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Roman : René (épisode 17)

Episode 17 : René ouvre déjà, ça t'étonnes… ?

Christian a fière allure près de la R1 spécialement préparée pour lui, selon ses directives, par le staff à JCO, fidèle complice et accessoirement à la tête de l'importation française de la marque aux trois diapasons : voilà ce que René pense en s'approchant, après avoir déposé Brigitte près des autres machines bien alignées dans la voie des stands.

Monsieur Sarron regroupe la troupe près de lui d'un geste rapide :
« Messieurs, des caméras ont été placé à chaque entrée et sortie de courbe, exactement au point de corde expliqué hier pour chaque virage. On vous installe actuellement un transpondeur magnétique sur chaque moto pour connaître votre temps au tour, lequel ne vous sera pas communiqué aujourd'hui car votre rôle, ce jour, est de rouler propre en corrigeant vos défauts.
Je le redis encore : ce n'est pas une course donc, si quelqu'un est plus rapide que vous, vous vous écartez en levant le bras pour le laisser passer.
Je vais vous accompagner avec une personne en duo qui filmera chacun d'entre vous. Vous faites dix tours, par série de cinq, en partant avec dix secondes d'intervalles. Pour le premier tour, n'oubliez pas de chauffer les pneus...
Des questions ?, non ?, alors, à vos machines et soyez prudents et attentifs à ce que vous faites en retenant bien que vous êtes là pour apprendre ! Au fait, pour ceux qui attendent leur tour : l'écran géant va être branché et faire le tour des caméras »

Une première série part aux ordres du personnel de piste, Christian derrière eux avec le caméraman (l'a pas peur c'ui là, songe René, qui a décidé de partir dans la dernière série avec Grigou, histoire de prendre la température...).

L'écran s'allume sur la Chicane après la courbe Dunlop avec un gros plan sur... la première chute ! : un ch'tit jeune sur une HONDAWA CBXR qui vient de s'en prendre une bonne en couchant la moto dans le gravier... . Pourtant, il avait bien négocié le Pif..., c'est le Paf que la moto n'a pas aimé en projetant son pilote dans un superbe high side ! Christian ne s'arrête pas : le personnel de piste est là pour ça.

« C'ui là, y'r'partira pas, diagnostique René à Maurice et Grigou, toute façon, vu la manière qu'y a grimpé sur sa brêle, j'me doutais bien que l'môme allait manger rapidement : c'est toujours pareil, quand on leur dit quelque chose, ben, ils font tout l'contraire... ».

Le duo père et fils attend aussi, à quelques distances, affairé aux réglages de suspensions ou un truc comme ça..., enfin, d'après ce que peut voir le trio, penché sur la superbe TUMATRAPRAPA, laquelle est rutilante avec son poly peint aux couleurs du Team ROSSO.
Le père semble excité et le fils un peu boudeur : y'a de l'eau dans l'gaz, certainement...

C'est Maurice qui, observant la scène, déclare : « R'garde moi ça l'équipe de pignoufs là bas, j'vous parie un verre que l'gamin va pas faire trois tours sans s'en mettre une, vu la pression que lui met le père... »

René, pendant ce temps, se concentre à re-visionner le circuit dans sa tête tandis que Grigou, qui lui se fout comme de sa première pige d'être le prochain DE PUNIET, est occupé à la rédaction de quelques notes qui viendront plus tard composer son papier.

Bientôt, les moteurs reviennent hurler dans la ligne droite tandis que l'écran montre une nouvelle chute à la Chapelle : le gars se relève aussitôt mais, regardant sa moto au sol, enlève son casque en le jetant rageusement !

« Et de deux !.. », s'amuse René qui, s'il est concentré, a toujours un oeil sur l'écran... et un autre, en loucedé sur Valentini !

Les séries passent ainsi et on en est déjà à cinq chutes : selon Grigou, c'est l'adhérence du bitume qui est responsable de ça en mettant les gars trop en confiance.
« Ben ouais, confirme Maurice, quand ça accroche trop, ça décroche encore plus brutalement : c'est physique ! »

Arrive bientôt pour la quatrième et dernière série le temps de se préparer: on en est à huit chutes à présent...

René ajuste son casque, fait chauffer Brigitte et vient se placer juste derrière... Valentini ! Grigou ferme la marche pour observer le vénérable.
Le commissaire de piste agite son drapeau, les faisant partir un à un, Christian en dernier, comme d'habitude.

Le premier tour se passe calmement, sans aucune chute : tous ont eu le temps de visionner les scènes antérieures ainsi que la tronche des bénis ayant vu Sainte Gamelle en personne, ce qui a dû les inciter à se souvenir des bons conseils de tonton SARRON...

Valentini roule propre mais, progressivement, commence à tordre la poignée en affûtant ses freinages et en soignant les points de corde.
Pourtant, René, parti dix secondes plus tard, n'est pas très loin...
Dans la ligne droite, une bonne cinquantaine de mètres les sépare (Grigou suit plus loin, à distance mais surtout, comme il peut avec son truc qui refuse désespérément de prendre la corde.

On en est au 6ème tour, avec toujours le même écart entre René et Valentini (lesquels sont maintenant seuls devant). Grigou qui progressivement s'adapte à forcer outre mesure sur les repose pieds pour inscrire cette saloperie de ritale en courbe, se rapproche de René.

L'écart ne varie pas jusqu'au... dernier tour : D'un seul coup, la KAWASUKI change de tonalité et le V6 se met à chanter de façon plus aiguë tandis que Grigou voit cette dernière s'éloigner rapidement.
René plonge dans la courbe Dunlop sans couper, d'un geste autoritaire, fait rougir les freins carbone à la chicane pour balancer Brigitte dans le pif paf avec un mouvement de pied parfait sur les appuis : l'écart avec Valentini se réduit un peu (mais ce dernier enquille de plus en plus...).

Un freinage d'outre tombe à la Chapelle le rapproche encore tandis que la sortie de courbe fait glissouiller le pneu arrière, lequel commence à crier grâce sous l'attaque des deux cent canassons. René s'en fout : il visse !

Au musée, il est déjà au train de la TUMATRAPRAPA et le môme a senti le danger : il en remet une louche mais la bécane commence à bouger pas mal !
Au Garage vert, cet enf...ré de vieux schnock est toujours derrière un Valentini pas décidé à le laisser passer, malgré les consignes.

Petit écart dans la deuxième partie du virage : René plonge à la corde et double le gamin, lequel réagit aussitôt en se plaçant au c.. de la V6.
D'un seul coup, dans la longue ligne droite précédant le Chemin aux Bœufs, René lève le bras et coupe un peu, obligeant ainsi Valentini à repasser devant, et lui... juste derrière.

Le gosse commence à paniquer en abordant la chicane, mais se rattrape in extremis pour plonger, après une courte mais violente accélération dans le petit droit suivant, dans les S Bleus.

La courbe qui suit avant le virage du raccordement demande un gros cœur mais Valentini n'est pas décidé à couper ! il arrive quasiment en travers au Raccordement... René toujours à ses fesses !!!
La TUMATRAPRAPA mord un peu le vibreur mais reste en piste, tandis que notre Vénérable reste obstinément accroché aux basques du jeune ROSSO...

Avant de regagner les stands, il se porte au côté de Valentini, soulève sa visière et lui lance un regard complice en lâchant une main pour le saluer...

Le père, qui attend son fils, a assisté à une partie du petit jeu par écran interposé et fait un peu la tronche en constatant l'air hilare de René !

Le père SARRON, qui s'était aperçu du simili duel, n'avait, lui, rien perdu du spectacle en les suivant de très près...
Va y avoir de l'explication dans l'air !

René Gédeufoitrentans "le gatouillable" by Sato

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