Essai scooter Suzuki Burgman Street 125EX
Les triplettes de la ville
Monocylindre de 124 cm3, 8,6 ch et 10 Nm, start & stop, 112 kg, 2.999 euros
Depuis 2002 le Suzuki Burgman 125 a été un scooter de référence pour de nombreux usagers et un succès commercial avec 150.000 unités écoulées en Europe. Diverses évolutions (2007, 2014) lui feront passer les années sans déchoir sa popularité jusqu’en 2020. Il quitte la scène pour cause d’incompatibilité Euro5, comme sa déclinaison 650, seul le modèle 400 restant au catalogue.
Trois ans plus tard, revoici l’icône urbaine, entièrement réinventée, baptisée Burgman Street 125EX. Et à ses côtés, deux autres scoot’ se dévoilent, reposant sur une même base châssis et moteur : l’Avenis et l’Address. Nous emmenons le nouveau Burg et sa petite famille pour un galop d’essai en région parisienne.
Découverte
Très typé GT depuis son apparition, la nouveauté se réinvente au travers d’un scooter au style dynamique, compact, allégé de pas moins de 40 kilos (!) et… forcément de certaines fonctionnalités. Élégant, racé, le Burgman 2023 revendique un positionnement orienté vers les cols blancs du quotidien. Ses volumes sculptés affinent la face avant dont l’optique centrale à leds s’encadre de proéminences logeant les clignotants. Plus deux lames argentées rehaussent l’habillage et son cintre reçoit un gainage bi-tons très réussi. Avec cette ligne plus étroite, la protection perd forcément du terrain, la capacité d’emport aussi avec 21,5 litres sous la selle. De quoi loger un petit casque jet... Deux crochets pourront garder vos heaumes durant votre absence. Mais l’assise basculante est fort accueillante et l’accompagnant bénéficie de larges poignées de maintien se joignant en un solide porte-paquet pouvant recevoir un top case. Plus bas, le large feu arrière à leds propose une signature lumineuse moderne et distinctive.
Le modèle Avenis, dédié aux jeunes, lui oppose un style bien plus sportif avec deux coloris aux teintes fun. Ses écopes en partie basse et un habillage de guidon anguleux lui donnent un look futuriste tonique. Les feux arrières anguleux cultivent cette image, tout comme les poignées profilées. Tout l’inverse de l'Address dont le style vintage charmera les plus nostalgiques. Optique rectangulaire sertie de plastique chromé, tablier aux surfaces simples et raffinées devancent une poupe oblongue recevant à son extrémité des feux au dessin rétro, surmonté du bouchon de réservoir. Très classe.
Les trois scooters reposent sur un châssis tubulaire acier. Seule leur boucle arrière varie à peine pour satisfaire au design. Il loge un nouveau moteur monocylindre de 124 cm3 (52,5 x 57.4 mm) à deux soupapes pesant 32,5 kg. Le bloc sort 8,6 chevaux à 6 500 tours et 10 Nm de couple à 5 500 révolutions minute. Une cavalerie amputée de 4 chevaux comparé au modèle 2020. Oui, mais… la nouveauté est bien plus légère et répond à de nouvelles spécificités. Son moteur à technologie SEP est un modèle d’économie de carburant, promettant à peine deux litres au 100 km contre près du double à son prédécesseur ; de quoi réduire par deux le volume du réservoir (5,5 litres). Cette prouesse technique est à mettre au crédit d’une mécanique de dernière génération.
L’admission bénéficie d’un conduit à meilleure dispersion, sa soupape de profil à double courbe spécifique, la chambre de combustion optimise les flux gazeux, l’allumage la combustion et l’angle d’ouverture des valves est des plus courts. Enfin, la mécanique reçoit de nombreux traitements anti-friction. Piston à jupe courte, segments racleurs à faible tension, revêtement du cylindre et basculeur à rouleau. Du bel ouvrage et un moteur éprouvé avec déjà cinq millions d’unités sur les routes depuis cinq ans dans le monde.
De plus, le Burgman reçoit spécifiquement un dispositif auto Start and Stop (AESS) pour réduire sa soif, doublé d’une technologie à réduction de bruit (SSS) lors de la réactivation du moteur. L’ensemble est dénommé SEP - alpha. Mais le démarrage au kick toujours possible (!) sur béquille centrale. So cool !
Avec un empattement de 1290 mm, un angle de colonne de 26,4 et une chasse de 90 mm, le Burgman se veut stable, posé. Des valeurs presque semblables à celles de ses déclinaisons du jour. Mais l’entre-axe des roues n’est que de 1265 mm pour l’Avenis et l’Address. De plus, leur roue arrière est en 10 pouces pour un avant en 12 unités. Le Burg’, lui, dispose de cette dernière valeur sur ses deux éléments rotatifs. Le freinage est au soin, sur les trois modèles, d’un système combiné arrière vers avant (CBS) au levier gauche commandant un tambour de 130 mm. La commande droite actionne l’étrier à deux pistons du train directeur mordant un disque de 190 mm. Mais pas d’ABS… ce qui peut être un peu délicat dans certaines conditions. Les jantes chaussent des Dunlop D307 en 90/90 et 100/80 et sont suspendues à une fourche de 33 mm non ajustable et un amortisseur réglable en précharge.
Valorisant, le Burgman 125 avoue seulement 112 kilos tous pleins faits, l’Avenis se limite à 107 kilos et l’Address se contraint à 105 kilos seulement ! La garantie de 2 ans et un entretien tous les 4 000 km sont conformes aux standards du segment.
En selle
À nouveau, les trois machines se distinguent dans leur accueil. Sur le Burgman, les jambes peuvent être déployées vers le tablier, vos bottines en appuis vers les évidements confortables prévus à cet effet. Plus près du pilote, le guidon offre une ergonomie idéale. L’Avenis se montre plus compact, vos baskets n’ayant guère d’espace pour une conduite à la cool. L’Address est toujours plus classique, son tablier arrondi limite l’avancée des jambes et oblige à laisser vos mocassins au plancher. Le tout engendre une position assez droite, confortable et très vintage. On regrette des plastiques un peu trop basiques enveloppant son guidon. Les deux premiers proposent un espace de rangement à droite et un coffre avec trappe non verrouillable logeant un port USB 2A rétroéclairé. Pratique pour y fixer son câble. Pas de coffret sur l’Address, seul le petit bac est disponible et la prise USB.
La platine logeant le contacteur et l’ouverture de selle dispose d’un système antivol astucieux. Un bouton peut l’abriter derrière un volet. Le dos de la clef permet ensuite sur un emplacement adjacent de libérer l’accès.
Burgman et Avensis disposent d’un même écran LCD qui affiche compteur de vitesse, horloge, consommation instantanée et moyenne de carburant, température du moteur, odomètre et deux partiels, jauge de carburant, voltmètre et rappel d'intervalle de vidange d'huile. Également, on note l'indicateur d'arrêt et de démarrage automatique du moteur (EASS - Burgman) et l'indicateur Eco Drive. L’Address cultive le néo-rétro avec un cerclage à leds de son tachymètre analogique comme témoin de conduite respectueuse de l’environnement…
Enfin, seul l’Avenis dispose d’un court levier officiant comme frein à main. Dommage que les autres n’en soient pas également équipés…
En ville
Le silence de fonctionnement caractérise les machines, le Burgman en particulier. Un excellent point pour les environnements urbains. Au ralenti, on entend à peine le staccato léger de l’uni-cylindre. Sans surprise, Avenis et Address se montrent les plus toniques. À peine moins enjoué, le Burgman Street joue son rôle de dandy moderne. Les différences sont assez peu sensibles en vérité et les Suz’ s’emmènent avec aisance dans le trafic, les rues et petits coins des bourgs ou villes. Offrant un excellent rayon de braquage, ils sont les montures faciles des environnements contraints. Déjà le freinage combiné apporte confort et sécurité tandis que la coupure/relance automatique du moteur sur le Burgman ajoute à l’agrément des évolutions.
Voies rapides
Avec une vitesse maximale de 96 km/h sur le plat et près de 110 en légère descente, les 125 d’Hamamatsu ne sont pas des pièges à permis et se situent même en retrait par rapport à des Yamaha NMax ou Honda PCX, autres références du segment. On regrette cette allure un poil trop juste pour les trajets en « commuting », imputable à une puissance en retrait. Le précédent opus autorisait 125 km/h, plus rassurant en périurbain. Néanmoins, les scoot’ assurent leur job à ce niveau. C’est au guidon du Burg’ que la protection parait la meilleure.
Départementales
Ce point s’atténue sur le réseau secondaire ou la force moteur correcte permet de conserver une bonne allure. L’agilité des scooters se vérifie à nouveau, perchés sur leurs gommes étroites. Avenis et Address bénéficient de leur jante arrière en 10 pouces pour virevolter. Mais le vintage demande un peu de circonspection à trop vive allure en courbe. Sa béquille centrale vient vite limiter sa garde au sol et les excès d’optimisme peuvent vite prendre une tournure très classique… Le p’tit jeune s’échappe tout en style et en sportivité contenue.
Au guidon du Burgman, on se la joue plus statutaire. Un peu moins vif, mais plus stable, le Suz’ corporate assume son statut un peu plus sérieux et rangé. Avec des gommes offrant un bon grip, on n’hésite pas à garder du rythme et moduler l’allure avec le levier gauche. Performant, le CBS ralentit efficacement les petits engins, sans figer leur direction. La commande de droite est aussi agréable et modulable. Reste à savoir ce qu’il adviendra lors d’un freinage d’urgence sur route humide.
Les trois Suzuki délivrent un bon confort, tant de leur selle que de par leur amortissement. Bien accordés, les éléments absorbent très correctement les défauts des routes et autres ralentisseurs.
Partie-cycle
Sains et surs, les trois scoots’ Suz’ témoignent d’une conception éprouvée et efficace. Agile, léger, rigide, ils autorisent un pilotage soutenu en courbe, notamment en descente, où l’on aura plaisir à apprécier leur vivacité de changement d’angle et une bonne précision.
Freinage
Puissant, le tambour délivre des décélérations très correctement modulables. Son action combinée au disque avant est un vrai plus en termes d’efficacité et sécurité.
Confort/Duo
La mousse épaisse des selles, une ergonomie agréable et des suspensions de qualité garantissent un confort très correct au pilote et au passager.
Consommation
Non mesurée. Environ 200 km.
L'essai vidéo du scooter Suzuki Burgman Street 125EX
Conclusion
Le grand retour du Burgman 125 s’accompagne de deux déclinaisons très réussies. Certes très allégé en poids et avouant quelques capacités plus réduites, le Burgman Street 125EX fait le pari d’une consommation réduite pour s’accorder au mieux aux centres-villes encore libres du joug écolo-triste. Ses compères, fun ou classique, séduiront leur cible respective sans mal, notamment en raison d’un tarif fort attractif. Le classique Address demande 2 799 €, le look sportif de l’Avenis réclame 2 899 € et l’élégance statutaire du Burgman 2 999 €.
La concurrence est rude avec le Yamaha NMax 125 (12,2 ch - 11,2 Nm, 131 kg) au prix de 3 599 €. Autre référence, le Honda PCX 125 (12 ch 11,8 Nm 130 kg) à 3 549 €. Enfin les Kymco Like (3 199 €) et People (3 599 €) ou X-Town i (3 899 €) sont de sérieux opposants. Même constat avec les SYM : le joli Fiddle IV à 2 999 €, le sportif Jet 14 LC0, 3 299 € et l’élégant Jet X à 3 399 €. Très complets, ces engins sont nettement plus lourds.
Avec ces scooters simples, mais pas simplistes et dotés de technologies moteurs et châssis performantes, Suzuki pourra séduire avec l’Avenis et l’Address. Ce sera peut-être plus dur avec le Burgman devenu plus « léger » en termes de protection et capacité d’emport. Jouant la carte tarifaire, la nouvelle déclinaison manque d’une certaine audace pourtant essentielle.
Points forts
- Esthétique raffinée
- Technologie moteur
- Suspensions honnêtes
- Freinage
- Efficacité dynamique globale
- Discrétion sonore
Points faibles
- Burgman moins polyvalent
La fiche technique du scooter Suzuki Burgman Street 125EX
Conditions d’essais
- Météo : soleil, de 16 ° à 25°C
- Itinéraire : routes sinueuses à revêtement variable
- Kilométrage : 75 km
- Problème rencontré : ras
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