Roman : René (épisode 11)
Episode 11 : RETROUVAILLES ET ROULAGE EN FAMILLE (c'est pas triste…)
René et Maurice ont passé une soirée... plutôt
arrosée, ce qui fait que le lendemain matin, c'est plus vraiment
le matin quand ils se lèvent : ben ouais, y'a pas d'âge pour
ça ! Et au moins, on ne risque pas la sortie de route, installé
au salon...
Par contre, faut pas parler trop fort car les effets secondaires sont
bien présents !
Quand on dépasse le demi siècle d'existence, on est généralement
bougon dans cette condition : Maurice n'échappe pas à la
règle, ayant la certitude d'avoir un moteur de Norton à
l'allumage déréglé dans la tête, ou quelque
chose d'équivalent...
Et René, vas tu me demander ????????
A ton avis ? : pour pas faire comme les autres, bien qu'un moulbif identique
tente d'imiter celui du frangin, il pète la forme !
Faut dire qu'il nage en pleine euphorie depuis qu'il est capable d'emmener
Brigitte dans les tours en prenant de l'angle. Et dire qu'il refusait,
il y a peu de temps encore, toute incursion dans le monde moderne de la
moto...
Peut dire merci à Valentini (avec un I et le numéro 46 sur
le tête de fourche…), l'ancien !
Tu m'croiras p'têt pas si j'te dis qu'il a passé les derniers
jours à visionner sans relâche le Doctor dans ses oeuvres
? Eh bien si !
Le magnétoscope n'a pas eu beaucoup plus de répit que la
V6 mais le résultat semble maintenant bien palpable : René
est fin prêt à affronter la piste et il entend le montrer,
non d'une bielle !
Maurice est quelque peu déconcerté par l'attitude du frèro.
Déjà, en temps normal, il a jamais été fondu
dans le moule, mais là, en ce moment...
Bon, c'est pas tout de causer : y'a 2 brêles au sous sol qui n'attendent
que leur proprio respectif pour se dérouiller les pistons !
Pauvre Maurice ! : faut vraiment qu'il tienne à son frangin pour
accepter sans broncher le rythme imposé par cette tornade de René,
lui qui venait simplement se reposer quelques jours au sein de sa famille
(à part de lointains cousins, ils n'ont de proches que l'un et
l'autre).
Car René, sitôt sorti du plumard, en prenant juste le temps
nécessaire à caler le Norton qui poum poum dans son caberlot,
pousse Maurice à se préparer comme le fera ton môme
le jour ou tu te décideras enfin à lui payer la bécane
que tu lui a promis l'an dernier et dont tu as reculé l'échéance
pour te payer un nouveau carénage en remplacement du tien, espèce
de mauvais (père?) pilote !
Un p'tit déj' rapide (le dîner, on verra sur la route...)
et viiiiiite !, en selle !
Le pauvre Maurice, lui si paisible en temps normal, il est bien obligé
de suivre un jumeau qui semble soudain avoir 30 ans de moins que lui...
Les 2 bécanes chauffent tranquillement tandis que René enfile
son cuir, et Maurice un vieux barbour qu'il traîne depuis plus de
3 décennies.
C'est parti pour une sortie dans la France profonde... comme semble l'être
cette douleur à la tête qui ne quitte pas le possesseur de
la Viragro, surtout quand il voit son René de frère chauffer
« tranquillement » sa moto en zigzagant comme le font les
pilotes pendant le tour de chauffe, cinquante mètres devant lui...
Faut dire que le Vénérable a tout du pilote, maintenant
: il serre la machine entre les cuisses, les pointes de pieds en appui
sur les cale pattes, bras écartés en se calant au plus près
du réservoir ! Casqué et en cuir, on jurerait qu'c'est moi...
le talent en moins, bien entendu !
La Yapapa (c'est la marque du modèle Viragro…) est
maintenant chaude... tandis que Maurice se contente toujours d'enrouler
sans chercher le moins du monde à rattraper le missile jouant au
yo yo devant lui, ce qui a le don d'exaspérer René : «
Ben alors ???, hurle t'il en se portant au niveau du custom, tu la trouves
la clé d'contact ????.
L'autre le regarde d'un air désespéré en songeant
: « pas possible ?, y'd'vient fou l'frangin ??? »
C'est vrai que la Brigitte est elle aussi en température maintenant,
de même que René qui commence à enrouler du câble
!
Il laisse Maurice prendre cent mètres, rempile la trois et Gaaaaaaz
!, dans l'vent la Viragro ! : surtout à l'approche d'une courbe
!
Dans ce cas de figure, le Paisible assiste, totalement hébété,
à une jetée au point de corde sur les freins, genou sorti,
le tout à une vitesse supersonique et dans un style qui le laisse
tout simplement sans voix !
Au début, il pensait bien que le frangin avait oublié de
freiner et le voyait par terre, mais non : René recommence dix
fois, vingt fois, tandis que lui se contente de rouler, totalement impuissant
et effrayé aussi par celui qu'il connaissait un peu déjanté,
mais à ce point !
Au bout d'un moment à rouler à ce rythme pendant lequel
Brigitte a effectué le double de kilométrage que le custom,
ils décident d'une halte ou René, impatient, attend le verdict
de son frère : « Alors ???, t'as vu c'qu'on peut encore faire
quand on veut vraiment ??????? »
« René : t'es bon pour l'asile !!! Remarque, j'dois avouer
que ton style est propre mais, franchement ?… t'as l'intention de
rouler LONGTEMPS comme ça ?????????? »
« Moi, mon truc, c'est d'jouer avec ma moto et d'montrer aux p'tits
jeunes que l'ancienne garde a pas rendu les armes... »
Inutile de dire que l'après midi fut en tout point identique à
ce qui précède, et c'est un Maurice déconcerté
et un René de plus en plus remonté qui regagnèrent
le domicile dans la soirée.
Ce soir, on se couche tôt car demain, direction Le Mans !
J'ai dans l'idée que René risque de nous surprendre...
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