que les scènes se passaient au ralenti sur la piste, qu'il lui
était possible de corriger chaque trajectoire, de sentir chaque
réaction de son train avant...
Tiens !, pour la fameuse dérive à la Chapelle : quand la
V6 s'est mise à glisser, il a contrôlé en modulant
du poignet droit sans ressentir la moindre émotion ! C'était
naturel et évident..., comme si quelqu'un d'autre le guidait dans
son pilotage...
« Messieurs ! , un peu d'attention je vous prie : deux élèves
sortent du lot et vont avoir droit à un traitement spécial
qui n'était pas prévu à la base..., je veux parler
de René et Valentini, que vous avez vu tournez, pour ceux qui étaient
sur le bord de piste, et laissé sur place pour les autres.
J'avoue que je ne m'attendais pas à ça, donc, vous allez
retourner dans la salle de cours sans eux !
Mais avant tout, je vous demande de leur rendre hommage : messieurs, applaudissement
pour René et Valentini !!! »
Pour certains, qui se voyaient déjà à la place de
ROSSI, c'est la douche froide !
Mais même dans ce cas, on reconnaît toujours les héros
à leur juste valeur (le motard a besoin de se sentir admiré,
mais aussi besoin d'admirer, pour l'exemple...).
Pour les autres, les moins ambitieux ou tout simplement ceux qui admettent
leur REEL niveau sans se voiler la face : c'est un tonnerre d'applaudissements
!
Le père ROSSO ne sait plus quelle attitude adopter entre la fierté
de voir SON fils mis ainsi en avant, et le fait de voir ce fossile (mais
client quand même...) voler ainsi la vedette.
En réfléchissant, il se dit qu'un truc comme ça n'arrivant
pas tous les jours, c'est bonnard pour son établissement (surtout
avec un représentant de la presse spécialisée à
leur côté...), et y'a p'têt' quelque chose à
exploiter avec tout ça...
Faisant un effort sur lui même, il force un sourire genre pub pour
dentifrice, et s'avance franchement vers René pour lui serrer la
louche :
« Alors toi !, tu nous avais bien caché ça avec tes
airs de gatouillable », dit il pour plaisanter et dégonfler
la tension qu'il avait lui même instauré.
« Ben tu sais, répond René, tu lâcherais tes grands airs de marchand d' tapis en t'comportant comme dans l'temps : quand l'patron laissait tomber la clé d'douze pour venir tailler une bavette, on aurait causé d'avantage... »
ROSSO marque une hésitation : « Ouais..., t'as p'têt raison René !, mais, sans m'chercher d'excuse, c'est pas facile de t'nir une grosse boîte comme la mienne... ».
Faut dire que, malgré ses grand airs, le père ROSSO est
quand même un authentique passionné, même si son boulot
l'a un peu fait dériver dans une spirale difficilement contrôlable.
Christian SARRON, avec sa sagesse habituelle, a su trouver les mots justes
pour le toucher à travers la cuirasse et lui faire reprendre pied
à la juste réalité des choses.
Valentini lui, ayant maintenant digéré l'affront, s'avance avec un grand sourire vers René et, sincère, lui déclare : « on s'est bien amusé !, et j'ai hâte de recommencer !!! »
Grigou, qui lui aussi zappe le cours (y'a un super papier à faire là d'sus !), observe la scène, aussi stupéfait que réjoui.
Maurice verse une petite larme : « j'en r'viens pas, balbutie-t'il, j'en r'viens pas... ! »
Et tous de rejoindre la salle de jeu pour un débriefing un peu particulier, en cercle restreint...
C'est bien entendu Maurice qui arrose et, l'euphorie aidant (j'parle pas des boissons : c'est qu'un distributeur de trucs non alcoolisées), Grigou amène l'idée de la formation d'un team un peu particulier, dont le récit fera sans aucun doute sensation dans les premières pages du canard...
A ce moment précis est né officiellement le Vénérable Racing Team, composé du fils et du Respectable, aux manettes (l'alliance des oppositions), ROSSO père et Maurice au management, Grigou s'occupant lui, du public relation !
Le but ? : mettre à g'nou le père SARRON avant la fin du stage !!!..
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