Essai : Pneus trails Continental TKC 70
6 mois d'utilisation sur route, dans les bois, à la March Moto Madness et à la Paris-Dunkerque
Ses qualités et défauts mis en exergue au guidon d'une Yamaha XTR 660
L'essence même du trail, c'est la polyvalence. Et du coup, de nombreux utilisateurs de trails s'arrachent un peu les cheveux pour trouver une monte pneumatique qui soit parfaitement en phase avec la vocation plurielle de leur machine, ni trop routier ni trop TT, mais en même temps, pas trop peu TT et pas trop peu routier. Pas simple !
Ces questionnements métaphysiques, un ami de la rédaction du Repaire, Aurel', se les pose nuit et jour (le garçon est un cérébral). Car Aurel' aime la moto sous toutes ses formes : il possède à la fois une BMW S 1000 R débridée avec laquelle il fait des balades, du Rallye Routier et des tours de Nürburgring, qui voisine dans son garage avec une magnifique Yamaha XT R 660 (selle marron et bulle orange d'origine, sans aucun doute la plus moche du nuancier !). Et avec sa XT, il fait des road trips, des balades, la March Moto Madness et des virées dans les bois telles la Paris-Dunkerque et d'autres choses moins ambitieuses avec ses amis. Ce sympathique motard possède aussi une voiture propulsion avec laquelle il adore prendre des rond-points en regardant le paysage par les fenêtres car, dit-il, "l'ESP, c'est pour les faibles". Bref : Aurel' est un garçon exigeant qui déteste être trahi par ses pneus.
Le meilleur des deux mondes ?
Ainsi, quand Continental a sorti son TKC 70, qui reprenait l'héritage du TKC 80, dédié au tout-terrain, sur la carcasse du Conti Trail Attack 2, la paupière alerte d'Aurel' s'est levée d'un coup. Lui qui avait déjà eu des Michelin Anakee 3 (pas assez TT), des Conti Trail Attack 2 (super bien, mais pas en phase avec ses velléités de virées en TT) ainsi que des Heidenau K60 Scout (pas assez routiers, vibrants et un peu effrayants sur le mouillé), la promesse 60 % route / 40 % TT du Continental lui convenait parfaitement, au moins sur le papier.
Six mois plus tard, quelques balades sur route et en tout-terrain, pas extrême, mais déjà un peu sélectif, permettent de tirer un bilan raisonnable des capacités de ce TKC 70.
Comme l'être humain n'est pas avare de paradoxes, on peut rouler sur une XT marron et être un esthète sensible au look de ses pneus : c'est le cas d'Aurel' qui avoue aimer le côté "baroudeur" que dégagent des pneus sculptés.
Le montage des pneus n'a posé aucun problèmes, leur carcasse étant moins rigide que certains autres expérimentés par Aurel' (les Heidenau, par exemple).
Au départ : les sensations sont mitigées. Le rodage est un peu long, mais les vibrations sont nettement moindres que sur le Heidenau. Le profil étant moins rond, les TKC 70 donnent aussi un peu la sensation de "tomber" sur l'angle au début. Il faut donc s'habituer à de nouvelles sensations. Par la suite, leur grip sur le sec comme sur le mouillé n'apporte aucune mauvaise surprise, que ce soit lors des trajets boulot en interfile, ou de virées tendance arsouille (chassez la naturel...) dans les Alpes mancelles. Aurel' déclare qu'il roule sans aucune appréhension (dans son langage à lui, traduire par "arsouiller comme un goret) en oubliant que son profil est un peu moins routier que d'autres pneus ; il a juste constaté des louvoiement sensibles à partir de 130 km/h sur la XT R, sans en tirer de conclusion définitive toutefois, car peut-être que la partie cycle de sa machine a pris un petit coup de vieux à force de multiplier les sorties en tout-terrain. Renseignements pris auprès de Continental, ce phénomène n'existerait pas sur les trails lourds ; sur les plus légers comme la XT R, il est pallié par un durcissement de l'amortisseur arrière.
Élargir son terrain de jeu
Après un passage rapide à la March Moto Madness, Aurel' s'est pris au jeu des virées en tout-terrain et a participé à la Paris-Dunkerque 2016 qui, comme vous le savez, relie ces deux villes par des chemins de terre avec, sur certains tronçons, deux niveaux de difficulté. Et comme ce n'est pas un faible, il a directement pris le parcours "extrême".
Morceaux choisis :
Je vois des types arriver avec des TKC 80 et des Anakee Wild, mais aussi un autre en XTZ et en Anakee 3. je me dis donc que s'il passe, je dois passer, ça me fera un bon point de comparaison. On démarre avec de l'herbe mouillée et c'est holidays on ice, je sens que je suis limite et je vois la KTM chaussée en Anakee Wild s'éloigner et... tomber. Donc ça glisse bien pour tout le monde. C'est parfait, ça me fait des points de référence. On enchainera avec du sable, des sous bois, des passages dans des champs. Je découvre avec joie que je passe partout, j'ai un bon feeling avec l'avant, même si l'arrière manque un peu de motricité dans le gras, notamment par rapport au K 60 Scout que j'avais déjà testé avant. Pas grave, comme avec ma voiture, je découvre les joies de la glisse à l'accélération !
"Les joies continuent : chouette, un bourbier ! Le XTZ en Anakee se lance et se... plante. On l'aide à se dégager. A mon tour. J'ai la pression. J'attaque la difficulté en seconde, je vais bien chercher l'adhérence au fond de la rigole de boue et ça passe ! Il faut vraiment arriver dans de gros tas de boue, sans sillons déjà creusés, pour que je me retrouve en difficulté.
Le TKC70, c'est donner des capacités off-road a son trail sans perte au quotidien. Il est polyvalent et n'avoue ses limites que dans le gras, mais c'est naturel pour un pneu qui ne se revendique qu'à 40 % TT. Mais le plaisir reste quand le goudron disparaît et il n'offre aucune contrainte au quotidien. Un vrai pneu trail polyvalent, donc...
Points forts
- Polyvalence réelle
- Grip sur bitume sec
- Rend la moto agile
- Compétences très correctes en TT
Points faibles
- Un peu longs à roder
- Profil qui rend l'avant un peu "tombant" sur l'angle
- Louvoiements au-dessus de 130 km/h sur la XT R (à invalider avec un durcissement de l'amortisseur arrière - opération en cours)
- Limites en TT sur terrain très gras
Conditions d’essais
- Itinéraire : du quotidien, des balades sur petites routes et dans les bois, la Paris-Dunkerque, le March Moto Madness
- Kilométrage de la moto : 30.000 km
- Problème rencontré : un peu longs à roder, de l'instabilité au-dessus de 130 km/h
Commentaires